Mouais. Bon, ça fait combien de temps que, trop occupée avec Hugo,
Beckett et autres
Paul Auster, je ne m'étais pas plongée dans de la littérature pour adolescent ? Un bon paquet de mois. Voire même d'années (?) Et puis, au détour d'une escapade chez une amie, je vois ce livre, je le prends et commence à le feuilleter. Désireuse de poursuivre l'aventure malgré l'histoire très conventionnelle et la légère impression de déjà-vu qu'elle me donne, je plaide ma cause, et mon amie me prête volontiers le bouquin.
Je me souviens qu'à l'époque où j'ai lu Divergente - quelques années tout de même - qui, il faut bien le dire, ne m'a pas laissé un souvenir impérissable - si ce n'est quatre ou cinq scènes dont je me rappelle furtivement - , mon personnage préféré était Tobias. Enfaite, c'était même le seul personnage que j'aimais vraiment, bien plus que Tris, et même si je ne détestais pas cette dernière, j'ai mainte fois regretté que Quatre ne soit pas le personnage principal de la saga... Je me rappelle malgré tout avoir passé un bon moment en
compagnie de cette trilogie.
Mon affection pour ce personnage n'est pas étonnante lorsque l'on fait certains liens : Tobias Eaton est l'archétype du personnage que j'aime développer dans mes propres et modestes écrits : un type secret, très fort physiquement comme moralement en apparence, mais qui enfaite cache les marques d'un lourd passé fait de souffrance et surtout une sensibilité exacerbée. Mais connaître cette faiblesse ne m'empêche pas de continuer à aimer tous les personnages qui prennent cette forme, bien que cela dénote un manque évident d'originalité et de travail sur le personnage de la part de l'auteur, et souligne donc, à quelque part, un très très gros point négatif en terme de littérature... Car Tobias ne fait pas que s'inscrire dans la lignée de ce type littéraire en s'en inspirant (ça c'est tout à fait entendable pour moi) ; il est carrément cet archétype. Finalement, rien de bien authentique chez lui, pas vraiment de petits détails dans son comportement où l'on puisse se dire qu'il est plus complexe que ce qu'il laissait entrevoir... Mais c'était prévisible et, au final, j'ai eu ce que j'étais venue chercher : non pas des prouesses littéraires (soyons honnêtes, si la plume de
Véronica Roth n'est ni celle d'un Camus ou d'un
Saint Exupéry, elle n'est pas non plus celle d'un Jim C.Hines), des envolées stylistiques, des épiphanies - aussi appelées claques dans la gueule-, une philosophie profonde ou des personnages authentiques et complexes, nouveaux, déroutants, mais une replongée à l'aube de mon adolescence et les battements de coeur que j'avais alors ressenti pour Tobias Eaton, raison d'ailleurs de ma notation si généreuse... Nostalgie, quand tu nous tiens.
Je ne peux cependant m'empêcher de regretter le peu de profondeur de Quatre... Qui avait le potentiel pour devenir un personnage percutant et inoubliable, mais d'une part c'est peut-être le désir nostalgique qui me fait parler, et d'autre part, je doute, sans même évoquer ou remettre en question l'écriture de l'auteur, qu'un tel personnage ait sa place dans de la littérature ciblant si clairement le publique adolescent. Non pas que les ados soient incapables de réflexion, loin s'en faut, mais parce que ceux qui recherchent la réflexion en littérature ont déjà quitté le rayon "adolescents / jeunes adultes" des librairies, et se sont plongés ou dans la littérature patrimoniale, ou dans les innovations littéraires de notre temps... Et ils ne représentent pas les attentes livresques de la majorité du public de cet âge. Il faut vendre, malheureusement...