Si l'on peut considérer Mathiez comme le meilleur historien de la Révolution française, ce n'est point parce qu'il fut marxiste : l'exemple de ceux qui utilisèrent ses notes pour poursuivre son oeuvre suffit à le prouver. Mais parce que, à part de très rare exceptions, les hommes de la Constituante et de la Législative ne préfigurent pas, même de loin, les doctrinaires du socialisme, Mathiez les étudie et les juges avec la rigueur de l'entomologiste (et il va sans dire qu'à un Mathiez moins perspicace et moins judicieux, cet avantage eût été refusé).
411 - [10-18 n°196, p. 15] Préface de Willy de Spens
En Franche-Comté, vers la fin du mois d'août 1789, le jour anniversaire de la St-Bartélémi, le peuple résolu d'égorger tous les nobles. Quatre coups de fusil devaient être le signal du massacre ; mais celui qui tirait les coups ayant été surpris avant de tirer le quatrième, avoua le complot, et on pendit trois bourgeois et trois soldats des plus coupables.
444 - [10-18 n°196, p. 84 note de bas de page]
... Albert Mathiez affirmera que, la fièvre tombée, les députés de la noblesse et les membres du tiers état qui partageaient certains de leurs privilèges (car beaucoup de bourgeois possédaient des terres nobles) s'entendirent comme larrons en foire pour reprendre foirdement les droits qu'ils avaient abandonnés à la légère : le clergé fit les frais de ce renversement d'alliance et, en définitive, fut le seul sacrifié. Par un curieux détour, le royaliste Rivarol rejoindra plus d'une fois le marxiste Mathiez. Ne nous en étonnons pas. Condamnant, au même chef, la monarchie conservatrice et le réformisme bourgeois, Mathiez tient pour seuls révolutionnaires authentiques, Robespierre, Marat, Saint-Just et surtout le collectiviste Babeuf...
410 - [10-18 n°196, p. 13] Préface de Willy de Spens