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Ecornifleur : qui écornifle, qui cherche à vivre aux dépens d'autrui
C'est exactement ce qu'est Henri, jeune pseudo-poète qui décide de s'incruster dans la vie d'un couple naïf, inculte et aveuglé par l'illusion d'accéder au monde artistique.

Repas, argent puis pourquoi pas adultère, Henri ne recule devant rien. L'arrivée de la nièce de Mr et Mme Vernet va modifier quelque peu ses projets (en les pimentant).

Il a un peu du Julien Sorel de Stendhal dans le Rouge et le Noir, (en plus veule) notre Henri surtout dans la façon qu'il a de se regarder agir et d'analyser ensuite les conséquences de ses actes.

C'est assez drôle, on imaginerait bien un film en noir et blanc!
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Henri pique-assiette s'incruste chez monsieur et madame Vernet, couple de naifs bourgeois . Non content de se faire nourrir et payer des vacances, Henri va séduire Madame Vernet ( une similitude avec Madame Bovary) et sa nièce. Tout l'intérêt de ce petit livre est la façon dont Jules Renard nous dépeint avec un humour cinglant la supercherie de cet Henri qui arrive à se faire aimer, admirer.
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L'écornifleur, c'est l'histoire d'un pique-assiette fainéant, d'un parasite, poète raté, qui à fait son nid dans un ménage bourgeois. le style de Jules Renard est précis, corrosif, réjouissant et inventif. Il peint avec brio les travers petit-bourgeois de la société française. Se présentant sous forme de vignettes narratives, parfois même revêtant l'aspect de scène de théâtre, ce roman est fluide et aéré. Quel plaisir de lire la prose méchante de Jules Renard!
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On lit moins Jules Renard et c'est bien dommage. De lui, on admirait son "Poil de carotte", savourait ses descriptions empruntes de poésies des "Histoires naturelles". 
L'écornifleur, moins connu aujourd'hui, est pourtant un vrai chef d'oeuvre de cynisme où déjà va se révéler tout le talent de cette peau de vache et de ce tendre poète aussi qu'était Jules Renard.
Son monsieur Henry, accroché au couple des Vernet comme une moule à son rocher, est un monstre de rosserie. Occasion de brosser un tableau vitriolé des petits bourgeois de son temps, cette étude de moeurs est torsive au plus haut point et tout le monde en prend pour son grade.
Comme un peintre naïf procédant tableaux après tableaux, l'auteur nous révèle avec malice toutes les turpitudes, les petites roueries, les jeux des uns et des autres, çà et là ponctuées de son regard moqueur, de sa verve poétique :
"les vieux rochers se couvrent d'écume, pères de famille vénérables mais ivres qui renverseraient, en buvant, de la mousse de champagne dans leur barbe. "
"La mer est légèrement moutonneuse. Un invisible menuisier, infatigablement, lui rabote, rabote le dos et fait des copeaux"
"Comme un jardinier qui, par une blanche matinée d'avril, crève du nez de son sabot les toiles d'araignées tendues sur les allées, je brise des virginités, sans remords."
Parfois, on se prend à songer à un détour de phrase, une description que ce monsieur Henry pourrait bien avoir été l'auteur lui-même. N'est-il pas roux ? Poète mal connu ? Et cette pensée, donne à la lecture de l'écornifleur plus de sel encore?
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Cet écornifleur, profite jusqu' à son propre écoeurement, d'une amitié sincère et naïve offerte par ces bourgeois en villégiature.
Pique-assiette, il en viendra finalement à casser son assiette...comme un enfant lassé qui finit par briser son jouet.
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Jules Renard, une nouvelle fois, nous souffle le chaud et le froid, entre humour et tragédie. C'est l'histoire d'Henri, un écrivain poète raté, dont on pardonne au début les mensonges, son gagne pain en quelque sorte. Il nous apparaît de prime abord bien sympathique, ce gentil pique assiette qui profite de Monsieur et Madame Vernet, un couple à la fois classique et fort naïf. Puis vient le moment où Henri commence à entreprendre Madame, où il la désire ardemment comme amante. On sourit de leur jeu de dupe, de prude. Enfin, avec l'arrivée de Marguerite, la jeune nièce de Monsieur Vernet, lors des vacances au bord de la mer, Henri ne peut pas retenir ses pulsions, tout dérape. On entre alors dans le sordide, la débauche. Il faut tout le talent de l'auteur pour se sortir de là, pour donner à la fuite d'Henri une fausse bonne justification, la dernière lâcheté de l'écornifleur.
Un court roman très bien écrit, qui en dit long sur la nature humaine.
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Je ne connaissais Jules Renard que pour son Poil de Carotte. À dire vrai, je me souvenais même fort peu de celui-ci, souvent confondu dans mon esprit avec L'Enfant de Vallès, que je confonds lui-même bien des fois avec le Petit Chose de Daudet, et le tout m'évoque assez les démesures verbales et impitoyables du Solal de Cohen. J'ai une mémoire singulière, je sais bien, je n'en sors pas. Je trouve ces livres cousins, voilà, ils ont un air de famille : on y retrouve une ironie cruelle de victimes. Un être souffre et, sans s'en ficher pour autant, avec recul, il rit de lui qui a eu tant mal. Un rire jaune, quelque chose comme l'inverse de pleurer de rire : rire de pleurer. Une thérapie un peu cynique où l'on critique la bassesse qu'on expose pour ne pas s'anéantir de douleur. Se montrer à peu près comme rien, et prétendre : « Après tout, le néant aurait tort de se plaindre ! c'est juste ! ». Une morale plutôt aigre de sacrifié ou de blasé. Un livre où le coup est présenté comme l'acte naturel d'une vermine : l'homme. On n'y peut rien, n'est-ce pas ? c'est de l'homme, tout ça, la pauvre espèce !
L'Écornifleur, cela signifie le pique-assiette, le parasite – je dois l'explication à Robert, grand ami, très cultivé : allez donc faire sa connaissance ! Henri y est un poète bohème, à qui doit s'identifier Jules Renard : celui-là se coagule à un couple de bourgeois, les Vernet, qu'il impressionne de simagrées littéraires et qu'il parvient à fasciner, dont il devient la fierté, l'alibi artistique, un véritable trophée. Lui sait tout de son imposture : il a de ces trucs tout préparés, de ces citations et de ces mensonges qui stupéfient comme s'il côtoyait le génie et les génies ; il se fait admettre comme destin, promis à une gloire inéluctable par des gens aimables mais intellectuellement communs et faciles à leurrer, qui le payent en repas et en sympathie sincère : il s'en remplit l'estomac – et l'orgueil ! Et, n'ignorant rien de cela, tartufe, il s'en méprise presque aussitôt.
L'Écornifleur, c'est le récit d'une double vie de pose continuelle : celle de ces dilettantes fortunés qui ne reconnaissent l'art que dans ses apparences mondaines et qui cherchent à s'en attribuer la découverte et à s'en attirer le prestige (les Vernet si on m'a bien compris), et aussi celle de ces artistes peut-être véritables mais réduits, par impatience du succès, à feindre le talent et qui, différant l'ouvrage, vivent à l'excès dans un monde virtuel de littérature où leurs références perpétuelles leur tiennent lieu d'existence.
Mme Vernet est une Mme Bovary pleine de mièvres postures soyeuses et vivant un rêve valorisant de rencontre éblouissante où elle se figure conseillère et muse.
Henri est un lecteur impotent du livre de sa propre vie : il n'agit que par paroles, toute sa préoccupation au mieux est à des actions de lui espérées par d'autres ; il ne tâche qu'à correspondre à l'image qu'il veut donner, idéal cliché dont il se sent prisonnier ; il se regarde sans cesse, se demandant toujours ce qu'il siérait de faire, dans tel contexte narratif semblable à sa position, s'il était protagoniste d'une histoire romanesque. le récit d'un vrai homme qui doute, et qui voudrait être un personnage qui siège et qui trône.
Je n'interprète rien : le livre est volontairement hilarant de ridicules et d'embarras bien rendus. On se moque de ces guinderies de bourgeois qui paradent ou qui louent, on s'amuse des excès de cette baudruche de poète qui critique tout y compris lui-même, on se divertit en somme de cette vacuité de bonne compagnie fondée sur d'affectueuses affectations !
Tout cela exprimé dans une prose artiste, vivante, chaleureuse, foisonnante, tantôt sèche et froide pour rendre la plate consternation de l'imposture reconnue, tantôt ample et outrée pour singer les exaltations poétiques de l'esthète : or, cette virtuosité est incontestablement celle d'un grand esthète ! Impertinent, gouailleur, astucieux, sardonique, inventif, énergique, truculent : Jules Renard avec délectation collectionne les figures épinglées pour la frime, s'émulationne d'envols surexcités suivis presque aussitôt de retombées cocasses ou triviales, son esprit bouillonne de trouvailles audacieuses et superbes, d'assemblages hétéroclites, de façonnements inédits – et il en rit, le bougre ! et l'on entend ce rire par-delà la page virevoltante, gros rire bonhomme qui se contemple avec ardeur sans pouvoir se croire génial, se mirant à distance, honteux d'être fier, incertain peut-être de valoir quelque chose, se sachant original et ceci du moins avec certitude. Il faut lire, je crois, ce petit ouvrage avec une acuité particulière, relire – j'ai lu lentement – maintes fois pour les entendre des fulgurances d'idées drôles ou méchantes, le tout apparemment balancé sans intention ni travail, mais prodigieux de fausse nonchalance, amateur constant d'une toute feinte négligence, bien trop inquiet, peut-être, d'être admiré pour ce que vaudrait son sérieux quand ses ironies sont déjà si pétillantes.
Et c'est peut-être la faiblesse de ce livre qu'il soit tout de forme et d'un fond si maigre : on en sort enivré-pas-nourri, on a l'aperçu d'un bel éblouissement mais issu d'une lucarne trop étroite, on est tout à fait mouillé… jusqu'au genou seulement ! le récit est construit d'une succession d'ingénieuses et courtes situations dont le rythme entraîne mais qui manque à faire l'ampleur d'un roman : de la vivacité, de l'énergie, de l'élan, mais… guère de souffle ! On croit à un exercice de style, au défoulement vigoureux d'une humeur qui s'élance et bondit, tant enjouée et frénétique qu'on ne peut la retenir, mais, faute de sujet profond et d'intrigue préparée pour la soutenir, ne rendant que des chroniques, que des brèves et que des anecdotes mises bout à bout dont la somme ne suffit pas à faire un chef d'oeuvre : une rencontre d'esbroufe à Paris, un voyage au bord de la mer tout en déclinaisons de poncifs drôles, un amour trop fantasmé de romans, et pas de dénouement, une précipitation pour achever cela quand l'humeur s'en va et que l'envie cesse. le dernier tiers – et peut-être toute la seconde moitié – est moins brillant quoique agréable encore, on y trouve une moindre quantité de bons mots étourdissants, on sent une certaine langueur de l'artiste qui ne sait trop où il se dirige ni s'il a vraiment la force d'achever ; un doute l'a pris, il fallait en finir en retombant à peu près sur ses pieds, il a achevé à peu près « comme il faut ».
Cette pulsion vitale agrémentée de couleurs si originales fut pour moi une réjouissance : l'amoralité même du récit le rend piquant, chatouillant, poivré ; et j'aime l'épice qui est ce qui fait le plus défaut à notre société du caramel à la crème allégée et surtout digeste. Ne presque rien dire, et produire un bon livre tout de même, c'est déjà une performance qui m'émeut ; mais on veut – je quête sans relâche – des grandeurs, des hauteurs d'où ma moindreur serait obligée à la soumission : mon appréciation de ce Renard va pour l'admiration de son fort caractère à travers la maîtrise de son surprenant style ; une prochaine fois, je l'espère, pour la vénération de sa profondeur d'esprit.

P.-S. : Je n'ai guère compris la préface de Gardair ; c'est du pédant et ça n'explique rien. Ah ! me rappeler d'éreinter un jour ces préfaces si déconnectées des goûts du lecteur qu'elles lui éventent tout le livre en le résumant imbécilement de A à Z.

Lien : http://henrywar.canalblog.com
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J'ai beaucoup aimé ce petit roman de Jules Renard. L'histoire, celle d'un intrus, d'un écornifleur, qui s'insinue dans une famille sans histoire pour en tirer avantage, est intemporelle. (Elle m'a d'ailleurs rappelé celle d'un film plus récent, "nettoyage à sec", qui se déroule dans un tout autre milieu et un tout autre temps, mais qui traite de la même problématique - celle d'un élément tiers qui prend une place démesurée dans une famille).
L'écriture de Jules Renard est très belle et n'a pas vieilli d'un pouce. J'ai également trouvé les scènes de bain et les descriptions du village de bord de mer à la fin du 19ème siècle particulièrement croustillantes. A lire et à relire!
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L'Écornifleur / Jules Renard (1864-1910)
Écrit en 1890 et publié en 1892, ce roman raconte l'histoire d'un écornifleur, c'est à dire une personne qui parvient à se procurer à bon compte, par ruse et en parasitant, ce qui est nécessaire à son existence. Ainsi Henri, le narrateur, un jeune homme qui se dit poète, parvient à se rendre indispensable à une famille de bourgeois un peu crédules, naïfs et incultes, les Vernet en vacances à Barfleur au bord de la Manche, qui de fait se flattent de côtoyer un écrivain poète. Lequel leur dit des vers après le dîner, les éblouit, les flatte, les choque et les émeut. Il s'incruste habilement dans la vie du couple Vernet, profitant de la table et du logis, avec en ligne de mire le corps de Madame Vernet ! Pourquoi pas un adultère en passant ! L'arrivée de Marguerite, la nièce des Vernet, va modifier les plans de notre pique-assiette qui de poète va s'improviser moniteur de natation pour la jeune et bien en chair Marguerite, se faisant admirer et finalement peut-être aimer.
Dès le départ, Blanche Vernet est convaincue de la vocation poétique d'Henri ; quant à Henri, voici ce qu'il pense de cette vocation : « Faut-il dire que je n'en ai pas ? que je compose des vers aux heures perdues, parce que papa me sert provisoirement une petite rente et que j'entretiens habilement ses illusions ? Il veut faire de moi quelqu'un, et se saigne jusqu'à ce qu'il découvre en son fils un paresseux vulgaire… » Les Vernet son persuadés qu' Henri est un fin connaisseur de femmes et M. Vernet constatant l'admiration qu'Henri porte à Blanche, sa femme, y voit un hommage au goût du mari qu'il est !
S'apercevant que Blanche n'est pas insensible à la cour qu'il lui fait, Henri est convaincu qu'il n'y a aucun motif pour qu'il lui prête des aspirations plus pures que les siennes, et cette pensée de derrière les reins doit leur être commune : si l'occasion s'offrait, ils coucheraient ensemble. Plus tard il dira avec cynisme, quand la jeune Marguerite entre dans ses objectifs : « Il faut l'avouer, je n'avais jamais cru sérieusement que l'adultère de Mme Vernet se réaliserait. J'y pensais, j'en caressais complaisamment les images ; mais il n'offrait que la séduction d'une beauté littéraire. »
En vérité, Henri est un être dont la tête est pleine de fantômes : il voit le monde à travers la littérature ; il a lu, beaucoup lu mais mal digéré ses lectures. Il voit les ouvriers à travers Zola, la société à travers Daudet, les paysans à travers Balzac et Maupassant, S'il aime, il se rappelle les amours littéraires.
Avec un humour de tous les instants, Jules Renard nous offre une belle palette de son talent pour décrire le cynisme de l'écornifleur et la fatuité des Vernet. Un roman léger qui se laisse lire avec le sourire au coin des lèvres.
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Un joyau, bijou d'humour, truculent, j'adoooooore Jules Renard....
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