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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un portrait de femme, une réflexion sur le rôle de la littérature, un plaidoyer pour davantage de fraternité et d'ouverture vers les autres : les différents niveaux de lecture du premier roman de Blandine Rinkel en font sa force et sa richesse.
Au soir de sa vie, Jeanine n'a rien de l'aventurière, n'est pas victime ou coupable d'un quelconque crime et n'a pas davantage vécu un épisode hors du commun. Une femme ordinaire à la vie banale qui a choisi cette vie rangée, avec «un penchant pour la liberté qu'offre l'abandon des prétentions
Un mari dont elle va finir par divorcer, une famille, un poste d'enseignante qui voit défiler des volées d'élèves jusqu'à la retraite, un pavillon à Rezé dans la banlieue de Nantes : fini l'adrénaline de l'ambition ! On pourrait résumer ainsi son existence, en y ajoutant une pratique que la narratrice – sa fille – appelle le «rosissement d'argent» et qui consiste «à faire disparaître ses fonds propres pour financer les causes les plus bizarres». Mais elle ne donne pas seulement son argent, mais aussi son temps et son logement, de préférence à des marginaux de tout poil.
C'est ainsi que sa route va croiser des réfugiés, des repris de justice, des immigrés ou plus simplement des compatriotes qui suscitent son intérêt. Attardons-nous sur deux d'entre eux, à commencer par Moussa qui a quitté la Syrie via la Tunisie pour débarquer en France. Accueilli et aidé par Jeanine, il va brusquement disparaître. Alors qu'il semble évident qu'il s'est radicalisé et a rejoint l'armée islamique, Jeanine pense que «c'est une allégeance dans laquelle il a dû se laisser entraîner» car «c'était un gentil garçon.» Ce que l'on peut appeler de la naïveté est bien davantage une philosophie de vie, une «sorte de pouvoir magique vous permettant, en dépit d'un réel ou d'un virtuel décevant, de régénérer votre innocence à l'infini.»
Toutefois, et sans manichéisme, on va découvrir que cet optimisme n'est qu'ne façade. Les nuits de Jeanine, ponctuées de crises de somnambulisme, révèlent l'empreinte profonde laissée par ces expériences. «C'est comme si toutes les angoisses qui ne la visitaient pas le jour, face aux repris de justice, aux femmes battues et autres soldats de Daech, se déchargeaient en elle pendant la nuit.»
Autre rencontre, autre exemple. Barnabé s'amuse à récolter des photos d'identité déchirées ou encore des lettres ou petits mots tombés des poches. Ce collectionneur, «sorte d'Amélie Poulain viril de la Bretagne», répond à sa manière à la question que pose la romancière sur son rôle et sur celui du roman qu'elle écrit. Elle a la «conviction que chaque vie, même et surtout la plus anodine en apparence, vaut d'être écrite et pensée; chacun de ceux qui ont honnêtement traversé ce monde est digne qu'on lui construise, à tout le moins rétrospectivement, une destinée, et non seulement car celle-ci confère du poids aux gestes, mais aussi parce qu'elle renseigne sur la manière dont chacun, mis en confiance, peut être aimé. Il nous faudrait écrire un livre sur chacun de nos proches, pour apprendre, au gré des pages, combien, comment, nous les aimons. »
Avec beaucoup de délicatesse et au-delà des destins qui un jour croisent la route de Jeanine, ceux de Brenda l'Américaine, de Vincent le Péruvien, de Bernard, d'Adarsh, de Kareski, d'Hortense et de tous les autres, Blandine Rinkel nous montre ce que pourrait – ce que devrait – être une mise en pratique au quotidien de la devise qui figure sur tous les frontons de nos mairies. Voilà comment un portrait de femme ordinaire devient un programme politique. Sans doute aussi déstabilisant que salutaire !

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Un peu étonnée qu'une jeune femme de 26 ans écrive un livre en hommage à sa mère. Au vu de l'homonyme, j'ai eu envie d'en savoir plus sur Blandine Rinkel. Elle est musicienne, actrice, auteur, journaliste, danseuse. de plus, elle a un master en littérature et a eu 20/20 au bac de français. Eh ben ! Donc, avec tout ça on devrait entendre parler d'elle. Revenons à nos moutons. 65 courts chapitres qui racontent sa mère, sa générosité, parfois sa maladresse. Ancienne prof et parlant plusieurs langues, elle ne peut s'empêcher d'héberger des étrangers chez elle. Lecture agréable. On reste quand même sur sa faim puisque le narrateur est la fille et qu'elle ne parle jamais d'elle, dommage !
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En soixante cinq petites historiettes de la vie de sa mère, Blandine Rinkel nous donne un touchant exercice de style. Il est encore un peu balbutiant, boite entre prétentions littéraires, justement, et abandon de ces mêmes prétentions pour aller vers plus de simplicité.
Quant à Jeannine, la mère, on comprend vite qu'elle vient en aide à tout le monde sans le moindre discernement. Excentrique tragi-comique de la compassion, Thérèsa de Rézé, elle inquiète, puis agace.
Il n'est pas donné à tout écrivain de savoir prendre assez de recul sur son personnage pour pouvoir le décrire pleinement, surtout si l'on est son enfant. le lien de parenté bloque toute sincérité qui prend alors l'apparence de la tendresse amusée.
On parle de naïveté, de distraction pour ne pas évoquer la sottise ou le manque de culture.
 Ainsi, elle appelle Moussa (Moïse) son chien devant un musulman, prend un officier de marine pour une femme et à de multiples propos déplacés face à ses interlocuteurs étrangers.
Frustrations sexuelles, manque d'estime de soi, basculement dans un état de retraite et divorce qui l'ont retirée du monde pour la mener doucement vers l'ennui puis la mort peuvent expliquer ses comportements à risques beaucoup plus que son altruisme apparent.
Cette excitation, cet afflue de dopamine qui doivent lui manquer, revivifient sa vie au risque de l'y laisser. Remèdes à l'ennui, besoins de découvrir le monde, enfance et adolescence frustrées ?
Mais tout cela est en contradiction profonde avec sa personnalité secrète puisqu'elle est aussi somnambule et crie de terreur la nuit ou bien se précipite dans le commissariat le plus proche à plusieurs reprises !

Un personnage marquant qui contre ses peurs primales acquiert expériences, connaissances et amour, ce pour quoi au fond, nous sommes tous sur terre. Mais un personnage que l'on aurait aimé dépeint par une Marie Didier ou un Alphonse Boudard plutôt que par sa fille, écrivain de talent certes mais trop sage sur un sujet aussi fort.
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En soixante-cinq courts chapitres, une fille brosse le portrait d'une mère, enseignante à la retraite, qui noue des liens avec des gens à la marge. Cette femme, parfois excentrique sans le vouloir, veut "Tout apprendre des autres, ne jamais parler de soi.", ce qui ne va pas sans certaines micro-aventures tragicomiques.
Mais ce qui domine par dessus tout est le manque de confiance en elle de Jeanine, qui bien que douée, ne croit pas en ses capacités. Plus jeune, elle refuse ainsi de se présenter à l'oral du Capes d'espagnol,son frère lui forcera la main et elle sera brillamment reçue.

On sent beaucoup de tendresse mais aussi un peu d'agacement dans ces pages, mais qui a dit que les rapports mères/filles étaient simples ? un roman tout en nuances et un magnifique portrait de femme.
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Blandine Rinkel est une jeune auteure au visage avenant, disposant de surcroît d'une allure de danseuse étoile. le lecteur habitué aux dégaines insipides des femmes de lettre façon Yourcenar ou Françoise Sagan a du mal de se convaincre que, derrière ce physique séduisant, se cache un authentique écrivain. La lecture du livre « l'abandon des prétentions » devrait lui ôter toute incertitude.
L'éditeur Fayard propose cet ouvrage sous le genre roman. Les 240 pages qui le composent sont divisées en 65 chapitres qui sont autant de courts récits lesquels pourraient s'apparenter à des nouvelles comme on peut en trouver dans « les vies minuscules » de Pierre Michon. En fait, un lien unit ces récits. Il s'agit de la propre mère de l'auteure décrite le plus souvent avec bienveillance mais quelque fois avec une ironie un peu rosse (« ma bovidé de mère »). Jeannine, car tel est son prénom, est une sexagénaire un peu fantasque, qui rencontre, se lie et accueille sous son toit des personnes aux caractères divers : Alvirah l'Algérienne, Moussa le Syrien, Kareski venu d'Europe de l'est, Brenda la canadienne, les jeunes Sébastien et Romaric présumés amants, Vincent le Péruvien et bien d'autres encore. Blandine Rinkel utilise son personnage de mère pour insérer des réflexions sur la famille, les différences de moeurs des générations, sur la politique. Elle consacre quelques chapitres à des descriptions comme celui concernant les stations balnéaires l'hiver.
L'auteure dispose d'un style original et d'un vocabulaire riche. Mais, défaut de jeunesse, elle a tendance comme ces jeunes cinéastes qui abusent des techniques de prises de vue, à friser la préciosité. Ne trouve-t-on pas « l'astre jaune » pour le soleil ? de quoi alimenter les moqueries de Molière. Simenon disait fuir les synonymes trop recherchés et les métaphores vaseuses. « Quand c'est bleu je dis bleu et je ne vais pas chercher des fleurs ou des pierres de cette couleur » déclarait-il à un entretien journalistique. Chez Blandine Rinkel on trouvera « jaspé » pour bigarré, « anamnèse » pour histoire, « nuits coruscantes » pour on ne sait trop quoi (coruscant voulant dire qui brille d'un vif éclat) et parfois même des incohérences comme « hertz » quand il semble plutôt s'agir de décibels.
Accumulation de récits et de réflexions manquant de profondeur (la pensée se plie à l'air du temps), l'ouvrage n'arrive pas à retenir l'attention comme le « je me souviens de tous vos rêves » de René Frégni. Il manque une unité dans la composition et une variété dans le ton pour susciter un autre enthousiasme que celui de découvrir une jeune auteure pleine de talent. Saura-t-elle tenir la distance ? le rédacteur de ces lignes le souhaite mais, pour cela, il conviendra à Blandine de s'affranchir des poncifs à la mode et de se forger une pensée originale et indépendante.


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Petites scènes d'une mère à la retraite qui cherche à connaître les autres (malgré les nombreuses déceptions...). Ce portrait est dressé par sa fille qui nous délivre aussi par moments ces impressions. L'ensemble forme un tout cohérent, touchant par instants. L'écriture ne m'a pas emballé. J'ai été un peu rebuté par l'usage de nombreuses virgules qui hachent un peu trop les phrases et rendent l'écriture peu fluide.
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