Le Malheur national brut.
Ou est le bonheur ? Ah ils le cherchent (les personnages du roman)? C'est un but ?
Même pas.
Ou est la somme des joies ? Dans quel assemblage de moments ?
Trente ans et des poussières d'une vie et que de regrets, de larmes, de renoncements !
Alors voilà pour une fois, je m'y colle, aux livres de la rentrée.
C'est le sujet, l'histoire d'amitié sur 30 ans, c'est l'époque, les années 80, qui m'a donné envie d'ouvrir ce roman. Et la photo de couverture. Ah que d'insouciance dans ces regards. Mais la photo fige un instant, elle rend immortel le plus infime moment de joie. Et si c'était le point de départ d'une grosse erreur ? Croire que l'instant observé peut ainsi se prolonger ?Bon oui, j'aime cette photo.
Mais peut-on aimer un livre pour sa couverture ?
Je crois que j'apprécie ce roman pour ces errements. Et je pense que je ne l'aime pas pour les mêmes raisons. Les ficelles sont grosses. Des gosses de province sont amis de loin. Est-ce cela l'amitié ? On sort de ce récit en se disant qu'ils sont amis juste parce qu'ils se connaissent depuis des années, depuis l'enfance et qu'ils ont grandi dans le même village. On ne sent pas cette amitié de tous les jours, qui remplit le temps, qui soulage la peine, qui agrémente la joie. C'est faute de mieux qu'ils sont amis. Ils sont tous isolés, terriblement seul dans leurs existences. On attend les petits moments entre eux, des confidences, les silences qu'ils sauraient se partager. Un seul instant dans le récit sort du lot, lorsqu'ils sont sur le bateau. Chut… je n'en dis pas plus.
Mais dans l'ensemble, ces petits moments en creux ne viennent pas. Ils ne sont ensemble qu'à l'instant de fêtes. Celui du bac celui de…etc..
On peut aussi regretter l'absence des années 90. On passe subitement des années 80 à la fin des années 2000… Oups, comme ça vingt ans s'envolent. Pourquoi ? Il n'y a rien à dire sur les années 90 et le début des années 2000?
Ok on les retrouve changé, il y a ceux qui ont réussi et celui qui a… Faut pas trop en dire.
C'est bien écrit, mais il manque quelque chose. Il manque de la chair. Il manque de l'émotif, du sensible. Contrairement à des critiques lus sur Babelio, je ne trouve pas attachant les liens entre les 4 amis, alors que des personnages de second plan, eux le sont bien plus, attachant.
Dans l'ensemble il manque une tendresse diffuse, un petit quelque.
L'évocation du sida est bien faite, parce que subtile. La grande histoire par le biais de la politique française, un peu lourd. Par contre le personnage qui est dans l'entreprise, donne une bonne idée du travail de cadre, de l'ambiance dans une grosse société. Ce qu'on pourrait dire sur les personnages c'est que chacun à leur manière englobe une part de notre société ; L'artistique, le politique, l'économique agrémenté par une touche sociale.
« Paul » est le personnage le mieux écrit. Normal, me diriez vous, c'est le narrateur.
La fin, comme si l'auteur commençait à maitriser son sujet, prend plus d'épaisseur, mais du coup, il en fait trop. Dur de trouver le ton juste. Ensuite quelque chose m'a gêné.
Il y a un narrateur principal, Paul. Et les autres personnages sont évoqués à la troisième personne du singulier. Pourtant parfois, quelqu'un, qui ne semble pas être Paul, nous prend à parti, il s'adresse directement à nous, lecteur. Ça casse le rythme, on se demande pourquoi, ce trait d'humour, de complicité, s'il s'était imposé dès le début, n'aurait pas été gênant, mais lorsqu'il s'insinue brusquement au détour d'un aparté, semble complètement déplacé.
Ca donne l'impression que l'auteur ne sait pas ou placer le regard. Etrange.
Dans l'ensemble je ne dirais pas que c'est un grand livre, mais il a le mérite d'évoquer presque un demi-siècle, de raconter la vie de quatre personnes, que j'ai du mal à qualifier d'amis, de nous rappeler que monde qui recherche
le bonheur national brut sans le trouver.