Le village de Sorcelin, sur les monts du Lyonnais, dissimulé au monde par un orphelinat abandonné et son château blanc.
Imposantes bâtisses devenues personnages à part entière de cette histoire, les longues descriptions qui en sont faites font de ce texte un vrai roman d'atmosphère où les bâtiments donnent son coffre au récit. Démonstration est faite que rien ne raconte mieux les histoires que les lieux, que les murs.
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L'orphelinat se fait le théâtre de tous les possibles dans l'imagination de la jeune narratrice au nom espagnol. Des orphelines toutes mortes d'un coup devenues fantômes, fées et partenaires de jeux, un pensionnat qu'il faut à tous prix sauver de l'appétit sans bornes des promoteurs immobiliers… les souvenirs d'enfance deviennent les obsessions de l'adulte. Il faut comprendre et faire parler les pierres qui ont été témoins des vies qu'elles ont abritées.
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Le récit fourmille, les bonds dans le temps sont fréquents, les digressions également mais cela contribue à cette atmosphère unique et foisonnante : le passé, les souvenirs et absurdités de l'enfance, les croyances d'il y a 100 ans et les actuelles, les ravages des guerres et des épidémies, la fête des Lumières… Toutes forment finalement un puzzle aux pièces inséparables, contribuent au portrait de ce village et des familles qui l'ont habité.
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De sa plume descriptive, métaphorique et souvent poétique,
Isabelle Rodriguez donne vie aux objets, à la nature, aux espaces et aux souvenirs qui sont les siens. Vivant et immersif, le récit appelle aux 5 sens, les descriptions sont visuelles et colorées, les odeurs enivrantes et nos doigts effleurent les matières.
Un roman délicat et envoûtant autour de l'inépuisable sujet de la transmission.
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