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Citations sur Le collier rouge (283)

Voilà ce qu'avaient produit quatre ans de guerre: des hommes qui n'avaient plus peur, qui avaient survécu à tellement d'horreurs que rien ni personne ne leur ferait baisser les yeux. (p.32)
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Lantier observa la manière qu'avait ce vieux cabot de froncer les sourcils en inclinant légèrement la tête, d'ouvrir grand les yeux pour exprimer son contentement ou de les plisser en prenant l'air sournois pour interroger l'être humain auquel il avait affaire sur ses intentions et ses désirs. Ces mimiques, jointes à de petits mouvements expressifs du cou, lui permettaient de couvrir toute la palette des sentiments. Il montrait les siens mais, surtout, il répondait à ceux des autres. (p.64)
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Le juge avait une longue habitude de ces présentations. Il égrenait les données d'état civil avec une expression navrée. Les différences de date et de lieu qui définissaient chaque individu étaient fondamentales: c'était à elles que chacun devait être ce qu'il était. Et, en même temps, elles étaient si dérisoires, ces différences, si minuscules, qu'elles révélaient, mieux qu'un matricule, à quel point les hommes se distinguent par peu de chose. (p.18)
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Pendant ma permission, j'ai beaucoup lu. La guerre m'avait changé. Je n'imaginais pas que tout cela pouvait exister. Les obus, les peuples en uniforme, les combats où, en quelques minutes, des milliers de morts se retrouvent allongés en plein soleil. J'étais un petit paysan, vous comprenez ? Je ne savais rien. Même si je m'étais mis à lire avant la guerre, c'était des livres sans importance. Quand je suis revenu en permission, c'était autre chose : il fallait que je trouve des réponses. Je voulais voir ce que d'autres avaient pu comprendre de la guerre, de la société, de l'armée, du pouvoir, de l'argent, de toutes ces choses que je découvrais.
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- Salonique, reprit-il sans lever les yeux de son ouvrage, c'était un drôle d'endroit.
Il avait formé une cigarette dodue et il la pétrissait entre ses doigts noircis par les travaux manuels.
- Je n'ai jamais vu autant de gens différents. Des Français, des Anglais, des Italiens, des Grecs, des Serbes, des Sénégalais, des Annamites, des Arméniens, des Albanais, des Turcs.
- Mais c'était un général français qui commandait le corps expéditionnaire, non?
- Qui commandait! Il commandait quoi? Je vous le demande. Personne ne parlait la même langue. Personne ne savait ce qu'il devait faire ni où il devait aller.
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Il n'avait pas l'air d'un paysan, voilà. Il y a des êtres, comme ça, qui vivent hors de leur classe. C'est assez rassurant, vous ne trouvez pas ? On m'a beaucoup parlé de la lutte des classes. Toute mon enfance, mon père ne me parlait que de ça. J'ai accepté cette idée. C'est la réalité; on ne peut pas la refuser. mais quand il est mort et que je me suis retrouvée ici, à la campagne, je me suis dit que ce n'était pas suffisant. Il y a les êtres, aussi. Leur histoire peut les faire changer de classe, comme moi, par exemple. et puis, il y a ceux qui semblent vivre en dehors de tout cela, par eux-mêmes, en quelque sorte. (p.124-125)
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L'un des charmes des armées est que lorsqu'un ordre est donné, il faut un autre ordre pour l'abolir.
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Lui aussi, à l’évidence, était marqué par la guerre. Quelque chose, dans sa voix, disait qu’il était désespérément sincère. Comme si la certitude de mourir bientôt, éprouvée jour après jour au front, avait fait fondre en lui toutes les coques de mensonge, toutes ces peaux tannées que la vie, les épreuves, la fréquentation des autres déposent sur la vérité chez les hommes ordinaires. Ils avaient cela en commun, tous les deux, cette fatigue qui ôte toute force et toute envie de dire et de penser des choses qui ne soient pas vraies.
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Personne ne pouvait avoir vécu cette guerre et croire encore que l'individu avait une quelconque valeur.
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Il était devenu militaire pour être au service des hommes. C'était un malentendu, bien sûr. La guerre n'allait pas tarder à lui faire découvrir que c'est l'inverse, que l'ordre se nourrit des êtres humains, qu'il les consomme et les broie.
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