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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Portrait de Jeanine, "petite femme brune frisée" de soixante-cinq ans, prof d'anglais en retraite - la maman de la narratrice.
Et esquisses de ceux qu'elle accueille à bras ouverts dans sa cuisine rose fuchsia, autour de crêpes et de cidre, généralement après les avoir abordés dans la rue, curieuse de leurs langues & origines étrangères.
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La découverte récente de l'époustouflant roman 'Vers la violence' m'a donné envie de mieux connaitre son auteure, Blandine Rinkel. J'ai lu depuis 'Les abus gris', et 'L'abandon des prétentions', dont le sujet & le cadre m'attiraient particulièrement : des "voyages intérieurs suscités par des rencontres fortuites", ceci dans une commune voisine de celle où je réside.
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Le "pessimisme enjoué" de Jeanine m'a touchée, comme tous ses autres paradoxes, ses tâtonnements et ses manies (les paroles attrapées au vol et consignées sur des post-it). Fille de paysans finistériens de l'après-guerre, elle a vite 'abandonné ses prétentions' (ou celles de ses pairs devenus agrégés, par exemple), pour rester dans un sage entre-deux : elle a quitté son monde d'avant, certes, mais est restée à sa 'modeste' place de prof d'anglais en lycée.
J'ai aimé et admiré sa générosité et son ouverture, son embarras qui se mue parfois en bavardage maladroit et gaffeur - comme chez beaucoup de timides/complexés. J'ai évidemment été émue, aussi, de la percevoir comme une voisine que j'ai pu ou que je pourrais croiser - sans la (re)connaître -, car nous fréquentons les mêmes parcs et hypermarchés.
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L'auteure "trace [ainsi] des poignées d'anecdotes" autour de sa maman et des 'autres vies que la sienne' dont Jeanine a su solliciter le récit.
Moins rythmé qu'un roman, ce texte se lit plutôt comme un recueil de nouvelles à chutes, avec la formidable Jeanine en fil rouge et en chef d'orchestre discret de ces petites musiques tour à tour douces, cruelles, tragicomiques...
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NB : Blandine Rinkel n'avait que 25 ans lorsque cet ouvrage est paru.
Elle est également danseuse et chanteuse :
https://www.youtube.com/watch?v=HYn__3R_dAM
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Il est de ces livres rares, avec une sensibilité hors normes. L'abandon des prétentions en est un : à travers le portrait d'une mère, le portrait d'une femme, le portrait d'une retraitée, Blandine Rinkel esquisse avec humour et tendresse un personnage fort de toutes ses fêlures. Ici vit Jeanine dans sa cuisine rose de Rezé, ses expressions toutes faites, ses connaissances. Moussa le réfugié, Kareski le repris de justice, Sarah la nymphomane, tant d'autres. Par les croisements, essais et déconvenues se construit un plaidoyer d'ouverture et de tolérance. L'écriture est fine et si parfois elle ironise, jamais ne condamne, saisissant Jeanine et ses méandres dans les moindres détails. Un premier roman magistral.
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Trés bon livre, bien construit, facile à lire, quel cheminement pour cette dame de 65 ans, quelles passions, quelle vie: tendre la main vers l'autre, simplement et si l'abandon des prétentions devenait une philosophie imposée, les gens seraient sans doute plus heureux. Beaucoup d'humour, un livre reposant, un talent d'écrivain nouveau. J'ai beaucoup aimé
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Derrière ce titre d'essai politique, se cache un premier roman ( mais est-ce vraiment un roman? ) qui, pour moi, fait l'effet d'une bombe. En peignant le portrait de sa mère, Jeannine, 65 ans, prof d'anglais à la retraite et vivant à Rezé (Loire Atlantique), rien d'explosif apparemment. Et pourtant, au fil des pages, naît une écrivaine, une vraie et, j'en prend le pari, une future grande !
Le sujet, labouré mille fois par tant d'autres et avec talent ou pas, n'a rien de bien attrayant au départ. Jeannine est une mère lambda, pas une tyrannique, pas une toxique, pas une foldingue ni une figure maternelle nimbée d'amour pour sa progéniture, ni une pauvre femme humiliée qui souffre en silence. Jeannine ne possède aucun de ces éléments qui donnent un relief touchant à un récit. Elle est, comme beaucoup de mère, attachée à sa fille unique tout autant qu'à sa liberté, prévisible dans ses points de vue, trop parfois, agaçant normalement son entourage de ses histoires trop ressassées et de ses petites habitudes qui peuvent devenir insupportables. C'est sur ce terreau aux apparences bien anodines, que Blandine Rinkel va poser son regard et nous faire rencontrer une femme, qui comme tout humain de par le monde possède une histoire, une vie qui mérite d'être racontée. Oui Jeannine fait ses courses chez Lidl, vit seule dans une grande maison, promène un chihuahua et adore manger des crêpes avec une bolée de cidre, réflexe atavique breton. Derrière cette apparente banalité, se cache aussi une femme libre. de ses courses dans ce hard discount, elle en ramène des biscuits qu'elle partage avec des inconnus rencontrés dans sa petite ville, surtout étrangers et dans le désespoir. Dans sa grande maison, elle a aménagé un petit appartement qu'elle loue sans façon ni bail de vendeur de sommeil, à des marginaux de tout poil. de ses promenades avec son chien, elle rapporte, en plus de quelques désespérés, les histoires qu'elle invente en regardant les gens qu'elle croise, repérant mieux que personne une beauté pas toujours visible par qui a du mal à se soucier de son voisin. de sa gourmandise pour les crêpes, elle en fait un instrument de réconfort pour tous ceux dans le besoin qu'elle accueille simplement dans sa cuisine repeinte en rose lorsqu'elle dû renoncer aux voyages.
La simplicité n'est évidemment qu'apparente. La vie de Jeannine recèle une infinité de petits récits, de petites anecdotes que l'auteure ne manque pas de partager avec son lecteur. le récit sautille comme cette dame lorsqu'elle court accueillir des marins étrangers au sein d'une association d'aide bénévole.
Seulement, le livre ne se résume pas à une succession de petits faits croquignolets, Blandine Rinkel va bien au-delà. Avec une écriture fine et d'une précision sociologique ( j'ose le mot même si certains peuvent y sentir un peu de lourdeur), avec un recul impressionnant, le portrait devient d'une précision quasi entomologique et l'ont est troublé par l'extrême sensibilité qui se dégage de ce texte.
La suite sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Les relations mères - filles ont toujours été compliquées. La seule qui en a réchappée est notre aïeule Eve.

Dans ce livre "notre héroïne" nous décrit telle une scientifique sa relation avec sa mère qui est son cobaye.

Aucune empathie, aucune chaleur filiale. Tout se que fait sa mère, sa manière d'être est décortiquée, scrutée.

Alors que sa mère est simplement atypique avec sa manière de vivre. Elle scotche des mots sur son frigo, parle aux gens dans les supermarchés, invite chez elle des personnes afin de boire une tasse de café afin de briser un peu la monotonie et la solitude de sa vie.

Bien évidemment sa fille unique ne peut accepter cet état de fait. Par contre, ce n'est pas pour cela qu'elle se rapproche de la vie quotidienne de sa mère qui n'attends que cela.

Pour avoir eu une mère un comme celle de l'auteur, je peux comprendre le malaise qu'elle ressent.

Et vous, après avoir lu ce petit bijou, qu'en pensez vous que ce soit de l'analyse de la fille ou de la vie excentrique de la mère ?

Ne serait il pas juste d'avoir la prétention de laisser vivre comme elle le souhaite celle qui lui a donné la vie ?
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