On sait qu'en 1758 M. de Bougainville fut envoyé à la cour pour supplier le roi de donner à sa colonie de la Nouvelle-France des secours en hommes et en vivres. Le ministre Berryer se réveilla de sa somnolence et chargea Pierre Desclaux et fils et d'autres armateurs de Bordeaux de préparer une expédition de secours pour le Canada. C'est le capitaine Canon qui se chargea de conduire à Québec la flotte qui portait les provisions pour la population de la Nouvelle-France presque réduite à la famine. De là l'expression flotte du capitaine Canon dont les anciennes relations se servent souvent.
A Orléans, Crémazie n'avait aucune occupation fixe. Il y attendait la fin de la Commune pour retourner à Paris.
Dans une de ses pérégrinations solitaires à travers la ville, il fit la découverte de la bibliothèque publique. Elle contenait plus de trente mille volumes. Le bibliothécaire, "un beau vieillard à figure monastique", était très affable et très complaisant. Crémazie se lia d'amitié avec lui et il passa, ensuite presque toutes ses journées à la bibliothèque, étudiant les vieilles chroniques d'Orléans.
Le froid, très rigoureux cet hiver, nous a aussi fait beaucoup souffrir. Les pauvres diables comme moi ne pouvaient pas payer le bois deux sous la livre. Force nous était donc de nous réchauffer à la flamme du patriotisme. C'est très beau dans une proclamation, mais cette flamme sacrée vous laisse joliment grelotter quand vous êtes seul en tète à tête avec elle, au coin de votre cheminée qui n'a pas vu de feu depuis plusieurs mois.
Presque toutes les relations du siège de Québec en 1759 mentionnent la flotte du capitaine Canon ou Kanon. Dans son Journal, Montcalm en parle également à deux ou trois reprises. Le chevalier de Lévis y fait aussi allusion dans le Journal de mes campagnes. Mais tous les renseignements donnés par les différentes relations sur cette mystérieuse flotte sont confus quand ils ne sont pas contradictoires.