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EAN : 9782711201297
224 pages
Les Arènes (20/02/2019)
3.79/5   152 notes
Résumé :
Emmanuel Macron et François Ruffin ont grandi derrière les mêmes grilles, celles du lycée La Providence à Amiens.

Très vite, leurs chemins se séparent.

L’un devient reporter en Picardie, porte-voix des « gens contre l’argent », réalisateur de Merci patron ! et député de la Somme.

L’autre choisit Paris et l’Ena, la commission Attali, la banque Rothschild, le palais de l’Élysée… Une vie entière dans le cocon des institution... >Voir plus
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Ruffin, c'est le député-reporter, modèle de représentation parlementaire, tant il à tissé de liens avec la France, « notre » France - Oligarchie auto-bannie. C'est le mec qui fait rentrer le peuple, en maillot de foot, à l'Assemblée ; ce qu'on lui a vivement reproché, retenue sur salaire en prime.

Ruffin, c'est aussi un homme de coeur. Ça crève les yeux comme une balle de LBD40. Un coeur à Gauche pour équilibrer un esprit droit. Un coeur capable de saigner des blessures du peuple, innervé qu'il est, pour mieux en dénoncer les causes, tenter quelque chose.

Ruffin écrit, Ruffin décrit. La vie de ces « Jojo » en gilet jaune et des autres ; sans gilet de sauvetage eux, mais dans la même galère. Ça rame dans la cale, sécession sur le pont.
Éparpillées aux quartes vents, des fragments de vie dépeignent une France omise des capitaines, invisible même, haut-perchée qu'est la vigie Elyséenne.

Ruffin accuse, Ruffin excuse. Tantôt cynique, tantôt critique, c'est aussi la vie du jeune M-o-n-a-r-c* qu'il décortique.
Cette France, il tente de lui faire comprendre pourquoi il ne peut pas la comprendre. Comprendra-t-il ? Lira-t-il au moins ?
Rien n'est moins certain...
Enarque, Banquier, Ministre… du Candidat au Chef d'Etat, une collection de titres, un palmarès sinistre pour un tel cuistre.
Tout ça bien sûr, au seul mérite.
« -Merci copain.
-De rien Lapin ».
Insatiable séducteur, accumulateur de sponsors. Arnaud, Niel, Drahi… bien pratiques pour l'arène médiatique. Hermand, Jouyet, Attali... bien pratiques pour l'arène étatique.

Ruffin, c'est pas de la littérature, c'est le cri des vies qu'on rature.

* Anagramme fortuit
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On ne présente plus François Ruffin, député LFI, journaliste (fondateur de Fakir), documentariste (Merci Patron!) et surtout défenseur des plus humbles. On ne présente pas non plus Emmanuel Macron...
Curieusement, ces deux hommes que tout oppose se connaissent de longue date puisqu'ils fréquentaient le même lycée, celui de la Providence à Amiens. Mais s'ils se sont côtoyés dans leur jeunesse, ils n'ont jamais sympathisé et suivront des chemins bien différents, faculté de lettres et école de journalisme pour l'un, ENA pour l'autre. 

En 2017, Emmanuel Macron devient Président et François Ruffin, député de la Somme sous l'étiquette de la France insoumise. Il n'y a plus d'amitié possible. 

Quand, fin 2018, le mouvement des gilets jaunes se déploie sur toute la France, François Ruffin est à leurs côtés. Partageant les sandwichs, se chauffant les mains aux braseros des ronds-points, le journaliste recueille la parole de ceux qui ne s'expriment jamais, ceux que Jean-Pierre Raffarin appelait "La France d'en bas". Ce sont des caissières, des ouvriers, des auxiliaires de vie. Ils s'appellent Patrice, Martine ou Mohammed. Ils sont français, ils travaillent et pourtant ils n'arrivent pas à joindre les deux bouts. S'ils sont là, dans le froid, c'est pour crier leur colère et leur déception. Car parmi eux, certains ont voté Emmanuel Macron, persuadés qu'avec lui, leur vie serait un peu meilleure. Mais un an plus tard, le constat est amer. Leur vie n'a pas changé, c'est la même, en un peu pire.

Alors en cette fin 2018, François Ruffin rédige "Ce pays que tu ne connais pas", une longue lettre ouverte au Président de la République. Retraçant le parcours d'Emmanuel Macron depuis ce fameux lycée d'Amiens, François Ruffin analyse cette formidable ascension vers le pouvoir. Car dès l'ENA, de bonnes fées, déguisées en puissants hommes d'affaires se sont penchées sur le berceau politique d'Emmanuel Macron, lui ouvrant un impressionnant carnet d'adresses et lui offrant de solides soutiens financiers. Puis les médias ont pris le relais, ce fameux "quatrième pouvoir" qui peut faire et défaire la carrière d'un homme en quelques articles. Emmanuel Macron a très tôt compris l'utilité de se constituer un réseau influent et toute cette partie du livre consacrée aux amitiés utiles, aux complicités médiatiques qui ont ouvert la voie vers l'Elysée est passionnante.

Alors oui, François Ruffin est un homme en colère, un homme de combat. Et ce qu'il reproche à Emmanuel Macron n'est pas tant de côtoyer "La France d'en haut" que de ne pas voir celle d'en bas. Il dénonce l'imposture d'un homme qui, alors qu'il préparait son élection, a fait croire à beaucoup de français qu'il défendait aussi des valeurs de gauche. Mais comme le souligne si bien François Ruffin, pouvait-il encore défendre ces valeurs, une fois installé sur le trône? Car accepter l'aide de banquiers et d'hommes d'affaires, c'était déjà choisir son camp et, surtout, c'était s'engager à ne pas le trahir. 

Derrière l'humour qui souvent m'a fait rire, le livre est un document à charge, c'est vrai. Mais c'est bien plus qu'un cri de révolte, c'est aussi le fruit d'un long travail de recherche, richement documenté. En homme droit et intègre, François Ruffin a voulu mettre des noms sur ces "grosses ficelles", ces hommes influents qui attachent Emmanuel Macron. Il pointe aussi du doigt les dérives d'une ambition démesurée. Mais surtout, il a voulu donner une voix à tous ceux que la misère a réduits au silence. Ceux-là dont le bulletin de vote compte autant que le bulletin d'un ministre mais qui n'iront plus forcément voter, parce qu'ils ne croient plus en rien. C'est pour eux que François Ruffin est devenu député, par amour, tout simplement. Car l'homme a le coeur pur et incroyablement généreux. Il s'est placé du côté des faibles pour leur montrer qu'ensemble ils pouvaient devenir forts. Et s'il siège à l'Assemblée, ce n'est ni pour la gloire ni pour les grasses indemnités qu'il reverse d'ailleurs en partie à des associations. Contrairement à nos dirigeants, sa richesse ne se compte pas en actions Pfizer. le trésor de François Ruffin, c'est le lien fraternel et la clarté d'une vie politique sans compromis.
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Après dix-huit mois de mandature et un événement social considérables (le mouvement des Gilets Jaunes), François Ruffin a décidé de publier un nouvel essai journalistique, Ce pays que tu ne connais pas, écrit comme un appel à la raison et au réel adressé au président de la République Emmanuel Macron.

Une construction duelle
François Ruffin a décidé de construire ce nouveau récit politique par un face-à-face entre deux personnalités liées par un même lieu : un lycée d'Amiens, où se sont côtoyés sans se connaître Emmanuel Macron et François Ruffin justement. L'un est devenu président de la République, l'autre son opposant. Comment est-ce possible et qu'est-ce qui les différencie tant ? alors qu'on pourrait supposer qu'un parcours similaire aurait pu les rapprocher, c'est l'inverse qui se produit. Dans ce face-à-face sociologique, l'auteur se met en scène, comme il le fait dans ses deux films (Merci patron ! et J'veux du soleil !, ce dernier co-réalisé avec Gilles Perret), mais met en lumière un troisième personnage, qui est la constante référence pour jauger l'un et l'autre à l'aune de l'actualité : le peuple. Comment Emmanuel Macron et François Ruffin pensent-ils leur rapport aux classes populaires ? L'avantage d'une telle construction est qu'elle permet de mettre facilement en perspective des prises de position différentes sur des événements communs (cet ouvrage est publié en plein mouvement des Gilets jaunes, ce n'est évidemment pas anodin) et des moments personnels de chacun des deux protagonistes.

Un style pamphlétaire
Afin de réaliser ce duel politique, François Ruffin a opté pour un style franc et direct, comme il en a l'habitude en fait dans d'autres publications qu'il a déjà réalisées. Cet ouvrage se veut une adresse directe au président Macron afin de régler le principal problème de son pouvoir « jupitérien » : son éloignement constant de la vie quotidienne de la plupart des gens, des classes populaires. Pour montrer cet état de faits, l'auteur use donc de phrases parfois crues, parfois alambiquées, mais toujours dans un but précis : démontrer la déconnexion chronique du pouvoir présidentiel d'avec ses administrés. Faisant partie de la classe moyenne intellectuelle qui sait que le basculement de sa classe doit se faire d'abord dans les esprits, l'auteur fait acte militant avec cet ouvrage et nous fait réfléchir, en tant que lecteur et citoyen, à notre proximité très relative avec M. Macron et notre proximité bien plus réelle avec ceux que François Ruffin vient faire témoigner par son discours.

Du pur journalisme de terrain
On peut détester le personnage, trouver le style trop direct même, mais par contre il est difficile de ne pas voir dans cet ouvrage une belle forme de journalisme de terrain. Bien sûr, le député-reporter est parti sur le terrain avec un angle de reportage, mais il a surtout accumulé chiffres accablants, anecdotes croustillantes et interviews en masse. On en apprend de belle, évidemment. Les lecteurs du journal Fakir (« Journal fâché avec tout le monde. Ou presque ») ne seront pas perdus, puisqu'on retrouve ici le ton volontairement roublard du reporter amiénois. C'est ainsi l'occasion de faire se côtoyer au sein d'un même récit et de pages communes l'aide-soignante au bord du burn-out et le banquier d'affaires qui oublie qu'il y a des gens derrière les millions d'euros qu'il administre, l'ouvrier et le représentant politique qui lui rend visite sans piger un broc de qu'il fait toute la journée, ou même le chômeur et l'homme politique qui va l'enjoindre à ne pas attendre tout de l'autre. L'ensemble est efficace par son caractère implacable.

Ce pays que tu ne connais pas est donc un bon essai d'actualité qui saisit la portée des structures dans notre prise en compte de la réalité ; dommage bien sûr que l'auteur lui-même fasse ce comparatif instructif avec le président Macron, mais il n'empêche que l'exercice fait mouche et est bien utile en ce moment.

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Les portraits de deux adolescents sont extraits de vieilles photos de classe et sont associés dans un montage. A gauche, François Ruffin, les épaules voûtées, semble réservé et mal à l'aise. A droite, Emmanuel Macron affiche sous les boucles de ses cheveux un sourire enjôleur. Les deux hommes ont fréquenté le même établissement privé à Amiens mais leurs destins ont suivi des voies diamétralement opposées. Dans « Ce pays que tu ne connais pas », François Ruffin s'adresse directement à Emmanuel Macron. Ses propos sont – on s'en doute – féroces. Il lui reproche son arrogance, son mépris et son manque d'empathie. Des défauts qu'il cherche à comprendre, parfois avec maladresse quand il tente de fouiller la psyché de l'élu. Heureusement, l'auteur quitte rapidement la veine pamphlétaire. Il est bien plus redoutable quand il retrace la trajectoire éclair de son rival qui ne doit rien au hasard ou à la chance. Emmanuel Macron a travaillé pendant des années* à se construire un réseau, à additionner les amitiés, à fréquenter les grands patrons et les cercles du pouvoir. Autant de soutiens précieux pour sa future campagne qu'il saura remercier une fois élu. L'auteur dénonce une élite politique et économique solidaire, organisée et cupide qui nage dans le grand bain du conflit d'intérêt. Je connaissais mal le travail de François Ruffin (je n'ai jamais lu son journal et je n'ai pas vu son documentaire). Ce livre semble se nourrir des articles et des ouvrages préalablement publiés. Il rappelle ses combats menés comme journaliste ou député (Whirlpool, Goodyear, le scandale de la Dépakine). Il nous fait part de son goût pour le réel et de sa volonté de plonger dans l'arrière-cour de la «mondialisation heureuse», de partir sur les routes à la rencontre des « laissés pour compte » pour les écouter et leur donner la parole. Dans « Ce pays que tu ne connais pas », François Ruffin poursuit son projet de représenter le « pays réel » et de dénoncer l'imbrication du pouvoir politique, du pouvoir de l'argent et du pouvoir des médias. Une entreprise qu'il mène avec passion (depuis vingt ans), talent et... désintérêt.



* Ruffin cite l'ancien secrétaire d'Etat Christian Eckert qui révélait dans son livre qu'à Bercy, les Macron organisaient simultanément un apéritif et deux dîners dans trois salles de réception avant de rejoindre une autre sauterie en seconde partie de soirée. Tout ça sur le budget du ministère et pour préparer une campagne personnelle…
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En ce début d'année 2019, l'actualité est chargée pour François Ruffin ! Après l'annonce de la sortie de son nouveau documentaire intitulé « J'veux du soleil » et consacré aux Gilets jaunes (vu et avant-première, à voir absolument !), le député de la Somme sort en parallèle un livre surprise consacré cette fois au président. Une sorte de biographie non officielle de Macron, dont Ruffin oppose le parcours au sien. Ce n'est aujourd'hui un secret pour personne, bien que les deux hommes se connaissent depuis peu, le hasard fait qu'ils ont grandi dans la même ville (Amiens) et ont fait leurs études dans le même lycée privé (la Providence) à peu près au même moment (il s'agissait en fait d'un camarade de classe de sa soeur aînée).

Les similitudes s'arrêtent toutefois là : Ruffin opte rapidement pour une carrière de reporter en Picardie et se met au service de tous « ces gens qu'on ne voit pas » : les intérimaires, les aides-soignants/aides-soignantes, les chômeurs/chômeuses, les ouvriers/ouvrières… du journalisme (il créé son journal « Fakir » en 1999 et écrit pour le Monde diplomatique ou encore Acrimed), il passe à l'écriture (« Les Petits Soldats du journalisme », « Leur grande trouille »…), puis au cinéma (avec son documentaire consacré à Bernard Arnoult : « Merci patron ! »), puis à la politique, avec son élection en 2017 en tant que député de la première circonscription de la Somme. Si la méthode change, l'objectif reste toutefois le même : donner de la visibilité à cette « France d'en-bas », celle qu'on ne voit ni à la télévision, ni dans les journaux, et encore mois dans les institutions : « 88 % des personnes montrées dans les sujets d'information appartiennent au CSP+. La même chose qu'à l'Assemblée : les ouvriers-employés comptent pour 2,7 % des députés. Quand les diplômés – médecins, avocats, DRH, consultants, enseignants, journalistes… - trustent les sièges. Et ce Parlement se prétend « représentation nationale » ! Étrange démocratie où la majorité est invisible. ». Avec beaucoup d'humilité et de lucidité, Ruffin nous parle de son travail, de son long combat sur le terrain auprès des travailleurs en passe d'être licenciés, des précaires, des oubliés, bref, de « ceux qui ne sont rien ». Il nous parle aussi de ses prises de consciences depuis son accession au statut de député, de la quasi-absence de contre-pouvoir (« Je ne veux plus de président, tout court, plus de président-soleil, astre autour duquel la vie tourne, avec sa cour et ses députés-toutous, président qui concentre en lui (presque) tous les pouvoirs, plus intelligent que soixante millions d'habitants, et qui se prend tantôt pour « la figure du roi absent », tantôt pour « quelque chose de napoléonien », le président-despote, comme Montesquieu définissait le despotisme : ce régime « où un seul entraîne tout par sa volonté et par ses caprices »), à la parodie de débat et de démocratie qu'offre cette Assemblée qui vote au pas et à des cadences infernales (« Avec les missions et les commissions, les projets de lois, dont vous nous gavez, à nous faire siéger du lundi au dimanche, sept jours sur sept, et des sessions extraordinaires l'été, tous les jours et parfois la nuit, à faire passer le glyphosate à 2 heures du matin. Quel temps me reste-t-il pour les gens ? Pour respirer ? Pour lire ? Pour écrire ? Pour penser ? »).

Le véritable sujet du livre de Ruffin n'est toutefois pas lui-même, mais sa Némésis : Emmanuel Macron. Macron dont il retrace lui aussi le parcours, en s'appuyant sur les biographies officielles, les interviews, les articles de presse. Un parcours en totale opposition avec le sien, celui d'un homme charismatique qui n'a pas son pareil pour séduire ses interlocuteurs, et qui a toujours gravité dans le même cercle : celui de l'argent et du pouvoir. Les « gens qui ne sont rien », Macron ne les côtoie pas, il ne les connaît pas. Non, son entourage à lui, c'est plutôt « les premiers de cordés » : des milliardaires, des énarques, des banquiers d'affaires et des patrons de grandes entreprises ou de grands médias. Autant de gens qui auront, chacun leur tour, un rôle déterminant dans la carrière de cet homme qui prétend (avec un aplomb formidable) qu'il s'est « construit tout seul ». Tout seul, mais avec l'aide tout de même de ses « amis » du Medef, d'Henry Hermand (c'est lui qui réglera le mariage des Macron au Touquet et qui signera au couple un chèque de 550 000 euros pour l'achat de leur appartement à Paris), de Jean-Pierre Jouyet (ancien secrétaire d'état sous Sarkozy, ancien banquier, ancien inspecteur général des finances qui l'introduira dans l'équipe de campagne de François Hollande), de Xavier Niel (PDG de Free qui court sur toutes les antennes vanter les qualités de ce « super président »), de Bernard Arnault (patron de LVMH et première fortune française avec qui Macron déjeune régulièrement), et puis de Patrick Drahi, de Bolloré, de Lagardère… Bref, le gratin ! C'est édifiant, c'est révoltant, et le pire, c'est l'arrogance, c'est l'hypocrisie qui permet à cet homme qui prétend « s'être fait tout seul » de sortir qu'un chômeur ne doit pas « tout attendre de l'autre » ou que la vie politique doit être moralisée : « Dès votre élection, vous avez promu une « loi de moralisation de la vie publique » Vous ! Vous qui incarnez la corruption d'un système pourri, mité, d'une démocratie décrépite, digérée par l'oligarchie, si sûre de sa force qu'elle installe son banquier à l'Élysée ! Vous, avec votre entourage, qui n'est fait que de ça, de conflits d'intérêts, de stock-options, de conseils d'administration, de collusion avec les firmes privées ! Et « moralisation » ! Vous osez tout ! ».

Avec « Ce pays que tu ne connais pas », François Ruffin signe une tribune à charge contre Macron dont il démystifie brillamment l'image qui nous est vendue depuis des années sur les papiers glacés des magasines et dans les reportages complaisants. D'un petit génie ayant accédé aux plus hautes fonctions de l'état à force de travail et de détermination tout en se prétendant de gauche (« mais la gauche, ça se mérite ! »), Macron est ravalé au rang d'intellectuel raté, charismatique, oui, mais dont le seul mérite réside dans le fait d'avoir bien su s'entourer de gens puissants qui l'ont porté jusqu'au sommet de l'état. Un sommet en haut duquel les Marie, les Peggy, les Zoubir, bref, les gens ordinaires qui constituent la majeure partie de la population française, n'existent tout simplement pas.
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J’ignorais qu’Emmanuel Macron, c’était comme Voldemort dans Harry Potter : « Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ». Et puis merde. Je suis remonté au créneau, au micro, plus prudent désormais, sans citer le nom interdit : « Je persiste à trouver problématique qu’un inspecteur des finances passe dans une banque d’affaires avec son carnet d’adresses. Que, chez Rothschild, notre inspecteur des finances ait Lagardère comme client, qu’il revienne ensuite dans le public, et pas à n’importe quelle place, en tant que secrétaire adjoint de l’Élysée, et que là, il négocie encore pour Lagardère la cession des parts d’EADS ! Mais cette fois au nom de l’État. Il y a là une confusion des genres. Surtout quand l’industriel en question, M. Lagardère, trouve que le deal a été ‘‘formidable’’. Et enfin, l’ancien inspecteur des finances devient candidat à la présidence de la République : le groupe Lagardère lui prodigue alors des louanges à longueur de colonnes. Il y a là un cas d’école qui marque l’imbrication du pouvoir politique, du pouvoir de l’argent et du pouvoir des médias. Cela rentre donc pleinement dans notre débat sur la moralisation de la vie publique. »
Je pourrais être plus précis sur les négos à l’Élysée, fort détendues, entre les Lagardère boys et vous. Sur les 1,8 milliard de plus-values. Sur la joie de vos partenaires : « Ils ont été for-mi-dables ! Enfin des responsables qui gèrent les participations de l’État comme s’ils étaient un fonds de pension… »
Mais faut-il s’attarder ? On voit l’idée.
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(S'adressant à Emmanuel Macron...)

Voilà votre rêve: un monde fonctionnel, "efficient", avec des humains qui se conforment à l'économie, et un pays qui se conforme à la mondialisation. Au-delà de vous, au-delà de votre oligarchie, c'est cette vision du monde, desséchée, mécanisée, de l'humain, du pays, que je combats, et je proclamerais presque: l'âme d'abord! Je suis, et avec moi des millions de Français, je crois, et les Gilets jaunes en première ligne, nous sommes habités d'un désir d'autre chose, "autre chose" que cet économisme étroit, "autre chose" que la concurrence mille fois ressassée, "autre chose" que la croissance comme but sur Terre, "autre chose" que le ciel bas et lourd de la finance qui pèse sur nos coeurs comme un couvercle... Quoi donc? C'est obscur, c'est confus, mais en gros, je dirais, les liens plutôt que les biens, une envie de fraternité, de faire tomber les cloisons invisibles, entre nous et en nous. Qui n'éprouve pas cette glaçante solitude? Le chacun pour soi érigé en règle? Qui n'en rêve pas, à l'occasion, de secouer son égoïsme, d'embrasser les autres comme des étoiles? La voilà, dans notre société, la force souterraine, massive, explosive, prête à surgir comme un geyser...
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Page deux cent trois :

Vous êtes fou. Je vous écoute et je me dis : « Il est fou ».

Vous êtes frappés d’Hybris, de la démesure, des héros antiques qui se prenaient pour des dieux. Dans la tragédie grecque, le sort s’acharne alors sur ces vaniteux, le malheur crève la montgolfière de leur ego, bref, les ramène à leur humaine condition, les yeux percés d’Œdipe pour enfin voir. Le ciel est vide, désormais, les dieux sont morts. Mais en démocratie, vox populi vox dei : c’est au peuple de remplir cette fonction, de vous ramener à la réalité et à l’humilité, pseudo-Jupiter qui remet les pieds sur Terre. Les Gilets jaune n’ont pas suffi, semble-t-il, vous avez repris votre envol comme Icare, trop près du soleil.
C’est que vous n’êtes pas seul. Cette hybris, cette démesure, ne vous est pas propre. Elle vous dépasse. C’est celle d’une classe qui s’est coupée du monde commun, qui s’est détachée de la nation. C’est celle d’une caste qui a vu ses revenu exploser, et qui néanmoins défiscalise, optimise, paradise, panamise, caïmanise, qui relègue l’intérêt général derrière celui des multinationales, qui cumule rachats d’actions dividendes golden parachute et autres stock-options, et qui, en même temps, en même temps, sans honte s’en va prôner au peuple des salariés, des retraités, de se serrer la ceinture, de faire des sacrifices. Bref, c’est celle d’une élite qui se place au- dessus de l’humanité, de ses lois, sur un Olympe pour nantis, et qui se croit tout permis, et dont vous êtes une pure expression. Vous êtes fous, collectivement fous.
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Ça fait vingt ans, vous savez, que j’en récolte, des récits de frigo vide, de chauffage éteint l’hiver, de repas réduits à une biscotte, mais d’habitude ils sont chuchotés dans un appartement, en toute discrétion, quelques phrases jetées, bégayées, retenues, avec la garantie de l’anonymat, que ça ne sache pas au village, ou dans le quartier. Parce que le malheur ne suffit pas : il faut y ajouter la honte, la honte de ne pas s’en sortir, la honte de ne pas protéger sa famille, ou de ne pas lui offrir le bonheur conforme. Les pauvres se cachent pour souffrir.
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En dix ans, Sanofi a licencié un tiers de ses chercheurs, quatre mille dans le monde, deux mille en France. Cette année-là, la firme versait 3,8 milliard d’euros (soir cinquante années de Téléthon) à ses actionnaires, et en même temps, en même temps, visait « 1,5 milliard d’économie sur trois ans » passant « notamment par la suppression de 600 postes en France ». Mais comme ministre, ça ne vous choquait pas, cet usage des deniers publics. Vous n’en démordiez pas : heureusement qu’on leur versait des centaines de millions, à Sanofi, sinon…
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