La romancière
Estelle Nollet, m'avait prévenu, avec «
Féroces infirmes, retour des pays chauds » de
Tom Robbins, j'allais forcément et vraiment voyager…
Ça c'est de la vraie et belle littérature ! Ce pavé en format poche, ne fait pas moins de 590 pages et raconte une histoire ébouriffante, délirante et complètement déjantée, comme j'en ai rarement lu.
Cela déborde d'imagination et on est tout de suite transporté dans la folle aventure abracabrantesque de Switters, le personnage central.
Difficile de décrire ce chassé-croisé d'aventures pittoresques et fantaisistes que cet agent de la CIA, va vivre. Un homme à femmes, à très forte libido, qui est amoureux de sa demi soeur mineure, Suzy. Et dont sa grand-mère géniale qu'il appelle Maestra, est une hackeuse au service de la CIA. Maestra qui le missionnera de remettre en liberté son perroquet, en Amazonie.
C'est là que Switters va rencontrer un sorcier du nom de « Fin des Temps » ou appelé aussi « Demain C'est Aujourd'hui » de la tribu bizarre des Kandakanderos.
Ce dernier qui à une tête en forme de pyramide, va lui jeter un sort. Switters ne pourra plus mettre un pied parterre, sinon c'est la mort assurée.
Notre héros n'aura plus que le choix de continuer ses folles et endiablées aventures, dans un fauteuil roulant (un délire) ou sur des échasses.
Il se retrouvera en Syrie, et sera recueilli par des soeurs Pacômiennes excommuniées, qui vivent dans un couvent près d'une oasis.
S'en suivra, une relation sexuelle très très particulière avec soeur Domino et qui essayeront par la suite, de découvrir le vrai 3e secret de Fatima.
Une histoire de dingues, qui les mèneront au Vatican.
Tom Robbins est vraiment brillant, il écrit superbement bien, ses dialogues sont à la fois intelligents, ciselés de poésie, d'ironie, de philosophie, pleins de verve et de gouaille, et parfois provocants.
De plus,
Tom Robbins utilise des mots d'argot, qui ne sont depuis longtemps plus usités.
Son roman déborde d'énergie, de joie, d'optimisme et même si certaines scènes décrites ne sont pas très morales, c'est tellement bien écrit, avec panache, avec légèreté et drôlerie, que tout passe.
Je ne peux pas résister à recopier une de ces superbes phrases :
(..) D'un autre point de vue, le baiser Switters-Domino ressemblait à un avion en papier en train d'atterrir sur la lune.
Lorsqu'ils entreprirent finalement de se détacher l'un de l'autre, un fil de salive aussi fin et soyeux qu'un tissu d'araignée les garda unis pendant une ou deux secondes encore, comme deux continents reliés par un câble transocéanique. Puis, au gong d'un inaudible « crac ! » leur connexion se brisa, et ils s'observèrent alors depuis les rives opposées. (..)
C'est un beau, grand et magnifique roman atypique, qui m'a transporté sur des continents imaginaires.