AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,77

sur 120 notes
5
10 avis
4
22 avis
3
7 avis
2
3 avis
1
0 avis
D'abord découvert en bande dessinée, dans une adaptation par Alex W. Inker, j'ai eu envie de lire l'ouvrage d'origine, par Virginia Reeves.

Une belle lecture, où l'on retrouve évidemment l'esprit de la BD mais pas que.

D'abord parce que l'on se rend compte que Inker a pris beaucoup de libertés sur son adaptation de la fin du roman, et que pour le coup, j'ai vraiment été surpris. Sans trop en dévoiler, disons que le principal protagoniste prend le chemin d'une forme de rédemption singulièrement différente de celle de la bande dessinée.

Et surtout parce que le texte de Virginia Reeves est bien plus profond que l'adaptation BD. Classique me direz-vous, j'en conviens, mais ce n'est pas toujours le cas. J'ai souvenir du "Rapport de Broedeck" où Manu Larcenet, certes avec son langage propre, rend un bel hommage au livre de Claudel. Ici, dans le livre de Reeves, on découvre beaucoup plus sur les personnages, sur les rapports qu'ils entretiennent entre eux, sur la réalité de l'Amérique profonde des années 20 et 30.

Une autrice à découvrir.
Une belle lecture.
Même si je ne sais pas quelle fin j'ai préféré, entre le livre et son adaptation !
Commenter  J’apprécie          90
En juillet j'avais découvert l'adaptation de ce roman en bd par Alex Inker. J'avais aimé l'ambiance et le graphisme qui m'avaient replongée dans l'univers américain de Steinbeck. L'histoire violente de Roscoe qui provoque accidentellement la mort horrible d'un employé d'une compagnie d'électricité,et se retrouve incarcéré pour dix ans,tandis que son métayer est envoyé dans les mines m'avait touchée. Cependant j'avais regretté le peu de profondeur des personnages, un manichéisme qui effaçait finalement l'impact du contexte socio- économique. J'ai donc voulu découvrir le roman et j'en suis enchantée. V.Reeves dresse des portraits très fins et rend avec force la complexité des sentiments, la subtilité des relations humaines,les enjeux conscients et inconscients qui dirigent les hommes. le contexte ségrégationniste est parfaitement développé et donne une dimension fondamentale à ce drame humain, ainsi qu'un sens profond au comportement de Marie qui n'apparaît pas dans la BD. L'auteure nous fait également découvrir de l'intérieur ,la brutalité du milieu carcéral de cette époque et la hiérarchie dans l'horreur qui est imposée aux détenus, là encore avec un traitement différents selon qu'ils soient noirs ou blancs.
C'est un magnifique roman dont je conseille vivement la lecture.
Commenter  J’apprécie          340

Billet commun entre le roman graphique d'ALEX W.INKER et le roman de VIRGINIA REEVES qui a inspiré W.INKER.

La richesse évocatrice du verbe ou la puissance émotionnelle du trait, deux miroirs d'une même histoire, celle de Roscoe, jeune électricien employé au déploiement de l'électricité dans l'Alabama du début XXème siècle , envoyé en prison pour un acte conscient d'incivilité qui le fera basculer malgré lui dans un engrenage tragique avec la mort d'un innocent.
Tout le poids d'une décision impulsive de survie qui se transforme en drame de toute une vie. Pour sauver sa famille de la misère, Roscoe va briser le destin de ceux qui l'aiment, sa femme, son fils, et la famille de Wilson, celui qui l'aidera par loyauté dans son larcin fatal et qui subira lui aussi la prison.
Une belle histoire de dévouement infaillible, de filiation perdue, d'amour écorché, de culpabilité profonde, une histoire qui vous prend aux tripes avec l'écriture ciselée de VIRGINIA REEVES ou les dessins foudroyants d'ALEX W.INKER. Electrisant !
Commenter  J’apprécie          50
LA SORCIÈRE ELECTRICITÉ.
Alabama 1920 : Rosco, fils de contremaître des mines, a une révélation en lisant Faraday et n'aura qu'une idée c'est de devenir électricien. Il épouse Marie, institutrice, qui hérite de son père une ferme paumée et non raccordée et deviendra contre son gré agriculteur. Il a alors la géniale idée de faire un branchement sauvage sur la ligne électrique pour développer l'activité de la ferme. Malheureusement « le fil conducteur » le mènera en prison à la suite d'un homicide involontaire lié à la bretelle non déclarée.
Le récit est froid et cruel. Rosco décrit la vie carcérale de cette prison (qui se veut modèle et pédagogique) avec un détachement étonnant, et toujours cette passion pour le fil de cuivre. Elle le mènera d'ailleurs jusqu'à calculer le voltage nécessaire pour la fabrication de la chaise électrique !
Décomposition d'un mariage, d'une famille, vie au sein d'une Amérique raciste mais contrebalancée par une humanité et un amour du prochain quelle que soit la couleur de sa peau.
Un roman social émouvant et qui marque.
Commenter  J’apprécie          72
La première page donne le ton de ce livre terriblement dur, mais pas désespéré : un couple qui se disloque, et dont le mari, Roscoe, installé sur les "terres maudites" de sa femme Marie, est responsable de la mort atroce d'un employé de la compagnie d'électricité.
La première partie du livre alterne les chapitres consacrés d'une part au passé de Roscoe, sa famille, sa passion pour l'électricité, sa rencontre avec Marie, son installation à la ferme, son procès... et, d'autre part, à son séjour en prison.
La deuxième partie narre la sortie de prison de Roscoe, son retour à la ferme, le règlement des comptes familiaux et amicaux, et ouvre sur un futur solitaire, et peut-être apaisé.
Roscoe a entraîné dans sa descente aux enfers Wilson, l'employé noir de la ferme qui l'avait aidé à électrifier l'exploitation agricole. le blanc est envoyé en prison, et le noir à la mine ; Roscoe subit la violence de codétenus et de gardiens, se réfugie dans la lecture, qu'il est un des seuls à maîtriser, écrit inlassablement à Marie, sans jamais recevoir la moindre réponse, tandis que Wilson est comme disparu sous terre, jusqu'à ce que, victime d'un accident, il soit rendu à la ferme.
Autour de cette trame narrative, l'auteure évoque l'Alabama du début du XXème siècle : les débuts de l'électrification, un racisme omniprésent, un univers carcéral ultraviolent, l'illettrisme...
L'auteure ne multiplie pas les personnages, mais creuse leurs relations, et leur évolution dans le temps, car le livre s'étend sur une vingtaine d'années : l'arrivée de l'enfant a exclu Roscoe, Marie ayant troqué la position d'amoureuse pour celle de mère ; après la condamnation, alors qu'elle souhaite couper toute relation entre le fils et le père et garder avec son fils une relation fusionnelle, elle ne peut que constater qu'il s'éloigne d'elle ; Roscoe, habitant chez sa femme au début du livre, finit hébergé dans l'annexe chez les anciens employés de celle-ci...
Un livre douloureux, profond, profondément humain... et magnifiquement écrit.
Et donc une auteure à suivre puisque c'est son premier livre!



Commenter  J’apprécie          31
Troisième lecture des quatre titres proposés par les éditions Stock aux dix membres du jury de cette 1ère édition du Prix SensCritique du Premier Bouquin… et enfin un roman qui m'a absorbé. La courte biographie de l'auteur sur son site nous informe qu'elle est diplômée en écriture par l'université d'Austin au Texas, et qu'elle est désormais retournée vivre en famille dans le Montana, d'où elle est originaire. Ce premier roman a par ailleurs été retenu lors de la première sélection de treize titres du Man Booker Prize, l'un des plus prestigieux prix littéraires anglophones, mais il n'a malheureusement pas été retenu parmi les six finalistes.

Alabama, années 1920. Roscoe T Martin est électricien, ancien employé de la compagnie d'électricité Alabama Power, parti s'installer avec son épouse Marie et leur jeune fils Gerald dans la ferme de ses beaux parents dont ils ont hérité. Fasciné depuis toujours par la magie de ce courant dont il perçoit très vite le développement fulgurant, il s'adapte mal à la vie de fermier et ne s'occupe guère de l'exploitation qui décline alors doucement. Un jour, il décide que ses compétences d'électricien peuvent servir à moderniser la ferme, et avec l'aide de Wilson leur employé noir, prend sur lui de détourner du courant électrique sur une ligne de son ancienne compagnie qui passe à proximité, laissant croire à tout le monde que la compagnie innove en électrifiant les exploitations agricoles.

La ferme reprend lentement vie, de même que le couple, et l'exploitation connaît alors une période relativement heureuse. Seulement voilà, un soir alors que la famille est en plein dîner, le shérif vient arrêter Roscoe pour vol, mais également pour homicide : un des employés d'Alabama Power chargé de la maintenance des lignes est tombé sur leur installation permettant de détourner le courant et est mort électrocuté par son transformateur maison.

Tandis que Wilson est condamné comme complice, et vendu comme prisonnier à une mine, Roscoe est envoyé dans la prison de Kilby après avoir été condamné à vingt ans de prison lors d'un procès bâclé où sa femme refusera de venir le voir.

Le roman alterne entre les récits de la vie en prison, une prison moderne qui vient de se doter de la chaise électrique, et l'histoire de cette famille jusqu'au drame qui la fit voler en éclat. Je n'avais absolument pas entendu parler de ce roman, et c'est dommage, parce que je l'ai littéralement dévoré ! le personnage de Roscoe, autour de qui tourne le récit, est plus complexe qu'il n'y paraît et rend l'histoire plus surprenante, ses réactions moins prévisibles. Je me suis surpris à m'être attaché à celui qui, dans les premières pages, m'avait clairement rebuté. C'est un roman magnifique sur la famille, sur la prison, sur le pardon et la rédemption : une de mes lectures préférées de cette année !
Lien : https://www.hql.fr/travail-c..
Commenter  J’apprécie          30
Je voulais lire ce livre ayant appris qu'une BD, qui m'avait été fortement conseillée, en avait été tirée. Et j'ai bien fait car sans le roman je n'aurais rien compris à la BD...Il reste que pour ma part , ce roman fait écho à un film « The current war » où Edison apparaît comme le concepteur de la chaise électrique.
Commenter  J’apprécie          10
Un livre plutôt fade et décevant, je m'attendais à plus de profondeur.
Le contexte historique est pourtant intéressant, le lecteur se retrouvant au coeur de l'Alabama dans les années 20, en pleine expansion de l'électricité et avec un esclavagisme encore bien présent et ancré dans les moeurs.

Un roman sombre, qui suit l'itinéraire de Roscoe. Passionné d'électricité, il a quitté son poste pour suivre sa femme, Mary, qui a souhaité reprendre la ferme familiale.
Mais Roscoe n'a rien d'un fermier et il ne manifeste aucun intérêt pour le métier.

Le couple qu'il forme avec Mary a perdu les étincelles et la flamme qui les animaient.
Un jour, une idée lui effleure l'esprit pour améliorer le quotidien et il convainc Wilson qui oeuvre à ses côtés et assure le labeur paysan.
Mais cette idée, si lumineuse soit elle, fera basculer leur vie à tous.

Ce livre, c'est aussi l'occasion de découvrir les conditions pénitentiaires de l'époque, au sein d'une prison renommée pour sa modernité, Kilby.

Au final, j'ai suivi, au fil des pages, le parcours de Roscoe et ses péripéties. Un itinéraire qui survole les sentiments de mélancolie, de regrets et de culpabilité sans jamais les aborder pleinement. Dommage.
Commenter  J’apprécie          120
Tout commence sur ces «terres maudites, où son épouse l'avait forcé à s'installer» et tout s'achève quelques années plus tard, au même endroit. Entre temps, le monde a basculé pour Roscoe.
Il y a la prison de Kilby dont la violence pourrait le briser, et ce même si elle s'enorgueillit d'être l'une des prisons les plus modernes des États-Unis. Il y a la mélancolie et la culpabilité qui pourraient le dévorer à petit feu pour avoir entraîné dans sa chute son fidèle compagnon, un homme de couleur dont on ne donne pas cher de sa peau dans cet Alabama des années vingt. Enfin, il y a la faille immense qui le sépare de sa femme et le ressentiment qui pourrait les y précipiter.
Un travail comme un autre a tout du roman noir et désenchanté, mais il n'est pas totalement dénué d'espoir.
Peut-être parce que Virginia Reeves reprend les codes de la littérature du Sud américain, on retrouve dans ce récit : des vies cabossées, des rêves brisés ou laissés en chemin, des hommes mis à rude épreuve ; mais aussi une certaine mystique de l'existence régénératrice qui donne profondeur et douceur à l'histoire. C'est toujours captivant de suivre la mue d'un homme alors que le monde ne lui donne guère de raison d'espérer.

Ce premier roman est séduisant, non seulement parce qu'il s'inscrit dans «un courant littéraire» (si on peut l'appeler ainsi) que j'apprécie, mais aussi parce qu'il obéit à une construction habile qui isole chacun des époux dans leur narration et fait télescoper passé et présent pour donner du relief à l'histoire.
Malgré la brutalité qui irrigue le récit, j'ai également aimé l'idée plus évanescente selon laquelle on peut être prisonnier de murs autres que ceux d'une prison...
Tout comme j'ai goûté la langue cicatricielle de l'auteure qui permet à Roscoe de se confronter au noyau nu de l'existence pour éventuellement saisir le sens des choses... est-ce qu'il saisira pour autant l'occasion de rechercher une sérénité à laquelle on n'accède qu'en faisant la paix avec ses rêves et blessures d'enfant ?

Commenter  J’apprécie          647
Virginia Reeves a passé une partie de sa vie à Helena dans le Montana et vit aujourd'hui à Austin au Texas. Un travail comme un autre, son premier roman, date de 2016.
Alabama, dans les années 1920. Roscoe T Martin travaille dans une Centrale électrique, passionné par son métier, une modernité à l'époque, « j'avais besoin de travailler avec l'électricité, j'étais attiré par cette puissance cachée qui sommeillait jusqu'à ce qu'on l'allume. » Marié avec Marie, institutrice, père du petit Gerald, ils habitent la ville, jusqu'à ce que Marie hérite du domaine familial, une ferme où vivent et travaillent depuis toujours, Wilson et sa femme Moa, deux Noirs qui font presque partie de la famille. Contre l'avis de son époux, Marie décide qu'ils reprendront l'exploitation. Pour Roscoe cela signifie abandonner son métier et devenir fermier, un job qui ne l'intéresse absolument pas. Alors que l'électricité s'implante très lentement dans la région, Roscoe a une idée, il va se raccorder illégalement au réseau. La ferme électrifiée devient plus productive, les conditions de vie de la famille s'améliorent, jusqu'à ce que les autorités interviennent et emprisonnent Roscoe non seulement pour ses branchements illégaux mais aussi pour la mort d'un employé de la Centrale électrique, électrocuté quand il est intervenu sur le réseau clandestin…
Un premier roman réussi, c'est toujours une claque pour un lecteur, et là, je peux vous certifier qu'elle est grosse la claque ! J'en ai encore les joues rosies par l'émotion. Tout est absolument parfait là-dedans et tellement dense que je ne sais même pas comment m'en sortir avec ma chronique.
Pour résumer succinctement, par amour pour sa femme, Roscoe va abandonner son métier tant chéri d'électricien pour se consacrer à celui de fermier, qu'il déteste ; pour améliorer le sort des siens il installe l'électricité dans la ferme. Durant quelques années tout roule, puis la Loi frappe et Roscoe est emprisonné pour dix ans. Sa femme le tient pour responsable de tout (leur famille détruite, la mort d'un employé de la Centarle, l'emprisonnement de Wilson aussi) et ne lui donne pas signe de vie, empêchant même son fils de le voir. Quand enfin libéré, Roscoe revient à la ferme, la situation est bien pire qu'il ne le pensait… et Marie est repartie vivre en ville.
Nous allons vivre avec Roscoe en prison, ses jobs à la laiterie, au chenil ou à la bibliothèque, endurant violences ou méchanceté des gardiens ou des autres prisonniers, mais aussi quelques agréments ou cocasseries (Taylor le directeur-adjoint qui ne sait pas lire, prend Roscoe sous son aile pour s'occuper des chiens). Et la seconde partie du livre, bien que nettement plus courte, n'en est que plus riche en émotions, en souffrances psychologiques et déceptions.
Tout au long de ce roman les livres, les lectures et les bibliothèques sont un environnement qui ne lâche jamais Roscoe. En toile de fond plus sociale, les mines de charbon, le sort réservé aux Noirs, l'électricité et le modernisme en marche, les conditions carcérales.
L'écriture de Virginia Reeves dépasse le simple talent de narration, c'est de la très belle littérature. le roman est poignant, sublime dans sa dernière partie. Roscoe et Marie se sont déçus l'un, l'autre, et le lecteur n'a plus que ses yeux pour pleurer devant un tel gâchis et ses deux mains pour applaudir à tout rompre.
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (277) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1823 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}