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Citations sur Revenir à toi (149)

On ne choisit pas ceux qui vous traversent. On peut changer de rôle, mais le destin vous rattrapent toujours, ils vous collent à la peau, vous scalpent, parfois vous sauvent.
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Depuis le début du lycée, elle lisait avec application, persuadée que
plus elle rencontrerait de personnages, plus elle pourrait en incarner, et plus
les livres étaient longs, plus elle trouvait du réconfort. Elle avait
l’impression de s’installer dans les textes, de faire connaissance dans le
temps avec les protagonistes, d’entrer dans leur intimité, de s’amalgamer à
leurs mondes. Que de voyages en Russie n’a-t-elle pas rêvés durant ces
années ? Elle se lovait dans les noms, se réchauffait aux cheminées des
datchas, imaginait les campagnes enneigées, les étendues à perte de vue, les
paysages immenses qui s’offraient à elle et créaient de nouveaux territoires
à explorer dans son esprit. La Russie était son périple préféré. Les Frères
Karamazov, Crime et Châtiment, Les Nuits blanches, Le Sous-Sol, Les
Possédés, Souvenirs de la maison des morts, Le Joueur. Dostoïevski
d’abord, puis Tchekhov comme une obsession. Pour parvenir à jouer ses
personnages féminins, elle était persuadée qu’il lui faudrait avoir lu les
mêmes livres que ses héroïnes. Pas un instant, Magdalena ne se dit qu’un
séjour en terre russe serait nécessaire, non, lire la bibliothèque intérieure
d’une personne devait suffire à la connaître, quels que soient son pays
d’origine ou sa langue. De quels personnages fictifs Irina Sergueïevna
Prozorova était-elle constituée, dans quelle femme imaginaire s’était-elle
projetée ? Et Tchekhov, quand il s’invitait dans le salon des trois sœurs,
quel livre avait-il glissé dans les rayonnages ?
Cette mise en abîme fascinait Magdalena. Chacun transportait sa
kyrielle de héros de roman, de film, de théâtre, et ces personnages étaient,
eux-mêmes, composés d’autres encore. On pouvait ainsi remonter jusqu’à
la nuit des temps.
Et l’amour, nous permettait-il aussi de rebrousser chemin ? Chaque
couple, en évoquant d’autres, menait ainsi à un précédent, jusqu’au
premier ?
Après son amitié amoureuse avec Héloïse-Ismène, après le désespoir
qui les avait saisies l’une et l’autre à l’annonce du déménagement de la
famille d’Héloïse dans une ville voisine, après les serments de ne jamais se
perdre, de s’écrire sans fin et de s’aimer de même, après l’été où tout avait
disparu comme pollen au vent, Magdalena était entrée au lycée, et avait
aussitôt remarqué Igor. Comment ne pas succomber à ce prénom qui la
menait au cœur de son pays de prédilection ?
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Elle était toujours trop exaltée ou trop fragile.
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J'en ai vu des mariages, des divorces, des naissances, des morts, des faire-part, plein. J'en ai vu des au fond du trou, des qui étaient prêts à jeter l'éponge, plein. J'en ai vu des qui n'arrivaient plus à se lever, à sortir du lit, à ouvrir les yeux, à peine à ouvrir la porte. Et puis ça revient, lentement, mais ça revient, l'espoir. Quelque chose comme ça, comme une lumière qui réapparait dans la vie. Je les voyais, les visages qui retrouvaient leurs couleurs, la confiance qui sortait du trou noir. Y en a même qui oubliaient complètement la peine dans laquelle ils avaient été. Et tu sais pourquoi ? Parce qu'il y a des choses qui s'expliquent pas dans la vie, ma petite. Faut juste les accepter comme elles sont, même si ça te fend le cœur.
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Les pièces, les rôles sont comme des petits trous en moi, des espaces où je peux respirer, des bulles d'air, qui s'élèvent dans un endroit verrouillé par ton départ, avec lequel il fallait que je vive, vivre tout en l'évitant, l'éviter en sachant qu'il existe.
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haque personnage est un manque de plus, un effacement du trait, un détour sur le chemin, un sentier sauvage à défricher, une bifurcation, une excuse, une halte, encore une, pour ne pas s’approcher du cœur, du poumon, et rester en lisière de soi, de son propre désir, se remplir du regard des autres, pour le prendre en embuscade, le séduire, s’en emparer, afin d’éviter toujours d’être soi-même ?
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Tout le corps de Magdalena s'effondre le long de la porte. Elle pleure les années passées à attendre, ces années perdues à errer à la quête d'un amour qui viendrait combler le vide béant. Toutes ces années à croire qu'un regard peut remplacer celui qui s'est détourné.
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La dernière image que j'ai de toi,c'est sur un lit,perdue au milieu des draps vert pâle ;J'ai l'impression que tu flottes;Je m'assois au bord du matelas ,sans enlever mon blouson ,je reviens du collège et je m'assois ;
Je veux tes yeux;
Chaque jour,je me persuade, en montant l'escalier,que tu vas me regarder,m'écouter ;
aujourd'hui, c'est bon;
et je suis joyeuse sur le chemin du retour;
aujourd'hui c'est bon ,je me dis;
anecdotes,notes,je recommence chaque après-midi;
J'y crois;
mais quand je referme la porte de ta chambre derrière moi tout doucement,parce que le bruit pourrait te casser,je me dis que ce sera demain;
si ce n'est pas aujourd'hui,ce sera demain et je suis prête à recommencer sans fin;
mais tu es partie sans prévenir,tu es partie;
chaque jour,ensuite,je me suis passée de toi, tu m'y as forcée ;
J'ai respiré sans toi,tu m'y as obligé ;
du jour au lendemain ;
j'existais,Je n'existe plus;
j'étais la prunelle de tes yeux,tu deviens aveugle;
j'étais ton coeur,il bat ailleurs ;
c'est aussi simple que ça?
chaque jour,j'ai pensé que tu étais morte,que ce n'était pas possible autrement;on ne le savait pas encore ,mais tu étais morte loin,tu avais disparu dans une grande cascade ou tu t'étais perdue dans la forêt, j'avais plein de théories sur ta mort;
Je te les énumérerai bientôt; tu les écouteras bien sagement quand je te verrai,quand ce sera ton tour de t'asseoir au bord du matelas;(Page 78).
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Seule sur le pont, elle se dit qu'elle n'a jamais autant en prise avec le présent. Ce séjour stoppe net la fuite en avant, en la mettant face à sa mère, à cette plaie en passe de devenir cicatrice, qu'elle avait sans cesse évitée à force d'embuscades, détours, voyages, amours et tirades.
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Et si je vous disais, au contraire, que chaque personnage est un manque de plus, un effacement du trait, un détour sur le chemin, un sentier sauvage à défricher, une bifurcation, une excuse, une halte, encore une, pour ne pas s'approcher du cœur, du poumon, et rester en lisière de soi, de son propre désir, se remplir du regard des autres, pour le prendre en embuscade, le séduire, s'en emparer, afin d'éviter toujours d'être soi-même?
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