Je n'aime pas le monde. Je ne le déteste pas non plus. Je m'y sens déplacé.
Je n'ai rien écrit depuis plusieurs jours. C'est moins grave que de n'avoir rien à lire.
La nostalgie est aussi la conscience d'un futur sans avenir.
Si je pouvais expulser mes aigreurs, mes frustrations, mes craintes dans un crachat !...
L'amour ne se représente pas. Il est dans les souvenirs et la mélancolie.
C'est en faisant le mur de son palais où tout était luxe, calme et volupté, que le jeune prince Siddhârta prit conscience que la vie était essentiellement marquée par la misère, la maladie et la mort.
Le drame de la sensibilité est qu'elle expose à l'ennui.
« Pour évoquer mon ennui, le mieux est de rendre compte de mes journées vouées à regarder passer le temps. L’homme affairé tient un agenda, l’homme sans horaire son journal intime. Le premier note ses rendez-vous avec les autres, le second consigne ses réunions avec lui-même. Mon livre est fait des carnets écrits du 1er janvier 2015 au 31 décembre 2016. Deux ans vécus à Biarritz, ville de tous mes excès casaniers. Des jours qui se sont succédés entre flâneries, lectures, griffonnages et siestes. Des nuits à faire les cent pas dans mon crâne en attente de l’aurore. Des heures qui ont tourné sans déformer la mollesse de leur cadran. En écrivant ces pages, j’ai trompé mon ennui sans lui être infidèle. »