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Claude Porcell (Traducteur)
EAN : 9782070342211
144 pages
Gallimard (10/05/2007)
3.49/5   55 notes
Résumé :
Une messe d'enterrement, un hospice de vieillards, deux soeurs liées par la haine, des malades et des personnages médiocres... Tout cela n'est guère réjouissant. Et pourtant, Rilke, avec un talent inégalé, nous fait rire de chacune de ces scènes. Il révèle le grotesque et la drôlerie des moments et des caractères les plus pathétiques.

A travers onze courtes nouvelles, découvrez la richesse de l'univers et l'humour de l'auteur des Carnets de Malte Laur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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La force des nouvelles et de l'oeuvre même de Rilke c'est son acuité à voir ce que les autres ne perçoivent pas ou à appréhender des situations d'un point de vue qu'on n'aurait jamais envisagé.

De manière naturelle, simple mais d'une langue magnifiquement poétique, le poète autrichien nous fait voir ce qu'on a sous les yeux, ce qui littéralement crève les yeux, et qu'on n'a pourtant jamais vu.
Dans ces instantanés de vie qui se lisent comme on regarde une photo, Rainer détache le visible du secret des évidences.

Chaque nouvelle est habitée par des personnages qui regardent, impuissants, la vie les enfouir sous les rides.
On entend littéralement résonner une voix discordante, ironique, qui se bat à chaque phrase au nom de la vérité, contre l'élégance trompeuse, celle des mots et des sentiments.

Emile Ollivier a dit : La lecture est une félicité qui se mérite.
Das war's schon ! Lire Rilke c'est garantir sa petite part de bonheur !


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Rilke n'a que 18 ans lorsqu'il écrit le premier récit de ce petit recueil de onze nouvelles édité en 1897. Il a alors 22 ans. Mais, déjà, avec intelligence et finesse, son oeil saisit la noirceur des âmes, la médiocrité des esprits, l'absurdité de la vie et traque la présence sournoise de la mort qui rôde. Des histoires simples, sans prétention, d'un autre temps, présentées avec mélancolie et romantisme, teintées d'une pointe d'humour, où les faiblesses humaines, lâcheté, égoïsme, mesquinerie, ne sont jamais oubliées. Mais, le lecteur est séduit par la poésie des mots, la richesse des métaphores. C'est avec délicatesse et réalisme que l'auteur, de façon très personnelle, dépeint, la complexité des êtres, l'infini de leurs contradictions et capture avec acuité le frémissement d'un instant, d'un reflet, d'une ambiance, d'un objet, en les traitant comme des personnages.
«Le soleil du matin lorgna comme un petit enfant joueur à travers les reflets blancs des rideaux de tulle, saisit son rayon le plus long et le passa, comme une plume d'or, en premier lieu sur le bonnet de nuit blanc, puis sur le front humide de la vieille femme, où il trembla, tressaillit sans repos autour des yeux, de la bouche et du nez, jusqu'au moment où elle prit la susdite respiration et dirigea vers la fenêtre des yeux étonnés, rouges et craintifs.». je ne sais pas vous, mais moi, je suis charmé.
Ce petit recueil mérite d'être savouré avec lenteur, non pas pour l'intrigue des histoires qui sont, finalement, assez banales, mais pour la petite musique de la prose, un peu comme ces bonbons aux fruits qu'on laisse fondre doucement dans la bouche pour en apprécier toute la saveur.
PS : Ça marche aussi avec un chocolat Mon Chéri, des M&M's ou des berlingots de Carpentras. Cependant, attention, le nougat de Montélimar fond difficilement.
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Onze petits récits plus ou moins prenants. Rilke était très jeune lorsqu'il a écrit ces petits récits mélancoliques. Est-ce dû à la traduction, certaines phrases m'ont parfois semblé peu claires.
Une réunion de famille pour commémorer un décès, une rivalité entre deux femmes, des vieux qui prennent le soleil, une rencontre en train, le retour à la maison d'un jeune homme condamné par la maladie.. Et celui que j'ai préféré L'enfant Jésus qui malgré sa tristesse contient une étrange magie de Noël.

Pas une révélation mais ça se laisse lire.
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Il y a un certain nombre d'années, j'ai lu "Histoires pragoises" et je n'ai pas été franchement séduit. Cette année, j'ai décidé de relire de la prose de Rilke et j'ai acheté ce petit recueil bon marché qui contient onze nouvelles.
Mon impression de ce livre est aussi mitigée. Je suis un peu déçu parce que finalement il ne se passe pas grand-chose dans ces petites histoires. J'aurais aimé qu'il y ait davantage d'action, ce qui n'est sans doute pas le style de Rilke ! Par contre, ses descriptions et ses observations des relations humaines sont très fines.
Les thèmes des différentes histoires ne se prêtent guère à l'optimisme : décès, manque de communication, déceptions amoureuses,... J'ai été assez sensible à la dernière histoire. Une mère veille son fils qui est en train de mourir et entre eux il n'y a pas vraiment de communication. Mais ils se rendent compte que ce qui les a séparés et conduits à ce moment, c'est la relation qu'ils ont eue chacun avec leur père et mari respectif, sans qu'ils le sachent. Et finalement les voici en pleine communion.
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Voici un livre à l'image des rencontres qui jalonnent notre existence, habitées parfois de bêtise humaine, d'âmes tourmentées, noires ou viciées. Des rencontres empreintes de vie et de mort, qui avancent sur le fil de la vie de chacune de nos existences.
Dans ces onze nouvelles, Rilke expose les vicissitudes de l'âme humaine, sa profondeur et l'ampleur de sa complexité. Et c'est peut-être toute l'acuité, toute la clairvoyance, qu'il met dans ses écrits qui font de ce recueil un petit bijou de littérature.

Écrites alors qu'il avait entre 18 et 22 ans, ces nouvelles mettent en lumière toute la finesse et l'intelligence de ce poète autrichien. Car, finalement, ce ne sont pas les histoires en elles-mêmes qui portent le véritable intérêt du livre, mais bel et bien l'incroyable poésie qui se dégage des mots de Rilke. Sous sa plume, un simple rayon de soleil se transforme en rivière d'or et de lumière et une vieille femme devient une des plus belles choses que vous puissiez lire en littérature. Ce recueil se déguste, comme on prend le temps de savourer un bon chocolat… sachant qu'à la fin du carré, on y retournera. Avec délectation.

C'est grâce à ce magnifique recueil que je découvre donc Rilke… que je ne manquerai pas de retrouver grâce à ses "Lettres à un jeune poète"
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Que veux-tu ? gémit-il.
Traina sourit doucement : " Danser "
Et elle leva ses bras sveltes et délicats d'enfant et les fit doucement, lentement flotter de haut en bas et de bas en haut, comme si ces mains brunes allaient se transformer en ailes. Elle renversa la tête, profondément, au point que ses cheveux noirs glissèrent de tout leur poids, et elle offrit à la première étoile son sourire étranger. Ses pieds nus, aux attaches légères, cherchaient un rythme en tâtonnant, et il y avait dans son jeune corps un balancement et un enlacement, à la fois volupté consciente et abandon sans volonté, comme on les trouve chez les fleurs délicates aux longues tiges quand elles reçoivent le baiser du soir.

Extrait de Kismét Scène de la vie tzigane
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Et si le Bon Dieu ordonne que la petite Elizabeth paraisse devant lui affublée de ce petit corps, les blessures ne manqueront pas de guérir à l’instant, et même au ciel, où il fait très clair, on ne verra pas la moindre égratignure.
Et c’est très bien ; car le Bon Dieu et sa bonne maman, il ne faut pas qu’ils sachent que la petite Betty a été battue jusqu’au sang par sa marâtre. Qu’ils n’apprennent jamais - c’était sans doute la prière que faisait la petite fille aux mains pâles et jointes, aux lèvres muettes et mortes dans l’obscurité de la morgue.
Et si le Bon Dieu ordonne que la petite Elizabeth paraisse devant lui affublée de ce petit corps, les blessures ne manqueront pas de guérir à l’instant, et même au ciel, où il fait très clair, on ne verra pas la moindre égratignure.
Et c’est très bien ; car le Bon Dieu et sa bonne maman, il ne faut pas qu’ils sachent que la petite Betty a été battue jusqu’au sang par sa marâtre. Qu’ils n’apprennent jamais - c’était sans doute la prière que faisait la petite fille aux mains pâles et jointes, aux lèvres muettes et mortes dans l’obscurité de la morgue.
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Clotilde et Rosine habitaient ensemble à Karbach depuis ces temps que l'on appelle immémoriaux. [...]
Les gens de la maison savaient qu'il y avait aussi des orages derrière les géraniums et qu'en ces occasions, Mlle Rosine faisait l'éclair et Mlle Clotilde le tonnerre, comme il convient à tout sain et véritable orage.

Le secret
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Qu’est-ce que la piété ? Le plaisir qu’on prend à des églises sombres et à des arbres de Nöel illuminés, la gratitude que l’on éprouve pour un quotidien tranquille que ne vient troubler aucune tempête, l’amour qui a perdu son chemin et qui cherche, qui tâtonne dans l’infini sans rivages. Et une nostalgie qui joint les mains au lieu de déployer ses ailes.
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La mort est un changement de numéro. La petite Elisabeth était maintenant couchée dans la chambre du bas dont elle avait souvent vu, de sa fenêtre, les murs extérieurs blancs.
Elle avait rapetissé et prenait, avec ses pieds refroidis, peu de place dans le simple lit de bois auquel était déjà fixé le nouveau numéro. Le numéro de la tombe, là dehors.
Celle-ci était déjà prête; mais elle n'était pas noire et béante comme la gueule d'un animal monstrueux. L'arrivée de la nuit commençait d'y tisser un linceul de neige chatoyant de blancheur, rendant l'endroit aussi gracieux et attirant que le petit lit d'un enfant de riches.
Et la petite Betty dans sa chambre silencieuse était couchée si câline et si confiante qu'on eût pu croire qu'elle le savait.
Ses petites mains d'une blancheur de cire tenaient, comme pour jouer, une petite croix de bois, sa chevelure rayonnait comme une auréole depuis le nuage de dentelle de son oreiller mortuaire, et autour de ses lèvres minces et pâles s'épanouissait un sourire mélancolique : c'est ainsi qu'une couronne d'immortelles enlace une page de missel jaunie. p.92
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Vidéo de Rainer Maria Rilke
"L"heure grave" Poème de Rainer Maria Rilke, chanté par Colette Magny
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