J'ai déjà eu l'occasion de manifester mon admiration pour Raymond Aron et son analyse pertinente de nos sociétés contemporaines, à la fois comme philosophie, politologue et sociologue. Qu'on adhère ou non à ses engagements politiques, sa connaissance très fine de Marx, Weber, Sartre ou Clausewitz, alliée à une vision pluridisciplinaire, lui permettent de rester pertinent en 2017. Il y a notamment beaucoup à tirer de cette réflexion de 1958-1959, remaniée en 1965, en appliquant à notre contexte politique, économique, social et institutionnel actuel (Cf à ce propos l'excellent article de Libé : http://www.liberation.fr/debats/2017/07/02/raymond-aron-avait-raison-helas_1581053 ).
La première partie de l'ouvrage reprend une définition de concepts-clés, à commencer par les différents sens de la politique, ainsi que la mise en perspective du lien entre la superstructure que constituent les régimes institutionnels et l'infrastructure économique et sociale, cela dans une perspective historique.
Elle se conclut par un dégagement des principes essentiels, au sens de Montesquieu, du régime démocratique et du régime totalitaire. le premier se caractériserait par le respect de la légalité et l'esprit de compromis, perdant son essence s'il ne parvient pas à se maintenir entre ces deux principes, basculant soit dans la corruption, soit dans la démagogie, soit dans les deux. le second repose sur la foi dans le parti, sur la domination idéologique par un parti se disant révolutionnaire. L'ordre social y est alors fondé sur le sentiment d'impuissance des masses, la croyance en un grand dessein, et la peur imposée aux opposants. Aron nuance toutefois le propos en affichant les biais, variantes, espaces d'interprétation possibles entre les régimes réels et ces "modèles".
Les deux chapitres suivants reprennent de manière dialectique oppositions et spécificités de chaque régime, à partir de l'observation sociologique des régimes existants au début des années 60. Quel dommage que R. Aron ne soit plus là pour analyser avec autant de finesse les spécificités et déviances de la Russie de Poutine, de la Chine de XI Jiping, de l'Amérique de Trump ou de la France de Macron, ou des phénonèmes comme l'Etat Islamique.
Il en résulte que l'analyse de R. Aron dans cet ouvrage mériterait une actualisation. Nombre de commentaires sont toujours utiles au lecteur pour interpréter l'actualité, mais le système aronien tel que posé est un peu daté. En outre, cet ouvrage présuppose d'avoir intégré -ce qui n'était pas mon cas quand je l'ai lu- les fondements de sa pensée. Aussi, il me semble utile de se familiariser d'abord par la lecture d'autres ouvrages, comme Les Etapes de la Pensée Sociologique, avant celui-ci.
Commenter  J’apprécie         210
Premier écrit sociologique que je lis, c'est un sacré pavé à manger pour les Lecteurs non initiés, mais la connaissance qu'apporte ce livre vaut la peine de le lire. Il met en avant les aspects des systèmes politiques avec pertinence. A lire absolument.
Commenter  J’apprécie         10
J'ai déjà eu l'occasion de manifester mon admiration pour Raymond Aron et son analyse pertinente de nos sociétés contemporaines, à la fois comme philosophie, politologue et sociologue. Qu'on adhère ou non à ses engagements politiques, sa connaissance très fine de Marx, Weber, Sartre ou Clausewitz, alliée à une vision pluridisciplinaire, lui permettent de rester pertinent en 2017. Il y a notamment beaucoup à tirer de cette réflexion de 1958-1959, remaniée en 1965, en appliquant à notre contexte politique, économique, social et institutionnel actuel (Cf à ce propos l'excellent article de Libé : http://www.liberation.fr/debats/2017/07/02/raymond-aron-avait-raison-helas_1581053 ).
La première partie de l'ouvrage reprend une définition de concepts-clés, à commencer par les différents sens de la politique, ainsi que la mise en perspective du lien entre la superstructure que constituent les régimes institutionnels et l'infrastructure économique et sociale, cela dans une perspective historique.
Elle se conclut par un dégagement des principes essentiels, au sens de Montesquieu, du régime démocratique et du régime totalitaire. Le premier se caractériserait par le respect de la légalité et l'esprit de compromis, perdant son essence s'il ne parvient pas à se maintenir entre ces deux principes, basculant soit dans la corruption, soit dans la démagogie, soit dans les deux. Le second repose sur la foi dans le partie, sur la domination idéologique par un parti se disant révolutionnaire. L'ordre social y est alors fondé sur le sentiment d'impuissance des masses, la croyance en un grand dessein, et la peur imposée aux opposants. Aron nuance toutefois le propos en affichant les biais, variantes, espaces d'interprétation possibles entre les régimes réels et ces "modèles".
Les deux chapitres suivant reprennent de manière dialectique oppositions et spécificités de chaque régime, à partir de l'observation sociologique des régimes existants au début des années 60. Quel dommage que R. Aron ne soit plus là pour analyser avec autant de finesse les spécificités et déviances de la Russie de Poutine, de la Chine de XI Jiping, de l'Amérique de Trump ou de la France de Macron, ou des phénonèmes comme l'Etat Islamique.
Il en résulte que l'analyse de R. Aron dans cet ouvrage mériterait une actualisation. De nombreux commentaires et nombre d'explications sont toujours utiles au lecteur pour interpréter l'actualité, mais le système aronien tel que posé est un peu daté. En outre, cet ouvrage présuppose d'avoir intégré -ce qui n'était pas on cas quand je l'ai lu- les fondements de sa pensée. Aussi, il me semble utile au lecteur de lire d'abord son ouvrage sur les Etapes de la Pensée Sociologique, avant celui-ci.
Les partis sont des groupements volontaires plus ou moins organisés, qui prétendent, au nom d’une certaine conception de l’intérêt commun et de la société, assurer seuls ou en coalition, les fonctions de gouvernement
L'oeuvre du sociologue Raymond Aron est toujours vivante et pertinente. Ses idées tranchaient à son époque. le philosophe a pensé la guerre et les relations internationales à un moment où ce n'était pas en vogue. Son oeuvre permet encore de penser et analyser les relations internationales et le conflit israélo-palestinien. Comment Raymond Aron percevait-il les prémices d'un conflit qui fait toujours l'actualité ?
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit :
- Perrine Simon-Nahum, docteure en histoire, directrice de recherches au CNRS et professeure attachée au département de philosophie de l'Ecole normale supérieure
- Jean-Vincent Holeindre, professeur de science politique à l'Université Paris 2 Panthéon-Assas et directeur scientifique de l'IRSEM (Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire)
#guerre #hamas ##israel
_______________
Découvrez tous les invités des Matins dans "France Culture va plus loin" https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDroMCMte_GTmH-UaRvUg6aXj ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-invite-e-des-matins
Suivez France Culture sur :
Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture
Twitter : https://twitter.com/franceculture
Instagram : https://www.instagram.com/franceculture
TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture
Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture
+ Lire la suite