Aimez ceux que vous commandez. Mais sans le leur dire.
Voyez-vous, Robineau, dans la vie n'y a pas de solutions. Il y a des forces en marche : il faut les créer et les solutions suivent .
Les échecs fortifient les forts.
Une victoire affaiblit un peuple, une défaite en réveille un autre.
Il ne pense rien, disait de lui Rivière, ça lui évite de penser faux.
Aimez ceux que vous commandez. Mais sans leur dire.
Elle regardait ces bras solides qui, dans une heure, porteraient le sort du courrier d’Europe, responsables de quelque chose de grand, comme du sort d’une ville. Et elle fut troublée. Cet homme, au milieu de ces millions d’hommes, était préparé seul pour cet étrange sacrifice. Elle en eut du chagrin. Il échappait aussi à sa douceur. Elle l’avait nourri, veillé et caressé, non pour elle-même, mais pour cette nuit qui allait le prendre. Pour des luttes, pour des angoisses, pour des victoires, dont elle ne connaîtrait rien. Ces mains tendres n’étaient qu’apprivoisées, et leurs vrais travaux étaient obscurs.
Dans la vie il n'y a pas de solution. Il y a des forces en marche : il faut les créer et les solutions suivent.
Et voici qu'il ne sentait plus ses mains endormies par l'effort. Il voulut remuer les doigts pour en recevoir un message : il ne sut pas s'il était obéi. Quelque chose d'étranger terminait ses bras. Des baudruches insensibles et molles.
Fabien a besoin de déposer les armes, de ressentir sa lourdeur et ses courbatures, on est riche aussi de ses misères, et d'être ici un homme simple, qui regarde par la fenêtre une vision désormais immuable. Ce village minuscule, il l'eût accepté, après avoir choisi on se contente du hasard et de son existence et on peut l'aimer.