Les enquêtes de Miss Merkel : Meurtre d'un baron allemand

Watson.
Achim réalisait tout doucement qu'il n'était pas Sherlock Holmes mais Watson. Il devrait s'en contenter. retraite ou pas, la répartition des rôles resterait la même au sein de son foyer : Angela était Frodon Saquet , lui Samsagace Gamegie. Angela était le capitaine Kirk, lui, pas même Spock, mais plutôt Montgomery Scott. Et Angela était Sherlockine et lui Watson.

Cours ! Lui cria son instinct dont elle apprécia l'excellent conseil sans toutefois pouvoir l'appliquer. Tétanisée, elle fixait la flèche qui bourdonnait et frétillait encore dans le tronc d'arbre.

- Que diable faisons-nous là ? demanda Achim, un peu essoufflé.

- Tu ne crois pas au diable, répondit Angela, tout aussi essoufflée.

-Que « Trump » faisons-nous là ?

Une fois arrivés au sous-sol, ils pénétrèrent dans la salle d’autopsie qui ressemblait exactement à celles qu’on voit dans les
séries policières : éclairage au néon, immenses casiers à tiroirs où étaient sans doute entreposés les corps, et quelques tables de dissection dont une seule était occupée.
Une femme d’âge mûr, vêtue d’une blouse blanche, se tenait devant la table, cachant avec sa corpulence la vue sur le cadavre. Il était clair néanmoins qu’il s’agissait bien du baron car les pièces de l’armure avaient été déposées sur une desserte.

Comme Poutine, pas le carlin mais le vrai, avait un jour laissé entrer son gros labrador noir dans son bureau lors de leur rencontre à Sotchi, alors qu’il était de notoriété publique qu’elle avait peur des chiens, Angela avait donné le nom du président russe à l’affectueux carlin.
…
Ah laissez donc, j’ai l’habitude de nettoyer derrière Poutine.

Poutine a fait des siennes annonça une voix derrière eux.
Six semaines auparavant, cette phrase aurait tenu Angela en haleine pendant des jours voire des semaines. A présent, elle signifiait simplement qu’elle devait tirer de la poche de son blazer un sac pour déjections canines.

En essayant de programmer la télécommande, il avait prouvé, si besoin était, que les chimistes quantiques étaient démunis face aux appareils électroniques du quotidien. C'est grâce à l'intervention involontaire de Poutine, qui avait marché dessus avec ses petites pattes, que la télécommande avait fini par fonctionner. Quelles touches avait-il piétinées par mégarde ? La combinaison magique restait un mystère qu'aucun spécialiste de la chimie quantique ne pourrait résoudre un jour.

— Il t’a draguée, constata Achim, indigné.
— Penses-tu ! nia Angela.
— Et comment qu’il vous a draguée ! confirma Mike.
Angela lui lança un regard sévère.
Mike fit un geste qui signifiait « Motus et bouche cousue ».
— Pourquoi quelqu’un voudrait-il encore flirter avec moi ?
Des chefs d’État, comme Nicolas Sarkozy, l’avaient fait, croyant bêtement
qu’Angela ferait des concessions au moment des négociations budgétaires
de l’UE. Mais à présent, elle n’avait plus rien à distribuer.
— Je ne sais pas, admit Achim.
— Mauvaise réponse, dit-elle en riant.
— Comment ça « mauvaise réponse » ? s’étonna Achim.
— Il fallait dire : « Parce que tu es une femme intelligente et très
séduisante. »
— Oui, oui. Bien sûr !

Les hommes politiques pris sur le fait ont recours à différentes techniques pour s'en sortir. Dans une telle situation, les ministres allemands formuleraient les choses ainsi : "Je m'exprimerai sur ce gantelet en temps voulu et devant la commission d'enquête compétente." Quant aux ministres russes, ils diraient : "On verra si tu t'intéresses toujours à ce gantelet quand tu croupiras en prison !" La palme reviendrait sans doute à un ancien président des Etats-Unis qui s'en sortirait par une pirouette : "Gantelet ? Ce n'est pas un gantelet ! Gantelet toi-même !"
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- Le carlin s'appelle Poutine ? demanda-t-elle, amusée.
-Oui.
-Original. Et comment appelez-vous ses tiques ? Orban et Assad ?
(p.114)