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EAN : 9782930657530
murmure des soirs (09/09/2019)
4/5   4 notes
Résumé :
C'est l'histoire de deux familles de migrants, dans les années 30 et 40 .

L’histoire de Sylvestre, le paysan des Hautes-Alpes dont les terres ne suffiront pas à nourrir les descendants.

L’histoire de Giuseppe, saisonnier italien fuyant le fascisme avec sa femme et son fils.

L’histoire de la France aux pires moments de son passé, auxquels se trouvent mêlés Livio, Auguste, Toinette et Victor.

L’histoire d'un ... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Avec « Les secrets du bastidon bleu », Paul de Ré nous embarque, une nouvelle fois, dans un roman pouvant apparaître du terroir mais relevant tout autant d'une chronique sociale de la France des années 1930-1940. L'auteur, comme pour tous ses livres, s'est nourri de multiples recherches et d'une fréquentation de longue durée – en fait, bien des années – du lieu où il plante le décor et l'intrigue de son roman. Il en résulte l'histoire parfaitement accessible de Giuseppe ou Auguste, migrants, politique pour l'un, économique pour l'autre, et de leurs enfants Livio, Toinette et Victor qui grandissent au coeur d'un village déchiré entre défenseurs, passifs ou actifs, d'une soumission ou collaboration à Vichy ou, au contraire, d'une résistance et d'un soutien à porter, à grand prix parfois, au Maquis du Ventoux.
Avec ses allers et retours entre passé et présent et la complicité d'un personnage énigmatique qui, en italique, introduit chacun des chapitres pour ne se dévoiler pleinement qu'au terme du récit, l'auteur nous prend par la main, le coeur et l'esprit pour la découverte d'une des plus sombres pages de l'histoire de France. « Les secrets du bastidon bleu » se révèlera donc un livre qui ne rappellera pas aux touristes-vacanciers que nous sommes volontiers, le traditionnel soleil de Provence, son ciel bleu et ses cabanons et lavandes de carte postale. Pour illustrer la couverture de son roman, avec subtilité, l'auteur a demandé à Irène Delré-Delaitte, son épouse artiste, de créer une aquarelle qui évoque un bastidon provençal sous une météo tourmentée. Parfait miroir du sujet traité !
Voilà donc une histoire qui donne à réfléchir puisqu'elle s'avère, de nos jours, prête à recommencer sous une forme ou l'autre. le temps choisi n'est pas innocent, les situations de migration non plus. La transposition du thème de ce roman à notre époque s'établit sans peine dans nos esprits. La montée des totalitarismes, des restrictions de liberté de paroles, le déclin économique des régions rurales réclament aussi, de nos jours, des prises de position, en actes et en paroles et, inévitablement, des divergences, des oppositions, des scissions au sein des région, des villages ou des familles. Chacun se devra de traverser le temps avec ces déchirements, ces éloignements et les silences meurtris ou conflits que de telles épreuves engendrent.
Paul de Ré a gardé, de son passage en chansons, la capacité de saisir une ambiance, une mise en situation, une description des lieux, des personnages à qui il donne vie en quelques mots, toujours choisis et soulignant la merveilleuse richesse de notre langue française. le lecteur découvre donc, avec bonheur et en quelques mots seulement, quelques magnifiques descriptions d'un soir tombant sur le village, d'un retour des alpages, des travaux des champs ou le récit des veillées, sous la fumée des pipes des hommes, dans le cliquetis des aiguilles des femmes, les échanges de nouvelles du Pays ou le regard silencieux des adolescents amoureux. Tous ces tableaux démontrent, à suffisance, la capacité d'observation de l'auteur. Mais, comme il le dit souvent lui-même, Paul de Ré a éprouvé le besoin de ne plus se contenter de croquer une histoire en quelques couplets et refrains. Il préfère maintenant laisser mijoter, mûrir, grandir et se développer ses sujets… Quel bonheur pour le livre et ses lecteurs ! Toujours avec des mots choisis, un phrasé et une syntaxe de haut niveau, il assaisonne, complète, illustre et donne corps à ses propos en insufflant dans ses histoires la vie et le rythme de vie de ses héros. Des chansons, très souvent déjà « chroniques du temps qui passe ou d'une époque', (A lire ou écouter, par exemple : ‘On entre d'un seul pas' ou ‘J'veux te présenter' ou encore ‘Rosalie Bonbon' …) Paul de Ré est passé à des romans qui donnent, de surcroît, la possibilité de revisiter l'Histoire, les époques, les us et coutumes à travers des héros qui ont une vie à construire, avec ses surprises, ses peines, ses joies et, toujours, une aspiration au dépassement. Derrière chacun de ses romans, il y a le regard de l'écrivain posé sur notre humanité, celle d'hier, celle d'aujourd'hui. Et, pour le lecteur, le questionnement qui en découle.
Tentés ? Bienvenue donc au bastidon bleu !
Les secrets du bastidon bleu, de Paul de Ré aux éditions Murmure des soirs (2019)
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Difficile exercice qu'une critique "sur commande" puisqu'il s'agit ici de faire une première critique sur un ouvrage reçu dans le cadre de la dernière "Masse critique littératures". Au passage, un grand merci à Babelio et aux Editions Murmure des Soirs.

Lors du choix, le résumé en quatrième de couverture m'avait interpellé. L'histoire de deux familles de migrants, l'une française, l'autre italienne, du Queyras à la Provence, au milieu des tourments nés de la montée des totalitarismes et du fracas de la Seconde Guerre mondiale.

J'avais aussi vu - ou lu - l'idée d'auteur du terroir ou de roman du terroir qui pour le coup "m'inquiétait" un peu plus, puisqu'à priori pas un type de littérature correspondant à mes goûts.

Paul de Ré réussit pourtant parfaitement à mêler la petite histoire à la grande. On suit l'histoire de Toinette et Livio, Sylvestre et Giuseppe, Victor et Ninon, en compagnie d'un narrateur qui reste inconnu jusque dans les dernières lignes de l'ouvrage, aidé dans sa quête de vérité par Nathan, un vieux juif naguère passé par Savignan et le Bastidon bleu ...

Dans un style simple, avec une forme de narration déjà rencontrée mais efficace, où les allers-retours sont permanents entre passé et présent, où les fils entre les deux époques se renouent peu à peu jusqu'à se rapprocher et se confondre, Les secrets du bastidon bleu sont un roman du passage.

Imperceptiblement, par petites touches, Paul de Ré dresse le tableau d'une époque qui finit, nous dépeint un monde qui meurt petit à petit, celui d'une agriculture de montagne traditionnelle qui disparaît, de villages qui se dépeuplent. Un temps de progrès sociaux, d'émancipation de la femme, mais aussi de résistances où les conservatismes restent bien présents. Un siècle qui voit s'affronter démocraties et totalitarismes, où les sociétés se fissurent, et qui va basculer.

Et tout cela, Paul de Ré nous le fait sentir, deviner presque, par le prisme d'un petit village de Provence, sans aller plus loin que le Ventoux. Ancré dans le terroir donc, mais avec une forme de pudeur et de discrétion qui font le charme de ce roman.

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Tout commence dans le Queyras, jolie vallée des Alpes juste à côté de l'Italie. Mais l'existence y est rude pour Sylvestre et sa femme qui vivent de la terre et de leurs bêtes, ainsi que leurs trois enfants. Il y a bien l'aide des saisonniers italiens qui repassent chaque année aux mêmes moments et avec qui la famille s'est liée d'amitié. Mais voilà qu'ils ne repasseront plus ! Et si c'était l'occasion d'émigrer se demande Sylvestre ?
Puis voilà la guerre qui s'annonce avec ses drames, ses bravades, ses secrets, ses vilenies…
Paul de Ré nous entraîne aussi petit à petit dans cette histoire comme dans une enquête. Qui est ce personnage contemporain, vivant temporairement dans le bastidon bleu et intervenant régulièrement dans le cours de l'histoire ? On ne le saura qu'à la fin.
J'ai beaucoup aimé cette histoire et les descriptions de la vie dans le Queyras puis dans le Vaucluse durant les années 1930 - 1940. Un beau roman avec ce petit plus qui est la révélation en fin de livre.
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Le destin croisé de deux familles entre 1930 et 1940 et l'histoire d'amour de Toinette et de Livio. La famille de Toinette a quitté le Queyras pour s'installer dans le Vaucluse. La famille de Livio a fuit l'Italie fasciste.L'Histoire se met en marche et la Seconde Guerre Mondiale arrive. le destin de Livio et de Toinette sera contrarié par le cours de l'histoire.
Ce roman se lit facilement, le style est agréable mais les personnages manquent de profondeur. L'amour, la trahison, la collaboration et la résistance sont des sujets présents dans de multiples récits sur cette période historique qui donne un air de "déjà lu"à ce roman.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La semaine dernière, il s'est fait violence pour quémander les lumières du curé de Molines, l'abbé Tifaine, à propos des sentences latines du cadran de Fontgillarde - et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a été servi !
Sautant sur l'occasion, le prêtre l'a entraîné, ainsi que les enfants du catéchisme, jusqu'à cet angle du clocher de son église où un cadran - double, celui-là - interpelle le passant d'une mise en garde tout aussi sibylline que celle de Fontgillarde : Ora ne te rapiat hora.
- Prie pour que l'heure ne te prenne pas ! Voilà ce que cela nous dit, mes enfants ! Il faut donc prier, chaque jour de notre vie, car nous ne savons pas quand notre heure viendra ! Et c'est aussi ce que nous dit ce cadran de Fontgillarde, que notre ami Victor a si bien observé : "La vie s'enfuit comme l'ombre. Celui qui vit bien mourra bien."
Sur le coup, Victor n'a rien trouvé à dire, mais il s'est questionné depuis - et plutôt cent fois qu'une - sur le sens de ce "vivre bien". Serait-ce, effectivement, vivre en bon chrétien, selon la version du curé Tifaine ? ... ou plutôt vivre en profitant, au maximum, de chaque heure qui nous est donnée ?
Voilà comment, sans le savoir, on peut devenir philosophe.
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C'est l'heure où la montagne est la plus belle ; l'heure où, sur un fond du ciel d'une indicible limpidité, tous les sommets du couchant se sont ourlés de ce rouge orange qui contraste à merveille avec le mauve violacé des versants qui s'enténèbrent ; l'heure, enfin, où la fraîcheur du soir vous ramène aux narines, en un délicieux pot-pourri, mille et une senteurs qui s'étaient assoupies à la chaleur du jour.
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Semaines d'enfer que celles de ces premiers mois ! De l'aube au crépuscule, à toute heure du jour, il n'en était pas un, pas une, parmi eux, qui ne fût à creuser, tailler, sarcler, faucher, gâcher le plâtre ou le mortier, jouer de la truelle... mais aussi traire, écrémer, battre le beurre, charrier le fumier par quintaux, affourager les bêtes ou les mener aux champs.
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Voici que, depuis quelques jours, le regard du beau garçon fuyait le sien, tandis que son humeur s'assombrissait de plus en plus ! Finis les beaux sourires qui la faisaient chavirer ! Finies les sérénades fredonnées en toute occasion ! C'était comme si, de son aile, quelque malheur lui avait caché le soleil.
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