AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,35

sur 195 notes
5
19 avis
4
11 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Roman graphique instructif et surtout profondément émouvant.

Un journaliste à la recherche d'un moment de l'histoire, celui de note en bas de pages qui racontent la mort de Palestiniens de Gaza en 1956. Il recueille les témoignages des survivants, des versions parfois contradictoires, mais qui parlent de malheur et de victimes.

L'auteur utilise très bien la puissance de l'image. On voit les coups de bâtons, les hommes qui pleurent et qui disent la peur. Des femmes qui se demandent pourquoi on leur fait cela, pourquoi l'Histoire a-t-elle sacrifié leur peuple ? ...

Mais le présent continue, dans sa quête des événements de 1956, le journaliste est aussi confronté aux destructions actuelles : des maisons détruites, des balles perdues et des tirs de roquettes…

Une lecture éprouvante, qui montre toute l'absurdité de l'escalade de la haine, une triste situation sur laquelle on se sent bien peu de pouvoir.
Commenter  J’apprécie          310
"Gaza, 1956, en marge de l'histoire" n'est pas seulement une bande-dessinée de reportage sur le conflit israélo-palestinien, elle est une oeuvre de réflexion sur le travail même de l'historien, du chroniqueur et du journaliste. Alors qu'en règle générale, chacun se targue de rechercher la sacrosainte objectivité, Sacco sait qu'il ne peut l'atteindre, malgré sa ferme volonté, sa rigoureuse démarche et sa déontologie. Il opte donc pour une autre méthode. Il se met en scène pour que le lecteur ait conscience du contexte dans lequel s'est élaboré son travail de recherche. Il ne cherche pas à masquer ses manques et ses imperfections, au contraire, il fait souvent preuve d'autocritique. C'est pourquoi je suis un peu surpris quand on lui reproche son parti pris, alors qu'il ne cherche, à aucun moment, à annoncer La Vérité ! Il sait que ce conflit est inextricable, que les issues à la crise sont quasiment inexistantes et qu'il serait téméraire de proposer d'improbables solutions. Plus simplement, Sacco, par ses successifs passages entre passé et présent, montre les désespérantes continuités d'une situation historiquement bloquée. Il cherche à aller au-delà de ce que nous diffuse régulièrement les vitrines de la BBC ou de CNN, à oublier un peu le bourdonnement des discours officiels pour faire entendre la voix de la souffrance, grâce à la précision quasi photographique de ses planches et son sens du cadrage qui donne à certaines de ses vignettes une puissance d'évocation saisissante.
Commenter  J’apprécie          122
Gaza 1956 de Joe Sacco est un essai journalistique sous forme de BD. C'est son deuxième sur la cause palestinienne et le style y est définitivement plus travaillé.

Ici, Sacco se donne pour objectif d'enquêter sur les évènements de novembre 1956, dans la bande de Gaza. C'est un moment où les forces israéliennes ont violemment occupé le territoire, ont interdit l'accès aux ONG, et ont entrepris des exécutions massives d'hommes palestiniens en âge de combattre. Presque rien n'a été écrit sur le sujet et même les rapports de l'ONU sont, au mieux, incomplets. Sacco parcourt donc la Palestine pour trouver des témoins et survivants des attaques israéliennes. Il est confronté à deux difficultés.

1- 1956, c'était il y a longtemps. Les témoins sont soit très vieux, et leur mémoire peut leur jouer des tours, soit ils étaient très jeunes et leur souvenirs sont plutôt flous. Certains palestiniens ont honte d'avoir été absent et d'inventer un rôle dans mes événements. D'autres, dont la vie a été une suite d'événements funèbres, confondent novembre 56 avec d'autres datent marquantes, d'autres attaques israéliennes des 65 dernières années.

Le format BD permet à Sacco de mettre en parallèle ces différentes versions d'un même événement. Celle met en lumière les faits qui reviennent dans chaque témoignage, ainsi que ceux qui ne sont corroborés que par un seul témoin.

2- La vie à Gaza aujourd'hui n'est pas nécessairement meilleure qu'en 1956. (Et Sacco a travaillé sur ce livre en plein pendant le lancement de la guerre en Irak. Disons que ce n'est pas le moment où le monde occidental est le plus empathique envers le monde arabe, et plusieurs des programmes d'aide aux palestiniens étaient financés par Saddam Hussein.) Résultat : Beaucoup des témoins, guides, traducteurs de Sacco sont réticents à l'aider dans son reportage. À quoi cela sert-il de ressasser les vieux combats du passé alors que le combat n'est ni terminé, ni gagné? Les palestiniens préfèrent parler du présent ou du futur.

Et ils préféreraient que le journaliste partage cet avis. Comme ça, il serait au moins utile.
Commenter  J’apprécie          90
Une phrase qui résume tant de choses … hier … aujourd'hui … et j'en ai bien peur demain :
Les « tragédies contiennent souvent les graines du chagrin et de la colère qui façonnent les événements du présent ».
Un roman graphique pour sortir de l'oubli deux événements ayant eu lieu à Gaza en 1956, les violences perpétuées à Khan Younis (1) et les tueries de Rafah (2).
Une vraie leçon pour essayer d'écrire l'histoire à partir du peu de chose qui reste, essentiellement les mémoires souvent défaillantes, brouillonnes et contradictoires des rares témoins présents à l'époque tout en soulignant leurs caractères fragiles.
Un constat douloureux sur la difficulté de réécriture du passé quand l'actualité est brûlante et demande toute l'attention pour dénoncer les horreurs de chaque jour.
Le livre a été écrit en 2010, le plus effrayant est qu'il aurait pu être écrit hier, les mêmes attentats, les mêmes tueries, les mêmes massacres …
Une phrase qui résume tant de choses … hier … aujourd'hui … et j'en ai bien peur demain :
Les « tragédies contiennent souvent les graines du chagrin et de la colère qui façonnent les événements du présent » …
Quand va t on pouvoir enfin sortir de cette spirale infernale …
Que feront les enfants de Gaza survivants demain ?

(1)
En octobre 1956, lorsque l'Égypte est attaquée par la France, le Royaume-Uni et Israël, Tsahal mène une offensive terrestre dans la bande de Gaza. Un rapport de l'ONU mentionne que le 3 novembre, 75 civils palestiniens ont été amenés sur des lieux publics et abattus par l'armée israélienne.

(2)
Me Wikipedia en français ne répond pas à la question … la version de Me Wikipedia en anglais :
Le massacre de Rafah a eu lieu le 12 novembre 1956, pendant l'occupation par Israël de la péninsule du Sinaï et du protectorat de Gaza à la suite de la crise de Suez. La ville de Rafah, située à la frontière entre l'Égypte et Gaza, avait été l'un des deux points d'invasion lors de la première incursion des Forces de défense israéliennes dans la bande de Gaza le 1er novembre. Comme lors du massacre de Khan Yunis, les circonstances entourant les événements qui ont conduit à La mort d'environ 111 habitants de Rafah et du camp de réfugiés voisin est très controversée, Israël ne niant ni ne reconnaissant aucun acte répréhensible, tout en admettant qu'un certain nombre de réfugiés ont été tués lors d'une opération de sélection. Les réfugiés, affirme-t-on également, ont continué à résister à l'armée d'occupation.
La version palestinienne soutient que toute résistance avait cessé lorsque les tueries ont eu lieu. Selon les témoignages de survivants, les soldats de Tsahal ont rassemblé des hommes de plus de quinze ans dans toute la bande de Gaza dans le but d'extirper les membres des fedayin palestiniens et de la brigade palestinienne de l'armée égyptienne. Israël a proclamé que la population civile serait tenue collectivement responsable de toute attaque contre les soldats israéliens pendant l'occupation, qui a duré du 1er novembre 1956 au 7 mars 1957. Des dizaines d'exécutions sommaires ont eu lieu contre des Palestiniens faits prisonniers et des centaines de civils ont été tués alors que les forces israéliennes ratissaient des zones comme Khan Yunis, et d'autres sont morts dans plusieurs incidents distincts. Les calculs du nombre total de Palestiniens tués par Tsahal au cours de cette période de quatre mois de domination israélienne varient entre 930 et 1 200 personnes, sur une population de 330 000 habitants.
Commenter  J’apprécie          60
Le résumé: En octobre 1956, lorsque l'Égypte est attaquée par la France, le Royaume-Uni et Israël, Tsahal mène une offensive terrestre dans la bande de Gaza. Un rapport de l' ONU mentionne que le 3 novembre, 275 Palestiniens sont tués dans la ville de Khan Younis. Gaza 1956 est une somme de plus de 400 pages qui mêle la reconstitution de deux massacres perpétrés par l'armée israélienne en 1956 et des scènes de la vie dans la bande de Gaza, en 1982 et 1983, pendant l'enquête menée sur place par l'auteur.

Mon avis : Une référence dans le genre du témoignage journalistique, mêlant « images » d'archives redessinnées par l'auteur et images quelques années plus tard, lors de la réalisation de cette oeuvre. Un travail de mémoire, long mais important pour garder en mémoire les événements du passé. Pour ceux qui s'intéressent à cette région, à la Palestine, cet ouvrage est fait pour eux ! Une merveille du genre!
Commenter  J’apprécie          41
CHEF D'OEUVRE !!!
J'étais prévenue mais je ne m'attendais pas à une telle claque. Cette bande dessinée de 400 pages se révèle être la mise en images magistralement agencée de 6 ans d'enquête, de plusieurs voyages dans la bande de Gaza dans les années 2000, d'un travail de titan et d'une restitution impeccablement pédagogique. Même pour la lectrice peu au fait des détails de l'histoire israélo-palestinienne, Gaza 1956 se révèle être un précieux ouvrage. Une préface de l'auteur explique les raisons et les conditions de son travail, ainsi que le contexte palestinien de 1956 avec la crise de Suez. Les versions des témoins sont, au fil des pages, présentées pour nous faire progresser dans la compréhension du déroulement des évènements de ce funeste jour. Ca en devient parfois insoutenable de violence.

Je n'ai pu m'empêcher de repenser au documentaire d'animation Valse avec bachir, d'Ari Folman, mais ici, grande différence, Joe Sacco ne perd notre attention à aucun moment. C'est douloureusement limpide, même si sa rigueur journalistique conduit Joe Sacco à nuancer en permanence, et distinguer le témoignage objectif de l'émotionnel, la réalité passée au souvenir bancal.

Et une telle investigation réalisée au début des années 2000 ne peut ignorer le quotidien. La vie contemporaine des gazaouis est évoquée, décrite, ses pérégrinations dans les rues, les attentats dans les actualités, les buldozers qu'il voit détruire les maisons soupçonnés d'héberger des militants, les tirs qu'il faut éviter... tout le quotidien de Joe Sacco ajoute une autre lecture du conflit. Il s'agit donc d'un récit doublement historique, le présent se superposant au passé.

Un passé souvent flou mais dont les blessures sont restées, et ont parfois fait germer les positions les plus radicales dans le coeur des Palestiniens.
Un livre remarquable et essentiel.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
Commenter  J’apprécie          40
Dans le contexte actuel d'un nouveau conflit armé opposant Israël et le Hamas, Gaza 1956 en marge de l'Histoire est une lecture incontournable. Une bande dessinée, oui, mais surtout un reportage journalistique en quête des événements entourant les massacres en novembre 1956 de centaines de Palestiniens par l'armée israélienne à Khan Younis et à Rafah dans le sud de la bande de Gaza. Une oeuvre puissante réalisée à partir de témoignages oraux de descendants ou de victimes recueillis à l'occasion de trois voyages entre novembre 2002 et mai 2003 et de recherches documentaires personnelles dans les archives des Nations unies à New York et les archives israéliennes avec la collaboration de deux chercheurs israéliens.

Se plaçant au coeur du récit, Joe Sacco, chef de file de la BD d'enquête, se met en scène pour porter un regard à la fois engagé et nuancé sur les tueries sanglantes qui ont été perpétrées en 1956. Avec comme résultat plus de 400 pages de planches évocatrices, narratives et efficaces : une oeuvre captivante, poignante, dérangeante, dans laquelle on sent l'auteur aux prises avec la mémoire humaine défaillante ou déformante et le souci de traduire la « vérité historique ».

Avec une qualité graphique quasi cinématographique en noir et blanc, les milliers d'arrêts sur image nous transforment en observateurs impuissants d'une page de l'histoire palestinienne peu connue. Certains dessins illustrent en pleines ou doubles pages l'extrême violence et ses conséquences sur les populations et sont parfois insoutenables.

En avant-propos, Joe Sacco explique les origines de ce livre qui remontent au printemps 2021quand le journaliste Chris Hedges et lui se préparaient à aller en reportage dans la bande de Gaza pour le compte du magazine Harper's : Hedges pour écrire l'article et Sacco pour l'illustrer. Ils avaient décidé de s'intéresser au quotidien des Palestiniens dans une ville – en l'occurrence Khan Younis – au cours des premiers mois de la seconde Intifada (2000-2005), sur fond d'occupation israélienne. Sacco s'était rappelé une référence, une brève citation d'un document de l'ONU, évoquant un massacre considérable de civils à Khan Younis en 1956, et Hedges avait accepté d'évoquer cet épisode historique tombé dans l'oubli dans leur article, « à condition qu'il ait une certaine validité et une résonance actuelle ». Pour une raison inconnue, les paragraphes relatifs à ces événements ont été coupés par les éditeurs du magazine.

Exaspéré par cette décision sur « le plus important massacre de Palestinien sur le sol palestinien, Joe Sacco considérait que ce drame « méritait bien peu d'être renvoyé dans les ténèbres où il gisait, comme d'innombrables tragédies historiques, à peine reléguées au rang de notes de bas de pages consacrées aux grandes lignes de l'Histoire. » de telles tragédies contenant souvent « les graines du chagrin et de la colère qui façonnent les événements du présent.»

Pour reconstituer l'apparence des villes et des camps de réfugiés, Sacco s'est appuyé sur des photos et a travaillé d'après des descriptions physiques que lui ont faites des Palestiniens.

Pendant qu'il enquêtait « sur ce qui s'est produit en 1956, des Palestiniens étaient tués au cours d'attaques israéliennes, des attentas suicides faisaient des victimes parmi les Israéliens et ailleurs au Proche-Orient, les États-Unis se préparaient à mener une guerre en Irak.

Pendant que je lisais Gaza 1956 en marge de l'Histoire, l'intelligence artificielle utilisée par l'armée israélienne ciblait des sites de bombardements dans la bande de Gaza, tuant des milliers de civils, dont des centaines d'enfants. L'horreur d'un génocide de plus en plus évident !

La plupart des gens que Sacco a interviewés ont accepté qu'il mentionne leur nom entier. « D'autres ont préféré rester anonymes. D'autres encore ont donné des noms tronqués, et dans ce cas [il a] reproduit la partie qu'ils préféraient utiliser. Pour les portraits [il a] travaillé d'après photographies pour presque toutes les personnes […] interviewées. Lorsque des gens ne souhaitaient pas être identifiés, [il a] dessiné des croquis rapides pour évoquer l'apparence des individus sans les rendre identifiables. » Il ajoute : « Lorsqu'un nom est indiqué, mais qu'il n'est pas accompagné d'un portrait, c'est probablement que mon appareil photo a eu un raté. »

En appendice, l'auteur a reproduit, entre autres, des extraits de documents cités dans le livre et a sélectionné des articles de journaux concernant la période « dont la plupart pratiquent la désinformation ». S'ajoutent des extraits des transcriptions d'entrevues qu'il a réalisées avec des porte-parole et des commandants des Forces de défense israéliennes « pour leur demander de commenter les démolitions de maisons à Rafah » racontées dans le live. le tout complété par une brève bibliographie sur « la succession des événements – politiques, diplomatiques et militaires – menant et consécutifs à la crise du canal de Suez en 1956 » et sur le point de vue israélien.

Gaza 1956 en marge de l'Histoire est « Un album indispensable, sublime » (Clara Dupont-Monod, Marianne, 16/01/2010) et « Un remarquable livre d'histoires et d'Histoire, avec un grand H » (Patrick Chesnet, Faim Développement Magazine, 01/01/2010).

La très haute qualité et la rigueur journalistique de cet indispensable travail de mémoire ont été soulignées par un certain nombre de prix et de récompenses :

Prix Regards sur le monde - Festival international d'Angoulême (2011)
Prix France Info de la bande dessinée d'actualité et de reportage (2011)
Prix du magazine Lire de la meilleure bande dessinée de l'année (2010)
Sélection pour le Grand prix BD des lecteurs de Libération - Virgin Megastore (2010)
Sélection pour le Prix de la critique ACBD (2010)
Sélection pour le Prix Ouest-France/Quai des bulles (2010)

Au Québec, vous pouvez commander et récupérer votre exemplaire auprès de votre librairie indépendante sur le site leslibraires.ca.


Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité graphique et littéraire : *****

Intérêt/Émotion ressentie : *****

Appréciation générale : *****

Lien : http://avisdelecturepolarsro..
Commenter  J’apprécie          30
?uvre bouleversante, que tout le monde devrait avoir lue avant de se faire une opinion sur le conflit qui déchire la bande de Gaza, entre Israël et la Palestine. Joe Sacco, journaliste et illustrateur que j'avais découvert pour ses reportages sur les guerres de Yougoslavie est spécialisé dans le témoignage d'événements souvent oubliés mais oh combien dramatiques. Ici, il raconte la terrible journée du 2 novembre 1956, dans la bande de Gaza à Khan-Younis et Rafah. Les témoins qui ont survécu sont âgés et peinent souvent à se souvenir de cet événement dramatique dilué parmi les autres... Cette tragédie est passée quasiment inaperçue notamment à cause du déclenchement de la guerre du canal de Suez. Et il faut bien avouer que ce contexte a bien arrangé les dirigeants d'Israël. Joe Sacco a effectué 3 voyages en 2002 et 2003 et ne peut s'empêcher de montrer la terrible réalité de ces années où rien n'a changé depuis 1956, et où les maisons frontalières palestiniennes ne cessent d'être démolies et reconstruites pendant que les morts sous les décombres s'entassent...Bref, 397 pages d'histoire(s) et de souffrances.
Commenter  J’apprécie          30
Voilà une excellente BD sur un sujet dont je dois avouer que je ne connaissais pas avant la lecture. À travers ce livre j'ai vu à quel point les Israéliens et les Palestiniens sont dans un cercle vicieux dont aucun des deux ne veux se retirer. C'est une situation où il n'y a aucun vrai coupable mais seulement des victimes. Cette BD se concentre surtout sur les événements de Gaza en 1956 où des Palestiniens auraient été abattus par des soldats Israéliens dans leur village.

Je n'ose pas trop porter de jugement, contrairement à l'auteur, car rien de ce qui s'est vraiment passé n'est vraiment répertorié et Joe sacco a dû se fier à des gens âgés et parfois confus.

Ça reste malgré tout une excellente bande dessinée.
Commenter  J’apprécie          30
Joe Sacco strikes again ! L'auteur de Palestine est de retour dans les territoires occupés. Ce terrible conflit sans fin et sans espoir, fait de drames quotidiens, est devenu quasiment banal pour ses habitants et, plus largement, pour les audiences du monde. Quand la violence aveugle répond à la violence aveugle, même les borgnes peinent à voir pour voir ce qui se passe autour d'eux. Joe Sacco, lui, a les deux yeux bien ouverts et la plume acérée. 386 pages de témoignages, de récits, de vies mutilées, perdues pour reconstruire un « incident » de 1956, quand l'armée israélienne profita de la crise du Suez pour ramener, discrètement à l'ordre, d'une manière plus que musclée, les habitants de Khan Younis et Rafah dans la bande de Gaza. Âmes sensibles s'abstenir, curieux de comprendre pourquoi, bienvenus.

Pour réaliser cet album passionnant, il a fallu à l'auteur presque dix ans et plusieurs voyages dans une des zones les plus dangereuses de la planète. Il s'agit, tout d'abord, d'un minutieux travail de journaliste, une enquête longue et difficile pour retrouver les différents témoins de cet évènement vieux de cinquante ans. Tâche titanesque quand on connaît les conditions de vie de la population palestinienne parquée dans ces camps de réfugiés « provisoires » depuis 1948, et quand on sait que le passé n'intéresse que très peu ces individus en prise avec une réalité autrement bouleversante. Bon an mal an, Sacco remonte la piste des survivants, souvent des vieillards meurtris à la mémoire chancelante, recoupe les témoignages, trace des cartes, fouille les archives – celle de l'ONU à New-York, d'autres, israéliennes, à Tel Aviv – pour tenter de dresser, du mieux possible, une image cohérente de ces évènements. Face au mutisme des israéliens et au langage hermético-diplomatique des sources onusiennes, son récit pourrait être taxé de partisan. Évidemment, les témoignages sont ceux des palestiniens, des victimes. L'auteur évite néanmoins de stigmatiser l'un où l'autre des protagonistes. Il fait, réellement, le métier de journaliste : relater des faits réels et avérés.

Même si le sujet de l'enquête est 1956, il est impossible de faire abstraction du présent, surtout quand les balles sifflent au-dessus de votre tête. Comme à son habitude, Sacco se met en scène sur place. Assisté de plusieurs traducteurs-facilitateurs (voir The Fixer), il sillonne Gaza et est témoin du désespoir quotidien des palestiniens. Ce témoignage est à la fois des plus éclairants et, malheureusement, désespérant pour le genre humain.

Et la BD dans tout ça ? Gaza 1956 est également un excellent album. le journaliste, maintenant dessinateur, est à la hauteur de la tâche. Il varie à l'infini la construction de ses planches : cases ouvertes, moule à gaufre, panoramiques, incrustations, textes narratifs « flottants ». Cette mise en page de haute de tenue reste toujours très lisible. Heureusement, car la quantité d'informations est imposante - il ne s'agit pas d'un livre lu en un quart d'heure. La caractéristique la plus marquante du dessin se trouve dans la manière dont l'auteur dépeint ses personnages. Seul ou perdu dans une foule, chaque individu possède une identité graphique propre. Ce soin apporté à la description physique des protagonistes renforce la profonde sincérité de la démarche narrative de l'auteur.

Joe Sacco, par son travail exemplaire à tous points de vue, prouve une fois de plus la force évocatrice et narrative de la bande-dessinée. Gaza 1956 est indispensable.
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (488) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5241 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}