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1873. Saint-Imier. Canton de Berne, suisse
Parce qu'elles en avaient assez d'être les petites mains de l'industrie horlogère. de trimer onze heures par jour pour un salaire de misère. Parce qu'elles avaient appris qu'un nouveau mouvement libertaire se mettait en marche et qu'un autre monde était à construire, elles ont décidé de prendre en main leur destin. Et tant qu'à faire de partir loin, vers l'eldorado vanté dans les journaux : la Patagonie. S'inventer une existence neuve et prendre pour devise : ni Dieu ni maître ni mari.
Et comme elles ont décidé seules, et sans le consentement d'époux ou de pères, elles se sont fait traiter de petites anarchistes, par ceux-là mêmes qui parlaient beaucoup de liberté ou de progrès mais ne mettaient jamais rien en pratique.
Dix à partir avec pour tout bagage leur intime conviction qu'il est possible de construire une communauté égalitaire, elles emportent aussi avec elles leurs jeunes enfants et pour trésor de guerre dix oignons, symboles et souvenirs de leur savoir-faire en horlogerie.

J'ai adoré ce court roman où le courage, la force et la volonté de chaque héroïne sont mis en lumière, où les valeurs de ce jeune mouvement sont détaillées sans omettre les difficultés de sa mise en route, les discussions entre les membres de la communauté, les idées sur la propagande, sur l'autoritarisme, sur la violence, sur la place des femmes...
Un roman court très bien écrit, aux personnages attachants, basé sur des faits historiques, sans oublier celui de l'émigration suisse. Une histoire racontée par Valentine, la « rapporteuse » de ces incroyables destinées : « On était dix et à la fin on n'est plus qu'une.»
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Avec Dix Petites Anarchistes Daniel Roulet transmet sous forme d'un roman l'histoire de dix femmes qui ont refusé de se soumettre à un quotidien qui ne correspondait pas à leurs attentes, à leurs valeurs. Téméraires, encouragées par le vent de liberté des Communards qui est parvenu jusqu'à leur village de Saint Imier dans le Jura suisse, elles décident de partir en Patagonie. Elles embarquent à Brest à bord le la Virginie, paquebot qui déporte les communards condamnés au bagne,en Nouvelle Calédonie. Elle feront de premières belles rencontres dont Louise Michel,mais la première d'entre elles perdra la vie pendant la traversée en donnant naissance. C'est Valentine,la dernière survivante des dix qui raconte leur histoire qui les mènera bien au delà de Punta Arénas.
Mues par l'idéal Anarchiste alimenté par un lien intime avec Malatesta, elles vont surtout vivre à la recherche permanente d'un mode de vie qui respecte l'humain et n'oublie jamais la nécessité de ne pas se soumettre à un quelconque pouvoir . C'est une belle expérience de solidarité,de féminisme, d'amitié. Ce roman historique s'ancre évidemment dans le réel sans négliger le rêve et l'amour.
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Un très court livre adorable, qui m'a d'autant plus touchée que, comme mon « Premier convoi – 1848 » il traite d'une de ces émigrations qui ont mis en route toute la misère d'Europe dans la seconde moitié du XIXème siècle pour trouver un Eldorado ou construire un monde meilleur, vers des terres promises toujours aussi décevantes, des vies aussi difficiles, des épreuves de caractère et de courage. Ici, il s'agit de dix jeunes ouvrières horlogères de Saint-Imier, dans le Jura suisse, qui, après une visite de Bakounine, décident de partir réaliser leur utopie anarchiste (Ni dieu, ni patron, ni mari)… en Patagonie. Rassurons-nous, elles remonteront jusqu'à Buenos Aires, au climat plus clément !
Construit sur le schéma des « Dix petits nègres » d'Agatha Christie, les courageuses petites anarchistes connaitront des destins divers et seule la narratrice reviendra finri ses jours en Suisse.
Basé sur des éléments historiques, le livre est charmant, ces filles sont loin d'être des dindes, mais elles sont pleines de jeunesse, de fraicheur et de courage. Et malheureusement, non seulement, en fin de compte, l'anarchie se casse la gueule, mais nous n'aurons jamais de réponse à cette question existentielle : « où part le blanc quand le neige a fondu ?»
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Valentine Grimm, dernière rescapée des dix femmes parties de Saint-Imier à la fin du XIXe siècle, prend la plume pour « raconter, sans trop mentir, ce qu'il en coûte de réinventer le monde », « sans trop verser dans la propagande anarchiste » non plus.
(...)
Magnifique roman de la liberté, garanti sans « dieu, ni maître, ni mari. »

Compte-rendu complet sur le blog.

Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Petit roman pris au hasard sur la seule base de la 4ème de couv et surtout d'un retour sur l'histoire de l'horlogerie. Nous sommes dans le Jura en Suisse, fin du 19ème, dans le Vallon et plus précisément à saint Imier.
La vie n'est pas simple tant par son climat que les aléas de l'industrie horlogère qui bien qu'en plein développement, subit les récessions économiques.
La conditions des femmes n'est pas simple : pas de reconnaissance de leur droit à participer à la vie de la cité, travaux pénibles et/ou répétitifs, beaucoup sont veuves ou filles mères. Les enfants ont appris par leur mère à crier au curé : "au Jura il n'y a ni dieu, ni maître, ni mari"
Dix jeunes femmes, que la vie à déjà fortement marqué, décident de partir tenter leur chance au loin, pour certaines avec des enfants en bas-âge. Première destination pour deux d'entre elles, le Chili. Mais elles mourront vite car le pays est hostile. Qu'à cela ne tiennent. Les 8 autres jeunes femmes vont d'abord gagner et passer plusieurs années à Punta Arenas. Puis il y aura d'autres destinations, toujours pour trouver une terre où vivre dans une société nouvelle semble possible.
Roman assez noir, ces femmes sont très attachantes, courageuses, jusqu'au boutistes, même si la mort sera au bout du chemin pour certaines. Elles resteront soudées par un amour farouche de la liberté et l'espérance qu'un autre modèle d'organisation de la société, plus égalitaire, est possible.
Le style est dense, rythmé (134p) pour nous narrer cette épopée.
Je recommande.
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 "Il y a 140 ans, un hôtel de Saint-Imier ( Canton de Berne - Suisse ) avait accueilli le congrès libertaire qui a donné naissance à l'Internationale anti-autoritaire. Parmi les participants à ce congrès de septembre 1872, figurait le révolutionnaire et philosophe russe Mikhaïl Bakounine (1814-1876). La fondation de l'Internationale anti-autoritaire est intervenue à la suite de l'éclatement de la Première Internationale, mettant un terme au conflit opposant les socialistes dits marxistes conduits par Karl Marx, et les tendances libertaires défendues par Bakounine et le Suisse James Guillaume. Bakounine a vécu plusieurs années dans le Jura bernois. Il est mort et enterré en Suisse, à Berne. " "En juillet 2022 a eu lieu à Saint-Imier une rencontre internationale anarchiste pour le 150ème anniversaire du Congrès de Saint-Imier qui, en 1872, a vu les anarchistes du monde entier se donner rendez-vous ." La flamme ne s'éteint pas. le drapeau noir flotte toujours. C'est une histoire quelque peu oubliée, mais que nous retrouvons avec bonheur à travers le récit romancé de Daniel de Roulet. Elles sont parties de Saint-Imier. Ouvrières horlogères. Elles ont embraqué vers le bout du monde. de Suisse, jusqu'en Patagonie, sur l'île de Robinson Crusoé, jusqu'à Buenos Aires, pour fonder une communauté égalitaire, libertaire. Utopie? Peut être mais un espoir, la liberté en flambeau, que rien ne fera chavirer. Nous croisons la silhouette de Bakounine , nous respirons la Commune de Paris, nous saluons Louise Michel, nous revivons la relégation, nous comprenons la politique migratoire d'une Europe qui déportait ses mendiants, ses sans domicile, ses contestataires politiques, ses cerbères également à l'autre bout de la terre. C'est l'histoire également de toutes nos migrations européennes qu'il convient de ne pas oublier. Rien ne s'oublie. Un roman passionnant.

Astrid Shriqui Garain
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Histoire vraie, romancée ou pur roman ? Qu'importe ! Ça ce serait passé ainsi. Une description bien rude de la Suisse fin 1800, de la condition ouvrière et féminine et des utopies anarchistes !

Et départ ! Dix femmes en route pour l'Amérique du Sud parties pour fonder une communauté et qui se retrouvent confrontées à la brutale réalité d'une colonisation machiste et sanguinaire.

Comme un témoignage au plus près de la réalité, mais manquant malheureusement de panache... Et pourtant, quelle aventure ! Bref, un livre passionnant qui m'ennuya un peu à sa lecture. Paradoxal ? Un peu, sûrement.

Et finalement, j'aurais bien aimé que tout ceci fut vrai, qu'on aie pu avoir des vrais noms, des références, des photos d'archives et un petit texte de fin comme dans les films de Hollywood qui nous dirait que cette histoire fut tirée de faits réels…
Lien : https://www.noid.ch/dix-peti..
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Roman d'aventure et d'exploration.
J'ai découvert ce livre car je cherchais un roman de moins de 200 pages dont le titre comportait un terme du champ lexical de "petit". Sans ces 2 "contraintes" je n'aurais probablement pas choisi cette lecture.
C'est une magnifique découverte.
Dix jeunes femmes citoyennes suisses demeurant dans un village du canton de Berne à la fin du XIX siècle rêvent de sortir de la misère et de la dominance des hommes et des états.
Elles rêvent de vivre en liberté sans être jugées, en disposant des mêmes droits que les hommes et aspirent à voyager pour découvrir sur un autre continent la possibilité d'un monde sans état, sans politique.

Valentine, dernière survivante des 10, [Petit clin d'oeil aux dix petits nègres : "on était dix et à la fin on n'est plus qu'une"] nous conte le récit de cette utopie, de leur expatriation, de leur engagement pour la liberté.

C'est magnifiquement raconté !
Portraits de femmes des années 1850 à 1909 engagées, courageuses et combattantes.
C'est aussi l'univers de l'horlogerie suisse que l'on découvre dans ce roman.
De l'émotion, beaucoup de justesse et d'humanité.



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Beaucoup de sympathie pour ce roman profondément humain, original, fort bien écrit et basé sur un assemblage solidement documenté de faits réels. Certes l'histoire n'est qu'une fiction, mais, contrairement à ce qu'on pourrait croire, il s'en est passé des choses dans le milieu libertaire au tournant du XIXème au XXème siècle. Les tentatives pour créer "ici et maintenant" une utopie que l'on était pressés de voir se réaliser, sans attendre le lendemain du "grand soir", ont été nombreuses. La Cecilia, colonie montée par des militantes et militants italiens est la plus "médiatisée" (si l'on peut dire) mais les expériences se dénombrent par centaine. L'originalité du projet de ces jeunes libertaires du vallon de St Ismier dans le Jura suisse, c'est d'avoir voulu rester "entre femmes", au moins dans les premiers temps. Elles sont dix à mettre en commun leurs idées un peu folles et leurs maigres moyens financiers. Quelque peu abusées par la propagande de l'époque (incitant à l'émigration les Suisses les plus pauvres), elles choisissent une destination plutôt improbable : le Sud de la Patagonie. Mais la rigueur du climat et de l'accueil des colons déjà installés ne viendront pas à bout de leur résolution. Les luttes, les échecs, mais aussi les réussites (car le récit n'a rien de larmoyant) vont être nombreuses. Au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire, la petite troupe du départ perd peu à peu ses membres.
Parmi les multiples idées lumineuses de l'auteur, celle d'avoir choisi une forme de récit inspirée par "les dix petits nègres" d'une romancière célèbre...
Comme "mise en bouche" ou, selon votre souhait, comme "postface" je vous invite à écouter un débat avec l'auteur sur la RTS :
https://www.rts.ch/play/radio/nectar/audio/ni-dieu-ni-matre-ni-mari?id=9871869&station=a83f29dee7a5d0d3f9fccdb9c92161b1afb512db
"Ni dieu, ni maître, ni mari" une lecture que je vous recommande !
Pourquoi 4 étoiles et demi et non 5 ? Parce que j'aurais souhaité que le livre soit un peu plus "copieux" : il y avait matière à développements !
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une passionnée de littérature, m'a prêté ce roman de 135 pages, bref un "petit" ouvrage qui s'est révélé être un grand.
Le parcours de dix ouvrières de l'horlogerie suisse à la fin du 19ème siècle. Dans une époque où la femme a peu de latitude, elle découvre les mouvements politiques ouvriers socialistes et surtout anarchistes. Ni dieu, ni maître, ni mari, devient le fil rouge de leur pensée. L'écriture est fluide, l'histoire pleine de rebondissements, l'approche historique enrichissante du milieu utopique de la période. le contre pied de Rouge Brésil (que je n'ai pas aimé, voir ma critique) c'est ce "Noir Chili".
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