Ce tome est le premier écrit par
James Robinson, qui reprend la série après les épisodes scénarisés par Matt Fraction (précédente saison à commencer par New departure, new arrivals). Il contient les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2014, écrits par Robinson, dessinés par
Leonard Kirk.
L'histoire s'ouvre avec 3 pages au cours desquelles Susan Richards fait le point. Reed Richards a perdu son intelligence scientifique. Ben Grimm est en prison. Johnny Storm s'éclate au bar pour oublier qu'il a perdu ses pouvoirs. Elle-même est en proie au chagrin. Tout a commencé par un combat contre Fin Fang Foom (qui n'a pas regardé dans son slip ce coup-ci, voir Nextwave de
Warren Ellis pour ce grand moment). À partir de là, Reed Richards s'est rendu compte que la cartographie du génome du monstre présentait des singularités intrigantes. Ben Grimm a renoué les relations avec Alicia Masters. Johnny Storm est retourné voir son impresario pour son tour du monde. Susan Richards s'est interrogée sur le comportement de Valeria (sa fille) qui a décidé d'éli
re domicile en Latvérie, aux côtés de tonton Doom. Franklin Richards a reconnu qu'il y avait un petit souci avec son univers de poche.
James Robinson a la lourde tâche de concevoir une nouvelle intrigue majeure pour la famille élargie des Fantastic Four, et de la Fondation du Future, après les histoires très réussies de
Jonathan Hickman (à commencer par Dark reign: Fantastic Four), puis de Matt Fraction. Premier constat : pour ce nouveau départ, Marvel et Robinson ont décidé de se limiter à une seule série. Il n'y en a donc pas de consacrée à la Fondation du Future, ce qui fait que Robinson a parfois du mal à les intégrer au récit. L'équipe de Scott Lang (Ant-Man) et la ribambelle d'enfants sortant de l'ordinaire font de la figuration, sans rien apporter au récit, si ce n'est consommer quelques cases parce que Robinson ne peut pas les ignorer.
Deuxième constat : comme dans la série All new Invaders également écrite par le même scénariste et débutée en 2014 (à commencer par Gods and soldiers),
James Robinson utilise la continuité avec intelligence et respect. de manière naturelle, les personnages précisent au cours de leur conversation des éléments de continuité qui permettent de faire le lien avec leur précédente apparition dans une autre série. Pour un lecteur qui n'aurait pas lu les épisodes en question, il s'agit de phrases un peu sibyllines qui n'empêchent de comprendre l'intrigue. Pour un lecteur attaché à la continuité, il s'agit d'un retour à une époque où les scénaristes avaient à coeur d'être raccord avec les autres séries, et de montrer que toutes ces histoires se déroulent bien dans un univers partagé, en cohérence entre elles.
Ce soin apporté à s'intégrer dans l'histoi
re des personnages constitue un bon indicateur de l'attention que
James Robinson leur porte, de l'intérêt qu'il éprouve pour eux. Cette composante de la narration ressort dans chaque épisode et il réussit à communiquer cette amitié au lecteur. L'épisode 5 revient sur plusieurs moments clefs des aventures des FF, au cours d'un procès, dans une mise en perspective pertinente de tous les dommages qu'ils ont causés. Ce n'est pas la première fois que cette direction narrative est explorée, mais Robinson le fait avec discernement et conviction.
La majeure partie des dessins est réalisée par Leonard Krik, avec un encrage de
Karl Kesel (épisodes 1 à 4), Jay Leisten (épisodes 4 & 5), et Rick Magyar (épisode 5). L'épisode 5 comporte des pages ou des cases dessinées par
Mike Allred,
June Brigman,
Dean Haspiel,
Phil Jimenez,
Jerry Ordway,
Paul Rivoche,
Chris Samnee,
Derlis Santacruz et
Jim Starlin.
Kirk dessine dans un registre graphique typique des superhéros, de manière réaliste, avec une simplification des détails et une exagération des mouvements et de la destruction pendant les séquences d'affrontements physiques. Ses dessins présentent un niveau de détail supérieur à la moyenne. le pourcentage de cases pourvues d'un décor est dans la moyenne pour un comics. Ses visages manquent de nuance dans leur expression.
La participation d'autres dessinateurs dans l'épisode 5 permet de conférer un aspect différent à chacune des aventures évoquées, de manière pertinente. Par contre, il s'agit de dessins simplement fonctionnels, sans recherche de mise en scène, avec un deg
ré de finition quelconque (= pas de pleine page mémorable).
Avec ces premiers épisodes, le lecteur retrouve une narration plus traditionnelle, ne s'appuyant pas sur un concept ébouriffant comme avaient pu le faire
Jonathan Hickman, puis Matt Fraction. Il retrouve également un scénariste qui respecte ses personnages et leur historique, avec un soin réel, sans en devenir maniaque, sans que cela n'en devienne l'intérêt principal du récit. Les dessins sont un peu mieux que fonctionnels. Il s'agit donc d'une bonne histoi
re des Fantastic Four avec un niveau de divertissement satisfaisant. Seule la suite permettra de savoir si elle s'inscrira dans les histoires inoubliables.