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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tout commence sur ces «terres maudites, où son épouse l'avait forcé à s'installer» et tout s'achève quelques années plus tard, au même endroit. Entre temps, le monde a basculé pour Roscoe.
Il y a la prison de Kilby dont la violence pourrait le briser, et ce même si elle s'enorgueillit d'être l'une des prisons les plus modernes des États-Unis. Il y a la mélancolie et la culpabilité qui pourraient le dévorer à petit feu pour avoir entraîné dans sa chute son fidèle compagnon, un homme de couleur dont on ne donne pas cher de sa peau dans cet Alabama des années vingt. Enfin, il y a la faille immense qui le sépare de sa femme et le ressentiment qui pourrait les y précipiter.
Un travail comme un autre a tout du roman noir et désenchanté, mais il n'est pas totalement dénué d'espoir.
Peut-être parce que Virginia Reeves reprend les codes de la littérature du Sud américain, on retrouve dans ce récit : des vies cabossées, des rêves brisés ou laissés en chemin, des hommes mis à rude épreuve ; mais aussi une certaine mystique de l'existence régénératrice qui donne profondeur et douceur à l'histoire. C'est toujours captivant de suivre la mue d'un homme alors que le monde ne lui donne guère de raison d'espérer.

Ce premier roman est séduisant, non seulement parce qu'il s'inscrit dans «un courant littéraire» (si on peut l'appeler ainsi) que j'apprécie, mais aussi parce qu'il obéit à une construction habile qui isole chacun des époux dans leur narration et fait télescoper passé et présent pour donner du relief à l'histoire.
Malgré la brutalité qui irrigue le récit, j'ai également aimé l'idée plus évanescente selon laquelle on peut être prisonnier de murs autres que ceux d'une prison...
Tout comme j'ai goûté la langue cicatricielle de l'auteure qui permet à Roscoe de se confronter au noyau nu de l'existence pour éventuellement saisir le sens des choses... est-ce qu'il saisira pour autant l'occasion de rechercher une sérénité à laquelle on n'accède qu'en faisant la paix avec ses rêves et blessures d'enfant ?

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Attention...Si vous êtes fatigué, un peu déprimé ,submergé par les soucis,passez votre chemin et remettez à plus tard la lecture de ce roman.Par contre,si tout va bien,laissez vous tenter,vous allez faire une belle découverte, un premier roman d'excellente facture.
Nous voici transportés en Alabama dans les années 1920 et nous faisons la connaissance de Marie,Roscoe et leur fils Gerald.On sent bien que le bonheur a quitté Marie et Roscoe mais on ignore que la situation va encore se dégrader entre eux. Et puis,il y a Wilson et Moa....et puis...
On découvre la vie quotidienne dans les prisons de l'état à cette époque, la violence,les activités ,la chasse aux fugitifs,les chiens,les relations avec la hiérarchie ,le cynisme du système. Au debut,les noirs n'y sont pas,délégués par l'état dans les sociétés minières de la région où leur sort n'intéresse personne, où leur mort passe inaperçue aux yeux mêmes de leur famille qui ignore tout ,n'a plus espoir de les revoir....Terrible.
Entre Marie et Roscoe ,le maître mot sera CULPABILTE....Jamais un geste de tendresse,des accusations,de la rancoeur,de la haine peut être. ..Aucun moment de sourire,aucune situation cocasse ou simplement amusante,non,que de la souffrance physique et morale....
Je vous aurai prévenus. ....Prévoyez une lecture plus sympa pour "après "car je vous le dis aussi,,ce livre,vous le lirez,il est fort,puissant,dur maisil vaut vraiment notre attention.
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Cela aurait du être un travail comme un autre, ce métier d'électricien que Roscoe aimait par-dessus tout. Aussi passe-t-il par-dessus les voeux de sa femme qui veut faire de lui le fermier de l'exploitation familiale, et, un peu, par-delà la loi pour amener l'électricité jusqu'à sa ferme encore hors du monde dans ce fin fonds de l'Alabama des années 20. Ce choix aura des conséquences dramatiques, dont Roscoe ne finira jamais de payer le prix.

Décidément la moisson de jeunes auteurs découverts grâce au festival America est particulièrement riche cette année !
« Un travail comme un autre » est un très beau premier roman, dur et profond, à l'écriture tactile et onirique, qui explore jusqu'au fond de l'âme et des souffrances de ce pauvre Roscoe les thèmes de la culpabilité, du sens de ses actes et de l'absence désespérante de liberté dans ce bas monde, surtout quand on est en bas de l'échelle, pauvre, noir, prisonnier, et plus encore dans le Sud des Etats-Unis du début du dernier siècle.
Il est douloureux de voir se déliter au fil des pages, comme une ampoule qui s'éteint inexorablement, l'énergie première de Roscoe, accablé par sa femme, brisé par ses geoliers, énergie que ceux qui finiront par lui pardonner ne parviendront pas à raviver, laissant Roscoe errer sans fin sur le chemin d'une rédemption impossible.
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Un roman du Sud des Etats-Unis, un roman à la Faulkner, un roman qui colle au destin de Roscoe T Martin, un fermier contrarié. Les champs de maïs à perte de vue, le bétail ce n'est pas son truc, son truc à lui c'est l'électricité, il est persuadé que son avenir est dans cette science en pleine expansion.

C'est justement en détournant clandestinement une ligne à haute tension pour alimenter son exploitation que la vie du fermier va basculer.

Emprisonné pour la mort accidentelle d'un agent de la compagnie électrique, il voit son ouvrier agricole condamné pour complicité, et sa femme et son fils se détourner de lui. Roscoe restera neuf années à Kilby, la prison du comté.

Roman doux et grave, portraits d'hommes fiers et bons, destins brisés, vies imposées, Virginia Reeves aimes ses personnages et leur donne le choix de se racheter.

Un roman à lire en imaginant un film de John Ford ou Kelly Reichardt, des photos de Walker Evans ou Dorothea Lange, et bien sûr l'ombre bienveillante de Steinbeck au-dessus de l'épaule de la romancière.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La force du roman de Virginia Reeves tient tout d'abord à la singularité du sujet : Roscoe T. Martin, un homme passionné par la force nouvelle de l'électricité, vient s'installer dans les années 20 dans une région rurale de l'Alabama où les fermes sont encore éclairées au pétrole, et où tout le travail se fait à la main. Pour réduire le travail de son ouvrier agricole et de son épouse, il imagine détourner quelques kilowatts des lignes d'Alabama Power, opération aussi risquée qu'illégale. Ses connaissances en électricité lui permettent de réussir, mais un ouvrier de la compagnie meurt quelques temps plus tard au pied de son transformateur.

La suite du roman alterne entre la prison où Roscoe purge une longue peine et le retour sur les événements qui l'y ont mené, sur le procès, sur sa vie de couple compliquée, sur sa relation avec Wilson, l'ouvrier agricole de couleur. Les tensions raciales ne sont pas absentes du roman, mais sont traitées d'un point de vue pas exactement habituel.

Je ne m'attendais pas en ouvrant le roman à voir une grand partie des pages se passer entre les murs d'une prison, mais cet aspect ne m'a pas rebutée. La langue utilisée par l'auteure, et très bien rendue par la traduction, est sobre et précise, avec de belles échappées lyriques, et s'accorde bien avec l'époque qu'elle décrit. Les trois parties, la troisième venant renouer les deux premières qui alternaient, abordent avec précision et empathie à la fois, des aspects de l'affaire qui a bouleversé la vie de Roscoe.
Encore un roman découvert grâce au festival America qui était décidément très riche cette année.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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D'abord découvert en bande dessinée, dans une adaptation par Alex W. Inker, j'ai eu envie de lire l'ouvrage d'origine, par Virginia Reeves.

Une belle lecture, où l'on retrouve évidemment l'esprit de la BD mais pas que.

D'abord parce que l'on se rend compte que Inker a pris beaucoup de libertés sur son adaptation de la fin du roman, et que pour le coup, j'ai vraiment été surpris. Sans trop en dévoiler, disons que le principal protagoniste prend le chemin d'une forme de rédemption singulièrement différente de celle de la bande dessinée.

Et surtout parce que le texte de Virginia Reeves est bien plus profond que l'adaptation BD. Classique me direz-vous, j'en conviens, mais ce n'est pas toujours le cas. J'ai souvenir du "Rapport de Broedeck" où Manu Larcenet, certes avec son langage propre, rend un bel hommage au livre de Claudel. Ici, dans le livre de Reeves, on découvre beaucoup plus sur les personnages, sur les rapports qu'ils entretiennent entre eux, sur la réalité de l'Amérique profonde des années 20 et 30.

Une autrice à découvrir.
Une belle lecture.
Même si je ne sais pas quelle fin j'ai préféré, entre le livre et son adaptation !
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LA SORCIÈRE ELECTRICITÉ.
Alabama 1920 : Rosco, fils de contremaître des mines, a une révélation en lisant Faraday et n'aura qu'une idée c'est de devenir électricien. Il épouse Marie, institutrice, qui hérite de son père une ferme paumée et non raccordée et deviendra contre son gré agriculteur. Il a alors la géniale idée de faire un branchement sauvage sur la ligne électrique pour développer l'activité de la ferme. Malheureusement « le fil conducteur » le mènera en prison à la suite d'un homicide involontaire lié à la bretelle non déclarée.
Le récit est froid et cruel. Rosco décrit la vie carcérale de cette prison (qui se veut modèle et pédagogique) avec un détachement étonnant, et toujours cette passion pour le fil de cuivre. Elle le mènera d'ailleurs jusqu'à calculer le voltage nécessaire pour la fabrication de la chaise électrique !
Décomposition d'un mariage, d'une famille, vie au sein d'une Amérique raciste mais contrebalancée par une humanité et un amour du prochain quelle que soit la couleur de sa peau.
Un roman social émouvant et qui marque.
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En Alabama, en 1920, Roscoe, un électricien ayant quitté son boulot pour s'installer à la ferme du défunt beau père tourne en rond. Il n'aime pas les travaux de ferme et ne rêve que d'électricité. Il va se raccorder illégalement au réseau électrique et finira en prison....
Le personnage principal est d'autant plus attachant qu'il est naïf et rêveur et parle à la première personne. C'est moins difficile de s'identifier à lui.
Pour un premier roman, je dirais "Chapeau" !
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Billet commun entre le roman graphique d'ALEX W.INKER et le roman de VIRGINIA REEVES qui a inspiré W.INKER.

La richesse évocatrice du verbe ou la puissance émotionnelle du trait, deux miroirs d'une même histoire, celle de Roscoe, jeune électricien employé au déploiement de l'électricité dans l'Alabama du début XXème siècle , envoyé en prison pour un acte conscient d'incivilité qui le fera basculer malgré lui dans un engrenage tragique avec la mort d'un innocent.
Tout le poids d'une décision impulsive de survie qui se transforme en drame de toute une vie. Pour sauver sa famille de la misère, Roscoe va briser le destin de ceux qui l'aiment, sa femme, son fils, et la famille de Wilson, celui qui l'aidera par loyauté dans son larcin fatal et qui subira lui aussi la prison.
Une belle histoire de dévouement infaillible, de filiation perdue, d'amour écorché, de culpabilité profonde, une histoire qui vous prend aux tripes avec l'écriture ciselée de VIRGINIA REEVES ou les dessins foudroyants d'ALEX W.INKER. Electrisant !
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Virginia Reeves a passé une partie de sa vie à Helena dans le Montana et vit aujourd'hui à Austin au Texas. Un travail comme un autre, son premier roman, date de 2016.
Alabama, dans les années 1920. Roscoe T Martin travaille dans une Centrale électrique, passionné par son métier, une modernité à l'époque, « j'avais besoin de travailler avec l'électricité, j'étais attiré par cette puissance cachée qui sommeillait jusqu'à ce qu'on l'allume. » Marié avec Marie, institutrice, père du petit Gerald, ils habitent la ville, jusqu'à ce que Marie hérite du domaine familial, une ferme où vivent et travaillent depuis toujours, Wilson et sa femme Moa, deux Noirs qui font presque partie de la famille. Contre l'avis de son époux, Marie décide qu'ils reprendront l'exploitation. Pour Roscoe cela signifie abandonner son métier et devenir fermier, un job qui ne l'intéresse absolument pas. Alors que l'électricité s'implante très lentement dans la région, Roscoe a une idée, il va se raccorder illégalement au réseau. La ferme électrifiée devient plus productive, les conditions de vie de la famille s'améliorent, jusqu'à ce que les autorités interviennent et emprisonnent Roscoe non seulement pour ses branchements illégaux mais aussi pour la mort d'un employé de la Centrale électrique, électrocuté quand il est intervenu sur le réseau clandestin…
Un premier roman réussi, c'est toujours une claque pour un lecteur, et là, je peux vous certifier qu'elle est grosse la claque ! J'en ai encore les joues rosies par l'émotion. Tout est absolument parfait là-dedans et tellement dense que je ne sais même pas comment m'en sortir avec ma chronique.
Pour résumer succinctement, par amour pour sa femme, Roscoe va abandonner son métier tant chéri d'électricien pour se consacrer à celui de fermier, qu'il déteste ; pour améliorer le sort des siens il installe l'électricité dans la ferme. Durant quelques années tout roule, puis la Loi frappe et Roscoe est emprisonné pour dix ans. Sa femme le tient pour responsable de tout (leur famille détruite, la mort d'un employé de la Centarle, l'emprisonnement de Wilson aussi) et ne lui donne pas signe de vie, empêchant même son fils de le voir. Quand enfin libéré, Roscoe revient à la ferme, la situation est bien pire qu'il ne le pensait… et Marie est repartie vivre en ville.
Nous allons vivre avec Roscoe en prison, ses jobs à la laiterie, au chenil ou à la bibliothèque, endurant violences ou méchanceté des gardiens ou des autres prisonniers, mais aussi quelques agréments ou cocasseries (Taylor le directeur-adjoint qui ne sait pas lire, prend Roscoe sous son aile pour s'occuper des chiens). Et la seconde partie du livre, bien que nettement plus courte, n'en est que plus riche en émotions, en souffrances psychologiques et déceptions.
Tout au long de ce roman les livres, les lectures et les bibliothèques sont un environnement qui ne lâche jamais Roscoe. En toile de fond plus sociale, les mines de charbon, le sort réservé aux Noirs, l'électricité et le modernisme en marche, les conditions carcérales.
L'écriture de Virginia Reeves dépasse le simple talent de narration, c'est de la très belle littérature. le roman est poignant, sublime dans sa dernière partie. Roscoe et Marie se sont déçus l'un, l'autre, et le lecteur n'a plus que ses yeux pour pleurer devant un tel gâchis et ses deux mains pour applaudir à tout rompre.
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