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Citations sur Les merveilleux nuages (39)

« Je t’userai, je m’userai, je ne te quitterai pas, nous n’aurons pas de répit. Deux êtres humains doivent pouvoir vivre cramponnés l’un à l’autre sans respirer. Ça s’appelle l’amour. » (p. 52)
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Il s'approchait d'elle, en effet, et en souriant.
"Tu te rappelles, Josée, ce que tu m'as dit un jour : "Les gens sont comme ils sont, je n'ai jamais voulu changer personne, personne n'a le droit de dire un mot sur personne." Tu te rappelles?"
Il était assis près d'elle et il parlait tout doucement, à ce point qu'elle ne savait plus s'il répétait ses mots comme une sorte d'évangile dont dépendait son bonheur, ou pour la confondre. Elle avait la gorge serrée. Oui, elle avait dit ça un jour d'hiver, à New York. Elle avait parlé une heure avec la mère d'Alan, et elle était sortie avec lui pleine de pitié, de tendresse et de beaux principes. Ils avaient marché une heure dans Central Park, et il semblait si éperdu, si confiant en elle...
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En rentrant un peu plus tard, un soir, elle trouva Bernard, assis avec eux deux. Il revenait d'un long voyage et elle lui sauta au cou mais il garda l'air sombre. Dès que Laura fut partie, il se tourna vers elle.
"A quoi jouez-vous tous les deux?"
Josée leva les sourcils.
"A quoi nous jouons?
- Oui. Alan et toi. Que voulez-vous à cette pauvre Laura?
- Personnellement, je ne lui veux rien. Demande plutôt à Alan."
Ce dernier souriait mais Bernard ne se retourna pas vers lui.
"C'est à toi que je le demande. Tu étais bonne dans le temps. Pourquoi acceptes-tu de transformer cette femme en guignol? Tout le monde se moque d'elle. Ne me dis pas que tu l'ignores.
- Je l'ignorais, dit Josée agacée. De toute façon, je n'y suis pour rien.
- Dans la mesure où tu laisses ce petit sadique la détraquer, la soûler et la bercer d'illusions, tu y es pour quelque chose."
Alan sifflota avec admiration.
"Petit sadique... comme vous y allez...
- Pourquoi laissez-vous croire à Laura que vous l'aimez ou que vous l'aimerez? Pourquoi l'avez-vous mise dans une situation ridicule? De quoi vous vengez-vous sur elle?
- Je ne me venge pas, je m'amuse."
Il avait tiqué. Bernard était furieux. Josée se rappela qu'on avait beaucoup parlé d'une liaison entre lui et Laura, dans les beaux temps de Vaux.
"Vous avez des amusements à votre hauteur. Des amusements de petit mufle trop riche et narcissique. Vous menez une vie imbécile tous les deux, vous par Dieu sait quel complexe assommant, Josée par veulerie, ce qui est pire.
- Tu as des retours agréables, dit Josée. Comment était ton voyage?
- Tu vas te décider quand à quitter ce type?"
Alan se leva, lui envoya un coup de poing et il y eut une bagarre fort maladroite et inesthétique, vu leur inexpérience. (...)
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La musique s'éleva dans la pièce, et elle chercha machinalement à la reconnaître, Grieg, Schumann? Il y avait deux concertos qu'elle confondait toujours.
"J'ai téléphoné aussi à ma mère. Je lui ai raconté - succinctement - les choses et je lui ai dit ma décision. Elle m'a approuvé."
Josée ne répondit pas. Elle le regarda avec une grimace qui signifiait : "Ca ne m'étonne pas."
"Elle m'a dit qu'elle était contente de me voir enfin agir en homme", ajouta Alan, d'une voix presque inaudible.
Il lui tournait le dos. Elle ne pouvait voir son visage mais elle le devinait. Elle esquissa un mouvement vers lui, puis s'arrêta.
"En homme!... répéta Alan d'une voix pensive. Tu te rends compte? C'est ce qui m'a réveillé. Sincèrement - et il se retourna vers elle -, sincèrement, tu penses que c'est se conduire en homme que de quitter la seule femme qu'on ait jamais aimée parce qu'elle a passé une demi-heure dans les bras d'un pêcheur de requins?"
Il lui posait la question de bonne foi, visiblement comme il l'eût posée à un vieil ami. Il n'y avait nulle trace de rancune ni d'ironie dans sa voix.
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"Nous avons donc oublié Josée, dit-il. Je ne vous connais pas, je suis un ivrogne que vous rencontrez dans un bar et qui vous casse les pieds avec le récit de sa vie. Je vais vous appeler Jean, c'est typiquement français.
- Appelez-moi donc Jean", dit Bernard.
Il vacillait de sommeil.
"Mon cher Jean, que pensez-vous de l'amour?
- Rien, dit Bernard, strictement rien.
- Ce n'est pas vrai, Jean. J'ai lu vos oeuvres, enfin un tome. Vous pensez beaucoup de choses de l'amour. Eh bien, moi, je suis amoureux. D'une femme. De ma femme. Amoureux d'une manière sadique et dévorante. Que dois-je faire? Elle songe à me quitter."
Josée le regarda, regarda Bernard qui se réveillait.
"Si elle vous quitte et que vous savez pourquoi, je vois mal ce que je peux ajouter.
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- Madame, je suis arrivé à l'âge heureux où l'on ne peut aimer que les gens qui vous font du bien.
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"Tu vois cette femme là-bas, dit Séverin en se rasseyant près d'elle, tu la reconnais?
- Attends... Non, je ne sais pas qui c'est.
- Elisabeth. Tu te rappelles? Elle travaillait dans un journal, j'étais fou d'elle...
- Mon Dieu! Mais quel âge a-t-elle?
- Trente ans. Elle en fait cinquante, non? C'est une de plus belles dégringolades que j'aie vues depuis ton départ. En deux ans. Elle s'est amourachée d'une espèce de peintre demi-fou, elle a tout plaqué pour lui, elle ne travaille plus; et elle boit. Car en plus, maintenant, il ne veut plus la toucher."
La nommée Elisabeth, comme prévenue, se tourna vers eux et fit un petit sourire à Séverin. Elle avait le visage à la fois maigre et gonflé et un regard de bête malade.
"Tu t'amuses? cria Séverin.
- Je m'amuse toujours chez toi."
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Ils déjeunèrent d’huitres et de fromages dans un bistrot de luxe – Alan ne supportait que les nappes blanches – et se quittèrent à deux heures et demie.
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Sur le ciel bleu cru de Key Largo, le palétuvier se détachait en noir, à contre-jour, et sa forme desséchée, stéréotypée n'évoquait en rien un arbre mais plutôt un insecte infernal.
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L'étranger
"Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh ! Qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !"

Charles Baudelaire
Poèmes en prose
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