AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Olivier Orban (01/01/1976)
3/5   1 notes
Résumé :
Pour la première fois, le roman vrai d'un grand faussaire, l'un des plus grands du siècle : David Stein.
Ses dons de peinture, son habileté, la variété de sa production sont prodigieux. Ses faux Chagall, Matisse, Dufy, Modigliani, Picasso, ont été achetés par les collectionneurs et les marchands de tableaux les plus fameux, les musées les plus réputés.
Dans ce livre, David Stein nous raconte avec truculence les folies de sa vie d'artiste et de faussair... >Voir plus
Que lire après Le roman d'un faussaireVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Les faussaires ont toujours existé. On se souvient du célèbre Hans van Meegeren le légendaire copiste de Vermeer qui trompa les experts jusqu'à ce qu'il fit affaire avec Goering (les nazis, de leur côté, ne se privaient pas de piller des dizaines de milliers d'oeuvres d'art à travers l'Europe occupée…), ce qui lui valut d'être poursuivi après la guerre pour collaboration.
Mais il n'a échappé à personne que, avec la flambée du marché de l'art contemporain, les faux se sont multipliés sur le marché de ces vingt dernières années et sont devenus le cauchemar des experts (affaires Beltracci, Knoedler…)

Mais quoi ? les affaires de faux exhalent-elles encore un parfum de scandale ? On peut en douter quand on voit que dans tout ce beau monde, nombre de veuves et autres divers ayants droits mêmes, ne se sont guère fait prier pour monnayer des certificats d'authenticité, ou qu'en janvier de cette année a eu lieu une curieuse exposition au Musée de Springfield au Massachussetts … de faux ! et que, comble, des dizaines de milliers de dollars ont été dépensés pour assurer certaines des oeuvres prêtées, notamment justement une tête de Christ de Meegeren en provenance des Pays-Bas…. Si ce n'est pas faire feu de tout bois ? Tout est bon dans le cochon.

Mais venons-en à ce livre. David Stein est l'un de ces faussaires talentueux qui réussit même à tromper Picasso en personne.
Son père était médecin, collectionneur d'art et de peinture, passionné de musique, il le destinait à une carrière de pianiste et accessoirement de médecin… mais les événements de 1940 en décidèrent autrement.

David Stein conte ici le roman de sa vie, son enfance, son adolescence, son service militaire en Afrique où chargé de la décoration du mess des officiers, s'accentua son goût pour la peinture.
Son retour à Paris, ses indécisions, les petits boulots, le faisceau d'évènements et de rencontres qui l'amenèrent à devenir David Stein ou plutôt sa quinzaine de pseudonymes, et son incroyable et rocambolesque épopée en Europe et outre Atlantique jusqu'au bout du bout du banc.

Au risque de paraître un tantinet amorale, je n'ai pu m'empêcher de trouver le personnage attachant et tout compte fait plus respectable et moins cupide que ses « clients »…
Son récit est écrit tout en simplicité, avec des accents de sincérité qui vous rendent le personnage plutôt attachant (mais bon, n'oublions pas que c'est un faussaire hors pair) même si au fond on perçoit bien une jolie dose de vanité, En tout cas ce roman très instructif au demeurant pour ceux qui ignoreraient encore les duperies de ce milieu, se lit en un éclair.
Commenter  J’apprécie          130

Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Si la vision de tout artiste est irréductible à la vision commune, c'est que, dès son origine, elle est ordonnée par les tableaux et les statues - par le monde de l'art.
Il est révélateur que pas une mémoire de grand artiste ne retienne une vocation née d'autres chose que de l'émotion ressentie devant une oeuvre : représentation théâtrale, lecture de poèmes ou d'un roman pour les écrivains ; auditions pour les musiciens ; contemplation de tableaux pour les peintres. L'âme bouleversée par un spectacle ou un drame est soudain obsédée par la volonté de l'exprimer et, y parvenant, on ne le rencontre jamais.
"Et moi aussi, je serai peintre" pourrait être l'expression rageuse de toutes les vocations.

Selon les biographies légendaires, Cimabue admire Giotto, berger qui dessine des moutons. Selon les biographies véridiques, ce ne sont pas les moutons qui donnent au Giotto l'amour de la peinture, ce sont précisément les tableaux de Cimabue. Ce qui fait l'artiste, c'est d'avoir été dans l'adolescence plus profondément atteint par la découverte des œuvres d'art que par celle des choses qu'elles représentent et peut être celle des choses tout court".

(André Malraux. Les Voix du silence)
Commenter  J’apprécie          10
La clé : la spéculation.
La Plupart des grands collectionneurs, s'ils misent plutôt sur les tableaux que sur les valeurs boursières, les métaux précieux ou le cours des changes, c'est que le profit y est plus grand, en même temps que plus flatteur.

Mais qu'on ne s'y trompe pas. L'art pictural est détenu par un très petit noyau de milliardaires, toujours les mêmes, et qui préféreraient faire une collections de papiers hygiéniques de différents formats, couleurs et épaisseurs, si celle-ci s'avérait plus lucrative !

Bon, mettons que j'exagère un peu, que parmi ces privilégiés, il en existe qui soient, réellement, amoureux des tableaux qu'ils s'offrent à coups de millions. Il n'en reste pas moins qu'ils monopolisent la quasi-totalité de la production artistique contemporaine, inaccessible de ce fait à l'homme moyen - par définition très éloigné de l'état de milliardaire- qui souhaiterait accrocher chez lui l'oeuvre de ses peintres préférés.
Commenter  J’apprécie          10
Mon travail consistait à aviser les journalistes des événements qui étaient censés avoir lieu pendant le tournage du film (que Minelli faisait sur Van Gogh). ... Arrive un camion.... Il avait l'air d'une roulotte.... Ils étaient six à l'intérieur qui peignaient un tableau de Van Gogh que Kirk Douglas dans le rôle du peintre, devrait exécuter aux différents moments de sa fabrication.

Certes je savais qu'on faisait des copies de tableaux, et aussi des faux. Mais de voir là, dans ce camion, tous ces gens en train de peindre comme des fous un faux Van Gogh -ce passage, en somme, du travail de faussaire au stade industriel- m'a beaucoup intrigué. Dehors, il y avait Kirk Douglas, avec l'ébauche du "Vol du Corbeau", et, à l'intérieur, ces pseudos peintres occupés à réaliser les états successifs de l'oeuvre. Le spectacle était jubilant.
Commenter  J’apprécie          10
Le premier marchand à qui je proposais l'aquarelle me répondit aussitôt :
- Si vous aviez un certificat d'authenticité, je vous la prendrais tout de suite...
J'interrogeai Corbier, qui n'en n'avait pas. Je lui proposais alors d'aller en demander un au maître lui-même, à Monte-Carlo. ... J'étais en réalité très heureux de ce prétexte pour rencontrer le vieux peintre (Von Dongen)
...
Le maître peut-il me recevoir ? demandai-je.
Et pourquoi ? m'interrompit cette imposante personne.
Avant même que j'aie pu exposer quoi que ce soit, elle tendit la main vers le paquet que je portais sous le bras et me lança :
- Si c'est pour un certificat d'authenticité, c'est 2000 francs. Je suis madame Van Dongen et c'est moi qui vous le donnerai.
J'étais abasourdi.
...
... Elle n'avait même pas déballé le paquet.
Commenter  J’apprécie          10
Pour moi, les marchands vivent en symbiose avec le faux. Les exemples que je connais peuvent être multipliés à l'infini. M. Petrides a sur ses cartes de visite "Expert auprès du Conseil supérieur des Douanes". Je ne connais pas beaucoup d'aussi savoureuses plaisanteries. ....Je ne voudrais citer comme information que le testament de Lucie Valore, femme d'Utrillo, qui recommande de ne pas utiliser Petrides comme expert des Utrillo, ce qui ne manque pas de sel quand on pense à la quantité d'Utrillo que Petrides a authentifiés.

Il faut comprendre avant tout qu'un marchand à qui on propose un tableau, en dessous de son cours, ne se pose pas la question de savoir si c'est un faux, mais envisage combien et comment il pourra le revendre.
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : faussairesVoir plus

Autres livres de David Stein (1) Voir plus

Lecteurs (6) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1084 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}