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Passionnante, instructive, cette bande dessinée fait réfléchir en nous offrant le témoignage de nombreux immigrés maghrébins venus en France pour y travailler en tant qu'ouvrier, chez Renault notamment.

On y découvre des motivations souvent identiques (motifs économiques) mais des points de vue variés, à propos du retour au pays, de l'attachement à la France, de la question de la nationalité, de l'intégration...

On réalise les conditions de misère extrême dans lesquelles ces hommes et ces femmes ont vécu, des bidonvilles insalubres, entourés de barbelés, la promiscuité avec huit hommes par chambre, le travail harassant. Des années de sacrifice conclues parfois par "l'aide au retour", les quelques milliers de francs pour cacher l'expulsion de ces travailleurs devenus indésirables.

Les pères, les mères, les enfants, tous nous font part de leur vision des choses, de leurs questionnements, de leur détresse, de leur colère. C'est bouleversant, marquant. le dessin, avec les personnages au visage zoomorphe, est bien adapté au propos. Sobre, efficace.

Un livre indispensable.
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Une émouvante adaptation en bande dessinée de l'essai Mémoires d'immigrés de Yamina Benguigui, qui donne la parole à ces immigrés maghrébins dont la nationalité changent au gré des aléas politiques de la région ou des choix de leurs parents.

A travers trois chapitres sur les pères, les mères et les enfants, Jérôme Ruillier croque les innombrables ouvriers qui oeuvrèrent dans les usines de Renault (jusqu'à 50 000 par année après les accords d'Evian), parqués comme des bêtes de somme dans des baraquements qui leur étaient réservés, à l'écart de la société française. Rejoints par leurs femmes grâce à la politique de regroupement familial, les hommes ne peuvent empêcher leurs enfants de renier leurs rêves d'un retour en Algérie.

Au-delà des nombreux témoignages et précisions historiques qui font de cette bande dessinée un vrai reportage sur l'immigration maghrébine, on retient surtout l'extrême solitude dans lesquels les pères et les mères furent plongés, que ce soit vis à vis de la société française ou de leur propre famille, et leur inaliénable attachement et reconnaissance à une France qui leur offrit du travail, à défaut d'autre chose. le cynisme de certaines situations attristent, tandis que d'autres, beaucoup plus rares, font sourire.

Une belle lecture.
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Ce roman graphique, publié avec le soutien d'Amnesty International, adapte l'oeuvre de Yamina Benguigui : Mémoires d'immigrés ! À travers les témoignages recueillis par Yamina Benguigui, Jérôme Ruillier apporte un éclairage bienvenu sur l'histoire de l'immigration maghrébine. Divisés en trois parties (les pères, les mères, les enfants), ces témoignages se complètent au fil des pages et offrent une vue d'ensemble sur le ressenti et le vécu de ces gens mal accueillis dans un pays auquel ils se sont finalement attachés.

Les pères, ce sont Khémaïs, Abdel, Ahmed et les autres. Une main-d'oeuvre bon marché, appelée en renfort par une France qui accepte volontiers ces bras supplémentaires qui viennent faire tourner ses usines, mais qui n'acceptera leurs différences qu'en de trop rares occasions, tel que la Coupe du Monde 1998. Des gens qui choisissent l'exil dans l'espoir d'une vie meilleure et qui se retrouvent souvent condamnés à exécuter des basses besognes dans des conditions de vie déplorables. Liberté, égalité, fraternité ???

Les mères, ce sont Zorah, Fatma, Yamina, Djamila…et les autres. Des femmes qui « profitent » du regroupement familial autorisé par Valéry Giscard d'Estaing pour rejoindre leurs hommes … dans la misère et l'isolement. Des femmes qui traversent la méditerranée en quelques heures, mais qui ont besoin de beaucoup plus de temps pour franchir le fossé culturel qui sépare les deux pays.

Les enfants, ce sont Farid, Myriem, Naïma… et les autres. Des gosses qui ont vu leurs parents courber l'échine pendant des années, qui veulent relever la tête et affirmer leur identité. Certains ont été élevés dans l'espoir d'un retour au pays, alors que d'autres ont été encouragés à s'intégrer, mais quasi tous se retrouvent le cul entre deux chaises, balancés entre leurs origines et ce pays qui a imposé un parcours du combattant à leurs parents et où « intégration » est un joli mot, mais rarement un fait.

Au niveau du graphisme, Jérôme Ruillierle coeur-enclume »)utilise des formes universelles pour donner corps à ces immigrés, soulignant ainsi que ces récits ne sont pas ceux d'une personne, mais de tout une communauté, celle des Mohamed. Ce dessin d'une grande sobriété, voire même un peu enfantin, permet de ne pas faire d'ombre à ce texte écrit à la main. L'auteur profite également de moments de respiration entre les différentes histoires pour se mettre en scène et partager ses propres pensées. Ces propos tombent malheureusement comme un cheveu dans la soupe et n'apportent absolument rien au récit.

Lisez également « Là où vont nos pères », témoignage muet, mais poignant du parcours des émigrants !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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"La ville blanche écrasée de soleil
Ou un jour, je suis né
Les rues en pente, le pont sur le Rhummel
Les jardins d'orangers"
Khémaïs, ouvrier spécialisé chez Renault cite Victor Hugo: "Dieu, ouvrez moi les portes des ténèbres, pour que je puisse rencontrer la lumière." C'est comme ça que je voyais la France...
En débarquant, j'ai rencontré l'indifférence (puis le racisme!) Et j'ai pensé que ça allait être dur... très dur!


"Non, je n'ai pas oublié
Bien que ma Vie ait changé
Mais le silence est une façon d'aimer"
Avec le choc pétrolier en 1970, le chômage apparaît... Les Algériens ou Français d'origine algérienne sont les premiers touchés ! Ils subissent l'hostilité de l'opinion.Le gouvernement Messmer décide le "gel" de l'immigration et en 1974, Giscard officialise le regroupement familial.


"Non, non, non
Non, je n'ai pas oublié
Tous ces voyages attristés
Mais, on n'a pas le droit de sacrifier
Le Présent au Passé"
Beaucoup de retraités maghrébins n'arrivent pas à dire : " Je veux mourir dans ce pays...Tu veilleras à ce que mon corps repose en direction de la Mecque ?"


"Mais aujourd'hui vous et moi
Ne pouvons rien changer
Non, non, non
Non, je n'ai pas oublié".
Enrico Macias.


A la recherche de cette difficile identité pour les Maghrébins, certains ont été tentés par l'Islam, d'autres ont été happés par la délinquance, beaucoup d'entre eux ont réussi leur intégration, déclare l'auteure Yamina Benguigui, fille d'immigrée dans les documentaires, tirés de son livre "Mémoires d'immigrés."
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Essentiel
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Cette mise en dessin des témoignages d'immigrés maghrébins recueillis par l'auteure Yamina Benguigui il y a plus de 20 ans, que je ne connaissais pas, m'a littéralement bouleversée.

La représentation des personnes avec des visages de chat (ou seraient-ce des souris?!) fait immanquablement penser à la B.D Maus et accentue le propos, je trouve.

Les témoignages sont bouleversants, un ouvrage qui devrait faire partie du programme scolaire. Lisez-le!
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Que sont les travailleurs maghrébins "importés par la France devenus ? Mais aussi leurs épouses et leurs enfants ? Comment ont-ils vécus le déracinement, l'arrivée dans un pays dont ils avaient beaucoup entendu parlé mais complètement différent du leur et pour tout dire, pas toujours très tendre à leur égards ?
C'est à quoi veulent répondre les auteurs, avec des rencontres et des interview qui laissent parler les gens. Certains parlent pour la prelière fois des déboires, des abus dont ils ont été victimes, malgré le profil bas qu'ils ont adopté. Les coutumes, pas faciles à abandonner et qui donnent un cadre. Même si elles sont parfois à 1000 lieux de celles du pays d'accueil. Ce qui ressort des interview toute en douceur c'est le courage et la force morale pour quitter tous ses repères, la volonté de s'intégrer malgré les obstacles et le peu de ressentiment envers les "Français de souche" pourtant pas toujours des modèles d'amabilité et e morale.
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Le titre "Les Mohamed" évoque cet amalgame dans lequel on peut enfermer sous un seul prénom des individus uniques. Grâce au pouvoir suggestif de l'image, le lecteur est amené à partager une écoute presque intime de ces hommes, ces femmes et ces enfants qui, dans une émouvante modestie, racontent comment il (elle) est arrivé(e) en France, comment il s'y est fait une vie. Ce que je garde surtout présent à l'esprit, après cette première lecture, c'est le courage avec lequel chacun fait face à la réalité pour tenter de construire et choisir son avenir. Merci à Jérôme Ruillier. Merci à Yamina Benguigui. Je vais lire son livre sans tarder.
Lien : http://www.traverseesafricai..
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Alors que les adaptations se font souvent du format écrit au format visuel, Jérôme Ruillier inverse la donne en transposant le livre/documentaire « Mémoires d'immigrés » de Yamina Benguigui en bande dessinée –quoiqu'ici, l'usage du terme « roman graphique » semble particulièrement recommandé en vue de la densité de l'ouvrage.


Dans l'oeuvre originale, Yamina Benguigui écoutait et rapportait les témoignages d'immigrés maghrébins installés en France. Jérôme Ruillier s'inscrit tout de suite dans un rapport de subordination et évoque la fascination qu'a provoquée la découverte de cet ouvrage. Celle-ci se mue bientôt en volonté de contribuer à son tour à ce recueil de témoignages. Même si l'on comprend quelles raisons personnelles ont donné envie à Jérôme Ruillier de s'impliquer, la démarche reste tout de même curieuse. En effet, après la parution d'un film et d'un livre de Yamina Benguigui, on peut se demander s'il est bien nécessaire de faire paraître ces témoignages qui n'ont d'original que leur format graphique. Si, en tant que lectrice, la démarche de cette parution m'a permis de découvrir un document que je ne me serais sans doute pas procuré autrement, du point de vue de Jérôme Ruillier, cette même démarche semble supposer une volonté de pallier à un inconvénient majeur de l'oeuvre de Yamina Benguigui : son manque d'accessibilité.


Que peut-on trouver dans les Mohamed[b] de Jérôme Ruillier qu'on ne trouvera pas dans le travail de Yamina Benguigui ? le seul ajout semble être le témoignage du dessinateur rencontrant les [b]Mémoires d'immigrés : celles-ci font écho à son expérience directe alors que sa fille va être scolarisée dans une école comptant 80% d'enfants d'immigrés, ainsi qu'à son passé et à ses rapports avec ses aïeux. Mais ces contributions restent modestes et comptent pour à peine quelques dizaines de pages perdues dans des centaines. Là ne se situe donc pas l'atout majeur de Jérôme Ruillier face à Yamina Benguigui. Pour tenter un comparatif plus hasardeux, on pourrait dire que les Mohamed constituent une version bande dessinée des Mémoires d'immigrés pour les Nuls : résumé, simplifié sans que le discours ne devienne simpliste, revêtant des formes qui paraissent peut-être plus accessibles qu'un texte ou qu'un documentaire, le lectorat sera sans doute plus large et plus diversifié que celui initialement concerné par le travail de Yamina Benguigui.


Laissons donc de côté les questions de l'intérêt de cette adaptation et reconnaissons que les Mohamed de Jérôme Ruillier paraissent aussi vivants et sont aussi troublants que de vrais hommes que l'on aurait pu rencontrer en chair et en os. Aucun type de discours n'est épargné : ni celui qui combat les préjugés racistes, ni celui qui les confirme, faisant de cette somme un recueil de témoignages qui ne semblent pas vouloir utiliser la parole d'hommes déracinés comme le seul moyen de construire une thèse purement intellectuelle. Et du format BD au format texte ou vidéo, il ne reste plus qu'un pas à franchir pour le lecteur qui aura été convaincu par l'adaptation de Jérôme Ruillier. Seul danger : cette-ci semble si réussie qu'on se surprend à se demander ce que l'on pourrait apprendre de plus dans les Mémoires d'immigrés… Comble de l'adaptation : lorsque l'inspiré s'empare du rôle de l'inspirateur !

Lien : http://colimasson.over-blog...
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Un ouvrage étonnant qui s'inspire du livre « Mémoires d'immigrés » de Yamina Benguigui, et qui apporte un regard sensible sur l'histoire de l'immigration maghrébine en France.
En trois parties – les pères, les mères, les enfants – Jérôme Ruillier apporte le soutien de son trait à des témoignages d'individus, comme autant de reportages graphiques.
Entrecoupé par des pages occupées par un unique dessin où il met en scène sa propre histoire et ses propres doutes, ce récit – le texte narratif occupe autant de place que le dessin – nous remet en mémoire la réalité brutale et sans retour de toutes ces personnes qui sont nos voisins.
Le dessin en noir et blanc très épuré nous rend proches et très humains ces témoignages.
Une belle réussite, pour un public habitué au roman graphique, et un bel acte d'engagement.
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