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Marguerite Pozzoli (Traducteur)
EAN : 9782742767779
227 pages
Actes Sud (30/05/2007)
3.61/5   127 notes
Résumé :
Voici l'incroyable et véridique histoire de Han Van Meegeren, peintre traditionaliste né aux Pays-Bas en 1889, qui, éreinté par les critiques de son époque, décida de se venger de manière grandiose : il réalisa plusieurs faux Vermeer dont certains furent considérés par la presse comme des chefs-d'œuvre du maître de Delft. Ce n'est qu'en 1945 que la supercherie fut découverte, quand la police saisit la collection de Goering, et que Van Meegeren fut accusé de haute tr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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sur 127 notes
Un peintre raté reçoit la visite, simple formalité, du Service de la Sécurité néerlandaise. Pris de court, accusé d'avoir vendu à Goering le tableau attribué à Vermeer « le christ et la femme adultère », persuadé pourtant d'avoir pris ses précautions entre les divers vendeurs et acheteurs du tableau, il ne peut ou ne veux pas se défendre de cette collaboration avec l'ennemi nazi.
Puis il craque, et avoue qu'il a peint lui-même ce Christ.
Pourquoi devenir faussaire ?
Luigi Guarnieri explique fort bien d'abord que Vermeer a produit très peu, qu'il a été oublié pendant longtemps, éclipsé par Rembrandt et de Hooch, qu'ensuite les critiques d'art ne pensent qu'à une chose : exhumer une oeuvre du passé, qu'en plus ils ne sont pas d'accord entre eux, rivalité plus forte que l'expertise.
Enfin, van Meegereen, appelé par l'auteur VM a essuyé de vrais camouflets de la part de ces soi-disant experts. Il ne crache pas sur la fortune, cependant son ressort premier est la vengeance.

Il s'isole donc durant quatre longues années dans le sud de la France, étudie les stupéfiantes couleurs de Vermeer, où dominent le bleu ciel et le jaune, couleurs complémentaires que le peintre manie avec subtilité. le bleu vient du lapis-lazuli broyé, remplacé parfois par de l'azurite et le bleu de Saxe, cependant VM achète à Winsor et Newton de Londres des lots de lapis-lazuli. Il étudie la manière de provoquer des craquelures crédibles, en chauffant dans un four spécial certaines couches de peinture (une jeune fille ayant disparu dans les environs, il est soupçonné d'être un nouveau Landru.)
Il finit par dévoiler par personne interposée son oeuvre, les experts s'extasient, il se prend au jeu, ses tableaux réputés chefs d'oeuvre de Vermeer exhumés du passé se vendent si cher qu'ils atterrissent dans les musées, à La Haye ou à Amsterdam. Lui se garde bien d'apparaitre au grand jour, il met en place entre lui et les acheteurs tout un filet de protection.
Des faux peuvent être pris pour des vrais, ce qui est le cas de la jeune fille au chapeau rouge de la National Gallery de Washington, ou du butin de guerre de Napoléon 1·. Des tableaux authentiques peuvent passer pour des faux, comme un tableau de Rembrandt. « L'art de la peinture » considéré comme un de Hooch, acheté par Hitler qui l'accroche à Berchtesgaden, devient providentiellement un Vermeer en 1938, alors que la côte du premier dépassait de beaucoup celle du second. Il figure sur la couverture du livre.
VM ne veut pas seulement être un brillant faussaire, il veut, de tout son coeur, être un grand peintre, capable d'égaler Vermeer, il prétend redonner vie au peintre oublié pendant deux siècles, en tournant le dos à l'art « dégénéré » des Picasso et compagnie, et il y arrive.

Proust est passé par là, lui qui en 1902, lors d'un voyage aux Pays-Bas, avait contemplé la vue de Delft. Il aurait voulu écrire plus quant aux travaux de Swann sur Ver Meer qui rendent folle de jalousie Odette (A-t-il souffert par une femme, est-il encore en vie ?), en revanche, lors de l'exposition Vermeer prêtée par le Musée de la Haye, Proust raconte la mort de Bergotte devant le petit pan de mur jaune de Delft à cause de la beauté entrevue :
« Cependant la gravité de ses étourdissements ne lui échappait pas. Dans une céleste balance lui apparaissait, chargeant l'un des plateaux, sa propre vie, tandis que l'autre contenait le petit pan de mur si bien peint en jaune. »
Mourir à la vue de la beauté.
Les choses se compliquent avec l'invasion du Reich, et le danger que les oeuvres des musées soient tout simplement saisies. Goering se charge, surtout si les tableaux appartienent à des juifs, de l'opération et de l'envoi par train spécial jusque dans des mines de sel, où des oeuvres inestimables ont été détruites.

La double vie de Vermeer expose plusieurs vies : celle du peintre, celle de son faussaire, celle de Proust, et celle de Goering, dont le dernier chagrin, plus encore que sa défaite militaire, l'idée qu'il ait pu avoir été abusé par un faussaire, et avait donc, pour une fois, payé fort cher une contrefaçon.
Luigi Guarnieri rapproche la mort de Bergotte, inventé en 1921 par Proust, la sienne assez semblable, la mort de VM et celle de son modèle :
« Il mourut comme était mort, deux cent soixante -douze ans plus tôt, dans une demeure glaciale de Delft, le peintre mystérieux qui, sur cette terre, pour un court laps de temps, avait pris le nom de Joannis Reynierszoon Vermeer. »
Livre complexe, presque trop complexe, érudit, à consulter encore et encore.
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Comme le laisse présager le titre, ce roman parle de Vermeer et de peinture, mais pas que. Il s'agit surtout d'une histoire de vengeance ; celle véridique d'Han van Meegeren alias VM dans le récit, peintre raté ou du moins considéré comme tel par le milieu artistique du XXème siècle, avec son cortège d'historiens, de critiques, de marchands d'art et autres spécialistes en tout genre. Prompts à condamner tout artiste dont la démarche ne rentrerait pas dans les canons artistiques du moment. Adepte de la peinture néerlandaise du XVIIème siècle, dénigrant tout renouveau dans les courants artistiques modernes, VM est à son tour démonté par les critiques et ne parvient pas à obtenir la considération à laquelle il aspire. Passablement aigri – et outre son désir de peindre - il va rapidement développer une obsession : berner les spécialistes en créant des faux qui seraient certifiés comme d'authentiques toiles de maîtres. Sa vanité en a décidé, sa première et principale cible sera Vermeer. La problématique qui traverse tout le livre est celle de la relativité d'une oeuvre d'art et du talent d'un artiste.

Un livre que j'aurais lu paradoxalement assez vite alors que je ne suis pas particulièrement convaincue par le choix de narration de l'auteur. Hybride oscillant continuellement entre le roman et l'essai - le ton documentaire prenant trop souvent le pas sur celui du roman à mon goût - le style est au final assez austère et sujet à beaucoup de digressions (dont deux chapitres entiers sur Proust et Goering...) ainsi qu'à un concentré de détails qui n'est pas systématiquement nécessaire. Pour autant, je ne peux pas dire que j'ai trouvé ce livre mal écrit, il est au contraire relativement fluide a lire et ne m'a pas perdue dans les multiples aller-retours que l'auteur fait entre la vie de VM et son travail de faussaire versus les considérations sur la vie de Vermeer et son oeuvre. Tout en prenant soin d'établir de subtils ponts entre les deux, il fournit ainsi une première explication au titre de ce livre. La seconde est davantage liée à l'interprétation de la vie et de l'oeuvre du maître hollandais : une dualité entre le Vermeer réel et le Vermeer fantasmé par certains spécialistes. Parmi les théories et hypothèses échafaudées, une a été largement exploitée par VM pour créer ses faux. Elle porte sur l'existence présumée par certains de tout un pan religieux dans la production de Vermeer - habituellement considéré comme un peintre de genre. Au moment des faits, un certain nombre de circonstances formant un tout permirent à ces spécialistes d'alimenter cette théorie et au plan de VM de réussir : le flou entourant la personne de Vermeer, les attributions longtemps erronées de ses tableaux, certains détails dans plusieurs d'entre eux, le contexte historique contemporain dans lequel se déroule les événements etc...

A titre personnel, j'ai été captivée par certains passages narrant la démarche technique et les expériences faites en amont de la réalisation des premiers faux par notre faussaire. J'ai également vraiment apprécié tout ce qui a pu m'éclairer sur la vie de Vermeer, son oeuvre ainsi que les descriptions des théories dont il a été l'objet. Quelques considérations stylistiques subjectives font que je ne crierai personnellement pas au chef d'oeuvre mais ce roman n'en reste pas moins extrêmement intéressant à lire si l'on est curieux du fonctionnement du marché de l'art, si l'on est avide de détails sur l'ingéniosité des faussaires ou plus simplement sur Vermeer.
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Quand une lecture en amène un autre.....

"Au tribunal, Goering jouait sa partie, dans le déni et l'autosatisfaction qui avaient régi son existence, osant des traits d'humour. Ses coaccusés, après avoir passé leur vie à le haïr, reconnurent sa supériorité, admirèrent ses harangues. Goering était si satisfait de son parcours, et avait si bonne conscience au moment de passer par la justice finale, cette « farce de procès », qu'il était convaincu de rester dans l'histoire comme le bienfaiteur du peuple allemand. Une chose, cependant, fissura sa décontraction. On lui apprit que son Vermeer bien-aimé, Le Christ et la femme adultère retrouvé par les « Monuments Men » à Altaussee, était un faux.Une enquête avait remonté sa piste jusqu'à un obscur peintre hollandais, Han van Meegeren, [...] Quand il apprit la vérité sur son Vermeer, le visage de Goering se défit. Un témoin aurait rapporté qu'« il avait l'air pour la première fois de découvrir qu'il y avait du mal dans le monde »."

Cette citation est extraite du livre Rose Valland, l'espionne à l'oeuvre, de Jennifer Lesieur.
Après avoir refermé ce livre, j'ai voulu poursuivre comme pour parachever ma lecture, sur cette partie de l'histoire ou Goering voulant se constituer une collection d'art à la hauteur, quitte à être plus vorace que son numéro 1.
Jusqu'au jour où il se retrouva en possession d'un Vermeer que presque personne ne connaissait "Le Christ et la femme adultère" , pas même Hitler, qu'il se garda bien de prévenir.
C'était un tableau nimbé de grâce, de douceur, aux couleurs feutrées et à la lumière irradiant des visages : la quintessence du Siècle d'or. Sa rareté le rendait encore plus miraculeux, puisqu'il n'existait que trente-sept Vermeer certifiés au monde, et que celui-ci venait à peine d'être découvert, comme tombé du ciel...

Tombé du ciel pas tant que ça, car il s'avérait que ce tableau était l'oeuvre d'un certain Han van Meegeren, peintre né au Pays-Bas à la fin du XIXe siècle.
Sa carrière de peintre se mit lentement en place mais très vite à une époque où la peinture voyait naître régulièrement de nouveaux courants, van Meegeren réagissait aux nouveautés et aux modes en accentuant son isolement méprisant, en soulignant l'importance primordiale de la tradition et en dénonçant l'incapacité et l'improvisation absolue des soi-disant révolutionnaires.
Il va sans dire que ces attitudes ne plaisaient pas aux critiques d'art de l'époque.

Van Meegeren se lia étroitement d'amitié avec un autre peintre Théo van Wijngaarden et un journaliste Jan Ubink, deux hommes qui partageaient sa vie dissolue, méprisaient les modes du moment, condamnaient la superficialité de la littérature et de l'art contemporains et exaltaient l'éclatante grandeur du passé. Ils publiérent un journal "le coq de combat" - Tout un programme.

Mais très vite l'ennemi ou plutôt les ennemis : "c'étaient les critiques, avec
leurs pires complices, les galeristes, qui faisaient ou détruisaient une
carrière, inventaient à partir de rien, mettaient à la mode un peintre ou enterraient
implacablement le travail de cent autres artistes, tout aussi valables que leur
protégé. Pour couronner le tout, ils semblaient échapper à toutes les critiques,
vu que, même lorsqu'ils commettaient des erreurs grossières, leur réputation n'en
souffrait jamais."

Alors vint l'idée de peindre un faux Rembrandt et de le soumettre à l'oeil avisé des "spécialistes", mot que je mets volontairement entre guillemets, car il fut considéré comme authentique. "Mais quelques instants après, à sa grande
stupéfaction, van Wijngaarden se rua sur le tableau, brandissant une spatule de
peintre, et lacéra la précieuse toile sous son nez." ce qui n'est pas sans rappeler l'autodestruction du Banksy en 2018, métaphore pour certains d'un monde qui court à sa perte, métaphore pour d'autres de l'interaction entre l'art et l'argent...

Si un faux peut être pris pour une oeuvre d'un ancien maître, l'oeuvre d'un ancien maître peut tout aussi bien être prise pour un faux. L'auteur de nous citer l'exemple
Van Meegeren allait cette fois jeter don dévolu sur l'oeuvre de Vermeer, pour plusieurs raisons :
Les documents relatifs à sa vie son peu nombreux ;
L'artiste à très peu peint, il ne subsiste que trente-quatre toiles attribuables à Vermeer avec une certitude raisonnable. Mais quatre ou cinq de ces toiles sont très
contestées ;
Vermeer n'a pas signé toutes ses peintures ;
Les datations des oeuvres sont incertaines ;
Son oeuvre sombrera dans l'oubli pendant quasiment un siècle ;

Bref, "la victime idéale" ou tout du moins le sujet idéal pour des victimes idéales.
Et nous voici dans le position de celui qui regarde la couverture du livre (tirée du tableau un détail de l'oeuvre "L'Atelier". Car nous allons assister van Meegeren dans toutes les étapes de la construction du faux, voire de la création du faux.

Si un faux peut être pris pour une oeuvre d'un ancien maître, l'oeuvre d'un ancien maître peut tout aussi bien être prise pour un faux.
Et l'auteur de nous citer cet exemple : En1922, [...] , un autoportrait de Rembrandt, qui remontait à 1643, fut volé au musée du Grand-Duché de Weimar. Cette toile, d'une valeur×inestimable, se retrouva entre les mains d'un plombier d'origine allemande, Léo Ernst, qui habitait à Dayton, dans l'Ohio. Ernst devait déclarer, par la suite, avoir acheté ce tableau en 1934, pour quatre sous, à un matelot non identifié, embarqué sur un navire tout aussi fantomatique. Lorsque la femme d'Ernst découvrit, par hasard, la toile dans une vieille malle poussiéreuse que son mari gardait au grenier, le plombier déclara : “Ce n'est rien, juste une saleté que m'a vendue un filou.” Mais la femme d'Ernst avait fréquenté l'école des Beaux-Arts de Dayton : elle acquit la conviction que cette toile avait de la valeur. Elle la proposa à tous les antiquaires et à tous les galeristes de New York : ils lui répondirent unanimement, avec dédain, et en se fiant à leur instinct infaillible, qu'il s'agissait d'un faux mal exécuté, tout au plus d'une copie. Ce n'est qu'en 1966, quand les Ernst, après des années de recherches, trouvèrent un journal de l'époque qui décrivait dans les moindres détails le tableau volé à Weimar en 1922, que ces mêmes experts, précédemment interpellés, échangèrent d'avis et saluèrent la redécouverte d'un chef-d'oeuvre oublié."

Il reste que le fait le plus retentissant de cette histoire qui a tout du roman policier, est le fait que ce faux finira dans les mains de Goering, qui ne s'en remettra pas :
" Ainsi, au bout du compte, la seule défaite vraiment incontestable, aux yeux du maréchal du Reich, était celle que lui avait infligée un parfait inconnu, un faussaire néerlandais dont il n'avait jamais entendu parler. Les Alliés ne l'avaient pas vaincu. Il avait supporté, stoïquement, les pires humiliations et les interrogatoires les plus serrés, et en était même sorti triomphant : il n'avait ni abjuré, ni trahi ses “idéaux”. Après la condamnation, il s'était presque convaincu que le procès de Nuremberg n'avait jamais existé. Cela n'avait été qu'un rêve – un cauchemar, peut-être. Mais ça, c'était la réalité – quelque chose qu'il ne pouvait pas supporter. Car dans ce cas, plus unique que rare, c'était lui qui avait été victime d'une farce impitoyable, cruelle."

il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir..
Reste que de cette vie de faussaire, Luigi Guarnieri a relevé le pari d'en faire un VRAI bon livre alliant enquête, plongée dans le monde de l'art, immersion dans l'histoire, réflexion sur les jugements portés, les passions humaines, pour un VRAI plaisir de lecture.
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Voilà un livre que je n'ai pas su apprécier .
C'est dommage car le sujet est intéressant, Hans van Meegeren est un peintre de la fin du XIX qui ne rencontre pas le succès escompté dans la mesure où sa peinture traditionnelle se trouve évincée par la popularité des peintres comme Picasso, Modrian, Magritte, Dali . Sa colère est d'autant plus grande qu'il constate que les critiques d'art sont peu légitimes. Sa vengeance est jubilatoire et cela m'a permis d'apprendre des tas de choses certaines techniques de peinture mais je n'ai adhéré ni au style ni à la construction du roman.
Ce roman s'apparente plus à un documentaire, d'où ma déception, j'avais envie d'un roman ! de plus, j'ai parfois été perdue entre toutes les références.
J'ai besoin en ce moment de lecture détente, j'ai donc mal choisi !

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Le moins que l'on puisse dire c'est que les critiques et experts en art pictural ne sortent pas grandis de ce roman.

La double vie de Vermeer, c'est celle qu'il à vécu au XVIIe et dont on sait peu de choses, et celle que lui a créée Han van Meegeren, peintre néerlandais lui aussi, né fin XIXe, à une époque qui ne convenait pas à son talent, et reconverti en faussaire.

Parce qu'il veut ridiculiser ceux qui l'éreintent dans leurs critiques de ses tableaux, mais aussi pour le plaisir de peindre à la manière des grands maîtres, puis par appât du gain, van Meegeren va créer des faux, principalement de Johannes Vermeer. le choix de ce peintre découle de la relative obscurité qui entoure sa vie et son oeuvre, ses tableaux n'étant pas clairement répertoriés, il est plus facile d'y adjoindre des toiles qui auraient été pendant longtemps dans une famille. En outre il commençait à être reconnu après deux siècles d'oubli.
Ces faux vont être accueillis avec enthousiasme par plusieurs experts, achetés par des collectionneurs, dont Hermann Goering et même par l'Etat néerlandais. Un procès aura lieu en 1947 et il sera condamné à seulement un an de prison qu'il passera dans un hôpital. Mais van Meegeren affaibli par ses excès mourra peu après.

Bien qu'il soit indiqué roman, ce livre se rapproche du documentaire par sa précision. Une précision telle qu'elle rend certains passages ennuyeux. Ceux que j'ai préféré concernent l'analyse des tableaux du maître de Delft. J'ai trouvé par ailleurs sa biographie assez confuse.
Il est dommage que le texte n'ait pu être accompagné d'illustrations de quelques uns des tableaux en question.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
À la fin du mois de mai 1945, à Amsterdam, deux officiers du Service de sécurité néerlandais se présentèrent à la porte d’une grande demeure aristocratique sur le Keizersgracht. À vrai dire, ils s’attendaient à ce que la rencontre avec le personnage irascible, excentrique et réservé qui habitait là – un peintre, également très connu comme collectionneur et apparemment très estimé des voisins – ne soit rien d’autre qu’une simple formalité, voire même une regrettable perte de temps. Ils n’avaient aucune raison de soupçonner que M. Van Meegeren entretînt des relations d’affaires inconvenantes avec l’ennemi. On savait qu’il avait dilapidé d’énormes sommes d’argent pendant la guerre, mais, tout compte fait, il avait gagné le gros lot à la Loterie nationale ; certains affirmaient même qu’il l’avait gagné deux fois. De plus, il avait réussi quelques coups de maître, tout à fait légitimes, dans le domaine du commerce d’antiquités.
Enfin, il avait délégué à un éminent collègue la vente du Christ et la Femme adultère, de Vermeer, et ne pouvait donc être retenu coupable du fait quebce tableau était tombé entre les griffes des nazis. C’était plutôt le respectable M. Van Strijvesande qui aurait dû fournir des explications détaillées à ce sujet. Reçus par M. Van Meegeren avec une impolitessebnonchalante, les deux officiers se limitèrent à l’informer que, compte tenu de l’importance indéniable de l’œuvre en question, du prix extrêmement élevé qui avait été payé par l’acquéreur et de l’identité scabreuse de celui-ci, ils souhaitaient savoir qui lui avait confié le tableau. Rien de plus. Inutile d'ajouter que cette information – s’empressèrent-ils de souligner avec force – resterait strictement confidentielle.
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C'est toujours une entreprise ardue que d'établir, de manière irréfutable, l'authenticité d'une œuvre d'art, sauf dans les cas, relativement rares, où la provenance de l'œuvre même s'avère détaillée et certifiée. Ainsi, c'est presque toujours le goût et l'opinion subjective de l'expert qui établissent si un tableau doit figurer parmi les chefs-d’œuvre d'un musée, ou moisir dans une réserve pour l'éternité, s’il vaut la somme considérable qu’un collectionneur est disposé à payer, ou s’il faut le considérer comme une croûte sans valeur, Ce caractère arbitraire, et inévitable du jugement critique peut alimenter une spirale perverse. Les faussaires - pour des raisons évidentes - ne revendiquent jamais, en général, les faux qu’ils produisent. Si un expert de renom établit, par exemple, qu’une peinture discutable est tout de même un Vermeer (histoire de rester dans le sujet) il est difficilement démenti par un autre expert, même si ce dernier est aussi renommé que lui. Son confrère pourra exprimer une opinion diamétralement opposée, mais ne reviendra pas sur l'attribution du tableau. Ainsi, si un musée important expose un nouveau Vermeer, cette peinture - même si elle ne l'est absolument pas - devient automatiquement, et dans tous les sens, un authentique Vermeer.
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La splendeur dorée du sable au premier plan. Les nuages chargés de pluie, tout en haut du ciel immense. La réverbération liquide de la porte de Schiedam et de la porte de Rotterdam dans l’acier bleu du canal. La ville éclairée parla lumière rasante du soleil. Et, surtout, la précieuse matière du petit pan de mur jaune peint par Vermeer, avec l’habileté incroyable et le raffinement d’une œuvre d’art chinoise.
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Pendant quatre ans, terré dans son atelier de la villa Primavera, VM travailla à résoudre une série de problèmes techniques, avant de s’assurer qu’il pouvait être à la hauteur du style de Vermeer. Alors que Picasso travaillait à Guernica, Paul Klee à Insula Dulcamara et Piet Mondrian à sa Composition en rouge et noir, alors que l’art moderne célébrait sa énième révolution, VM s’exerçait à peindre sur une authentique toile du XVIIe siècle, à passer les couches de peinture indispensables et à maîtriser la technique du sfumato et du pointillé. En outre, il s'entraînait à utiliser les mêmes pigments que Vermeer, vu qu’il ne pouvait recourir aux pigments synthétiques : on aurait pu les identifier grâce à une analyse chimique ou au microscope.
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La scène de la mort de Bergotte est l’une des plus allusive et métaphoriques de toute la Recherche de Marcel Proust. Un passage destiné à une célébrité justifiée, que Proust élabora au cours des deux dernières années de sa vie, et qu’il voulut absolument insérer dans son roman-fleuve. C’est pour cette raison que Proust, plus que tout autre écrivain, a été lié à la figure de Vermeer ; avec le temps, ce lien étroit est même devenu indissoluble. Non seulement Proust a contribué de manière décisive à consolider la réputation de Vermeer, mais il a fait du maître de Delft le symbole même du caractère sacré de l’art.
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Luigi Guarnieri : La double vie Vermeer
A la Cité Internationale Universitaire de Paris, Olivier BARROT présente le livre "La Double Vie de Vermeer" de Luigi GUARNIERI. Ce roman s'inspire de la vie du peintrehollandais Han van Meegeren, faussaire de Vermeer.
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature italienne, roumaine et rhéto-romane>Romans, contes, nouvelles (653)
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