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Citations sur Éloge des bâtards (41)

C’est une fille qui m’a réveillé. Elle était amoureuse de moi, elle m’a demandé quelles étaient mes origines. Je lui ai dit que j’étais né à Lyon et que j’avais vécu à la campagne, j’ai bien vu que j’avais pas donné la réponse qu’elle attendait. Je sais pas bien pourquoi mais elle me voyait comme un Juif d’Europe centrale, alors que j’étais juste un petit gars des champs. La question est devenue brûlante, douloureuse, insistante. Je lui ai dit que non, je suis pas juif et je suis pas hétéro, elle a continué à pas me croire.
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On sait par expérience qu’on ne rechigne pas à admirer ceux qui nous ignorent. Si, d’un coup, ils tournaient leur visage vers nous on serait récompensés, glorifiés, soulagés, et cet espoir-là suffit à leur pardonner par avance.
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Les administrateurs territoriaux ne viennent jamais après dix-huit heures, ils délèguent. Y a divers groupes mercenaires avec ou sans uniformes qui prennent le relais. Parfois ils viennent nous cueillir au milieu de la nuit, ils nous traitent de fils de pute, mais c’est pas avec ce genre d’insultes qu’ils vont réussir à nous intimider. Quoi qu’il en soit, un coup frappé à ma porte ne pouvait rien augurer de bon.
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J’ai compris que j’allais devoir intérieurement lutter pour ne pas entrer dans son histoire avant lui, pour accepter tous les méandres, détours et mensonges qu’il allait peut-être utiliser. Parce que je sais bien qu’on n’est pas complètement au clair avec sa propre biographie, qu’on ne peut pas s’empêcher d’ajouter et de retirer. On jongle avec l’information, on insère de la fiction, on délocalise son récit intime pour ne pas dévoiler quelque chose qui pourrait être retenu contre soi. On atténue. On adapte. On dramatise.
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Quand on gagne en extension, on perd en force, c’est la théorie de Sturm. Et je ne veux pas contrarier Sturm, il a un tempérament sombre. Il dit que si on ne se plante pas au cœur de l’action, on va se faner et se rabougrir.
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On a besoin de développer de nouvelles alliances. Parce qu’à force de nous comporter en fugitifs on perd ce qu’on a en commun. Alors, installés autour de la table, on essaye de repenser nos fondations. Mes compagnons s’emballent, je temporise. Je veux bien qu’on refasse le monde et qu’on l’améliore mais y a des étapes à respecter.
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Le désordre est notre force, il faut qu’on le maintienne. Fox pense que j’ai tort, il préconise une hiérarchisation des tâches, il explique qu’on devrait prendre le temps de discuter pour se réorienter.
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Depuis, je me suis adaptée. J’ai appris chaque nuit à recevoir toutes ces vies, et chaque matin à m’en défaire. J’ai changé mes manières de bouger, de penser, de me déplacer. J’ai compris qu’il fallait m’extraire du battement de la ville, me méfier des places, des marchés, des grandes manifestations, fuir les foules. Peu à peu, j’ai bouleversé mes habitudes. Et comme la ville changeait elle aussi, cela m’a aidée. Les anciens quartiers ont petit à petit été détruits et remplacés par de grands ensembles. L’espace commun a été réorganisé pour que la population, en augmentation constante, puisse accéder à des logements plus fonctionnels, plus confortables et plus nombreux. Les croqueuses, les pelleteuses, broyeuses, cisailles, brise-roche ont rempli leur office. Mon appartement, comme des milliers d’autres, s’est s’effondré sur lui-même lors d’une séance de dynamitage publique. La foule était massée derrière des barrières de protection, et, malgré le risque que je courais à me mêler aux autres, j’étais aux avant-postes ce jour-là pour regarder mon immeuble tomber à genoux puis se dissoudre. Une épaisse fumée brune s’est déposée sur les toits, rambardes, balcons encore valides, et à la place de l’ancien bâtiment que j’avais occupé pendant plus de vingt ans un tas de gravats marquait la fin d’un monde. J’ai laissé advenir.

 
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Je ne vais pas rester enfermée, ça ne servirait à rien. On ne peut pas éviter absolument la compagnie des humains. Je vais affronter cette force nouvelle qui est aussi ma faiblesse et essayer d’en décortiquer le sens. Et peut-être qu’ainsi, en analysant les canaux que les gens empruntent, les chemins qu’ils se frayent jusqu’à moi, peut-être que je comprendrai ce qui m’arrive.
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Les mains des poissonniers sont des instruments de travail fragiles. Elles supportent la lame, l’eau et la glace, les écailles, les aiguilles, le coupant des coquilles, elles se replient, elles se crispent, elles rougissent. Je le sais depuis que le corps et l’esprit du poissonnier habitent en moi. Cela m’oblige à expérimenter de nouveaux états et de nouvelles sensations. Et même si c’est assez exaltant d’acquérir ainsi une vie sans efforts, c’est quand même angoissant de se dire qu’à chaque instant et de manière tout à fait imprévisible on peut être plongée dans l’existence de passants qu’on n’a pas forcément envie de connaître aussi intimement.
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