Une belle couverture au teint bleu et des jeunes filles qui dansent et un titre "
les orphelines du mont Luciole".
Mais qui sont ces jeunes enfants, ces orphelines. le mont Luciole, avec un nom si poétique et qui ne peut que nous entraîner dans des mystères, et tenter de se souvenir.
L'auteure narrateur va plonger dans ses souvenirs d'enfance et va se questionner comme une sorte d'enquêtrice sur ce château qui domine le village d'enfance, Sorcellin, dans les Monts lyonnais et qui aurait été le lieu d'un orphelinat. Celui-ci a été fermé brutalement car un drame, une épidémie, la fièvre espagnole a décimé les jeunes filles de ce lieu, sans toucher les villageois. Et plus personne ne semble s'intéresser à ce lieu et aux souvenirs de ces gamines, qui étaient elles, d'où venaient elles ou sont elles enterrées ??
La narratrice va alors, comme quand elle était une petite fille mener une enquête. Gamine, elle aimait partir dans les rues du village, dans la forêt, dans les ruines du château chercher à comprendre, glaner des objets, des plantes. Et quel est ce lieu de culte, une sorte de petit Lourde ? Elle recherchait aussi ses origines et essayer de questionner ses grands parents : un de ses grands pères ne souhaite pas lui raconter trop le passé de sa famille, car elle, elle a un autre grand père, qui est venu d'Espagne. Elle est une sorte d'étrangère dans la famille. Physiquement, avec ses boucles brunes, alors que toute la famille est blonde, avec ce nom à consonance étrangère alors que les autres membres de la famille portent des noms de lieux de la région. Avec une belle écriture, l'auteure nous entraîne dan les rues du village, à l'ombre de mystérieux château, ancien orphelinat, abandonné, muré mais aussi dans son imaginaire de gamine, imaginaire alimenté par des contes, des souvenirs familiaux glanés lors de repas dominicaux, par des traces dans les murs des maisons, par des photos retrouvées dans des malles de grenier, dans des expositions (ces hameaux des monts lyonnais étaient des hameaux où des tisseurs, des canuts travaillaient dans leur maison et livraient ensuite leur travaux à la grande ville, Lyon).
Elle va alors nous raconter la vie de ses grands parents, leurs histoires qui lui a été raconté ou ce qu'elle glane, à travers de vieilles photographies, des "reliques", comme les outils des canuts, les canuts dits de la campagne.
Un texte très personnel mais un texte qui parle des souvenirs, des dits et non dits dans les familles, des dits et non dits de l'histoire de territoire, de lieu. Pourquoi tant de mystères et de silences sur ces jeunes orphelines décimées et oubliées ?
Cette quête personnelle nous entraîne dans les souvenirs familiaux, mais aussi dans les souvenirs d'un territoire, le passé ouvrier de ces territoires, de lieux abandonnés, laissés en friche puis leur transformation moderne avec ces promoteurs lyonnais qui viennent bâtir des zones résidentiels.
Difficile de préserver des traces, des souvenirs.
"La Terre devait nous garder toujours, ne tient pas ses promesses, ne se fait plus refuge pour les gamines du village de Sorcellin, mortes de la maladie venue d'un chez-moi que ne ne connais pas." p140
Hasard des sorties, je viens de voir un petit bijou de cinéma d'animation "interdit aux chiens et aux italiens" et il y a aussi un épisode sur la fièvre espagnole, quand l'un des hommes du village italien rentre de la première guerre mondiale et des horreurs des tranchées, il retrouve son village décimé par cette fameuse fièvre.
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