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Citations sur Les sentinelles du soir (57)

La vieillesse permet peut-être de retrouver le bonheur d'être soi-même. Personne ne peut plus avoir la tentation d'être un autre. Les dés sont jetés. Les émotions troubles qui nous ont traversés comme la préoccupation de paraitre, la possession ou l'ambition, s'atténuent à mesure que s'éloignent les âges de la vitalité et de la vanité. C'est alors que beaucoup découvrent - mais il est souvent trop tard que la merveille est dans l'instant. Les hommes font ainsi de longs détours pour retrouver cette fraicheur naturelle aux enfants.
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J'ai attendu un moment, et je lui ai cité maître Eckart, mon vieux compagnon de nuit blanche dans la prison de Tulle : « Ce ne sont pas nos gestes qui nous sanctifient, c'est nous qui sanctifions nos gestes. » Je crois que c'est là notre seule liberté.
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Ce long compagnonnage avec le courage m'a été utile en prison et lorsque je suis tombé malade, à la fin des années soixante-dix. Les heures tombaient une à une dans le silence. Je m'avançais sur les rebords du vertige, lorsque la tentation de céder était trop forte. Je pensais alors à la nuit du tunnel et à mes frères de malheur, aux heures d'attente dans les carlingues avant de sauter, et à ma mère devant son ouvrage , avec son aiguille, point par point, dans la lumière pâle de l'hiver. Alors je marchais intérieurement, une respiration après l'autre, pour atteindre la terre ferme, ou l'angoisse lâchait prise.
Ce courage-là me sera sans doute nécessaire en approchant de la mort. J'ai suffisamment vécu pour savoir que mes victoires passées ne me garantissent pas contre l'affolement final. Chacun rejoue sa vie jusqu'à la dernière seconde. C'est sans doute à ce moment-là qu'il me faudra retrouver, une dernière fois, le courage de ma mère, son sourire et son regard vert.
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La souffrance était telle que je devais limiter mon champ de conscience et fractionner le temps. J'en étais arrivé, pour tenir un jour encore, à séparer ma propre vie en tranches de quelques minutes à peine. Atteindre encore l'autre rive, faire un pas, puis l'autre, marcher, une jambe projetée dans le vide à la recherche d'un peu de terre meuble, soulever mon squelette, ne pas penser, ne pas regarder, trouver encore la force au-delà de mes forces, chercher le visage de ma mère, ne pas pleurer, penser à tous le courage déjà accumulé, haïr les SS pour ce camarade qui m'a tendu la main et qu'ils ont jeté dans la fosse comme un chien, ne pas fermer les yeux, surtout ne pas glisser, forer encore, percer le mur, oublier les aboiements, chercher un appui, vouloir une seconde accrocher le regard du Kapo. Mais non, ne pas quémander un geste de grâce, ne rien lâcher, déjà une minute de gagnée... Maintenant atteindre l'autre minute. Et tout recommencer.
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Ces question s'aiguisent avec le temps, surtout certains soirs, quand la vitalité et parfois le courage diminuent. La tentation du découragement plane, comme un aigle qui tourne autour de sa proie, en cercles rapprochés. C'est alors que l'on se tourne vers cet enfant que l'on a été, débordant d'un appétit de vivre que rien ne semblait pouvoir rassasier, grave de la vérité de la vie. Surtout, pense-t-on en soi-même, faites que je ne le déçoive pas.
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Mais la réalité profonde est la même: faire table rase du passé, construire un homme nouveau sur les décombres de l’Histoire, trouver une fraternité qui ouvre une nouvelle page de leur existence. Les uns sont peut-être des héros en herbe, les autres des êtres dégradés. Le pire et le meilleur se côtoient. Je sais leur mystère et ce miracle qui, de cet étrange ensemble, fera jaillir une formidable passion. […]
J’aime assister au départ des légionnaires, lorsqu’ils s’ébranlent lentement, de ce pas calme et puissant qui vient de loin. C'est un choc pour le profane. Notre monde a le culte de la vitesse. les adolescents font preuve d'une dextérité inouïe devant leurs consoles informatiques. […] En raisonnant à la vitesse de la lumière, nos enfants gagnent une souplesse d'esprit remarquable. mais ils perdent en même temps le sens de l’épaisseur des choses[…] Il faut du temps pour faire un homme. […]
Peut-être avez-vous été surpris par le culte des morts, presque obsessionnel des unités de la Légion. Les hommes ressemblent à des façades qui se dressent de chaque côté de la rue. Elles sont toutes identiques du dehors, mais elles contiennent tant de mystères, de drames ou de richesses cachées… La vérité n’est pas toujours dans la lumière. Nous portons chacun une dissonance, une fêlure et des ressources insoupçonnées. Si je pouvais ouvrir votre tiroir secret, que trouverais-je?
[…]La vocation des armes est indissociable de la fraternité. […] Sous l’uniforme, seul compte le danger partagé. Je ne te demande ni ton nom, ni ta religion, ni ta race, mais seulement quel est ton courage.…
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Le courage d’une mère

Je voudrais entendre un jour un hymne au courage, cette lente et sourde marche, trébuchante, incertaine, misérable sans doute, de l’humanité qui souffre et ne renonce pas.
C’est ma mère qui m’a enseigné le courage. J’avais sept ou huit ans. Nous vivions à Bordeaux, dans un quartier sombre et opulent, près des quais de la Garonne. Les soirées d’hiver à la maison étaient longues et faiblement éclairées. Je m’ennuyais en silence, debout à côté du fauteuil où ma mère était assise. Elle cousait, avançant point par point… Attentif, je regardais sa main qui courait, rapide, agile, précise. Au bout de longues minutes, elle a tourné vers moi son regard vert et lumineux et m’a dit en souriant : « Tu sais, Hélie, le travail et le courage, c’est comme ce que je fais ici ; point par point, pas à pas. »
[…] Ce courage me sera sans doute nécessaire en approchant de la mort. J’ai suffisamment vécu pour savoir que mes victoires passées ne me garantissent pas contre l’affolement final. Chacun rejoue sa vie jusqu’à la dernière seconde. C’est sans doute à cet instant-là qu’il me faudra retrouver, une dernière fois, le courage de ma mère, son sourire et son regard vert.
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Faire partie des vaincus a au moins un avantage. On n'y trouve pas ses accommodations et ces intrigants qui foisonnent dans les parages des vainqueurs, et rarement cette fièvre de paraître qui est une maladie mortelle pour l'être humain.
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L'homme qui a vu l'autre côté du monde ne peut plus vivre à bon compte.
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Nous sommes semblables à ces vagues successives qui retournent inexorablement à l'océan, après avoir caressé le sable de la terre. le mystère veut que la vieillesse et l'enfance finissent par se répondre. [...] J'arrive à l'âge ou sont morts mes parents, à l'âge où il n'y a plus de différence d'âge, où ma génération ressemble aux feuilles mortes en octobre ; l'une suivant l'autre, les feuilles voisines tombent et se recouvrent. Insensiblement, l'enfant que j'ai été recommence à occuper mon esprit. [...] Ces à ces signes, peut-être, que l'on reconnaît que la fin approche.
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