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sur 417 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Deux ans après le gigantesque uppercut envoyé par « le démon de la colline aux loups », Dimitri Rouchon-Borie balance une nouvelle claque littéraire intitulée « le Chien des étoiles » !

A vingt ans, Gio a déjà été mis plusieurs fois KO par une vie qui ne lui a pas fait beaucoup de cadeaux. D'ailleurs, personne ne s'attendait à le revoir vivant après avoir été emmené à l'hôpital avec un tournevis enfoncé dans la tête. Et pourtant, après six mois à côtoyer la mort entouré d'infirmières, le voilà de retour parmi son clan. Bon, certes avec une immense cicatrice sur le crâne et la tête un peu dans les étoiles, mais surtout avec l'envie de tourner définitivement le dos à la violence des clans…

« le Chien des étoiles » est un road-trip qui invite à suivre les pas de cet étrange colosse sérieusement amoché par la vie et de ses deux compagnons de route qui ne sont pas beaucoup mieux lotis. Il y a tout d'abord Papillon, un jeune gamin particulièrement sauvage et privé de parole, qui doit son surnom à sa manière de s'exprimer, en agitant les mains dans tous les sens. Puis il y a la belle Dolores, dont la beauté fait tourner la tête des hommes, souvent les mauvais, et qui est malheureusement persuadée qu'offrir son corps à tout le monde est sa seule manière d'exister. Un trio pour le moins surprenant donc, qui décide de fuir la misère en sautant dans un train à la recherche d'un avenir moins sombre…

Dimitri Rouchon-Borie dresse donc à nouveau un univers peu séduisant, débordant de noirceur et admirablement servi par une plume sombre et parfois même assez crue. Une obscurité qui sert néanmoins à mieux faire jaillir cette petite lueur fait d'espoir, d'amour et de poésie. Enrobant l'horreur d'innocence et faisant apparaître la beauté sur un fond de noirceur, telle une fleur poussant subitement dans un décor postapocalyptique, Dimitri Rouchon-Borie livre une sorte de conte moderne, sombre et brutal, mais tout de même délicieusement lumineux.

Un style dont je demeure grand fan et un récit qui termine par un clin d'oeil au « Démon de la colline aux loups », qui m'avait mis KO. Ici, je demeure debout, mais tout de même bien sonné !
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À 20 ans, après avoir reçu un tournevis dans la tête qui a failli lui coûter la vie et passé des mois à l'hôpital, le voilà de retour parmi les siens. Une famille de gitans qui l'accueille à bras ouverts. Mais, aujourd'hui, Gio n'est plus le même. Il sent et ressent les choses différemment, il est plus sensible et sa cicatrice vibre parfois quand il contemple la nuit. Si pour son père et ses oncles, le temps est maintenant celui des représailles, lui renie dorénavant cette violence. Lorsque les choses tournent mal, que le sang coule, que le feu détruit tout, il n'a d'autre choix que de fuir, flanqué de deux gamins recueillis par le clan, Papillon, qui ne dit pas un mot, et Dolores, une adolescente habituée à offrir son corps aux hommes voraces...

C'est ce trio, bancal et hétéroclite, que l'on suivra, au gré des rencontres hasardeuses, parfois chanceuses, parfois tragiques. Gio, dont la sensibilité exacerbée le tiendra un peu à l'écart du monde, se sent investi d'une mission dès qu'ils ont pris la route : protéger ces deux gamins. Dolores, une adolescente dont la beauté attisera les hommes à qui elle s'offre. Papillon, dépourvu de paroles mais qui s'exprime par les gestes. Un trio écorché, extrêmement attachant, qui se heurtera aux caprices de la vie, qui suscitera des jalousies, qui aura peine à trouver sa place au sein d'une société avide de pouvoir. Cette épopée, marginale, hors du temps, ténébreuse, se révélera tout aussi intense qu'effroyable, tout aussi sombre que lumineuse, tout aussi violente que tendre, tout aussi belle que cruelle. La plume, vibrante, poétique, brute ou crue parfois, donne du corps et de l'âme à cette épopée percutante.
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Ce roman m'a déstabilisée au point de ne pas savoir comment l'étiqueter. Conte? Fable sociale? Roman noir? Certainement une part de chaque ! Récit sur la violence des Hommes, mais aussi sur la force de rencontres émouvantes, désintéressées,d'un amour pur.
Au delà de l'histoire, c'est un roman qui interpelle sur le langage. Il commence par des paroles vulgaires, brutales,crues qui agressent davantage que de chercher à communiquer.
En miroir Papillon et Dolores,deux êtres blessés pour lesquels la parole n'est plus possible. Et puis, Gio,le personnage central qui est le trait d'union entre les deux, et entre deux mondes. Celui de la poésie, de l'espoir,des étoiles, et celui de la souffrance, de l' obscurité.
Est-ce un hasard si la jeune fille que Gio prend sous sa protection se nomme " Dolores" ? Est-ce un hasard si ce petit garçon s'appelle " Papillon" ? Même si une explication terre à terre explique ce surnom,l'évocation des ailes et de la légèreté n'est sûrement pas fortuite.
Gio revient de loin...suite à une bagarre il s'est retrouvé avec un tournevis enfoncé dans le crâne. Ce voyage entre la vie et la mort l'a éloigné des siens et de leur barbarie. " ça l' a fait reculer d'un cran dans la présence au monde".
De retour au camps de gitans il ne veut pas se plier aux règles de vengeance sous prétexte d'honneur. Il se sauve avec Dolores et Papillon car il veut croire " que rien n'est fini,qu'on peut remettre de l'ordre dans cette vie". Il veut les laver pour qu'ils redeviennent les enfants qu'ils étaient avant le cauchemar de leur jeune vie.
Le chemin n'est pas celui de la bohème romantique mais plus la route de l'enfer.
Réalisme cruel et poésie se côtoient, dévoilant ce qu'il y a de pire mais aussi de plus merveilleux chez l'humain.
Dimitri Rouchon-Borie sait faire briller les étoiles et vibrer nos coeurs, mais n'a t'il pas abandonné l'espoir que la lumière puisse être de notre monde?!

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Qu'il est bon de lire un tel roman !
J'ai tout aimé, l'histoire triste et belle, les personnages aussi sombres que lumineux, l'écriture à la fois poétique et brutale.
Dimitri Rouchon-Borie trouve les mots pour nous raconter le terrible destin de Gio et de ses deux compagnons de misère.
Le jeune garçon a un trou dans la tête, suite à une vilaine blessure, qui lui a laissé en plus d'une vilaine cicatrice, des cauchemars récurrents qui le ramènent à la guerre.
Papillon, lui, ne parle pas. Il s'exprime en agitant ses bras dans tous les sens et semble habité par une insatiable violence. L'absence de mots le rapproche de Gio qui lui aussi en manque.
Dolores va compléter le trio, jeune fille, à la beauté étourdissante pour tous les hommes qui posent les yeux sur elle, elle se donne à qui veut, persuadée que c'est la seule manière pour elle d'exister.
C'est ensemble qu'ils décident de s'échapper, montent dans un train en partance vers une destination qui leur est inconnue, mais qui leur offrira peut-être une vie décente.
Ce roman poignant est capable de remuer beaucoup d'émotions en très peu de pages. L'espoir d'un avenir meilleur, la colère face à la cruauté et l'égoïsme de certaines personnes, la tristesse qu'on ne peut s'empêcher de ressentir en voyant Gio survivre malgré tout, malgré la douleur, malgré la perte et la solitude.

Après « le démon de la colline aux loups », j'ai eu grand plaisir à retrouver un vrai raconteur d'histoires.
Dimitri Rouchon-Borie a le talent de nous entraîner à la suite de personnages cabossés par la vie dans des périples plein d'espoir même si le bonheur n'est pas toujours au rendez-vous.









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Nous sommes entre les deux guerres… La première a eu lieu, la Seconde, pas encore. C'est dans cette époque qu'évolue Gio, un jeune gitan qui revient chez lui, après s'être pris un tournevis dans la tête.

Voilà un roman noir très sombre, à ne pas lire un soir de déprime (ni un jour de déprime), car la lumière n'est que rarement présente et lorsqu'elle arrive enfin, les ténèbres ne sont jamais bien loin pour moucher la maigre flammèche de la chandelle.

En peu de phrases, en peu de mots, en peu de détails, l'auteur arrive à nous plonger dans le monde de ses personnages, le monde des gitans, des règlements de compte, des dettes d'honneur, des coups de poignards dans le dos, des trafics…

On pourrait reprocher à ce roman de proposer des personnages assez manichéen… de fait, la plupart des hommes dans ces pages sont assez rustres, considérant les femmes comme des pouliches que l'on peut toucher, peloter, notamment leurs pêches (les seins), et ce, surtout si elles sont jeunes et jolies.

Puis, comme avec une pouliche ou une belle bagnole, les mecs peuvent parader avec la jolie fille à leur bras, avant (ou après) de la coucher dans leur lit. Pas de nuances, soit les mecs sont des "reluqueurs", toucheurs, dignes de figurer au tableau de Balance Ton Porc, soit ils sont corrects. D'habitude, ce manque de nuances m'exaspère, mais pas dans ce roman… Bizarre, vous avez dit bizarre.

L'histoire m'a emportée, j'ai vibré avec les trois personnages principaux, Gio le gitan costaud, Dolores la jeune fille mignonne qui a déjà été utilisée comme outil sexuel (branlette ou pelotage) et Papillon, un jeune garçon, muet, qui ne s'exprime qu'en peu de geste et qui pourtant, malgré son mutisme, m'a touchée au plus profond de mon coeur. Zéro ligne de dialogue pour lui et malgré cela, une présence forte.

L'écriture de l'auteur allait bien au récit. Dans un style assez âpre, assez sec, à l'aide de phrases courtes et simples, il arrive à faire passer des émotions. En fait, c'est comme si nous lisions le récit de Gio, qui n'a pas fait d'études, qui n'est pas un jeune homme intelligent. le style d'écriture, malmené, m'a plu (ça passe ou ça casse).

Un roman noir avec peu de lumière, si ce n'est les torches des imbéciles, les lueurs de concupiscences dans le regard des hommes, face à la belle Dolores, jeune fille perdue, qui ne sait pas trop ce qu'elle va faire, ou les éclats de couteaux de ceux qui jouent avec, pour impressionner les autres.

Un roman qui a tout d'un drame, d'un conte cruel, où être différent des autres se paie cash, avec du sang. Un Road-movie gitan qui met en scène trois personnages fracassés que la vie a rassemblés et que d'autres vont détruire…

Un roman à l'écriture dépouillée, sans grandes descriptions de lieux, mais empreint de beaucoup d'émotions.

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🦉Chronique🦉

« Il ne pouvait pas lui expliquer que, de là où il était, se remettre à vivre, c'était signer pour la noirceur. »

Gio ne veut plus rien avoir à expliquer. Les ténèbres l'attirent mais elles ne sont pas effrayantes à ses yeux. Il les aime depuis son accident. Elles sont Nuit et Voyage, Repos et Étoiles, Aide et Chouette. Gio ne veut rien avoir à expliquer, ni sa vie d'errance, ni sa fissure dans le crâne, ni comment il monte dans les étoiles. C'est juste un secret entre nous et lui, qu'il vous dira peut-être si vous êtes bien attentifs…
Gio en avait déjà marre de ces guerres de clans, de ces rivalités entre gens du voyages, mais le destin décide de lui jouer un mauvais tour, et le voilà, affublé de deux gamins-silence. Gio ne voulait pas avoir à leur expliquer la violence des hommes, mais elle s'en est chargée, seule. Mais il ne la laisse pas faire, il s'interpose, tout vibre quand elle se ramène, et parfois, il l'arrête. Pas toujours, mais parfois. C'est une chance ou une malediction, personne ne sait encore l'expliquer, mais les ravages qu'elle laisse derrière elle, sont dévastateurs.
Gio ne veux pas avoir à expliquer pourquoi il n'est plus bien ici, dans ce monde-guerre, dans ces affrontements, ces bagarres, ces rings. Il ne s'y fait plus. Il veut suivre la chouette, Papillon ou la Vierge Noire. Il veut emmener le chien. Il veut l'art. L'art de s'émerveiller, l'art de voler, l'art de se projeter, il s'essaie même à la peinture. Parce qu'une fissure, c'est le point d'entrée de la lumière. Et par sa caboche, la beauté décide de briller, intensément. Elle décide de projeter jusqu'à nous, son pouvoir. Elle décide d'aller éclairer les yeux des enfants, le coeur des vivants, les pages d'un roman noir charbon.
Et vous savez, pourquoi ça fonctionne? Parce que le pur et l'impur s'accueille, les opposés s'attirent mais le ciel gardera éternellement ses paillettes d'or…
Je ne vais rien avoir à expliquer de plus que Gio. Rien à vous dévoiler de mystérieux, puisque vous savez déjà le talent de Dimitri Rouchon-Borie. Juste vous inciter à suivre le chien-loup sur la colline, parce que lui, connaît maintenant le chemin vers les étoiles…Je vous dirai quand même que j'ai lu et adoré le chien des étoiles!

« Moi, je suis pas dans la science, je dois juste le rejoindre, le ciel. »
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Si comme moi vous êtes déçus de ne pas retrouver l'audace et la flamboyance du "démon de la colline aux loups", vous pourriez malgré tout être charmés par la poésie d'une écriture toujours aussi saisissante.
Dimitri Rouchon-Borie a cette fois encore choisi ses personnages dans les marges de la société. Et c'est dans les bas-fonds, dans les zones les plus sombres qu'il trouve son inspiration.

"Regardez - moi cette gueule de crasse qu'est de retour !"
L'incipit rassure d'emblée le lecteur qui retrouve un univers romanesque dont la violence du langage était sidérante. Les retrouvailles de Gio avec sa famille, après six mois d'hôpital, réenclenche des comportements assez codifiés autour de la violence, de la sexualité et de la vengeance. Rien n'a changé dans le monde de Gio, sauf Gio.
" Je suis Gio et j'ai perdu la moitié de moi dans une bagarre pour rien, mais je n'en veux à personne parce que grâce à ça j'ai fait l'hôpital et j'ai rencontré là-bas quelque chose que j'explique pas, mais ça se passe la nuit."

Ce roman qui penche davantage vers l'onirisme et une forme de spiritualité, n'abandonne pas cependant un monde dont les membres ne maîtrisent pas suffisamment les codes du langage pour les utiliser comme des armes.
Papillon, l'enfant muet, a été élevé dans une voiture par une mère violée et droguée et par un grand chien blanc et il exerce sa violence sans le moindre frémissement . L'oncle Simone parle un mélange de langues que personne ne comprend, mais "il peut encore mordre plus vite que l'éclair". Dolorès, la poupée blonde aux chaussures roses, monnaye son corps parce que "moi j'aurais bien donné des choses, mais j'ai pas droit aux paroles".

Comme dans la colline aux loups, la violence comme alternative condamne les personnages à la marginalité, et parfois à des vies bien trop brèves. Dans sa quête, Gio trouvera la solution dans l'Art, en dessinant ce qu'il n'a pas pu exprimer aux deux enfants.
Gio, sorte de géant qui évoque le Lennie de Steinbeck, cherche à échapper à la noirceur du monde en se créant une famille. Il doit pour cela rendre à Dolorès et Papillon l'enfance qui leur a été volée.
"Viens, on va sauver Papillon et Dolorès, on va dessiner" dit Gio à son chien. Et c'est à la craie qu'il réalise le dessin qui les mènera vers les étoiles.

Si cette fable est infiniment plus lumineuse et moins sidérante que le roman précédent, on y retrouve une identité que l'auteur veut conserver au point de s'auto-référer en nommant la forêt de Gio la colline aux loups. Clin d'oeil marketing ou affirmation d'un univers ?
En tous cas un récit poétique à savourer.
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Ce court roman, on dirait un conte du vingtième siècle qui, dans une langue rossée et polie à la paille de fer, raconte la violence et l'innocence sacrifiée. Dimitri Rouchon-Borie y brosse l'histoire de Gio, grand gaillard de vingt ans de la famille du voyage et rescapé d'un empalement de la caboche au tournevis. « le genre qui a foutu un pied dans la nuit, et qui a du mal à garder l'autre en plein jour. le genre absent d'une façon qui ne se négocie pas et qui est torturé chaque seconde. » Alors quand le Père décide de faire parler le poing et le plomb de la vendetta, c'est une violence meurtrière qui s'abat sur la communauté, jetant Gio sur la route, loin de son passé. Mais il n'est pas seul face à son destin, l'unique qu'il peut embrasser puisqu'il n'a « pas les moyens de s'en payer un autre ». le jeune homme se retrouve flanqué de Papillon, blondinet mutique aux instincts sauvages, et de Dolores, poupée charmeuse pensant que son corps en fleur est son seul atout. Ensemble, ils vont affronter la route et la ville, ses rencontres chaleureuses et inopinées comme ses désillusions les plus amères et sordides. Alors Gio, qui rêve de devenir une chouette pour se fondre dans la nuit, se voit aussi en grand frère chargé de protéger l'innocence de ces deux enfants blessés par la vie.

Après la commotion du « Démon de la Colline aux Loups », Dimitri Rouchon-Borie confirme son talent de jonglerie avec les mots, nous concoctant une fois de plus un style boucané et malmené, d'une torse poésie. J'avais décrit « le Démon » comme l'entrée en littérature d'une plume à surveiller avec attention et je suis ravi de retrouver cet auteur dans un genre un peu différent mais dont la patte reste bien reconnaissable. « le chien des étoiles » est peut-être plus sage et plus lyrique que le premier succès de son auteur, et il se laisse appâter par une certaine facilité narrative ainsi qu'une concision un peu frustrante, mais les trois personnages éraflés de cette histoire emportent le lecteur sans concession. Un conte moderne empreint de sensibilité et de brutalité.
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Gio, un jeune gitan, sort de l'hôpital après une altercation dans laquelle il a reçu un coup de tournevis dans le crâne. Bien amoché, il retourne chez lui. Mais il n'est plus tout à fait le même... Alors que son père l'accueille en lui promettant violence et vengeance, lui ne pense qu'à la nuit et au chant des chouettes, il ne veut que douceur dans ce monde rempli de rivalité crasse. Contraint à prendre la route, il se promet de prendre soin de deux silencieux : Dolores, une lolita et Papillon, un jeune garçon qui ne parle pas. Décidé à prendre soin d'eux et à les sauver de la violence des hommes, il rencontrera lors de ce voyage, que l'on peut qualifier d'initiatique, des personnes interlopes et manipulatrices et devra faire face à des situations qui le conforteront dans son ressenti que seule la nuit est belle et sécurisante.

Comme nous l'attendions, ce roman est noir et brutal, mais la lumière n'est pas loin avec Gio, ce garçon meurtri qui ne cesse de voir le beau et trouve l'apaisement sur ce fil ténu tiré entre la noirceur du jour et la beauté apaisante de la nuit.

Le rythme est soutenu et haché, les phrases sont courtes, le style de l'auteur est oral, dur, cru, percutant, un peu à la Céline, mettant en valeur une certaine poésie humaine. On ressort de cette lecture étourdi et bousculé, frappé par ce tourbillon de violence. C'est un roman atypique, une ode à l'amitié et à l'amour mais aussi une illustration de l'humanité dans tout ce qu'elle a de plus sombre.

Avec ce titre, Dimitri Rouchon-Borie frappe fort, encore une fois, et émeut son lecteur, tout comme il l'avait fait avec son premier roman le Démon de
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« le chien des étoiles » est déjà le quatrième roman de Dimitri Rouchon-Borie. Mais, après « le démon de la colline aux loups », j'étais vraiment très impatiente de retrouver son écriture dans un texte qui met en lumière toute la beauté de la nuit. Gio a une vingtaine d'années, mais malgré ce jeune âge, Gio sort de l'hôpital après un règlement de compte qui l'a laissé avec ce que d'aucuns appelleraient de lourdes séquelles psychologiques. Gio s'est fait planter un tournevis dans le crâne. Depuis, Gio voit ce que peu d'êtres humains parviennent à entrevoir, ou même à deviner. Il voit la beauté de la nuit. Il entend l'appel des chouettes. « La nuit tombe et ça met Gio dans un état second. Il sent revenir l'appel des chouettes et des ombres, les vols silencieux et les étoiles au-dessus des nuages. Il pince le fil imaginaire, et il se demande s'il peut s'enfuir par là ». Après une tentative de représailles, Gio s'enfuit avec Papillon et Dolores. le premier est muet. La seconde est une jeune fille, belle comme le jour qui connaît la loi des hommes. « C'est de la malédiction, Gio. Les hommes, ils me haïssent, c'est dans leurs yeux, je vois bien, ils veulent me baiser et m'écrabouiller. Et les femmes, elles me détestent et elles se détestent entre elles, je le sais, et elles se trahissent pour des hommes. Hommes et femmes, c'est de la malédiction, pareil. » Unis dans un voyage commun et protégés par la statue de la Vierge noire, ils partent à la rencontre du monde… des hommes.


Road-Movie gitan sous les étoiles, l'étrange trio mené par « le chien des étoiles » affronte la société… Sur le chemin, les personnages s'illuminent, c'est la grande force de l'écriture de Dimitri Rouchon-Borie. Des hommes ordinaires dans des situations ordinaires qui sont finalement extraordinaires de luminosité et de pureté. Gio (dont le prénom signifie « Dieu pardonne » en hébreux) devient bien malgré lui le protecteur de Papillon et de Dolores. « Il contemple leurs visages et il y a cette voix de la nuit qui reste présente en lui et qui lui dit où voir, et ce qu'il voit, c'est la beauté de ces deux gamins, et le fait qu'il faut les protéger de tout, même quand il n'aura pas la force de le faire. » le chemin qu'ils parcourent sert de lien pour mieux se connaître. Ils se hument, s'observent et s'apprivoisent pour laisser finalement les confidences se murmurer. L'amitié naissante prend de plus en plus en place, se transforme et évolue en un amour profond et sincère. Leur attachement semble basé sur une forme de connexion instinctive et naturelle. le lecteur y trouve la pureté des liens et un soutien réciproque où chacun apporte aux autres quelque chose qui relève de l'intangible, mais aux vertus essentielles.


« le chien des étoiles » est un roman assez court, je ne vais pas m'étendre sur les rencontres faites au cours du périple. le point fort de ce texte réside dans les personnages et la lumière qu'ils dégagent, surtout celle autour de Gio. Personnage rêveur et idéaliste, Gio a une vision du monde « faussée » par son agression. Il ne voit le mal que lorsqu'il lui tombe dessus, il est vierge de toute l'horreur des hommes sauf quand son instinct provoqué par sa blessure lui ordonne d'agir pour protéger. « Et je vais vous laver, chaque jour, pour sécher les larmes, et que plus personne ne gâche jamais cette beauté que vous êtes. Je sais pas comment on fait ça et la Vierge Noire va aider je suis sûr, mais dès aujourd'hui, vous êtes beaux et vous êtes purs pour toujours. » Au cours du voyage, un être en particulier leur apporte la lucidité de l'esprit, une sagesse qu'elle enseigne avec tendresse et délicatesse. Cette ode à l'amour, celui des miséreux face au monde résonne dans toutes les pages, et permet à Dolores notamment d'anticiper au mieux son rôle de femme dans la société des hommes.


J'ai aimé les descriptions dépouillées pour laisser s'embraser la puissance et la flamme des personnages, pour faire comprendre que la nature des hommes n'a aucune influence sur le monde qui l'entoure. L'humanité prouve encore une fois qu'elle n'est que ce qu'elle paraît, toujours en recherche de pouvoir, de possession, de souillure à infliger aux plus démunis. À travers le personnage de Dolorès, le lecteur comprend (et il est encore nécessaire de le faire comprendre !) la difficulté d'être une femme. « C'est comme si personne s'est rendu compte qu'on n'a pas besoin d'arracher, de salir et moi j'aurais bien donné des choses, mais j'ai pas droit aux paroles, et encore j'ai réussi à sauver le bas Gio, mais ça n'a pas été facile, tu ne sais pas quelle guerre c'est, de sauver son cul, et pour ça tu sacrifies les pêches. » En plus d'être une fuite, une quête vers un monde que tous espèrent différent, « le chien des étoiles » fait la part belle aux femmes.


Enfin, Dimitri Rouchon-Borie a eu la sagacité d'introduire une dose de mystère, de divination, voire de fantastique dans l'expression des émotions à travers le personnage de Gio, celui qui sent ce que les autres ne perçoivent pas. « Tous les soirs, il file s'allonger, et en s'endormant, il laisse son esprit s'envoler et voler de plus en plus haut, jusqu'à planer sur la ville, de mieux en mieux. Il n'a qu'une seule volonté, et c'est de tourner la tête vers le ciel, et filer pour de bon, tout en haut. Et il verra bien s'il peut redescendre, ou si son esprit se perd à jamais dans les étoiles. Il a tellement fait le vagabond parmi les hommes, pourquoi n'aurait-il pas le droit de faire pareil dans les étoiles ? »


Loin du monde des hommes, il existe peut-être celui de la beauté des émotions pures où seul l'esprit serait capable de nous reconnecter à notre humanité. « le chien des étoiles » raconte cette espérance, dans la solidarité, la résilience et l'amour de son prochain. Dimitri Rouchon-Borie m'a fait ressentir des émotions semblables à celles vécues à la lecture de « San Perdido » de David Zukerman ou encore de « Buveurs de vent » de Franck Bouysse. La beauté de la langue associée aux émotions les plus cristallines.
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