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EAN : 9791020911285
128 pages
Les liens qui libèrent (07/09/2022)
4.19/5   58 notes
Résumé :
Dans ce petit essai d'intervention, le député-reporter, François Ruffin parcourt l'histoire de France et nous invite à reconquérir notre temps, à en redevenir les maîtres. A l'heure où la question des retraites anime le débat politique, c'est un véritable contre- projet de société qu'il développe et propose à tout un chacun.
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Curieux de savoir ce que contenait cet essai de François Ruffin, je n'ai pas été déçu du voyage.
L'auteur illustre par les faits qu'il rapporte, les propos de l'anthropologue du bassin minier Séréna Boncompagni " le grand enjeu politique qui prédispose à un vote Rassemblement National, c'est l'assistanat."
A la question lancinante de savoir pourquoi l'électorat ouvrier a déserté les partis de la gauche traditionnelle Ruffin apporte des réponses concrêtes qui dépassent les postures d'appareil.
Loin de considérer que ces électeurs épousent toutes les thèses du FN, il apporte avec précision une analyse très fine de la réalité de ce que vit cet électorat au quotidien, dont la gauche traditionnelle ne parle jamais.
Il fustige ainsi des postures trop souvent partisanes prenant en compte plus des logiques d'appareils que la volonté d'apporter des réponses à ces attentes.
Il explique notamment, comment par une action de terrain, à l'écoute des électeurs, par exemple à Amiens Nord, la tendance au vote FN a pu être inversée, ce qui pouvait sembler hors d'atteinte.
Mais dit-il, "(...) je ne veux pas devenir l'arbre qui cache la forêt." en pointant du doigt la submersion par le FN de nombreuses régions de France.
Il appelle la gauche à un sursaut et à une requalification de son logiciel anti RN, marqué par des slogans qui n'ont plus cours et ne signifient rien aux yeux de ceux qu'ils sont sensés faire changer d'avis.
Les "jugements" fustigeant les électeurs et non pas les raisons qui les poussent à faire le choix RN "(..) signent surtout notre renoncement."
Le coup est rude, mais salutaire !
Il enfonce le clou : il n'y a "pas de déterminisme géographique." "il ne faut pas opposer quartier et campagne" même si les résultats électoraux peuvent laisser entendre le contraire.
"JLM bien en avant dans les cités, en retrait dans les zones pavillonnaires."
C'est la politique d'accession à la propriété à marche forcée, pronée par tous les gouvernements depuis 40 ans, souvent pour des raisons opposées, qui est la cause de situations économiques inextricables, lorsque les services publics disparaissent, que l'emploi se délocalise, que la voiture devient essentielle pour la vie de tous les jours.
Comment faire alors ?
Travailler et vivre ensemble répond Ruffin.
En privilégiant le terme travail, il s'inscrit en faux contre les thèses sur "la fin du travail" ou même le "revenu universel". Mais il ne se situe pas pour autant du côté de l'utopie, mais du côté d'une utilisation différente des gains de productivité dans les entreprises pour la redéployer vers des tâches aujourd'hui essentielles et non financées comme celles liées à la transition écologique.
Le vivre ensemble repose sur des projets nationaux dont le pays manque cruellement depuis 40 ans. Projets nationaux reposant sur la reconnaissance des métiers oubliés ou jugés mineurs.
"C'est là que la gauche a perdu : qu'a-t-elle à dire sur le travail, aux travailleurs, de leur utilité ? Alors que c'est une leçon du premier confinement (...) la société a besoin de travail mais de quel travail ? (...) (former aux métiers) qui oeuvrent au bien commun"

Un souffle d'oxygène sur le débat politique qui manque d'ampleur aujourd'hui et se perd dans les méandres des appareils....



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Mes lectures se suivent et ne se ressemblent pas.
Entre deux romans ou autres autobiographies, j'ai pris quelques heures pour livre le dernier et court essai (132 pages) de François Ruffin qui, contrairement à d'autres, tente ici l'analyse et l'autocritique de la perte d'électorat de la gauche (largement entendue) au profit du Rassemblement National. Certes, le nombre de sièges de la gauche à l'Assemblée Nationale a considérablement progressé mais elle aurait tellement pu faire mieux...

Il le reconnaît lui-même, c'est un peu bâclé (tellement pris par les impératifs de sa fonction de député), mais il n'en reste pas moins que c'est sincère, argumenté et parfois de nature à faire grincer les dents de certains !

C'est pourquoi j'aime Ruffin ! Pour son honnêteté intellectuelle tout d'abord et pour sa volonté de rendre visible ce qui, aux yeux de tous, est invisibilisé. Ainsi, concernant les dix-sept métiers dits "essentiels", il revient sur les promesses faites par le gouvernement lors de la crise Covid, promesses non suivies d'effets hélas.

J'aime sa démarche de nous faire partager ses réflexions car dit-il, c'est par l'écriture, par les livres "que la pensée se forme à la fois chez l'auteur et chez les lecteurs, chez les citoyens. Ce sont des outils [les livres], plus que nécessaires, impératifs, au débat public. Un dirigeant politique, pour moi, doit écrire, et pas seulement des tweets, pas seulement "réagir" sur les plateaux télés, mais aussi réfléchir dans son intimité. Il doit écrire pour s'éclairer lui-même, et pour éclairer le chemin qu'il propose au pays. C'est le moment où sa parole mûrit."

D'aucuns devraient suivre son exemple... mais certains sont tellement englués dans leur mépris de classe, dans leurs certitudes de dirigeants, et dans leur pratique de la novlangue qu'ils n'auront jamais une once de courage pour le faire de façon suffisamment critique pour faire avancer le débat.

Ainsi dans ce court texte, Ruffin tente-t-il de comprendre et de nous expliquer la désaffection du vote populaire au profit du RN notamment à la périphérie des grandes villes, dans ces campagnes confrontées à l'abandon des services publics, à la désertification des services médicaux, hospitaliers, des transports et à la délocalisation de ses industries.
Fatalité ou erreur de stratégie de la gauche (largement entendue) persuadée de se reposer sur ses acquis ? Telle est la question.

Il revient aussi sur ce qui, selon lui, fonde la "valeur du travail" et sur l'erreur qui consisterait à opposer ceux qui "travaillent" à ceux qui seraient des "assistés" car touchant des aides. A partir d'un exemple précis (Zoubir et ses frères extrait de Quartier Nord écrit par Ruffin en 2006), il démontre que certains n'ont d'autres choix que de devenir des "cas soc" car leur origine, leur implantation géographique, leur faible niveau d'instruction, les a priori les écartent d'emblée des postes - même à faible qualification - les excluant de fait de toute vie sociale (pouvoir accéder au crédit pour s'acheter une voiture, accéder au logement, construire sa vie avec sa petite amie, etc.). Il montre qu'en polarisant ainsi l'attention sur les plus marginalisés, cela évite de polariser l'attention sur ceux qui, beaucoup plus haut, se goinfrent à ne plus savoir que faire de leur argent ! En effet, il ne faut pas se tromper de combat et en divisant et en faisant s'opposer le petit peuple d'en bas, ceux d'en haut sont assurés de rester des intouchables !

Il évoque également l'évolution des mentalités en matière de temps de travail et s'interroge sur la pertinence ou pas de mettre en place un revenu universel pour tous. En fait, à partir de cette thématique, il souligne ce qui, depuis une quarantaine d'années, a contribué à "l'écrasement du travail" et, avec lui, à la paupérisation de la classe dite "moyenne", à la perte de sens pour un grand nombre de cadres, agents de maîtrise, d'employés, professions libérales, etc., ainsi qu'à la descente aux enfers pour les catégories aux faibles revenus.

Enfin, il démontre que ce qui manque à la France c'est avant tout un projet stratégique et politique d'ensemble qui permettrait à tous d'apporter sa contribution, sous quelque forme que ce soit, à plein temps ou à temps partiel, bénévoles ou rémunérés, de construire ensemble. Car du travail il y en a pour peu que nos gouvernants fassent les bons choix. Car les enjeux de l'urgence climatique devraient imposer au gouvernement, mais aussi à tous, de se montrer créatifs et volontaristes pour relever le défi qui est le nôtre !

Certes, dans la forme, on voit qu'il manque d'un peu de recul et de développement dans l'écriture, néanmoins, certains arguments font mouche. J'espère qu'ils seront entendus par toutes les composantes de la gauche progressiste ! Et puis, contrairement à d'autres, Ruffin n'analyse pas de façon théorique. Sa préoccupation, c'est avant tout l'humain. D'où un mode de pensée pragmatique qui s'attache à expliquer le vécu des gens concernés, à souligner les incohérences du système et à rechercher des solutions constructives pour améliorer leur bien-être et leur rapport au monde. Peu d'hommes politiques sont capables d'une telle proximité, d'une telle empathie vis-à-vis de son prochain. Et, pour Ruffin, ce n'est clairement pas une posture. Il les revendique !
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En introduction de ce court ouvrage, François Ruffin s'excuse du style de cet essai en expliquant que son activité de député ne lui laisse pas suffisamment de temps pour se retirer et se consacrer à l'écriture, mais il aurait été dommage qu'il ne publie pas ces réflexions sur la place du travail dans la société. On pourrait certes déplorer un côté un peu décousu, mais le contenu est tellement intéressant que cela ne m'a absolument pas dérangée.
François Ruffin écrit du front de la Somme, mais il aurait tout aussi bien pu écrire depuis la Lorraine (région également touchée par la désindustrialisation et confrontée à la montée du RN), et c'est sans doute pour cela que ce livre m'a tant touchée et intéressée.
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François Ruffin a fait un travail de recherche pour l'écriture de ce livre.
Il mentionne des philosophes comme Emmanuel Told.

Je n'ai pas aimé qu'il glorifie Jean Luc Mélanchon et une certaines lecture de sa vision de la gauche.

Néanmoins, je rejoins toutes les autres approches de son livre.

J'ai trouvé malin, le fait qu'il interroge les personnes sur s'il partent en vacances et si quand il était enfant cela était aussi le cas.
Hélas, le constat des vacances en dit long sur notre pourvoir d'achat.

Il y a des témoignages qui date de 2006 dans son essai, c'est regrettable qu'il puisse transposé en 2022 soit 16 ans après .La situation n'a pas changé cela n'a fait que s'érodaient concernant la perte du pourvoir d'achat.

Merci à lui donner de la visibilité aux salariés, aux ouvriers car lui il au moins ne les a jamais oubliés.

C'est livre dresse aussi une analyse claire de pourquoi le RN rassemble d'avantage.

Il y a une idée que je trouve génial et hélas pas assez relayé quand j'ai entendu pour tout le monde.
Que vous soyez Vincent Bolloré , Bernard Arnault ou Yvette à Kernevel, José à Givors vous ayez droit au même prestation sociale et non au de la d'un seul vous avez rien.

François Ruffin montre dans ligne de son livre que le collectif est le plus important.

Au plaisir de lire les prochains.

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Un politique honnête, humain, soucieux du bien être des ses contemporains qui analyse les rapports de force, les échecs de la gauche, les succès du rassemblement national, sur le plan local qu'il connaît bien (en Picardie) et au plan National.
Des constats, des témoignages, des tranches de vie jalonnent cet essai qui tente de comprendre une situation de plus en plus inégalitaire, discrédite le discours de la dynastie le Pen qui se trompe de cible quand elle stigmatise les assistés étrangers qui volent le pain des vrais Français mais qui récolte les fruits d'une inaction coupable de la gauche. du réalisme, du bon sens, de l'empathie, un plaidoyer pour un « faire ensemble » qui reste à construire.
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critiques presse (1)
Bibliobs
22 décembre 2022
Dans « Je vous écris du front de la Somme » (Les liens qui libèrent), François Ruffin estime que la gauche doit renouer avec l'imaginaire du travail, afin de reconquérir les catégories populaires. Cette stratégie a soulevé cette lettre de Saïd Benmouffok.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Voilà qui rappelle le « jeu du bien public », évoqué par Pablo Servigne :

« Autour d’une table, on réunit un petit groupe de participants. Chaque joueur reçoit une somme d’argent, et ils peuvent contribuer à un pot commun, qui se trouve au milieu. À chaque tour, les chercheurs prélèvent le contenu du pot, ils doublent la somme, et ils la redistribuent à parts égales, quel que soit le niveau de participation. Donc, si chacun mise, ça roule, tout le monde y gagne. Mais si certains misent peu, ou rien, eh bien les altruistes, qui ont cru au collectif, ils en sortent perdants…

Eh bien, en moyenne, les joueurs placent la moitié de leur pécule, la moitié, même lorsqu’ils ne se connaissent pas. Ils font largement confiance. Mais toutes les expériences témoignent de la même dynamique : au bout d’une dizaine de tours, les mises s’effondrent, les participants cessent de contribuer au pot commun, avec des niveaux proches de 0 %. Chacun décide de garder ses billes. Pourquoi ? Parce qu’ils constatent que, dans le groupe, des joueurs ne s’en sont pas privés. Il suffit d’un gars, d’une fille, d’une poignée, et ça suscite du dégoût, on l’a analysé dans des zones du cerveau.

Au onzième tour, des scientifiques ont dit : “On va mettre une nouvelle règle, vous avez le droit de punir un égoïste. Vous pouvez lui retirer ses gains.” Aussitôt, les niveaux de coopération regrimpent à 80 %, 90 %, presque 100 % ! Même, les gens sont prêts à payer pour punir les égoïstes ! »
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P51 : "Notre grand souci, donc est que l'univers des riches est devenu invisible. Les espaces géographiques du Travail et du Capital se sont dissociés. B.A. dispose d'un hôtel particulier à Paris, d'un autre à Courchevel, ... Mais qui le sait ? Qui le voit ? Personne. Ne restent que les inégalités de proximité".
P110 : "La République s'est fondée sur ses hussards noirs, et voilà qu'on les remplace par des job dating!"
P123 : "Le vivre ensemble, c'est le machin qu'on a inventé, et qu'on radote, pour combler un vide. Que fait-on ensemble ? la réponse, cruelle est : rien. Ensemble, nous ne faisons rien. Quel projet, depuis 40 ans, portent nos dirigeants ? Aucun, tout juste être "compétitifs"...
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Par expérience, inutile de contester, on ne fait que s'enliser.
Tous ont un cas, un cas bien réel, un cas de proximité, un cas qu'ils connaissent fort bien, le fils du voisin du dessous, le cousin du beau-frère, untel allocataire du Secours populaire, un cas qui les obsède, un cas qu'ils ne lâcheront pour rien. Plus vous démentez, idéologiquement, plus ils argumentent, très concrètement, avec des chiffres, des agendas, des précisions et des détails. Vous entrez dans une guerre de tranchées que vous perdrez.
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Cette note, je l’avais découverte avec moins de colère que de soulagement. Au moins, la couleur était affichée, affirmée, on sortait de l’hypocrisie. Et après Florange, après Gandrange, dans une Lorraine cent fois trahie, François Hollande la traduirait d’un sommaire : « Perdre les ouvriers, ce n’est pas grave. »
Eh bien si, c’est grave : c’est perdre plus que « des segments »,son âme.
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Les Français voient bien que l'histoire récente s'écrit de moins en moins dans leur langue et ils ont surtout la conviction qu'elle se fait de plus en plus en dehors d'eux, analyse Marcel Gauchet dans Comprendre le Malheur français. Le rôle de la France dans le monde est en train de s'effondrer dans l'esprit des gens. Disons qu'ils se résignent mal à ce qu'ils ressentent comme une diminution et qu'ils ont le sentiment d'être dépourvus d'instruments d'action pour contrer ce mouvement de déclin.
Ce qui est perçu le plus profondément, c'est que le monde et sa marche vont contre ce que nous sommes et que, face à ce rouleau compresseur, nous ne sommes pas défendus. C'est le cœur du reproche principal fait à la fois aux hommes politiques et aux médias : les élites ne nous défendent pas parce qu'elles sont les alliées du mouvement de modernisation et de mondialisation dans lequel la spécificité française est appelée à se dissoudre.
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