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3.25/5   2 notes
Résumé :
Le soleil planait très bas au-dessus de l’océan comme un oiseau fatigué qui, péniblement, traîne ses ailes d’or ; et les rivages élevés, les hautes masses des arbres, les rochers agrestes vomis par les eaux, les gueules ouvertes des baies, les mâts courbés, les tours des églises et les solitaires menhirs semblaient se pencher vers lui et tendre leurs bras suppliants pour le retenir — mais le soleil pâle, troublé, effaré, s’enfuyait, tombait toujours plus vite, car e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une courte nouvelle. Etonnante. Ecrite par un polonais sur la Bretagne et ses pecheurs. Sur l'angoisse des femmes qui attendent que les barques de leurs hommes reviennent.

C'est la nuit et c'est tempete, et elles accourent vers la cote, scrutant le large, priant. On fait sonner les cloches, et bientot d'autres repondent des villages voisins, de Sainte Anne, de Saint Philibert de Treguen, de Sainte Josephine. On prie, on invoque, “Ave, Ave, Ave Maria ! Soyez le refuge des pauvres pecheurs. Ô mère du Juge qui sonde les coeurs!” Apres des heures, des lumieres en mer! Quelques barques accostent. du bout des levres, on interpelle: ‘Je cherche', est-elle loin? – Savons pas, la mere, ayez pas peur, y reviendront au matin. Et la mere Caradec revient a l'eglise, se pend a la corde et fait sonner toute la nuit, de toutes ses forces. Elle a deja perdu son homme et un fils. C'est son dernier! “Au matin on l'arracha de la corde, deja insensee. Et elle retomba pour toujours dans cette autre nuit des terribles attentes”.

C'est une nouvelle grise et noire et triste, poignante. le ciel et la mer de tempete sont tres bien peints, et la detresse de celles qui attendent, entre espoir et accablement, admirablement decrite.

Mais je ne dois pas etre tellement etonne. Reymont a ecrit cette nouvelle a Concarneau, et il l'a dediee “A Charles Cottet, le grand poete de la mer et de la tristesse”. Charles Cottet etait un post-impressioniste, qui, selon la Wikipaedia, “a realise, sous le titre general d'Au pays de la mer, une serie d'oeuvres ou se trouvent retracees les scenes pittoresques de la rude vie des marins, ou les multiples aspects de l'Atlantique et de la Manche, sont intensivement rendus“. Cette nouvelle est donc un hommage. Un bel hommage.

Et encore une fois je remercie la Bibliotheque Russe et Slave.
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Une petite nouvelle découverte par hasard au détour d'un furetage dans une bibliothèque virtuelle. Un auteur polonais, Nobel de surcroît (et dont je n'avais jamais entendu le nom avant de le lire ce jour-là), qui écrit sur la Bretagne, j'ai cédé à la curiosité de cette drôle de combinaison.
Tout cela pour un résultat finalement moyen. Il y a certes quelques jolies phrases, mais rien qui ne dépasse une narration ordinaire, et je n'ai pas su partager l'angoisse de l'attente qui se prolonge, l'alternance de la peur et de l'espoir, les prières et les imprécations.
Ce premier contact m'a cependant donné envie de connaître mieux cet auteur et, peut-être, si je peux mettre la main sur ce livre, lire Les Paysans, qui semble son oeuvre majeure.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Les brumes, comme déchirées par les voix inlassables des cloches, s’agitèrent violemment ; ce fut un fourmillement noir et dans l’espace les flots clapotèrent ; la respiration de l’océan, étouffée, lourde, s’exhala. Un vent chaud soufflait de la terre, pénétrait silencieusement au travers des brumes, baisant câlinement les yeux en pleurs des femmes, et s’enfuyant effrayé, se perdait dans le silence.

Et toujours les cloches appelaient les égarés ; elles appelaient comme des mères en détresse, de la voix profonde de l’inquiétude ; tout le rivage résonnait d’un sanglot de bronze comme si la terre entière eût douloureusement supplié l’océan d’être pitoyable.

Dans un silence mortel les femmes pénétrèrent dans la chapelle et, parmi la brume épaisse qui planait, s’agenouillèrent par deux, par trois, par quatre.

Sur un autel bas, sculptée en granit, dans l’or et le bleu de ses habits, la Sainte Vierge se dressait avec l’Enfant. À la lumière éparse des lampes, sa main tendue, sa figure pâle et ses yeux immobiles apparaissaient à peine.

Elles s’agenouillaient humblement et, s’inclinant jusqu’à terre murmuraient de ferventes prières. Une jeune fille saisit la corde qui pendait devant l’autel et se mit à sonner. Elle se penchait lentement, rythmiquement, les yeux fixés dans les yeux sacrés, immobiles ; elle sonnait l’alarme, elle faisait savoir aux égarés sur l’océan qu’ici on veillait, on s’effrayait, on pleurait.
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Le soleil planait très bas au-dessus de l’océan comme un oiseau fatigué qui, péniblement, traîne ses ailes d’or ; et les rivages élevés, les hautes masses des arbres, les rochers agrestes vomis par les eaux, les gueules ouvertes des baies, les mâts courbés, les tours des églises et les solitaires menhirs semblaient se pencher vers lui et tendre leurs bras suppliants pour le retenir — mais le soleil pâle, troublé, effaré, s’enfuyait, tombait toujours plus vite, car en haut, par le ciel sombre, couraient les corps monstrueux et gris des nuages ; ils venaient du nord, rampaient menaçants du midi, coulaient en foule innombrable de l’orient, se suivaient pas à pas, s’unissaient en une demi-sphère, en une meute furieuse, affamée.
Par moments, le jour s’assombrissait, car certains nuages détachés en avant, entremêlés en un vol fou, se précipitaient aveuglément comme des bêtes écumantes dans les abîmes fuligineux du soleil.
Le jour frémit d’inquiétude ; par le monde passait la frayeur, toutes les voix étaient mortes, toute créature retenait son souffle ; l’océan s’immobilisa ; ce fut le calme de l’attente, le calme de l’effroi ; seules les eaux murmuraient en reculant impuissantes dans les précipices de la crainte et du silence, seuls, les derniers sanglots des dernières lames parmi les rochers armés de crocs noirs, et le clapotis douloureux des longues langues d’écume agrippées aux pierres.
Soudain le jour s’effrita.
De tous côtés les nuages atteignirent le soleil et s’effondrant sur lui le mirent en lambeaux flamboyants, le dévorèrent avidement de leurs mâchoires boueuses ; il s’éteignit dans le gouffre de ces gueules immondes.
Une ombre triste, cendrée, s’épandit sur le jour aveugle.
Au loin, très loin s’éleva, grave, un sourd grondement.
Puis un insondable et mortel silence
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Et toujours les cloches appelaient les égarés ; elles appelaient comme des mères en détresse, de la voix profonde de l’inquiétude ; tout le rivage résonnait d’un sanglot de bronze comme si la terre entière eût douloureusement supplié l’océan d’être pitoyable. (p. 7).
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Le soleil planait très bas au-dessus de l’océan comme un oiseau fatigué qui, péniblement, traîne ses ailes d’or ; et les rivages élevés, les hautes masses des arbres, les rochers agrestes vomis par les eaux, les gueules ouvertes des baies, les mâts courbés, les tours des églises et les solitaires menhirs semblaient se pencher vers lui et tendre leurs bras suppliants pour le retenir — mais le soleil pâle, troublé, effaré, s’enfuyait, tombait toujours plus vite, car en haut, par le ciel sombre, couraient les corps monstrueux et gris des nuages ; ils venaient du nord, rampaient menaçants du midi, coulaient en foule innombrable de l’orient, se suivaient pas à pas, s’unissaient en une demi-sphère, en une meute furieuse, affamée.
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Le jour frémit d’inquiétude ; par le monde passait la frayeur, toutes les voix étaient mortes, toute créature retenait son souffle ; l’océan s’immobilisa ; ce fut le calme de l’attente, le calme de l’effroi ; seules les eaux murmuraient en reculant impuissantes dans les précipices de la crainte et du silence, seuls, les derniers sanglots des dernières lames parmi les rochers armés de crocs noirs, et le clapotis douloureux des longues langues d’écume agrippées aux pierres.
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