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Citations sur Enfance (110)

Je regardais les espaliers en fleurs le long du petit mur de briques roses, les arbres fleuris, la pelouse d’un vert étincelant jonchée de pâquerettes, de pétales blancs et roses, le ciel, bien sûr, était bleu, et l’air semblait vibrer légèrement… et à ce moment-là, c’est venu… quelque chose d’unique… qui ne reviendra plus jamais de cette façon, une sensation d’une telle violence qu’encore maintenant, après tant de temps écoulé, quand, amoindrie, en partie effacée elle me revient, j’éprouve… mais quoi ? quel mot peut s’en saisir ? pas le mot à tout dire : "bonheur", qui se présente le premier, non, pas lui… "félicité", "exaltation", sont trop laids, qu’ils n’y touchent pas… et "extase"… comme devant ce mot ce qui est là se rétracte… "Joie", oui, peut-être… ce petit mot modeste, tout simple, peut effleurer sans grand danger… mais il n’est pas capable de recueillir ce qui m’emplit, me déborde, s’épand, va se perdre, se fondre dans les briques roses, les espaliers en fleurs, la pelouse, les pétales roses et blancs, l’air qui vibre parcouru de tremblements à peine perceptibles, d’ondes… des ondes de vie, de vie tout court, quel autre mot ?… de vie à l’état pur, aucune menace sur elle, aucun mélange, elle atteint tout à coup l’intensité la plus grande qu’elle puisse jamais atteindre… jamais plus cette sorte d’intensité-là, pour rien, parce que c’est là, parce que je suis dans cela, dans le petit mur rose, les fleurs des espaliers, des arbres, la pelouse, l’air qui vibre… je suis en eux sans rien de plus, rien qui ne soit à eux, rien à moi.
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A moi aussi un sort a été jeté, je suis envoûtée, je suis enfermée ici avec eux, dans ce roman, il m’est impossible d’en sortir…
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Je dévale en courant, en me roulant dans l’herbe rase et drue parsemée de petites fleurs des montagnes jusqu’à l’Isère qui scintille au bas des prairies, entre les grands arbres… […] je regarde le ciel comme je ne l’ai jamais regardé… je me fonds en lui, je n’ai pas de limites, pas de fin.
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"On n'a pas encore découvert ce langage qui pourrait exprimer d'un seul coup ce qu'on perçoit en un clin d'oeil." ”
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Voici enfin le moment attendu où je peux étaler le volume sur mon lit, l'ouvrir à l'endroit où j'ai été forcée d'abandonner... je m'y jette, je tombe... impossible de me laisser arrêter, retenir par les mots, par leur sens, leur aspect, par le déroulement des phrases, un courant invisible m'entraîne avec ceux à qui de tout mon être imparfait mais avide de perfection je suis attachée, à eux qui sont la bonté, la beauté, la grâce, la noblesse, la pureté, le courage mêmes... je dois avec eux affronter des désastres, courir d'atroces dangers, lutter au bord de précipices, recevoir dans le dos des coups de poignard, être séquestrée, maltraitée par d'affreuses mégères, menacée d'être perdue à jamais... et chaque fois, quand nous sommes tout au bout de ce que je peux endurer, quand il n'y a plus le moindre espoir, plus la plus légère possibilité, la plus fragile vraisemblance... cela nous arrive... un courage insensé, la noblesse, l'intelligence parviennent juste à temps à nous sauver..
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Il referme le cahier, il me le rend et il dit:"Avant d'écrire un roman, il faut apprendre l'orthographe".
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Nous voici, le flacon et moi, seuls dans ma chambre. (...) Alors il apparaît dans toute son éclatante pureté... Je le tends vers la fenêtre pour le présenter à la lumière, je l'emporte au jardin pour que le soleil le fasse étinceler... le soir, je le contemple sous la lampe... Rien ne nous menace, personne ne viendra me l'enlever, Lola ne s'occupe que de ses poupées, Petia pose sur lui un regard vide.
J'en ai maintenant plusieurs, tous différents, mais chacun à sa manière est splendide.
Une collection alignée sur ma cheminée, à laquelle personne d'autre que moi - on me l'a promis - n'a le droit de toucher.
Quand j'en emporte un avec moi, je le tiens enveloppé, je ne veux pas que des regards, des paroles frivoles puissent l'atteindre.

-Il est étrange que cette passion pour les facons ait disparu dès ton départ.

-C'est vrai, je n'en ai emporté aucun. Peut-être parce que j'avais cessé d'y jouer pendant tout le temps où j'ai été malade.
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En tout cas, ce sont des mots dont l’origine garantit ‘élégance, la grâce, la beauté…je me plais en leur compagnie, je veille à ce que rien ne les dépare..
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Elles sont ainsi maintenant, ces idées, elles se permettent n'importe quoi. Je regarde le décolleté de maman, ses bras nus dorés, bronzés, et tout à coup en moi un diablotin, un petit esprit malicieux, comme les "domovoï" qui jouent toutes sortes de farces dans les maisons, m'envoie cette giclée, cette idée : "Maman a la peau d'un singe." Je veux essuyer ça, l'effacer... ce n'est pas vrai, je ne le crois pas... ce n'est moi qui ai pensé ça. Mais il n'y a rien à faire, la fourrure d'un singe aperçu dans la cage du jardin d'acclimatation est venue, je ne sais comment, se poser sur le cou, sur les bras de maman et voici l'idée... elle me fait mal...
J'appelle maman au secours, il faut qu’elle me soulage... "Tu sais maman j'ai maintenant une autre idée... Elle a l'air aussitôt agacée... - Qu'est ce que c'est encore? - Eh bien, je pense... que tu as... la peau d'un singe..." elle va regarder ce que j'ai là, ce qui a poussé en moi, malgré moi, nous allons le regarder ensemble...c 'est si ridicule, si grotesque... on ne peut que s'en moquer, elle va éclater de son rire qui me fait toujours rire avec elle, nous en rirons toutes les deux et l'idée s'en ira là d'où elle est venue... là où elle est née... quelque part hors de moi, dans un lieu que je ne connais pas... Ou encore maman dira : "Eh bien, j'en suis ravie. Tu te souviens comme ils étaient mignon ces petits singes."
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[ Incipit ]

- Alors tu vas vraiment faire ça ? « Evoquer tes souvenirs d'enfance »... Comme ces mots te gênent, tu ne les aimes pas. Mais reconnais que ce sont les seuls mots qui conviennent. Tu veux « évoquer tes souvenirs »... il n'y a pas à tortiller, c'est bien ça.
- Oui, je n'y peux rien, ça me tente, je ne sais pas pourquoi...
- C'est peut-être... est-ce que ce ne serait pas.. on ne s'en rend parfois pas compte... c'est peut-être que tes forces déclinent...
- Non, je ne crois pas... du moins je ne le sens pas...
- Et pourtant ce que tu veux faire... « évoquer tes souvenirs »... est-ce que ce ne serait pas...
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