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sur 449 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Pris en otage par des terroristes, le jumbo jet Bostan, vol Bombay-Londres AI-420, explose en plein vol ne laissant aucun espoir aux voyageurs. Pourtant, deux hommes survivent : Gibreel Farishta et Saladin Chamcha. le premier est un célèbre acteur de Bollywood, une star adulée par le public indien, le second est un comédien lui aussi, installé en Angleterre où il vit du doublage de voix, la peau sans doute trop sombre pour obtenir un vrai rôle. C'est en chantant que les deux hommes atterrissent sur une plage anglaise, sauvés de l'explosion, mais transformés pour toujours. Gibreel devient l'ange Gabriel tandis que Saladin, affublé de cornes, de sabots et d'une queue, devient Cheytan, l'incarnation du diable sur terre.

Ainsi commencent Les versets sataniques qui avant même la parution officielle auront fait couler beaucoup d'encre et de sang. Inutile de revenir sur la fatwa, les autodafés, les exécutions, les attentats qui furent le fait d'extrémistes illuminés s'étant sentis humiliés et méprisés, par cette oeuvre, selon eux, anti-islamique et blasphématoire. Pour le profane, le livre se présente comme un conte, à caractère religieux certes, mais qui évoque aussi des sujets universels comme la lutte entre le Bien et le Mal, l'exil, le déracinement, la famille, le racisme, l'amour, la vie, la mort, la foi, etc.
Teintée d'onirisme et de réalisme magique, l'oeuvre, complexe, tourbillonnante, difficile d'accès, puise aussi ses sources dans la réalité. Salman Rushdie s'est inspiré de faits réels pour nourrir son roman, à commencer par l'attentat contre un avion d'Air India en 1985. On y croise aussi l'ayatollah Khomeini sous les traits d'un religieux dévorant son peuple, ou encore des fanatiques chiites persuadés que la mer s'ouvrirait devant eux comme devant Moïse et morts noyés en 1983. Mais bien sûr, le coeur du sujet est la vie et l'oeuvre du prophète Mahomet et l'épisode controversé des versets sataniques. Rebaptisé Mahound, le prophète est à Jahiliya (La Mecque) où il tente d'imposer le monothéisme quand Satan, sous les traits de l'ange Gabriel, le convainc d'accepter au côté de Dieu, les trois déesses vénérées dans la ville. L'épisode de cette concession au polythéisme qui met en cause un Dieu unique est vivement controversé par les musulmans et c'est ce qui a mis le feu aux poudres, plongeant l'écrivain dans le chaos d'une vie sous la menace d'une fatwa décrétée par un ayatollah iranien. Pourtant, Rushdie a bel et bien écrit un ROMAN qui laisse la place à son imagination foisonnante, certes inspirée par les mythes et légendes propres à sa religion, mais qui doit avant tout être lu comme une histoire inventée et non un pamphlet ou une exégèse.
Si l'on se détache des polémiques, il reste une vraie aventure littéraire, une montagne difficile à gravir qui nécessite une attention constante et qu'on referme avec la satisfaction, voire la fierté, d'en avoir atteint le sommet.
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Gibreel et Saladin sont dans l'avion qui les ramène à Londres quand celui-ci, sous le coup d'une attaque terroriste, explose en plein ciel. Aucun survivant, si ce n'est les deux compatriotes hindous qui voient leur vie transformée dès lors qu'ils touchent pied à terre...

Oh - My - God (ah pardon, ai-je blasphémé ?). Quand on ouvre les Versets sataniques, on ne s'attend pas à ça. Mais qu'est-ce donc que ce "ça" ? Une lecture compliquée générée par une écriture "fouilleusement" détaillée, une narration qui oscille entre omniscience de l'écrivain/omniscience des personnages, un style indirect-libre incommode, répondant à un stream of consciousness particulièrement personnel et alambiqué, le tout servi par un découpage difficilement appréhendable et des situations absurdes.
Et puis, et puis... Y a-t-il réellement besoin de garder ces 740 pages ? le récit ultime - celui qui vous fait ouvrir le livre, votre curiosité ayant été attisée autant par la sinistre renommée de son auteur que par le sujet - ne tient à tout casser que sur 300 pages, ce qui fait que comme des épisodes de Sunset Beach ou Amour, gloire et beauté, vous aurez beau sauter des feuilles et des feuilles, vous n'en aurez pas perdu une miette. Au contraire, vous vous serez épargné de lourdes sessions de lecture soporifique. Pour résumer : le lecteur lambda assez inculte des problèmes et enjeux religieux et historiques (et on ne peut pas lui en vouloir, vu la prise de tête constante qui anime notre monde contemporain) qui se jouent dans ce récit risque fortement d'abandonner sa lecture s'il n'opère pas de la sorte.
Quel est donc l'attrait de cet ouvrage mystérieux ? Les deux premières parties vous perdent complètement, jusqu'à ce que la troisième vous révèle le potentiel à venir (et c'est d'ailleurs là que vous comprenez quelles sont les parties à "zapper" pour que cette lecture reste un minimum agréable et intéressante). Gibreel et Saladin se voient métamorphosés en ange et démon, tels des incarnations des soi-disant Bien et Mal, sauf que l'on réalise avec Rushdie (lequel fait des apparitions fortuites mais à la fois amusantes et perturbantes) que le Bien, la religion, n'est finalement pas le chemin qui mène à l'absolue vérité, ni à la paix intérieure ; tout comme le Mal, l'impie qui renie ses origines et refuse toute grâce déiste, voit sa vie injustement chamboulée mais finalement récompensée par l'apaisement et la stabilité, malgré des souffrances. Il est à la fois aisé et extrêmement ardu de saisir pourquoi l'auteur fait l'objet d'une fatwa, sans doute parce que même si notre pays est censé être majoritairement peuplé de chrétiens, notre état et notre formation restent laïques pour qui le choisit (en ce qui concerne la formation), et surtout nous vivons dans un état de droits, y compris le droit à la liberté de penser (il n'empêche que par crainte d'insultants et dédaigneux commentaires, j'ai pris soin de cacher ma lecture dans les transports en commun, vu les extrémismes qui malheureusement traînent dans notre société). Rushdie s'interroge simplement sur le but de la religion, ses effets (positifs et néfastes), ses impacts ; questions légitimes à tout un chacun, pour qui se cherche et sonde le sens de la vie. Il n'y a de mon point de vue aucun mal à cela. Maintenant, si certains états pro-religieux considèrent que c'est une atteinte au Coran que de "jouer" avec les prédications de Dieu, alors nous pouvons essayer de comprendre l'offense. Toutefois, avec mon background laïque et mon état de droits, je pense qu'il faut bien être frileux et intolérant pour réagir de la sorte (tout comme je pense que je pense ainsi parce que je suis athée et que l'athéisme aide à la tolérance).
Certains passages dans lesquels par exemple Gibreel joue à Dieu et recrée le monde (en l'occurrence Londres) sont très intelligents. La fin m'a par contre gênée, dans la mesure où Rushdie décrit parfaitement la fin de vie difficile du père de Saladin, moment pénible à lire pour qui a vécu la même chose tant l'auteur sait décrire le réel. C'est d'ailleurs perturbant, sachant que l'intégralité du roman vacille entre réalité et fiction, rêve et cauchemar vivant...
En conclusion, j'ai le sentiment que Rushdie est parti dans un délire personnel indéniablement spirituel mais diablement écrit et laborieusement abordable pour le commun des mortels.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Après avoir lu Joseph Anton, l'autobiographie de l'écrivain concernant la période où la fatwa a été décernée suite à la parution des Versets sataniques, autobiographie qui m'avait beaucoup plu, malgré les longueurs, je m'étais promis de lire un jour ce fameux ouvrage qui incitait certains, sans même l'avoir lu le plus souvent, de condamner à mort son auteur, sans aucune forme de jugement.

C'est chose faite. C'est clairement irrévérencieux. Toutefois, cela ne vaut certainement pas le plat que certains ont cru devoir faire. Mais il faut dire que je me suis trouvée souvent larguée tout au long de ces sept cent cinquante pages - décidément Salman Rushdie aime les longueurs-. Donc cela démarre par l'explosion d'un avion suite à une attaque terroriste. Deux Indiens tombent littéralement sur Londres et survivent. Jusque là tout va bien, mais ce ne sont que les premières dizaines de pages. Ensuite, ensuite, l'oeuvre est truffée de références de culture britannique ou indienne et j'ai lu sans toujours comprendre.

Ce n'est pas désagréable, comme si vous assistiez à un long métrage où vous perdez parfois le fil mais cela ne semble pas important car vous en retrouvez un autre cent pages plus loin. De là à vous donner un véritable ressenti, j'en serais bien incapable.

Je suis tout de même contente de l'avoir lu et d'être arrivée jusqu'au bout. Plus, je ne dirai pas. Je pense que l'auteur a écrit d'autres plats de résistance tout aussi copieux mais plus accessibles. Du moins, je l'espère.
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Ça fait plusieurs années que j'avais de la curiosité pour ce livre. Les échos pouvaient être soit très bons, soit très mauvais. Finalement, le meilleur moyen de s'en rendre compte et de le lire par soi-même.

Le début de ma lecture a été assez laborieuse - d'autant plus que je me suis collée à la version originale ; le style de Salman Rushdie est très déroutant quand on ne le connait pas. J'avais parfois l'impression de ne plus arriver à suivre, d'être brinquebalée dans une histoire chaotique où je n'arrivais pas à discerner où l'auteur voulait en venir.

Ma lecture a fini par s'éclaircir petit à petit. Mais j'ai gardé jusqu'au bout une impression de rester en "surface" et de ne pas toujours comprendre là où on m'emmenait. Sans doute parce que beaucoup de références culturelles ne me parlaient pas beaucoup. Sans doute aussi parce que le style de Rushdie semble nous garder dans l'incertitude, entre rêve et réalité. J'ai parfois perdu mes repères, ne sachant plus que croire.

C'est peut-être là le but de l'auteur qui renverse certains grands principes moraux. Dans ce roman, il interroge les notions de Bien et de Mal. Qu'est-ce que le Bien ? Qu'est-ce que le Mal ? Nait-on bon / mauvais ou le devient-on ? Est-on prédestiné à être l'un ou l'autre, obligé de devenir ce qu'on nous impose d'être ?

Ce pan du roman m'a beaucoup interpelé et plu. J'ai beaucoup aimé la façon dont Salman Rushdie bouleverse les certitudes et malmène les deux principaux personnages pour nous amener à nous interroger sur ces questions de Bien et de Mal.

Et bien que parfois déconcertant, son style un peu décousu, passant d'une histoire à l'autre, nous plongeant dans la légende puis dans le cours d'un récit entre rêve (cauchemar ?) et réalité, revêt un côté "conte", "récit de légende" que l'on raconte au coin du feu.

Une lecture mitigée au final, car je reste sur une frustration : l'impression de ne pas avoir réussi à saisir toute la richesse du message de Rushdie.
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J'avais une certaine appréhension de ce récit dense à la réputation sulfureuse. J'en sors assez mitigée. J'ai dans un premier temps apprécié l'écriture, qui est vraiment traversée de passages fulgurants d'une grande beauté. L'imaginaire de l'auteur est également très riche et très créatif, peuplé de personnages loufoques aux destins parfois tragiques, parfois sublimes. Mais malheureusement cela n'a pas suffi à toujours me captiver. La narration un peu erratique cause des inégalités entre certaines parties de la lecture, qui font que j'ai parfois un peu lutté contre l'afflux d'informations et des arcs narratifs que j'ai moins appréciés que d'autres. Mais globalement, je trouve que c'est une lecture qui vaut le coup pour sa profondeur et son style aussi riche que psychédélique.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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Rêve ou réalité ?

Le livre commence sur une étrange scène : deux Indiens - Chamcha et Gibril - tombent d'un avion qui explose en plein vol : ils s'en sortent, sans que l'on ne sache jamais s'ils ont échappé à la mort ou s'ils sont passés dans l'au-delà. On pencherait pour la deuxième hypothèse puisque le plus honnête des deux, Chamcha, se trouve transformé en démon sous l'apparence d'un bouc. Il n'en guérira qu'en se livrant à la plus effrayante crise de haine destructrice. Tant qu'il veut rester calme et doux, il reste prisonnier de son apparence démoniaque. Dès qu'il se livre à la rage... il redevient humain. En passant dans cet au-delà, nos deux héros sont entrés, dans une dimension où le mal et le bien sont interchangeables, et où Satan, les démons et les anges ne se distinguent plus les uns des autres.

Gibril, acteur indien communiant peut-être avec l'archange Gabriel, remonte dans le temps et se souvient de sa rencontre avec le prophète. Salman Rushdie va parler de l'Islam, de la religion en général et de Mohammed en particulier en disant que tout cela n'est qu'un rêve fait par un acteur indien. Dérision à la clé. L'atmosphère est à la rigolade, à la moquerie pour suggérer que les versets révélés ne seraient que fabrication humaine.

Ne sont-ils pas humains les versets du Coran qui semblent n'exprimer que les désirs de Mohammed et les pulsions de son subconscient ? Humains les versets qui l'autorisent à épouser Zaynab, la femme qu'il désire (33,36-40) ?

Un autre épisode du livre évoque les fameux versets dits sataniques, connus des musulmans, dans lesquels Satan aurait fait dire à Mahomet « des paroles de compromission et de réconciliation » en parlant de trois divinités mecquoises. Cette révélation aurait été rectifiée et abrogée par celle du verset 52 de la sourate 22. Rushdie remet ici en cause l'image infaillible du prophète.

Le livre s'attaque au propre fondement de la religion musulmane selon laquelle Dieu aurait parlé à Mohamed et que le Coran est la transcription de ces révélations. Même si l'ange Gabriel, Gibril, est décrit comme le seul capable de distinguer les paroles de Dieu et les pensées qui venaient de Mohamed ; l'islam rejette tout discernement autre que celui du Prophète lui-même. Ma théologie classique a postulé pour un prophète infaillible.

Rushdie met ainsi le doigt sur le nerf le plus sensible du dogme islamique : comment une Parole divine peut-elle devenir Livre humain sans être conditionnée par les limites du langage humain, les pensées du Prophète qi la transmet ? Alors que cela est nié par les théologiens, Rushdie, au contraire, trouve le Livre trop humain, trop imbriqué dans les circonstances de la vie du Prophète.

Cela n'est pas s'en rappeler la crise que les chrétiens ont connu il y a plus d'un siècle où il était reproché une interprétation trop figée, trop statique mais qui aura permis de redécouvrir le milieu historique dans lequel s'est faite la révélation.



L'islam se retrouve dans cette crise mais à force d'un travail qui demandera à la fois patience et beaucoup de temps naîtra tôt ou tard à une nouvelle théologie de la révélation, ce qui permettra in fine d'affiner le message coranique.


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Déçue et perplexe...
Trop jeune à l'époque, je ne connaissais pas vraiment toute la violence et le fanatisme qui s'étaient déchaînés contre l'auteur après la publication de cette oeuvre, ne connaissant que le titre que je trouvais très beau avec sa construction en oxymore, mêlant Dieu et diable. Après avoir vu un passionnant documentaire sur Arte à l'occasion de l'automne littéraire, j'ai voulu enfin découvrir les Versets sataniques.
Et en terminant ce livre, je trouve que la vie de l'auteur est plus passionnante que celle de ses personnages, digne elle-aussi d'un sujet de roman. L'idée de départ est bonne, amener un ange du Bien et un combattant du Mal pour les faire s'affronter dans un Londres contemporain. Mais dans ce cas, pourquoi rajouter les longs passages sur Ayesha la prêtresse aux papillons, et Baal le poète ? Car si Gibreel y intervient (en rêve, dans son délire, ou dans des films), Chamcha ou une de ses incarnations en sont absents, ce qui empêche une véritable lutte. Et on comprend vite que l'idée est de montrer que le Bien et le Mal ne sont qu'une question de perception, Gibreel croit ainsi faire le bien en tuant des innocents.
De même, l'aspect fantastique en décalage avec le monde moderne n'est pas suffisamment creusé - là où j'adhère à tout, même aux papillons, dans Cent Ans de solitude, ou, en tout cas, il est toujours détruit par une explication rationnelle - délire dû à l'attitude, crise de schizophrénie...
J'ai donc trouvé de nombreuses longueurs, d'autant que le message est très appuyé : il faut se méfier de toutes paroles, elles sont détournées par des hommes sans scrupules dans leurs propres intérêts, ce ne sont pas les religions ou les croyances sincères qu'il faut critiquer, mais ceux qui les instrumentalisent. le passage sur les terroristes est d'ailleurs, dans notre monde post-11 septembre, dans la France d'après 2015, difficile à lire.
Finalement, les passages les plus intéressants ne sont pas ceux sur la religion ou sur la lutte entre le Bien et le Mal, mais ce sont ceux qui sont les plus actuels : racisme et discriminations, violences policières, difficulté d'intégration dans une société, transformations de la société indienne ; autres thèmes et passages passionnants, ceux sur les relations père/fils. C'est là où j'ai eu le plus d'émotions, les dernières pages.
J'en attendais donc plus, et reste sur ma faim. Quand on prend le temps de lire, Pas du blasphème ou une critique violente d'une religion, plus des passages grivois voire salaces, avec un humour gras.
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Je me suis imposée la lecture de ce livre afin de tenter de comprendre la raison de la fatwa émise à l'encontre de l'auteur. ... Qu'est ce qui a pu déclencher autant les foudres, la haine chez certains, ?
Ayant des connaissances basiques sur la religion musulmane de par mes origines, il me tenait à coeur d'avoir un semblant d'explication.
Et bien , il en résulte qu'après sa lecture, je ne suis pas plus avancée, je dirais même que rien n'explique ces événements. Bien évidemment, cela relève de ma position et vérité seule . Cela n'engage que moi.
En ce qui concerne l'écriture et bien ce qui me vient est : "il faut s'accrocher" et avoir de sérieuses références mais on y retrouve une certaine forme de poésie. J'ai eu une lecture hachurée par des moments de recherches. Merci wikipédia. Ce qui fait pour moi de la lecture, un moment d'apprentissage et pas de réelle détente bien au contraire.
On y retrouve un monde riche de cette ambiance du moyen Orient bien spécifique à l'auteur.
Lecture à conseiller aux amoureux de cette région du globe.
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Notre monde est partagé entre le bien et le mal depuis que l'homme s'est imposé en espèce dominante. Dans la nature, cette notion n'existe pas : il n'y a pas de morale chez les plantes et pas davantage chez les animaux... jusqu'aux primates qui ont développé une conscience d'eux-mêmes. Si c'est un peu simpliste, ce n'est pas loin de la vérité. Alors, comme ces Versets Sataniques oscillent entre le bien et le mal, je resterai dans cette ambivalence.
Tout au long de ma lecture, j'ai eu le sentiment tout à la fois d'aimer et de m'ennuyer aussitôt après. Un peu comme ces éditions bilingues : une page en version originale, l'autre traduite.
Ca foisonne comme dans un film de Tim Burton, les péripéties s'enchaînent comme dans un roman suédois (ceux de Jonas Jonasson en particulier), on passe d'une scène à une autre comme dans un rêve. Tout ceci n'est peut-être qu'un songe du reste.
Un des deux personnages principaux se transforme en bouc, on découvre une ville de sable où la moindre goutte d'eau peut lui être fatale, un avion est détourné par des terroristes, un bordel où les filles décident de ressembler aux concubines du harem du sultan, une trompette qui lance des flammes, un nuage de papillons divins et un pèlerinage quasi mystique jusqu'à la mer Rouge qui, selon toute vraisemblance, ne s'ouvrira pas devant les migrants. Et ces deux personnages centraux, l'un star de films théologiques à Bollywood, l'autre voix off pour des publicités et des films d'animation, censés symboliser le bien et le mal.
Dialogue entre mes deux moi :
- Salman Rushdie sait écrire et possède une culture imposante, ça on ne peut le lui enlever. Mais tout est si embrouillé dans ces versets qu'à moins de se confectionner une fiche de lecture – ou pouvoir avaler les 750 pages d'un seul coup – on est bien souvent laissé sur le côté, dans la marge. Et nous voilà devant en enchaînement de scènes où l'on peine à trouver le lien.
- C'est justement ce qui rend ce livre important, essentiel : une première et simple lecture ne suffira pas à y puiser la quintessence, tout comme une oeuvre de Mozart ou Van Gogh ne peut se comprendre à la première écoute ou vue. On y découvrira toujours quelque chose de nouveau. On appelle ça le talent, parfois le génie.
- Si le génie consiste à juxtaposer des scènes sans queue ni tête, jetées en pâture au lecteur impuissant, comme si l'auteur ne savait pas lui-même où aller, alors, effectivement, les Versets sont une oeuvre majeure.
- Ecrire, ce n'est que faire la moitié du chemin, le lecteur a sa part à accomplir. Plus le chemin sera semé d'embûches, meilleure en sera la satisfaction d'être arrivé au terme.
- Ma lecture est une récréation, pas un parcours du combattant. S'il faut exécuter le montage des scènes (au cinéma, on dit les rushes), alors autant écrire soi-même.
Reconnais au moins que la plume de Rushdie est d'une virtuosité magistrale. Sa vision du bien et du mal sort de l'ordinaire. Il réinvente les codes du genre.
- Personnellement, je préfère encore le traitement des comics (Batman, Superman), de Star Wars ou Harry Potter. Là aussi, il y a deux lectures possibles : au-delà des péripéties d'une histoire bien calibrée et exaltante où l'on ne s'ennuie pas une seconde, on laisse filtrer le combat éternel entre ces forces antinomiques.
- C'est un peu basique et sans aucune profondeur.
- C'est sûr, dans les Versets, il faut s'armer d'une pioche et d'une pelle pour atteindre les fondations.
- Je te propose de laisser passer un ou deux ans et d'ouvrir à nouveau ce roman.
- D'accord, rendez-vous dans deux ans.






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Ce roman m'a plus dérouté par son style d'écriture que par son contenu : c'est fouillis, parfois dense et parfois dépouillé, ça s'émancipe de la ponctuation en certains endroits... Autant certains passages se lisent facilement, autant d'autres sont assez perturbants et difficiles à digérer. Ceci dit, la lecture reste globalement assez plaisante.
En ce qui concerne la pensée sous-jacente, j'ai eu du mal à m'en saisir : critique de la société occidentale ? du dogme ? du manichéisme ? Difficile à dire, car les multiples récits se mélangent à peu près autant que les styles. Et après tout, ce n'est peut-être pas si important car Les Versets Sataniques sont avant tout une oeuvre littéraire. C'est-à-dire qu'on peut les lire sans avoir à les analyser sous toutes les coutures.
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