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EAN : 9782259279147
312 pages
Plon (23/01/2020)
3.94/5   94 notes
Résumé :
Un chef d’entreprise pendu avec une balle dans la tête, une femme en tenue affriolante étranglée dans ses toilettes, un mort sans visage près d’une voie ferrée, un marginal suriné soixante-seize fois avant d’être incendié… La table d’autopsie du docteur Sapanet, au CHU de Poitiers, ne désemplit pas. Chaque année, son équipe d’experts traite plus de 450 dossiers de morts
suspectes ou criminelles à la demande de la justice.

Avec humour et pédagog... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Michel Sapanet, directeur de l'institut médico-légal de Poitou-Charentes, expert judiciaire, est médecin légiste, profession fascinante qu'il rend accessible et compréhensible à travers ces chroniques, autant de courts billets indépendants sur une petite trentaine de dossiers sélectionnés sur les près de 450 que traite son équipe chaque année.

Il plonge le lecteur illico en direct de la morgue, entre morts suspectes et morts criminelles, pas avare en détails précis sur ses méthodes de travail pragmatiques ( parfois très glauques - comme attendus – avec moultes précisions scientifiques rendues abordables ), sur son rôle auprès de la cour d'Assises ( pour apporter des preuves ou les infirmer, pour éclairer le processus ayant conduit à la mort, là où finalement le travail du légiste prend tout son sens dans sa quête de vérité ), sur sa déontologie ( visant à respecter le corps tout se mettant à distance d'une empathie trop forte qui impacterait sur sa vie personnelle ).

C'est d'autant plus intéressant que la sélection des dossiers permet de brosser un panorama quasi sociologique des turpitudes de notre époque : féminicides, pratiques sexuelles déviantes, médecine psychiatrique débordée, suicide, alcoolisme, obésité, fin de vie et euthanasie, défaillances des EPHAD etc.

Pour rendre supportables ses chroniques forcément très morbides, Michel Sapanet distille dans chacune un humour très présent, toujours pertinent, jamais déplacé, un humour noir, bien sûr, très pince-sans-rire dont j'ai apprécié la hauteur de vue. A ce titre, la chronique « le Crane » est particulièrement savoureuse avec ses dialogues quasi surréalistes entre le légiste et un gendarme au sujet du crâne en fragments d'une dame mis sous scellé : les quiproquos s'enchaînent et on rit.

L'autre chronique que je retiens est « Abel », sur un registre très touchant, puisqu'elle relate la rencontre de Michel Sapanet avec le paléoanthropologue Michel Brunet et la partie antérieure de la mâchoire d'un australopithèque vieux de plus de 3,5 millions d'années.

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N°1752 – Juin 2023

En direct de la morgueMichel Sapanet - Plon.
Sous ce titre peu engageant, digne d'un polar, l'auteur, également médecin- légiste, évoque son métier qui l'amène parfois à faire entrer son lecteur dans une dimension insoupçonnée, témoin le récit ouvrant ce qu'on peut appeler ce recueil de nouvelles, qui tient davantage du « Jugement de Dieu »médiéval que de la science, mais pourquoi pas ? le Docteur Sapanet, que rien ne prédisposait à l'écriture, y est arrivé un peu par hasard et ce métier d'expert judiciare, assez loin de ses rêves de carabin, s'est aussi imposé à lui. Vous avez dit destin ?
Voilà donc son quatrième opus où il invite son lecteur à plonger à sa suite à la fois dans les turpitudes humaines et dans un domaine qui nous inquiète et nous fascine par le mystère qu'il porte en lui, la mort. Il est en effet un maillon essentiel de la justice et lui apporte ses lumières en faisant parler les morts qui en principe sont muets, dénoue le vrai du faux, distingue un suicide d'un assassinat, participe à la manifestation de la vérité en remettant éventuellement en cause la sacro-sainte « présomption d'innocence » qui protège les criminels. En effet, pour ceux qui sont mis en examen par l'autorité judiciaire, il y a non seulement une privation de liberté avec tout ce qu'elle implique mais aussi l'opprobre d'être un repris de justice. Quand le légiste intervient c'est à la demande des magistrats parce que la Camarde a fait son office tout en laissant derrière elle des interrogations qu'il sera chargé d'éclaircir. C'est en effet du grand art de révéler les derniers instants du mort et de combattre les évidences. de ses conclusions dépendront les orientations des investigations des enquêteurs et les suite d'un éventuels procès
Le mouvement qui caractérise la vie est rassurant et l'immobilité d'un corps suffit à provoquer chez nous une réaction d'angoisse qui est souvent motivée par la peur de la mort et il n'y a gère que le sommeil, par son côté réparateur , apaisant et temporaire qui nous fait accepter cette inertie. La mort a quelque chose de révoltant non seulement parce qu'elle interrompt, parfois violemment ou douloureusement, le cours de la vie mais aussi parce qu'elle porte en elle une charge de secrets et de mystères que les religions, avec plus ou moins de succès, s'efforcent d'atténuer. Elle nous rappelle, par sa marque même, que nous ne sommes que de passage, victimes de notre commune condition humaine, simples usufruitiers de notre vie qui peut nous être enlevée sans aucun préavis, ce qui devrait relativiser les choses. C'est en tout cas pour lui, à chaque fois, l'occasion d'approcher les turpitudes humaines que des générations de philosophes naïfs ont voulu nous faire oublier. L'agressivité qui habite chacun d'entre nous, heureusement pas toujours mise en oeuvre, témoigne de notre volonté de supprimer d'une manière ou d'une autre un concurrent gênant. le climat de violence qui anime nos sociétés depuis la nuit des temps et qui se manifeste actuellement avec plus d'acuité, en témoigne.
Il n'empêche, il a une position privilégiée pour observer cette nature humaine peu fréquentable et qui déroule devant ses yeux ses énormes possibilités de nuisance, depuis la simple auto-permissivité jusqu'au crime, en passant par le vice, les pratiques sado-maso… l'imagination des délinquants n'a d'égal que leur volonté de nuire à leur prochain.
Certes, à l'inverse de ses malades que le praticien soigne, les clients (une sorte très particulière de patients) du docteur Sapanet ne se plaindront guère, nonobstant ce qu'il leur fait subir. Ce contexte de morbidité permanente doit quand même avoir quelque chose de déprimant pour lui. Il y a certes l'habitude et la routine qui lui permettent de s'extraire d'une réalité quotidienne qui bouleverserait le commun des mortels, les nécessités d'un métier qu'il aime et qui est indispensable à la justice, mais quand même. Apparemment notre auteur y oppose l'écriture qui est un formidable moyen d'exorcisation. Ce ne sont, pourrait on dire, que du vent, que des mots, mais leur pouvoir cathartique est une réalité d'autant plus efficace qu'ils se teintent d'humour qui est une manière supplémentaire de nous faire accepter la noirceur des choses de cette vie qui, dans son domaine, est bien réel. Oui, rire (ou sourire) des choses au lieu de se laisser aller à en pleurer est aussi une arme efficace ! Il y ajoute l'art culinaire dont le résultat est un des plaisirs de cette vie, même si cuisiner des viandes est aussi rester d'une certaine manière, dans le domaine de la mort, celle de l'animal qu'éventuellement il chasse. Cela ne l'éloigne pourtant pas beaucoup de son métier puisque que, la cuisine étant aussi de la chimie, les réactions qui se manifestent post-mortem remettent souvent en cause les évidences policières. Et puis son imagination est sans limite quand il se projette dans un avenir peut-être pas si lointain qui ressemblerait, comme il le dit, à une « médecine légale 2,0 » qui allégerait ses tâches mais menacerait son poste.
Ce n'est pas la première fois que je lis Michel Sapanet dont je goûte avec plaisir son style et sa façon de montrer les choses qui, au départ se présentent assez mal, un peu comme le titre peu engageant de ce livre. Il y a certes l'aspect technique auquel je suis complètement imperméable mais j'y ai retrouvé cet humour né parfois de situations inattendues qui bien souvent dans nos vies nous aide à en supporter les vicissitudes et les épreuves et cela a été pour moi un bon moment de lecture.
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Michel Sapanet, directeur de l'institut médico-légal de Poitou-Charentes ou plus exactement médecin légiste au CHU de Poitiers, est également à ses heures plus ou moins perdues, un écrivain témoin de son époque.

Cet expert judiciaire - qui voulait être chercheur à l'origine a pris l'habitude depuis quelques années de coucher sur papiers des anecdotes et divers intrigues sur son métier pour le moins singulier que l'on voit très souvent en quinzième rôle dans les séries policières mais beaucoup moins au premier plan

Dans en direct de la morgue, son déjà quatrième livre de chroniques mortuaires et parfois morbides, il continue de nous livrer ce qui fait le quotidien de son métier et cite les cas les plus symptomatiques de son métier de médecin légiste, entre longues autopsies et autres reconstitutions criminelles

Parfois surréalistes, voire loufoques ( le Crâne), parfois plus sérieux, parfois assez effrayantes, l'ensemble de ses chroniques est rempli d'un humour forcément noir et forcément salutaire lorsqu'on plonge toute la journée avec des défunts.

Plongée singulière et étonnante dans les "turpitudes humaines les plus tragiques", comme l'annonce l'auteur dans sa préface cet ouvrage nous montre l'envers du décor d'un métier qui reste clairement méconnu.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Des histoires de cadavres, d'hémoglobine et d'asticots, décapantes et instructives !
Si vous connaissez mes goûts littéraires, vous devez vous interroger sur ce choix de lecture ! Alors oui, je plaide coupable, je suis sortie de ma zone de confort... mais avec des circonstances atténuantes, puisqu'il s'avère que le Dr Sapanet a été un de mes profs et que j'ai ensuite travaillé dans le même CHU que lui. Ne m'en voulez donc pas si cet avis manque quelque peu d'objectivité ...
Quel plaisir de retrouver l'orateur percutant et le pédagogue efficace de mes souvenirs, son humour caustique mais salvateur et protecteur face à l'innommable, ainsi que le médecin parfois espiègle, mais empli de compassion et d'humanité.
Michel Sapanet sait transcrire son quotidien de légiste en mots abordables, et permet ainsi à tous d'infiltrer avec lui les aspects les plus divers de son activité.
On frissonne, on grimace, on a la nausée, mais on sourit aussi, tellement les situations auxquelles il est confronté sont variées et parfois cocasses ou surréalistes.
D'un quotidien imaginé comme rebutant, routinier et morbide, on réalise qu'il s'avère bien souvent palpitant et nécessitant une bonne dose de sang-froid (sans mauvais jeu de mots... !). Car ils en voient passer des dépouilles et des ossements, le Chef Sapanet et son équipe, afin de contribuer par leurs expertises aux enquêtes policières, et témoigner aux procès en Assises !
Et vraiment, en tant que lecteur, on s'y croit, on se prend à assister en direct à toutes ces scènes, et c'est assez fabuleux. Enfin, fabuleux... je m'entends hein, parce que tout de même, il faut avoir l'estomac et le coeur bien accrochés, car c'est trash, glauque et sans fards. Rien ne nous est épargné, et c'est avec un grand sens du détail et de la précision que M. Sapanet nous décrit l'état plus ou moins décomposé et sanguinolent des corps dont il a charge d'autopsie, ainsi que les environnements macabres des scènes de crimes ou de décès suspects, orientant sur la violence ou la sexualité de vies débridées, perverties ou juste sordides, pathétiques et tragiques...
Alors oui, ça ne se lit pas en sirotant un lait grenadine, mais on y apprend vraiment beaucoup sur les dessous de cette profession si particulière, et sur les relations et collaborations qu'elle implique avec le monde des forces de l'ordre et de la justice.
Un point d'ailleurs m'a énormément touchée : celui de l'évocation de victimes de violences répétées, déjà plusieurs fois examinées pour ces raisons de leur vivant, et qui finissent malgré les alertes successives, sur une table d'autopsie... Comment est-ce encore possible de nos jours, en France ?...
Et puis il y a les drames de la précarité, de la marginalisation, de la pathologie psychiatrique... bien des pans de vies que l'on occulte dans notre quotidien confortable. Efficace et percutant donc !
Toutefois, ne vous attendez pas à lire un polar, avec des enquêtes et des intrigues à vous retourner le cerveau . Il s'agit véritablement de chroniques "reportages-témoignages", évoquant certes des affaires criminelles, mais vues principalement sous l'angle médico-légal. Cela peut paraître un peu frustrant, mais illustre bien les limites du champ d'action de la discipline, tout en nous faisant prendre conscience de l'immensité de celui des connaissances nécessaires pour exercer le métier de légiste : de la culture médicale et anatomique à celle de la nature, de la météo, des armes... sans compter le bons sens, l'esprit d'analyse, et un certain flair, eux aussi indispensables.
Alors si comme moi, vous êtes chanceux d'avoir eu le Dr Sapanet comme prof, ou si vous êtes juste curieux et voulez en apprendre des vertes (et des très mûres !!) sur l'univers de la médecine légale, foncez !
Toutefois, prudence pour les âmes sensibles ...
Pour ma part, je referme aussi ce livre en méditant sur certains sujets d'ordre sanitaire, après lecture de la dernière chronique qui résonne d'un écho à la fois très actuel et inquiétant.


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Troisième livre que je lis de Mr Sapanet, et ça m'éclate toujours autant.
Il faut un sacré mental pour faire ce métier, il a en plus une plume qui me réjouit !
De cas d'expertises de vivants, aux cas de cadavres mystérieux, tout en passant par la dernière chronique qui imagine ce que pourrait être le futur de la médecine légale, j'ai clairement adoré cette lecture.
Attention, âmes sensibles s'abstenir...
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Un rapide examen confirme l’existence de l'orifice d'entrée du projectile et l'absence de toute trace de sortie. Le voilà donc doté d'un trou de balle supplémentaire. Plaisanterie à laquelle il avoue avoir déjà eu droit de la part de ses copains.
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A quoi cela sert-il que nous fassions des recommandations techniques, des prescriptions d'examens, s'ils ne sont pas réalisés ? C'est consternant. C'est un des problèmes de la médecine légale en France. Nous sommes des scientifiques, nous prescrivons des examens, et ce sont des gens sans aucune compétence scientifique qui décident de les faire ou non. Cela m'agace profondément.

p.184 (Éd. Pocket)
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Le magistrat va rapidement se rendre compte qu'il est bien difficile de tirer les vers du nez d'un ORL.

p.226 (Éd. Pocket)
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Légiste? Vous êtes légiste? Vous devez en voir de belles!"
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C'est ainsi que je tombe sur un os, pour ma plus grande satisfaction. Preuve que le légiste aime la difficulté.

p. 125 (Éd. Pocket)
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