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3,46

sur 94 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le 18 août 1969, sur la scène de Woodstock, Jimi Hendrix a joué sa version de l'hymne américain. Ce fut un véritable évènement pour ceux qui refusaient l'Amérique de la guerre du Vietnam ou l'Amérique du racisme ordinaire.
Lydie Salvayre part de cette interprétation pour nous raconter Jimi Hendrix et sa musique dans une Amérique en plein bouleversement.

J'ai été intéressée par cette biographie romancée même si je ne connaissais presque rien de ce musicien.
Ce livre n'est pas une biographie exhaustive, Lydie Salvayre s'arrête aux évènements qui ont influencés la musique et le personnage de Jimi Hendrix. Elle fait beaucoup de lien entre sa musique, son enfance, la réalité sociale et politique de l'Amérique des années 50 et 60 dans toute sa violence. Car c'est un livre engagé.
Elle nous fait découvrir un homme incroyablement timide et qui a une faible estime de sa personne, très marqué par une enfance pauvre et par le racisme, lui qui a du sang Cherokee et noir.
Un homme qui se fera totalement avoir par un manager peu scrupuleux. Et un homme extrêmement touchant.
Et elle nous fait sentir la puissance de sa musique.

J'aime l'écriture de Lydie Salvayre que je trouve très percutante. Mais j'ai trouvé qu'elle donnait un peu trop dans l'explication, la comparaison et j'ai trouvé ça parfois crispant. Je préfère lorsqu'elle nous fait vraiment ressentir les choses plutôt que quand elle tente de nous les expliquer.

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Lydie Salvayre se lance dans un, roman sur le guitariste Jimi Hendrix à mi chemin entre la biographie et l'hommage. Tel une comète ravagée par le soleil, ce musicien génial n'aura brillé que quelques années. Si le destin de Hendrix mérite qu'on s'y attarde, l'ensemble est assez confus et les propos de l'auteur souvent péremptoires.
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Je trouve toujours intéressant qu'un auteur décide d'écrire sur un personnage très éloigné de son univers habituel. Lydie Salvayre le fait dans « Hymne » qui rend un vibrant hommage à Jimi Hendrix.
Elle part du célèbre titre « The Star Splangled Banner » qu'il a joué et chanté le 18 août 1969 à Woodstock et compose à partir de cet événement, sorte d'acmé à la fois dans sa carrière de musicien et dans sa consommation de drogues et d'alcool, une biographie personnelle déroulée comme un long poème.
J'ai apprécié ce parti pris de l'auteure qui manie la langue avec bonheur et sait l'exalter dans un sujet parfaitement maîtrisé. L'effet pervers de ce choix est cependant l'excès. Or, des excès il y en a : son insistance répétée à évoquer l'abandon de la mère, la vénalité du manager, les tournées épuisantes, qui sont autant d'explications à l'addiction du musicien au sexe, à la drogue, à l'alcool et bien sûr à sa mort prématurée. Jimi Hendrix était un guitariste de génie, à la fois acteur et victime d'une carrière fulgurante et d'une époque contestataire porteuse d'un formidable élan et d'une foi nouvelle. Certes, Lydie Salvaire rend bien cet aspect des choses mais irrite profondément par des envolées lyriques outrageusement laudatives, artifice qu'elle est d'ailleurs la première à condamner.
Je suis certaine que le livre aurait gagné en qualité avec davantage de retenue.
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Au matin du 18 août 1969, Jimi Hendrix s'apprête à conclure avec son groupe un événement sans précédent, qui a réuni à Woodstock plusieurs centaines de milliers de personnes pour trois jours de paix et de musique. Devant un public clairsemé au terme d'un marathon pas épargné par une météo capricieuse, dans ce qui ne restera pas - loin s'en faut - parmi ses meilleurs concerts, le musicien lance un cri de révolte contre la folie guerrière qui décime la jeunesse de son pays au Vietnam. Avec sa seule Stratocaster il reprend l'hymne américain, note pour note, l'agrémentant du vacarme des bombes, du bruit terrible de leurs explosions, dans une puissance dramatique d'une rare intensité. Il fait de The Star Spangled Banner « une oraison, une prière fracassante », tout en le libérant et lui redonnant le sens qu'il portait lorsqu'il fut écrit en 1814 à seule fin de protester contre la guerre.

Lydie Salvayre fait de cet instant unique l'élément central de son texte. Elle revendique haut et fort sa vénération pour Jimi Hendrix, n'hésitant pas à l'élever au rang d'icône de pureté dans un monde perverti. Elle revient dans une partie nettement biographique sur le parcours de cette comète qui illumina le monde de la musique, génie incompris, voire dérangeant pour une Amérique musicalement traditionaliste, guindée, coincée dans des styles immuablement figés, lui, l'enfant pauvre, à la croisée de plusieurs cultures, dont l'enfance fut désespérément marquée par la trop grande absence de sa mère.

Pour ce musicien noir hors normes la reconnaissance vient finalement d'un vieux continent qui se cherche une identité dans des courants musicaux fortement imprégnés de nouveau monde, où émerge un British blues dont Eric Clapton - pour ne citer que lui - fait figure de référence. Son chemin croise également notre Johnny national, ainsi qu'un Brian Jones déjà sur la mauvaise pente, en qui il retrouve une sensibilité égale à la sienne.

L'auteure insiste sur les conditions imposées par un manager véreux, sorte de clone du Colonel Parker qui s'illustra auprès d'Elvis, attribuant à celui qu'elle appelle « l'immonde Jeffery » l'entière responsabilité de la lente mais inexorable descente aux enfers d'Hendrix, à coup de tournées épuisantes physiquement et psychologiquement, amenant lentement l'artiste à abuser des produits qui lui seront fatals.

Le style m'a quelque peu dérouté, l'enthousiasme débordant de Lydie Salvayre aboutissant parfois à une certaine emphase qu'elle reconnaît ne pas apprécier chez les autres, usant de termes provocateurs pour décrire le jeu de scène de l'artiste. Elle n'hésite pas à multiplier les comparaisons avec des compositeurs classiques, et à ponctuer ses réflexions de références littéraires, voire philosophiques, qui m'ont paru s'éloigner de la description de personnage timide et réservé qu'elle fait par ailleurs du musicien.

J'ai, en revanche, été touché par les dernières lignes, qui évoquent dans une sorte d'accéléré morbide ce que furent les ultimes tentatives de Jimi Hendrix pour continuer sa route, ses derniers espoirs, ses dernières illusions dans une possibilité de s'accomplir musicalement de façon plus satisfaisante, avant de tirer sa révérence, un 18, en septembre 1970 cette fois.
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J'ai eu la chance d'écouter Lydie Salvayre lire des extraits de cet éloge à Jimi Hendrix. D'une voix douce, mélodieuse, sans artifice et accompagnée d'un guitariste qui pastichait le rock avec excellence. Les passages choisis disaient les frustrations enfantines, les humiliations racistes, les difficultés à être entendu, sinon compris. Avec en arrière-plan, l'histoire de l'Amérique. Parfait!
Pourtant la lecture de tout le livre m'a déçue : les reprises lexicales et la disposition même des paragraphes sous forme de litanies deviennent lassantes car trop systématiques. Les réflexions de l'auteur, mises entre parenthèses, suggèrent des rapprochements culturels pas toujours judicieux. Et là encore, le procédé est trop systématique. Et des "gros mots" à la pelle...
Dommage, il faut se contenter de l'essence du livre et écouter Jimi Hendrix!
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""Le matin du 18 août 1969 à Woodstock, Hendrix fit entendre un cri insoutenable, insoutenable ment beau, et paradoxalement libérateur."

C’est à ce concert exceptionnel au cours duquel Jimi Hendrix va interpréter The Star Spangled Banner - détournement iconoclaste de l’hymne entonné normalement en prélude aux allocutions du Président Nixon – que Lydie Salvayre consacre son Hymne.

240 pages pour essayer de dire en quoi ce concert à Woodstock fut aussi exceptionnel, aussi hors du commun, à l’image du parcours de ce musicien noir américain qui vivait là ses derniers mois – Hendrix meurt le 18 septembre 1970 – mais aussi à une forme d’apothéose musicale concentré en trois minutes quarante trois.

Le cri de Hendrix fit tomber en un instant, ce matin du 18 août 1969, à Woodstock, des murs entiers d’indifférence et d’amnésie. Il résonne encore aujourd’hui.

Voilà la thèse que défend Lydie Salvayre qui s’interroge sur la puissance mystérieuse de quelques minutes de guitare devant un public très nombreux. Car, si l’auteure va dérouler la biographie chaotique du grand guitariste de rock, sa réflexion porte aussi sur l’évolution qu’a connue notre société depuis ces années là et son incapacité à entendre aujourd’hui un appel d’une telle force au milieu du brouhaha ambiant.

Son histoire ?

Une enfance difficile, auréolée de légendes, autour d’une mère incapable de s’occuper de ses enfants, et qui meurt alcoolique à 32 ans, mais que le petit James Marshall (que tout le monde appellera désormais Jimmy) idéalise dans ses rêves et ses chansons. L’église qui lui apportait du réconfort jusqu’à l’âge de 8 ans le chassa un jour parce qu’il avait la peau noire.

Un père qui boit mais de qui il obtient sa véritable planche de salut : une guitare.

Commence à jouer dans les bars de Seattle, puis rejoint en 1964 LA ville où il faut être : New York. Où il croise Dylan, Ornette Coleman ou John Coltrane.
"Le souvenir de cette humiliation et de toutes celles qu’il essuya, à New York et ailleurs, resta gravé en lui jusqu’à sa mort, et transparut quelquefois dans les paroles de ses chansons. (…) Après tant d’autres dans l’Histoire, Hendrix fit en ce bas monde le rude apprentissage du génie chez les âmes inférieures."

Heureusement pour Jimi, il eut l’idée de quitter l’Amérique, insensible qu’il était aux critiques : "Hendrix continua de jouer, ici et là, seul ou avec d’autres, animé de la même inexorable résolution" ». Et c’est cela qui est beau. Il flaira qu’ailleurs il pourrait faire entendre le son qui était le sien. Et il avait raison. "Il arriva à Londres en inconnu le 24 septembre 1966. Un mois après il était une star. "

Jimmy, devient Jimi, participe à un premier concert avec Eric Clapton, est propulsé par son producteur Jeffrey (qui va devenir l’ignoble Jeffrey) qui a flairé lui aussi la bonne affaire.

En fait Lydie Salvayre nous explique que Hendrix n’eut d’autre génie que d’être lui-même.
Parti du pire, il n’aboutit pas forcément au pire, comme nous laissent le croire certains élus politiques qui voudraient qu’on détecte les signes de la délinquance dans les gènes des tout petits.
Et puis il n’a cessé de travailler, et de travailler.
Car même s’il est riche, il n’en est pas moins en butte aux blagues racistes quotidiennes des années 60.
" Pour le dire en une phrase, Hendrix fit ce qu’il croyait devoir faire et qui lui semblait être beau, aux yeux comme aux oreilles, sans accorder d’autre attention qu’à cela."

Que se passa-t-il alors, en ce 18 août 1969, devant le parterre du public de Woodstock, quand Hendrix prit sa guitare

Grâce au solo de Jimi Hendrix, la jeunesse américaine reprend espoir. Pour cela il faut "lever le déni des forfaits perpétrés par la guerre au Vietnam, laquelle se fardait des meilleures intentions et parlait pudiquement de volonté pacifiante."
Le défi consistait à dénoncer aussi bien les morts du Vietnam que ceux des révoltes noires des années 50, que les milliers d’Indiens morts. Il faut dire que Jimi Hendrix a tout cela dans ses veines : Cherokee par sa Grand-Mère, noir de peau, son génie musical a longtemps été méconnu jusqu’à ce qu’il connaisse un succès planétaire après son passage en Angleterre.

Mais il y a l’horrible Jeffrey, Jeffrey le producteur qui veillait au grain, Jeffrey qui l’envoyait se produire pour 255 concerts pour la seule année 1967, presque autant en 1968 et Jeffrey qui accumule de fabuleuses recettes à la clef. Et Jeffrey qui est aussi le pourvoyeur de drogues et de psychotropes en conséquence …

Et maintenant ?

Lydie Salvayre réussit à nous captiver jusqu’au bout avec ses trois minutes quarante trois d’exception. Avec la verve qu’on lui connaît, elle adopte le même style que Hendrix avec sa guitare : elle puise dans la langue française les trésors rabelaisiens qu’elle ramène à la surface du 21ème siècle, pour éveiller nos consciences. Elle cherche à se démarquer du pseudo langage d’aujourd’hui ("des phrases courtes, ma chérie") couvant sous les slogans publicitaires. Elle fait voler en éclat les règles grammaticales pour mieux laisser éclater la vérité de ses quelques minutes hors du commun.

En fait cet Hymne est en quelque sorte le J’accuse de Lydie Salvayre. Derrière le personnage de Hendrix elle dresse le procès de notre société qui tue la créativité au nom de la rentabilité à tout crin, citant les producteurs comme témoins à charge. Jeffrey est la figure abjecte de la recherche effrénée du profit, et le symbole de tous ceux qui tirent profit des artistes, en les étouffant à plus ou moins brève échéance.

C’est en cela que cet Hymne est parfaitement d’actualité : "Où entend-on aujourd’hui une conflagration de cette ampleur qui nous alarme aussi abruptement sur la démence du monde et qui nous interroge aussi abruptement sur notre maintenant ?"
Eh bien, dans les livres de Lydie Salvayre.
Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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