Être bien installé, de préférence dans la nature, un joli jour de printemps, ouvrir le livre et lire à haute voix. Se laisser prendre par la magie des mots quand ils sont équilibrés. Se surprendre de toutes les sensations qui glissent en nous, expirez,inspirez... Voilà ! pas besoin de faire 2 heures chez un sophrologue, 1 heure de gym ou 3 heures de yoga. Vous y êtes, Respirez.
Commenter  J’apprécie         30
C’est le temps où le paysan se fait bûcheron. A peine entré dans la forêt figée par le gel, ployante sous son faix de neige, on ne voit personne encore que déjà vient à vous une odeur de fumée, puis un parfum délicieux de résine et d’écorce fraîche.
Le bruit grandissant des haches vous guide vers la clairière où quatre, cinq, six garçons bleus dépècent un cadavre de sapin. Scie, haches, et ces couperets à long manche avec quoi l’on écorce les fûts interminables.
Qu’il faut peu de temps et d’outils pour faire de cette belle construction de vivantes ramures, dressées d’un jet vers le ciel peuplé d’oiseaux, un tas de branches et un tas de bois.
Déjà le condamné suivant se prépare. Une entaille béante à sa base, scié, deux ou trois coins de fer fichés dans sa blessure, il frémit, penche, hésite et soudain s’abat dans un long sifflement d’air fouaillé. Un nuage de neige naît de son écrasement.
Louis, le long champ que tu as semé sur l'épaule de la colline rompt l'avance de mon pas ; le sentier cesse devant la tache de terre, tout amollie encore par la pluie du matin, où frise en touffes le froment bleu. J'accepte cette halte, et pourquoi d'ailleurs poursuivre une course vers les lampes chaque soir plus dangereuses ?
Lavé par une brève pluie d'aube, le ciel ouvre au-dessus des arbres et des hommes une immense fleur fragile, bleu-de-lin, sans cesse visitée par ces nuages dont traîne paresseusement jusqu'à l'horizon l'ombre errante. L'air est moite, la lumière jeune comme un regard. Tout est nouveau, tout vit d'une vie profonde et pure, tout s'accomplit.
Au réveil c'est juin parmi les hommes et les fleurs non du jardin fabuleux,
mais celles de toujours contre vos mains comme une caresse : la sauge,
le sainfoin rose sans parfum, et cette graminée pareille à une grappe de
petits cœurs suspendus qui tremblent. Ce bruit monotone et bref qui fait
penser à une blessure, à un soupir, et tranche votre sommeil avec l'herbe
dans une odeur de sève, c'est celui de la faux, hélas ! L'homme est tout
proche, le soleil à l'épaule, tête nue, et balance à chaque pas deux forts
bras fauves plus purs que le matin. Il ne dit rien, il siffle de temps en
temps un petit air. Il y a, collés au cuir de ses souliers rougi par la rosée,
des pétales de fleurs mortes.
À l'occasion de la parution des oeuvres complètes de Gustave Roud aux éditions Zoé, découvrez la vie, l'oeuvre et le pays de ce grand poète suisse.
Avec Daniel Maggetti, co-directeur des oeuvres complètes de Gustave Roud, Bruno Pellegrino
Ecrivain, chercheur en littérature de langue française, Claire Jaquier, co-directrice des oeuvres complètes de Gustave Roud
Retrouvez la collection : https://www.mollat.com/livres/2653451/gustave-roud-oeuvres-completes
Note de musique : © mollat
[Winterreise] 7. Auf dem Flusse (On the River) © Youtue Audio Library
Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/
Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux :
Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/
Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts
Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat
Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/
Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat
Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/
Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite