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EAN : 9782253016885
245 pages
Le Livre de Poche (01/02/1993)
3.8/5   28 notes
Résumé :
Les Manants du roi sont ceux qui restent sur la terre où ils sont nés. Ils l'aiment et la cultivent comme un jardin.
Unis dans cet amour, gentilshommes et paysans attendent, depuis la Révolution française, un retour de l'Ancien Régime.
La mort de Louis XVI, en 1793, la guerre des chouans, la Restauration, la condamnation de l'Action française sont les différentes époques mises en scène en 1938, par l'écrivain royaliste Jean de La Varende.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
"Les manants du roi" est ce que Jean de la Varende appelle une "suite romanesque.
C'est un recueil de nouvelles.
Il est sûrement celui qui, dans son oeuvre, rapproche le plus l'homme de l'auteur.
Jean de la Varende se veut un gentilhomme, un terrien, un manant du roi.
Il lui revient de prendre soin de la terre, de son château comme d'une personne vivante.
"Les manants du roi", sous-titré "leur drame", est la chronique d'une noble famille des temps anciens, celle des Galart.
Elle est composée de onze textes qui sont pour la plupart très réussis, finement écrits et faits d'une littérature très élégante.
Je ne parlerai pas de trois d'entre eux que, manquant de contexte, je n'ai pas bien compris et qui me sont apparus comme un galimatias politique et religieux.
Il s'agit de "l'enterrement civil", "la procession" et "le hobereau".
-
"Comment ils surent..."
Le 22 janvier 1793, Nicolas de Galart se prépare à une longue promenade sur ses terres.
L'hiver semble devoir être chassé par un soleil timide.
Le temps était bleu et calme pourtant soudain la sonnerie aux morts, relayée par les clochers, passe lugubrement d'un village à l'autre....
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"La Favillana" - décembre 1799 -
Un homme, pas encore un vieillard, est venu sonner à la "soirante", un vielleux en "redincote".
Il a sonné à la grande porte. Il a demandé après Mr le comte.
Il a quémandé un morceau de pain.
Se croyant seul, Il a joué pour les portraits du salon.
Les "par-chemins" d'aujourd'hui ne sont plus les gueux d'antan.
Celui-là aurait peut-être été plus à l'aise dans la salle qu'aux cuisines ?
Peu importe.
Le croquant sera fêté où le gentilhomme traqué reprendrait courage....
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"La course au roi" - août 1830
François Galart et son ami, le marqui René Ghauville, se lancent dans une saine et joyeuse cavalcade pour venir en aide au roi, qui ayant voulu détruire la sale charte, a mis tout Paris en l'air.
Une année de fermage, 1200 louis sur le torse, deux pistolets en poche, deux aux fontes, le couteau de chasse à la selle, le rire au coin de la bouche, les adieux sont faits aux uns, les recommandations aux autres et en route !....
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"Fidélité" - 1850 -
Mr et Mme de la Haye, parents éloignés des Galart, ayant confié leur fils à une vieille parente sans héritier, décidèrent, après six mois, d'embarquer à Granville, vers les îles anglaises, pour l'aller voir.
La malchance aidant, les parents essuyèrent une terrible et soudaine tempête de juin, qui durant 36 heures, les maintint en mer.
De peur d'affronter le retour, ils décidèrent de rester à Jersey.
Ils y moururent ,quarante ans plus tard, sans en avoir bougé sauf pour l'atroce voyage qui est raconté ici....
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"Les frères ennemis" - 1883 -
Jean et Pierre de Ghauville sont deux frères.
L'un, l'aîné, avait Ghauville, un beau château Louis XIV, transformé à l'intérieur sous Louis XVI, avec plus de six cent hectares autour.
Le cadet, Pierre, se contentait de la Commanderie, un aimable pavillon Louis XV.
Enfin, vinrent les mariages.
Si les partages n'avaient été réglés, eussent-ils parus aussi faciles ?....
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"Les derniers chouans" - 18 février 1906 -
Le jeune Jacques Galart s'occupe d'Histoire et d'Archéologie.
Introduit par l'abbé Heulant, sur un hululement de chouette qui troubla l'air en plein jour, il fait connaissance de Beliphaire Gohier qui lui présente son petit domaine, sa collection d'armes anciennes et lui raconte les histoires anciennes du pays....
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"La fugue" - 1926 -
Jacques de Galart semble pris d'une folie empreinte d'hystérie toute politique et religieuse.
Il se lance dans une course effrénée à travers la presqu'île du Cotentin.
De la vallée de la Touques vers Lisieux, là on tourne vers Caen
De la vallée de la Dives à St Etienne, où Guillaume est inhumé, jusqu'à Carentan où commence la presqu'île
On marche nord sur Valognes.
S'orientant sur l'est franc pour traverser le Val de Saire, il reste dix-huit kilomètres à franchir.
Devant lui, se dressent les fortifications de Tatihou et à droite, la forteresse de la Hougue.
La marée basse n'a lieu qu'à cinq heures cinquante, la plus forte marée "découvrante" de l'année....
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"La mort du chêne" - 1959 -
Mr de Ghauville était maintenant très vieux.
La pauvreté et la solitude avaient posé sur lui leurs mains inexorables.
Pourtant une dernière peine l'attendait au petit matin d'une de ces tempêtes terribles dont la force est doublée par le seuil d'Ecouves, le saut dans l'Orne, pour remonter l'immense déclivité rase du plateau.
Le chêne de Ghauville, le plus vieux du pays, est foudroyé, déraciné....
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Ancien Régime, qualité française

Furetant parmi les livres de mon père je viens de retrouver La Varende. Il s'agit du recueil de nouvelles "Les manants du roi"... Il me semble très intéressant de lire des auteurs non seulement complètement oubliés mais même réprouvés ou à tout le moins assez vilipendés. Parfois à juste titre mais là n'est pas la question. La prose De La Varende, évidemment très Ancien Régime, est cependant bien belle.

Qui aujourd'hui lit La Varende? Il n'existe guère d'écrivain plus "homme du passé" que La Varende. J'ai,pourtant voulu m'y frotter un peu en un petit voyage sentimental dans les vieux le Livre de Poche (nom déposé) de mon père, en grande partie responsable de mon goût de lire. "Les manants du Roi" est un recueil de nouvelles qui ne quitte pas au long de 150 années de France les hobereaux normands de la famille de Galart. Monarchiste absolument convaincu La Varende nous présente quelques dates clés et les réactions de ces gentilshommes peu fortunés et laborieux à la mort de Louis XVI, à la Restauration, sous le Second Empire.

Nous sommes bien sûr en pays normand plus chouan parfois que la Vendée elle-même. Ecrit en 38 on ne s"étonne guère à lire la prose pleine de glèbe du Vicomte que les mois prochains le verront plutôt maréchaliste. Ce n'est pas à mon avis l'intérêt de ce recueil. Ce que j'ai aimé dans "Les manants du Roi", souvent truffé de termes dialectaux, c'est cette profonde fusion des châtelains successifs avec le pays et leurs paysans. "Les derniers chouans" notamment conte avec véhémence et lyrisme la rencontre du maître et du manant qui finissent par se perdre presque dans les marnières de ce pays d'Ouche de fondrières et de galeries. Il n'est question dans ce livre que de fidélité et que de lys bien sûr. C'est cependant un livre très bien écrit, ode à l'Ancien Régime sûrement. Difficile de le nier. Difficile aussi de ne pas reconnaître à ces nouvelles une vraie grandeur. Je dois reconnaître que cet exemplaire tout écorné par le temps et le souvenir s'accorde à merveille au thème. Et les toutes premières couvertures du Livre de Poche étaient bien belles. Mon père qui ne connaissait pas les marque-pages faisait soigneusement un petit triangle replié. On les voit encore. Mon père lisait aussi Steinbeck, Hemingway, Tolstoï et Yves Gibeau.
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Ah, La Varende! La Normandie, une écriture à nulle autre pareille, et toujours cette nostalgie, cette idée de quelque chose qui finit et ne reviendra jamais....
Les Manants du Roi était le livre préféré de ma grand-mère, et bêtement j'ai attendu sa mort pour le lire. Autant dire que je le regrette amèrement car j'aurai aimé en débattre avec elle. Aimait-elle le style? Les thèmes? Quelle nouvelle préférait-elle?
Car oui, Les Manants du Roi sont une suite de nouvelles, entraînant le lecteur sur les pas d'une famille de la Révolution à notre siècle, et certaines, il faut bien le dire, sont plus accessibles que d'autres. Toutes celles traitant de l'excommunication de l'Action Française ont été un grand mystère, avant qu'un quart d'heure sur Wikipedia me permette de resituer quelque peu le contexte. C'est un livre qui mériterait d'être réédité avec quelques notes de bas de page, car certaines nouvelles sont tellement belles!
Décidément, un auteur superbe qu'on a tort de limiter à Nez de Cuir.
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critiques presse (1)
Actualitte
14 novembre 2016
Au fil des pages, la nostalgie d'une époque révolue et d'une lignée en voie d'extinction diffusent un mélange de tristesse et de fierté
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
... ces gens étaient plus légitimistes que leurs rois. Ils n'admettaient pas l'empereur; n'avaient pas agréé Louis-Philippe, ni le comte de Chambord. Ils avaient nié Charles X, honni Louis XVIII; M. et Mme de La Haye ne croyaient qu'à la Survivance. Pour eux le seul monarque était Louis XVII, celui qui avait été enfermé sous le nom de Louis-Charles, duc de Normandie et dauphin, puis sauvé du Temple dans un cheval d'osier; attendu, reçu, reconnu par Charrette, et qui dissimulait aujourd'hui sa royale infortune, sous le personnage de Bruston, ancien bijoutier de Corbeil.
Bruston avait confondu Naundorff, imposé silence à Richemont et, sans colère, avec obstination consciencieuse, réclamait son nom, assurait mélancoliquement qu'il était le vrai dauphin. Il vivait dans un loisir récent, mais plein de dignité, depuis que certains fidèles venaient à son aide, sans générosité pour la plupart, sauf M. de La Haye qui, chaque semestre lui envoyait le quart de son revenu... tout simplement.
Le prétendant, maintenant sexagénaire, faisait extraordinairement Bourbon avec cette projection en avant du profil, comme si le nez eût tout attiré, et ces lèvres plus fortement dessinées qu'épaisses, héritées d'Autriche. Quand, dans l'intimité, il arborait le Cordon bleu, sur sa redingote, longue à mode ancienne, la ressemblance avec Louis XVI devenait si émouvante que nul n'allait le voir par curiosité, qui n'en parte sans foi nouvelle.

924 - [p. 74-75]
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...drames de cent cinquante ans, aux acteurs héréditaires - dont les dernières plaintes furent étouffées par une conspiration étonnante des silences.
On ne devait pas !
A défaut d'autre, laissons à nos fils l'héritage de telles angoisses et de leur qualité.
Nous tentâmes d'en fixer la raison, la force, la noblesse, et, sans dénier l'esprit partisan, au moins voulûmes-nous rester dans une hauteur, égale à celle des causes débattues.
1938 L.V.
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-Qui les reconnaîtrait pour les petits-fils de leurs grands-pères? Paris a causé tout le mal! Enfin! Monsieur! quelle autorité prendra-t-il, celui qui ne vient que quat' mois l'an? qui caponne au moment dur et nous laisse tout seuls dans l'hiver: "La boue, ell' m'fait peur! m'faut mon p'tit boul'vard! Adieu les gâs!" Pas un coeur campagnard qui ne souffre en voyant boucler si vite le château! On sent double sa solitude et sa pauvreté! Nos anciennes familles font comme les horsains enrichis au négoce, qui achètent une "campagne", comme ils disent...Monsieur, on n'achète point la campagne, on l'hérite, monsieur!
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Ici, son esprit se déliait ; non que sa pensée devint plus spécialement agile : elle ne l'était jamais ; simplement, son imagination lente se délivrait de ses soucis coutumiers, de ce qui encombrait son âme. Au milieu des champs infinis, il arrivait avec ce sentiment de l'homme de mer qui parvient au large... Toutes les difficultés terrestres demeurent au rivage ; les choses qui compliquent et découpent la vie des hommes, le cèdent au monde uniforme. On redevient son maître, d'être si complètement seul.
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Elle bondit chez l'abbé:
-Les Bleus! Cachez-vous...la cachette!
Le vieil homme se précipita vers la cheminée, en fit tourner la plaque. Au même instant des coups formidables ébranlèrent la porte d'entrée....
"Et le lit qui reste tiède!"
Elle revint, courut à la chambre des enfants, enleva son fils dans ses bras, le jeta dans le lit vide; fit passer la petite fille, qui couchait avec sa bonne, dans le lit du garçon, et descendit ouvrir...déjà les vantaux s'écartaient sous les crosses. Les munitionnaires avaient cerné la maison en silence.
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Vidéo de Jean de La Varende
Mademoiselle de Corday Jean de la Varende Éditions Via romana
Initialement paru en 1939, ce portrait psychologique de Charlotte Corday est l'occasion pour l'auteur, royaliste et contre-révolutionnaire, de reconnaître la diversité des oppositions à la Révolution française. Il résume l'essence de l'assassin de Marat à une identité fantasmée : fille de gentilhomme, païenne, vierge, viking et normande. ©Electre
https://www.laprocure.com/product/303006/mademoiselle-de-corday
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