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EAN : 9782848863528
256 pages
Lucien Souny (04/10/2011)
3.7/5   5 notes
Résumé :
Après avoir sacrifié quatre années de sa jeunesse à défendre la patrie, Julien Borrel s'en retourne au pays, hanté par les atrocités de la Grande Guerre. Sevré d'amour durant trop longtemps, il n'a qu'un seul désir : rattraper le temps perdu et fonder une famille avec Maria, son épouse. Hélas, il ne retrouve plus la jeune femme qui, autrefois, l'avait envoûté. Peut-être l'avait-il trop idéalisée... Quelques mois plus tard, il apprend même que Maria l'a trompé durant... >Voir plus
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Le fleuve en furie charriait nombre d'arbustes, de troncs d'arbres morts et autres objets les plus divers arrachés aux rives. Il courait à une vitesse folle en direction du sud. Le grondement de ses eaux emplissait la vallée balayée par un vent du nord dont les hurlements ajoutaient encore à un spectacle qui avait quelque chose de dantesque.
En cette fin de l'année 1918, l'automne avait été pluvieux et venteux. Beaucoup de rivières étaient en crue et les vendanges s'étaient déroulées dans les pires conditions. A de nombreux endroits, le Rhône avait débordé de son lit. Dans le secteur de Saint-Martin, la rivière Ardèche s'était transformée en un véritable torrent d'eau et de boue. Dès lors, on scrutait l'horizon, espérant que le mistral viendrait bientôt chasser ces gros nuages qui filaient à vive allure et obscurcissaient le ciel.
Ces intempéries n'avaient pas été un obstacle pour fêter l'armistice. A l'annonce de la fin du conflit, on avait sorti les drapeaux tricolores, on avait dansé, chanté et on avait souvent bu plus que de raison dans les villages, et même dans les hameaux perdus au fin fond de la campagne.
Pourtant, quantité de familles étaient en deuil d'un père, d'un fils, ou de quelques parents proches. Peu d'entre elles avaient été épargnées. On avait vécu ces quelques jours de liesse entre larmes et rires. Enfin, depuis plusieurs semaines, on assistait au retour tant attendu des poilus.
C'étaient de longs convois de trains et de camions qui descendaient du front et ramenaient de pauvres hères décharnés, le regard livide, absents, comme si défilaient encore les images atroces d'une guerre qui n'avait été qu'une boucherie inhumaine.
C'est probablement à tout ce vécu que pensait Julien Borrel alors qu'un véhicule militaire, dans lequel il avait pris place avec une dizaine de soldats, avançait, tant bien que mal, sur la petite route cahoteuse qui longeait le Rhône. Quatre années. Il avait sacrifié quatre années de sa vie à combattre dans un régiment d'infanterie. Aujourd'hui encore, il se demandait par quel miracle il avait sauvé sa peau. Tant de ses camarades étaient tombés sur les champs de bataille. Il n'aurait su les compter. Il n'avait mémorisé que certains visages, des voix, des attitudes, quelques relations privilégiées avec des hommes qui venaient des quatre coins de l'Hexagone. Avec eux, il avait partagé l'angoisse, la peur, mais aussi la volonté de chasser l'ennemi de la terre de France.
Il avait souffert et s'était battu au nom de la liberté. Parfois, il s'était demandé s'ils allaient pouvoir châtier ces Boches qui leur menaient la vie dure. Souvent, offensives et contre-offensives se succédaient pour un gain ridicule de quelques centaines de mètres. Au coeur de ce carnage, que ce soit dans les plaines de l'Aisne ou dans le secteur de Verdun, il avait traversé l'enfer sans la moindre blessure, même si certaines restaient, à jamais, dissimulées au plus profond de sa mémoire.
Aussi, en cette matinée un brin maussade, il ne perdait rien du panorama qui s'offrait à son regard au gré du moteur poussif d'un camion qui, parfois, paraissait tout près de rendre l'âme.
Enfin il retrouvait son cher pays ! Il avait tant rêvé à ces retrouvailles. Ce qui attirait surtout son attention, c'était moins le rugissement des eaux du fleuve que cette campagne cabossée, cette garrigue, ces quelques vignes plantées, çà et là, qu'il devinait alors que le convoi approchait de la petite ville de Pont-Saint-Mathieu
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