: Une vie à la cité racontée par le camarade d'une école de CM2. Ces personnages arriveront à la fin de l'année et dans quelques mois, ça sera déja le collège et la 6ème.
Et lui, le narrateur, il est le nouveau.
C'est assez ironique lorsque l'on sait qu'en sixième tout le monde est le nouveau( sauf les redoublants). Il arrivera pile poil au bon moment pour se faire remarquer et se faire tailler un "costard" sur mesure le nouveau. Mais le Nouveau n'est pas toujours la victime,vous verrez. C'est aussi peut-être celui qui initie une autre façon de faire ( si on l'écoute).
" ...Avant d'être le Nouveau, j'avais une vie. J'étais quelqu'un. Avant, mon nom était aussi commun qu'un "bonjour". Avant, on ne se souciait pas de savoir où j'étais né, d'où je venais, qui étaient mes parents et les parents de mes parents. Pour ne pas être personne, il me suffisait de rester simplement moi. Avant, je n'avais pas besoin de virer le matériel d'un autre pour me faire un nid. Mais ça, c'était avant..."
Ce que l'on retiendra rapidement sur les quelques premières pages, l'agréable saupoudrage poétique de l'auteur
Insa Sané sur un quotidien banal raconté et qui pour certains pourrait en manquer.
Il aimera la langue française, cela se sentira sur sa façon tout à lui de raconter, transformant un verbe familier avec des tournures spirituelles, et ce au travers de son jeune personnage Bounégueux ( oui, il s'appelle comme ça).
Le père de Bounégueux aussi aimera la poésie, mais aussi la sagesse à portée des enfants. Nous comprendrons pourquoi.
L'auteur va rapidement accumuler les petites pressions et elles vont lutter au corps à corps avec la bonne éducation et les perles de sagesse de son papa, parce qu'en plus d'être encore dans ce sentiment du Nouveau en 6ème, Bounégueux se trouvera être le plus petit ( celui qui n'aura pas sauté de classe avec les hormones).
On comprendra que cela ne soit pas simple à surmonter pour se concentrer sur les vrais changements qui comptent sur ce moment charnière.
Comme quoi, il n'y a pas que les filles qui en bavent sur l'action de la puberté, physiquement et psychologiquement (mais on en conviendra, pour nous adultes, il sera moins embarrassant et plus drôle de rire d'une voix qui valse de la flûte au baryton, de quelques poils en balaillette au dessus de la bouche plutôt que d'une poitrine qui pointe, c'est certain. Il y a des moqueries plus redoutables et intimes que d'autres).
À la puberté, il y a la voie du plus fort et du plus bête( c'est compliqué lorsque les deux se mélangent).
Medi, la "grande bouche" de la CM2, va trouver, selon l'autre, le grand Fabrice, son maitre.
Fabrice est un jeune redoublant avec du duvet au dessus de la bouche et la poussée de croissance significative.
Le récit va devenir intéressant en ce sens qu'il va être compliqué pour Bounégueux de sortir de ses automatismes de la petite école: se tourner vers l'adulte référent en cas de problème et dénoncer.
Quelle préssion, souffrir en silence et ne jamais se coller l'image de la "balance".
Autour de Médi vont se liguer les potes de la CM2, Erwan, Maya, Jeanne et Bounégueux( dans son petit sens de la justice). On s'attachera à Bounégueux en partie pour cela, dans une éducation sage et un sens des relations humaines déja pertinent.
Pourquoi ne pas réclamer l'aide des adultes si ils sont prêts à écouter et à protéger? Sommes-nous trop grands pour cela au collège et peut-on se protéger de tout à l'école?
Le ton des situations sont justes et les jeunes lecteurs devraient se retrouver dans les contradictions et les vilains tourments de ces jeunes gamins imaginés ici.
Ça ne démarre pas très bien pour Bounégueux mais le petiot est si sincère et si droit, comment lui en vouloir de vouloir bien faire les choses pour aider les autres, même si la clique des autres personnages préférerait faire autrement?
Il faudrait vraiment de la mauvaise volonté.
Non, vraiment, cela sent tout de même la chouette amitié à la cité Argonautes.