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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Initialement conçu comme un conte, Fils d'homme suit, dans l'édition originale, une structure binaire : les chapitres impairs sont narrés à la première personne, les chapitres pairs sont confiés au lecteur à la troisième personne. Cette alternance permet d'évoquer et de représenter les événements historiques (missions jésuites, dictature, guerre de la Triple Alliance, crises politiques, guerre du Chaco…), autant à travers un personnage narrateur et intellectuel que via la vision globale d'un héros collectif, le peuple paraguayen. Par sa thématique et ses procédés narratifs autant que linguistiques, Fils d'homme constitue une oeuvre talentueuse à part dans les lettres paraguayennes. Les différentes publications de cette oeuvre connaissent trois versions, l'une d'origine, l'autre française qui rompt la structure binaire originelle des chapitres et la version espagnole de 1985 plus pertinente et retravaillée que celle française.
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Vaste épopée qui raconte l'histoire du Paraguay vu du côté des pauvres gens .

Roman remarquable qui laisse entendre et voir la grande misère et les souffrances du peuple pris en étau entre exploiteurs quasi esclavagistes, guerres, révolutions massacreuses et dictatures sur un temps qui n'en finit plus de broyer les pauvres hères.

On déambule de personnage en personnage, en se perdant parfois un peu parmi eux sans que cela n'empêche le charme du récit de fonctionner, et chaque fois l'espoir se meurt, l'avenir est sombre, toujours plus sombre.

Le projet est ambitieux et réussi même si la lecture demande de l'attention et de se pencher un peu sur l'histoire de ce petit pays pour mieux comprendre le récit.

Je n'en ferai pas mon livre de chevet mais je suis satisfaite de l'avoir lu.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Je suis ravie d'avoir découvert ce livre qui m'a beaucoup plu ! J'ai beaucoup apprécié la plume d'Auguste Roa Bastos, une plume fine et poétique, avec de belles métaphores et beaucoup de justesse dans les descriptions.
Concernant l'histoire, nous suivons le destin de villageois au gré des tourments de l'Histoire du Paraguay au début du XXème siècle. Il y a alternance de passages drôles avec d'autres plus durs. J'ai été très intéressée par le mélange de leur langue : de l'espagnol et du guarani. L'auteur a saupoudré son texte de quelques mots ou phrases de ce dialecte. Cela m'a donné envie d'en connaître plus sur le guarani. Fait très intéressant et original également: l'auteur joue avec le lecteur. En effet le roman est déstructuré au niveau de l'espace temps, c'est à nous de remettre les chapitres dans l'ordre. Par contre, cela peut être un tout petit peu déstabilisant pour des lecteurs n'ayant aucune connaissance de l'histoire de ce pays (comme moi). de même, je me suis un peu perdue dans les personnages. Mais cela n'a en aucun cas amoindrit mon plaisir lors de cette lecture !
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C'est un roman fait de fragments, d'histoires associées pour à la fois dire celle avec un grand H et faire entendre la palpitation de ceux qui la font ou la subissent.
Cette Histoire, c'est celle, traversée par une extraordinaire violence, du Paraguay, du point de vue de deux villages perdus, distants d'une cinquantaine de kilomètres, à partir desquelles s'étendent les ramifications de l'intrigue et les destinées des personnages.

Un narrateur, que l'on retrouve dans plusieurs épisodes, plante les jalons de la période que couvre ce kaléidoscope, de ses souvenirs d'enfance qui évoquent un vieil homme ayant connu la dictature de Francia (à la fin de la première moitié du XIXème siècle) à la guerre du Chaco, à laquelle il participe au début des années 1930.

Itapé est le lieu d'un étrange culte païen initié à la mort de Gaspar Mora. Dans la retraite solitaire où la lèpre l'avait condamné à finir sa vie, il sculpta un Christ de bois que les villageois, fidèle à ce menuisier que sa générosité poussait à rembourser les dettes des agriculteurs et à procurer vêtements et vivres aux plus misérables, érigèrent en objet sacré, exhibé chaque année lors d'une procession.

Sapukai aussi eut son héros populaire, en la personne d'un gringo arrivé là dans d'obscures circonstances, qui y fonda une léproserie, et dont les dons de guérisseur lui valurent la vénération de ses concitoyens jusqu'à ce qu'il bascule dans la démence, et soit expulsé du village à coups de pieds, accusé d'avoir volé un enfant qu'il avait en réalité voulu soigner. Mais ce qui caractérise avant tout le village, c'est l'empreinte qu'y a laissé son martyre : l'explosion d'une bombe en pleine gare, faisant deux mille morts et creusant un gouffre que plusieurs décennies ne parvinrent à combler.

Et ce n'est pas là l'unique tragédie qui ponctue l'histoire de ces lieux et de ces temps prompts aux révolutions, marqués par les guérillas et les répressions sanglantes, par l'exploitation inhumaine des plus pauvres, comme en témoigne l'épisode qui prend pied dans une de ces terribles plantations de maté dont aucun fugitif n'est jamais sorti vivant.

A l'intensité et à la fureur de la réalité historique, se mêlent les légendes et les superstitions dont l'a enrobé la transmission orale, né du besoin, pour soigner la souffrance qu'elle génère, d'invoquer le merveilleux et les fantômes de héros populaires. En réponse à l'absurdité tragique de l'existence, les morts ou les disparus laissent ainsi derrière eux l'écho de leurs déchéances, l'ombre de leur folie ou de leur vain héroïsme, pendant que les vivants s'adonnent à des rites âpres et primitifs pour conjurer le malheur.

Une fresque riche de fulgurances, et d'une grande puissance d'évocation.

"L'eau palpite dans le bas ventre de la colline, dans la fourche des deux chemins qui conduisent au champ de bataille. Dans la pénombre de l'aube, elle ressemble à une vulve d'une infinie douceur, qu'ourle le duvet de végétation aquatique en fermentation sous les larges taches de moisissures, d'une odeur que l'on dirait sexuelle".
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Par la licence suprême du dit romanesque, et par le biais d'un récit sinueux comme le cours du fleuve qui lui a donné son nom, Augusto Roa Bastos, sans doute le plus illustre auteur de ce pays, narre l'histoire mouvementée du Paraguay. le récit est composé de plusieurs courant narratifs qui confluent et se résolvent dans le retour final d'un homme rendu fou par le conflit dont il a pris part, sur une terre qu'il ne reconnaît plus.

L'auteur évoque entre autres la figure du père de la nation, Gaspard Francia, dit le Suprême, dictateur jacobin, les révoltes paysannes qui émaillèrent la fin du 19e siècle, ainsi que la guerre du Chaco opposant le Paraguay et la Bolivie et qui constitue le pivot historique principal du roman. Un récit complexe et foisonnant, une voie de traverse moins empruntée dans le massif de la littérature sud-américaine.
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