T'appuyant, fraîche claire
rose, contre mon oeil fermé-,
on dirait mille paupières
superposées
contre la mienne chaude.
Mille sommeils contre ma feinte
sous laquelle je rôde
dans l'odorant labyrinthe.
Rose, ô pure contradiction, volupté
de n'être le sommeil de personne
sous tant de paupières
Son épitaphe (traduite de l'allemand)
XVIII
Tout ce qui nous émeut, tu le partages.
Mais ce qui t’arrive, nous l’ignorons.
Il faudrait être cent papillons
pour lire toutes tes pages.
Il y en a d’entre vous qui sont comme des dictionnaires;
ceux qui les cueillent
ont envie de faire relier toutes ces feuilles.
Moi, j’aime les roses épistolaires.
Une rose seule, c'est toutes les roses
et celle-ci : l'irremplaçable,
le parfait, le souple vocable
encadré par le texte des choses.
Comment jamais dire sans elle
ce que furent nos espérances,
et les tendres intermittences
dans la partance continuelle.
Ich sehe dich, Rose, halbgeöffnetes Buch,
es enthält Seiten genug,
das Glück zu beschreiben,
und niemand wird sie entziffern. Zauber-Buch
öffnet sich dem Wind und dem, der es versucht
mit geschlossenen Augen zu lesen ....
und Schmetterlingen, die verwirrt entgleiten,
weil sie schon Gedanken mit ihm teilten.
Je te vois, rose
Je te vois, rose, livre entrebâillé,
qui contient tant de pages
de bonheur détaillé
qu'on ne lira jamais. Livre-mage,
qui s'ouvre au vent et qui peut être lu
les yeux fermés ...,
dont les papillons sortent confus
d'avoir eu les mêmes idées.
Été : être pour quelques jours
Été : être pour quelques jours
le contemporain des roses ;
respirer ce qui flotte autour
de leurs âmes écloses.
Faire de chacune qui se meurt
une confidente,
et survivre à cette soeur
en d'autres roses absente.
La déesse
Au midi vide qui dort
combien de fois elle passe,
sans laisser à la terrasse
le moindre soupçon d'un corps.
Mais si la nature la sent,
l'habitude de l'invisible
rend une clarté terrible
à son doux contour apparent.