Thérèse Chassagne avait quarante-cinq ans et en paraissait soixante. Elle était usée. Son pauvre corps ressemblait à une vieille figue desséchée. Quand on la voyait aller et venir dans la cour de la ferme, on avait le sentiment que le moindre souffle de vent était capable de la coucher.
Chapitre IV
La Marceline était un personnage qui ne laissait personne indifférente. De tous les membres de la famille, elle était celle qui avait le mieux réussi. Il fallait bien reconnaître que c'était une intelligence, une femme d'action.
Elle était née ici même, à la femme de Bord. Oh ! sa jeunesse n'avait pas été des plus dorées. Le grand père Chaberneau n'était pas un tendre. Ça filait à la baguette. Entre un père autoritaire et un frère rustre, elle n'avait que sa mère pour la consoler d'une vie qui se présentait sous les plus mauvaises auspices. mais elle avait su saisir sa chance.
Chapitre I
La première fois qu'il croisa le regard de la petite Adèle Villeberte, il ne pouvait se douter qu'un jour elle deviendrait sa femme. Elle était insignifiante. Avec son visage boutonneux et son regard fuyant, elle avait bien du mal à conquérir les coeurs solitaires. Sans conversation, ricanant pour un oui ou pour un non, on ne lui connaissait nulle aventure. En fait, la seule chose qui eût pu intéresser les jeunes gens de la région, c'était l'aisance financière de ses parents.
Chapitre VI
Mon Dieu qu'elle était vilaine ! On avait beau chercher, on ne trouvait rien dans son physique qui eût pu ressembler à un soupçon de grâce. elle était laide de partout : de la tête aux pieds. Outre son visage grassouillet, boursouflé, et cette protubérance qui lui servait de nez, elle avait un corps difforme. (...). Et comme si cela ne lui suffisait pas, elle avait une âme aussi noire que la maison des Pouyades où elle vivait avec le Bébert Chaissaing.
Chapitre X
Il aimait son pays. Il ne se languissait pas d'admirer cette nature sauvage au milieu de laquelle se blottissait la ferme de Bord. A quarante-cinq ans, Etienne Chaberneau aimait toujours cette vie faite d'un labeur quotidien. Il était né paysan. Depuis des générations, les Chaberneau habitaient dans cette région cabossée du sud de la creuse. Alors, comme son grand-père, son père, il ne savait rien faire d'autre que de travailler cette terre ingrate.
Chapitre I
Alain Laborieux, "Des Saisons en demi-teinte"
Pierre Rétier, "Le Bal des veuves"
Sophie Cassagnes-Brouquet, "Le Manuscrit de Compostelle"