Contes d'errances, contes d'espérance

Aujourd'hui celui que je croyais être mon ami m'a donné une gifle. La peine que j'ai m'appartient. Je suis donc seul responsable de ce que je vais faire de cette peine.

J'appelle "imprévisible" l'apparition de signes qui peuvent se manifester dans un domaine aux antipodes de ce que je viens de raconter et qui pourtant s'y rapportent étroitement. Quand l'imprévisible surgit, c'est souvent pour dire et cacher, pour révéler et masquer l'indicible. L'imprévisible s'arrange pour bousculer le monde des apparences, pour permettre aux situations inachevées de trouver un aboutissement. L'imprévisible sous la forme d'une rencontre, d'une lecture, d'une résonance, recadre, repositionne ou rééquilibre une situation confuse ou bloquée.

Les mots du silence qui naviguaient dans la tête et le corps de cette petite fille étaient vraiment silencieux. Ils se laissaient tout au plus dessiner par ses doigts sur une feuille de cahier, ils cherchaient tout simplement une place pour se déposer. Ils n'avaient pas besoin pour l'instant d'être entendus. ils aspiraient simplement à remonter à la surface car ils venaient de très loin, ayant parcouru un long chemin dans l'imaginaire de cette petite fille. Ils avaient besoin de prendre un peu d'air, de danser sous sa plume, de voir le bleu du ciel, de respirer à pleins poumons pour se sentir vivants. Ils avaient besoin d'être accueillis et regardés uniquement par elle, chuchotés par les murmures de ses émotions avant de se poser à plat sur une feuille de cahier d'écolier.

Pour l'instant, vous l'avez deviné, cette petite fille écrivait pour elle. Un jour, certainement, elle écrira pour les autres, en direction de lecteurs inconnus. Alors ses mots prendront leur envol, traverseront l'espace, iront au-delà des mers et des océans et seront enfin reçus, entendus et compris par tous ceux qui se reconnaîtront en eux.

Il n'y a aucune morale à cette histoire, si ce n'est qu'elle tente de refléter un des malentendus les plus vifs et quelquefois des plus durables entre une femme et un homme : le besoin de se dire chez l'une et la difficulté à s'exprimer chez l'autre.

Il y a parfois des jumelles qui s'ignorent. Savez-vous par exemple que que dans beaucoup de cas, au moment de la conception, quand une femme et un homme ont fait l'amour, il peut y avoir deux ovules qui sont fécondés et qui vont donc cohabiter, être proches l'un de l'autre de façon discrète pendant quelques semaines dans le même utérus? Et puis, un de ces ovules, non viable comme on dit, est éjecté. Il s'agit donc d'une mini-fausse couche à l'intérieur d'une grossesse, qui se poursuit normalement pour l'autre ovule. Celui-ci va se développer, devenir un fœtus, rester en place durant neuf mois et donner la vie à un très beau bébé, à une petite Alexandra par exemple. Mais cet enfant se construira avec un manque. Un manque important, le besoin de la présence de sa "jumelle". Au profond de toute sa sensibilité, elle va garder le souvenir de sa "sœur", la trace de cette cohabitation très proche qui, même si elle , n'a duré que quelques semaines, a laissé une empreinte qui ne s'effacera jamais en elle. Et il arrive parfois que cette "jumelle" inexistante continue à se manifester dans la vie de celle qui est venue au monde, sous la forme d'un personnage qui prendra un peu de la vie de l'autre, qui lui imposera des conduites, des choix, comme si elle revendiquait de cette façon le droit d'avoir tout de même une existence...

Car vous ne le savez peut-être pas encore, mais les choses les plus importantes d'une vie d'enfant sont écrites avec les mots du silence. Les mots du silence sont des mots très rares qu'on ne trouve dans aucun livre, qui restent longtemps coincés dans la poitrine, qui se glissent parfois jusque dans la gorge mais n'arrivent pas jusqu'à la bouche. Les mots du silence ne sont pas faits pour être entendus avec les oreilles. Les mots du silence se murmurent avec des gestes infimes et des mimiques immobiles, ils se lisent avec les yeux fermés, s'écoutent avec le coeur, se gardent au profond de soi, dans la douceur des émotions.

En attendant, cette jeune fille faisait chaque jour, avec ses poèmes et ses rêves, plein de cadeaux imaginaires à sa mère en attendant de pouvoir retrouver l'homme de ce premier amour...

Si vous la rencontrez, dites-lui que moi aussi j'ai eu un premier amour, que je ne sais où elle se trouve dans le vaste monde mais qu'elle a une place dans mon coeur et qu'il m'arrive certains soirs de penser à elle, avec beaucoup d'émotion.

Le plus difficile n'est pas de dire aux autres ce qui nous habite ou nous préoccupe, c'est d'oser se le dire à soi-même !

Car vous ne le savez peut-être pas encore, mais les choses les plus importantes d’une vie d’enfant sont écrites avec les mots du silence.
Les mots du silence sont des mots très rares qu’on ne trouve dans aucun livre, qui restent longtemps coincés dans la poitrine, qui se glissent parfois jusque dans la gorge mais n’arrivent pas jusqu'à la bouche.
Les mots du silence ne sont pas faits pour être entendus avec les oreilles. Les mots du silence se murmurent avec des gestes infimes et des mimiques immobiles, ils se lisent avec les yeux fermés, s’écoutent avec le cœur, se gardent au profond de soi, dans la douceur des émotions.