Difficile à lire pour une admiratrice passionnée des Trois Mousquetaires : c'est un retournement de situation, qui présente une femme assassinée par son mari alcoolique, violée par un soudard inconnu, décapitée sans jugement. Si ce qui dérangeait était finalement ce qui est la vérité, les Mousquetaires ne sont pas des héros, les bras de la Providence, mais des assassins avinés ?
Merci une nouvelle fois en tout cas au site pastichesdumas.com
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Milady fit un pas en avant, puis recula comme à la vue d'un serpent. Ce visage (cette trogne malpropre plutôt!), elle le reconnaissait maintenant! C'était celui du monstre! Celui qui l'avait éveillée depuis des années au petit jour, pantelante et hors d'haleine, au sortir de cauchemars sans fond! Celui qu'elle ne savait plus évoquer sans s'imaginer hurlante! Instinctive-ment, elle porta sa main libre à son cou, comme pour apaiser la brûlure ravivée de la corde. Elle déposa le chandelier sur la table de toilette. Le mousquetaire, satisfait de son effet, ricana. C'était un homme de taille moyenne, mais bien proportionné; il était, bien qu'elle sût qu'il n'eût que trente-cinq ans, marqué par les abus de toutes sortes et particulièrement de la boisson. Il était usé. Ce n'était pas le menton à la Brutus, déjà un peu gras, qui pouvait faire oublier le nez épaté et rougi, les yeux cernés, les rides au front et autour de la bouche en rictus amer. Les cheveux, autrefois roux, grisonnaient, un peu rares déjà sur le front. L'homme était en pleine déchéance. Il sembla un moment étonné de l'effet mitigé opéré sur cette femme. S'était-il attendu à de l'aversion? Ou s'était-il imaginé, en se montrant, renouer avec le passé comme si le temps n'avait pas accompli son oeuvre?
Yak Rivais (1987) by Gérard Courant - Cinématon
Gérard Courant