une langue souple, une extrême précision dans la description qui aboutit à une langue poésie, l'inscription de l'homme dans le paysage et les moyens de transport, sa réflexion intervenant en léger contrepoint, toujours fonction de l'entourage, engendré et exprimé par lui. Et, repoussé à la fin, un cahier de photos.
Une grande beauté, à mon avis.
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l’armada des objets cassés, les bidons percés, les matelas, les tuyaux nombreux de la machine à laver, le rotin des chaises, les affiches éparpillées, les tessons, les bris de carrelage, les planches, les bardeaux, les armoires sautées, coin où on déverse, des embûches plastifiées, des mares de suie, des pans déchirés, des bouts de plâtre écumant, des bouts de bouteille étiquetée, des bouts de vieille moulure, des fils, des fils et des mouchoirs imbibés de colle, de la rouille mordante, des morsures de lierres, des festons tonsurés, une porte cornée de frigidaire, des poutres.
nuages empesés. récolte du soir. réverbère cambré. canalisation des sons. exfoliation par instantanés. retour des lamelles au matin ou miettes de la case sonore. bribes de sons récupérés. cité dorienne mode ancré dans les basses-cours. parpaings et réverbères. bibliothèques des sons bruyants. des sons feutrés. filés. sons pilotes. chambre des sons baladés. écoute des murs. saccage sonore intensif et invisible.
carnet intouchable, mots qu’on amasse de tête, moments derrière, aussi petite complaisance à l’incomplétude, à l’inefficace, à la relégation. une à deux semaines. temps qui s’abat comme un lourd sommeil au sortir duquel on est sans pensée, écumeux, sans repères, mais bientôt on retape son crâne des morceaux du monde où on va pouvoir se mouvoir, on ouvre les volets de nos sens, on respire les sons,
de ces lignes on peut verser tout ce qu’on voudra bien verser, ça ne sera jamais de ce qui s’est vu et a été que ce qu’on croit, même méthodiquement, (le moins mal) maîtriser, voire ce qu’on s’imagine (le plus mal) ignorer. il n’y a peut-être rien pour magnifier la situation, dire mieux les choses qui sont d’abord pour nous commander, qu’on le sache ou non,
ils répondent à une logique d’énervement par les jets de moitiés de mots qui s’encastrent dans une sorte d’échec contrapuntique. voilà l’agression tout près, comme si on faisait sauter un sac rempli de clous dans le compartiment d’à-côté. on se cacherait en vain. les sons martyrisés ont l’immédiateté de la flèche mauvaise.