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Citations sur Le Planétarium (11)

Un air de surprise heureuse. Un air d'abandon, de grâce tendre. Les mots se forment n'importe comment, ils jaillissent, transparents et légers, bulles scintillantes qui montent dans un ciel pur et s'évanouissent sans laisser de traces... « Ah tiens, mais comme je suis content, quelle chance de vous rencontrer, il y avait si longtemps... Vous nous voyez, mon père et moi, en train de chercher.. C'est un livre dont j'ai besoin, très difficile à trouver... Mais comme je suis heureux... Mais cest vrai, vous ne vous connaissez pas... Permettez-moi de vous présenter... Mon père... Madame
Germaine Lemaire... » Voix claire et bien posée. Regard où glisse, pudique, une lueur de piété filiale, de tranquille fierté... « Mon père... » Et son père aussitôt... la moindre preuve d'affection l'attendrit... ce sourire timide, gêné, quand il avait vu au milieu de la page blanche la dédicace imprimée : A mon père...
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Comme c'est inerte. Pas un frémissement. Nulle part. Pas un soupçon de vie. Rien. Tout est figé. Figé. Figé. Figé. Figé. Complètement figé. Glacé. Un enduit cireux un peu luisant, recouvre tout cela. Une mince couche de vernis luisant sur du carton. Des vernis... il lui semble que quelqu'un du dehors, sur un ton monotone, insistant, répétant toujours la même chose, les mêmes mots simples, comme fait un hypnotiseur, dirige ses sensations... Elle ne veut pas... Ce n'est pas vrai... Ce n'est pas ce qu'elle sent vraiment... Elle sent que la vie est là... la réalité... et le voilà déjà, il se forme, il grandit, ce sentiment familier de ravissement, de bonheur... la vie est là, captée, elle fait vibrer doucement ces belles formes pures... Mais non... rien ne vibre... Rien... Ce sont des moulages de plâtre. Des copies. Aucune sensation de bonheur. Pas la moindre vie. C'était une illusion. C'était de l'autosuggestion. Tout est creux. Vide. Vide. Vide. entièrement vide. Du néant. Un vide à l'intérieur d'un moule de cire peinte.
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C'est cela, il le sent maintenant, qui le paralyse, l'empêche de se lancer, cette masse lourde près de lui, une énorme poche enflée, tendue à craquer, qui pèse sur lui, qui appuie... S'il bouge, elle va crever, s'ouvrir... des racontars idiots, des cancans, des mensonges... des papotages grossiers... des bonnes femmes... et lui, la pire, paradant, voulant briller, une vraie petite putain... on s'avilit à leur contact, ils vous donnent l'impression de manger du foin... ça va déferler sur lui, l'étouffer, lui emplir la bouche, le nez, d'un liquide âcre, brûlant, nauséabond...
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On n’a pas encore découvert ce langage qui pourrait exprimer d’un seul coup ce qu’on perçoit en un clin d’œil.
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"Devant elle partout il déblayait, émondait, traçait des chemins, elle n'avait qu'à se laisser conduire, à se faire souple, flexible comme un bon danseur. C'était curieux, cette sensation qu'elle avait souvent que sans lui, autrefois, le monde était un peu inerte, gris, informe, indifférent, qu'elle-même n'était rien qu'attente,suspens..."
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Un jour il a eu le malheur, dans un moment de laisser-aller, un moment où il se tenait détendu, content, de lui lancer cela négligemment, cette confidence, cette révélation, et telle une graine tombée sur une terre fertile cela a germé et cela pousse maintenant : quelque chose d’énorme, une énorme plante grasse au feuillage luisant : Vous aimez les carottes râpées, Alain.
Alain m’a dit qu’il aimait les carottes râpées. Elle est à l’affût. Toujours prête à bondir. Elle a sauté là-dessus, elle tient cela entre ses dents serrées. Elle l’a accroché. Elle le tire… Le ravier en main, elle le fixe d’un œil luisant. Mais d’un geste il s’est dégagé — un bref geste souple de sa main levée, un mouvement de la tête… « Non, merci… » Il est parti, il n’y a plus personne, c’est une enveloppe vide, le vieux vêtement qu’il a abandonné dont elle serre un morceau entre ses dents.

Mais il ne fera pas cela, il ne comprend pas ce qu’il fait… Tout occupé à parler, il n’a pas compris ce qui s’est passé, il a de ces moments, quand il parle, quand il est préoccupé, où il ne remarque rien. Il jette sur son assiette un regard distrait, il trace dans l’air avec sa main un geste désinvolte, insouciant : « Non, merci… » Elle a envie de le rappeler à l’ordre, de le supplier, comment a-t-il osé… « Oh, écoute, Alain… » Il a bafoué sa mère, il l’a humiliée, cela lui fait honte à elle, cela lui fait mal de voir ce petit sourire préfabriqué que sa mère — comme elle sait se dominer — pose sur son visage et retire aussitôt, tandis que marquant que le désastre est consommé, qu’il faut savoir courber la tête devant son destin, elle remet à sa place le ravier.

« Mais qu’est-ce qui te prend, Alain, voyons… tu adores ça… Maman les a fait faire exprès pour toi… Tiens… » Elle est prête à tout braver pour voler au secours de sa mère, tous les interdits. Il a horreur de cela, mais tant pis : « Tiens, Alain, je te sers… » Voilà. Ce n’était qu’un caprice.
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Il n'y a de fusion complète avec personne,ce sont des histoires qu'on raconte dans les romans-chacun sait que l'intimité la plus grande est traversée à tout instant par ces éclairs silencieux de froide lucidité,d'isolement.. ce que sa mère a vu,elle l'avait vu,elle aussi pendant ce bref instant où elle était revenue à elle,où elle avait repris ses sens,les deux images coïncident,il n'y a pas d'erreur possible...
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C'est exactement ce que nous pensions,c'est ce que nous disons toujours...il faut danser au son de la flute...dés qu'on s'écarte d'un pas de la route qu'elle a tracée,elle se pose en victime bafouée...Elle est autoritaire...possessive...Elle donne pour dominer..pour nous garder éternellement en tutelle..Et cette petite pique à la fin...Tu as vu?...J'ai vu...
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La famille,vous savez ce que c'est... ces goûts,ces choses qu'elle veut à toute force vous imposer...
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Les gens âgés,il ne faut pas les bouger.C'est fragile,vous savez les vieilles gens.C'est dangereux de les transplanter.
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