Les personnages qu'on croise au fil de nos lectures ont parfois le don de nous habiter plus longtemps que nos rencontres dans la vie réelle. Pour moi, les personnages d'
Hélène Robitaille font certainement partie de ces cas. J'ai d'abord abordé ce recueil de nouvelles pour son titre prometteur. Confinée à la maison depuis le début de l'épidémie, je m'imaginais que j'allais voyager par le texte, qu'on allait me faire découvrir et « voir » des villes resplendissantes d'exotisme. Titre - et quatrième de couverture - qui me paraît rater sa promesse. Les villes sont très secondaires dans ce bouquin, elles ne sont que mentionnées, très peu décrites, et elles ne sont surtout pas des éléments majeurs des nouvelles. Ne cherchez pas à voyager en commençant votre lecture, ou vous serez déçus. Cependant : tout le reste m'a séduite. Bien que je ne sois pas une amatrice convaincue de nouvelles, ici tout m'a plu : la fluidité de la plume, dense et maîtrisée, une imagerie très personnelle à l'autrice sans aucun cliché, des récits bien menés et des fins (des chutes) qui sont comme des baumes pour le coeur, mais surtout des personnages extrêmement denses, tourmentés, dont la psychologie est développée avec profondeur et richesse. Si on ne parle pas tant que ça de villes, on parle cependant d'amour et de regrets, on parle de mères absentes, de pères très présents, et de rêves éveillés où les souvenirs deviennent les maîtres du récit. Vraiment un splendide recueil.