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EAN : 9782840497417
200 pages
Seguier Editions (05/10/2017)
4.08/5   6 notes
Résumé :
« Pour évoquer mon ennui, le mieux est de rendre compte de mes journées vouées à regarder passer le temps. L’homme affairé tient un agenda, l’homme sans horaire son journal intime. Le premier note ses rendez-vous avec les autres, le second consigne ses réunions avec lui-même. Mon livre est fait des carnets écrits du 1er janvier 2015 au 31 décembre 2016. Deux ans vécus à Biarritz, ville de tous mes excès casaniers. Des jours qui se sont succédés entre flâneries, lect... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Frédéric Schiffter vit à Biarritz. philosophe, il a longtemps enseigné et a publié pas mal d'essais sur la philosophie et des livres de chroniques. Journées perdues est plutôt dans la seconde case mais avec beaucoup de réflexions autour de son thème de prédilection. A moins que ce thème ne soit simplement lui-même, ou bien ses journées à contempler et faire la sieste... Il est question de tout cela dans cet ouvrage qui est son journal des années 2015 et 2016.

Inégal comme souvent ce genre de livres qui recueillent les pensées du jour, les réflexions et les remarques sur tout sujet. J'ai été emballé dès le départ, et puis mon enthousiasme est retombé au fil des pages. Deux ans, c'est long, j'aurais préféré moitié moins ou dix-huit mois. L'humour et la légèreté qui ouvrent le livre ne le referment pas, il est devenu plus grave, mais il est vrai que les deux années évoquées furent malheureusement riches en actes meurtriers perpétrés par des extrémistes religieux. Frédéric Schiffter en parle beaucoup, d'une manière peu entendue ailleurs : "Une fois de plus, et sans doute pas la dernière, la France a été attaquée par ce que Wilhelm Reich appelait des "petits hommes " atteints de "peste émotionnelle". Ces jeunes pestiférés portent en bandoulière des bombes mais en eux un mélange explosif de hontes : honte de leurs pères, honte de leur situation sociale, honte de leur origine d'ex-colonisés, honte de leur frustration sexuelle, honte de leur religion même -ayant conscience que l'Islam est antinomique avec toute forme de glamour. Comme la voie de la délinquance ne leur a pas donné satisfaction, il leur restait l'option de la vengeance terroriste. Sans cette peste émotionnelle qui les ronge, les sergents recruteurs du djihad n'auraient aucune emprise sur eux. Quand le ressentiment aspire à la grandeur héroïque, ou au martyre, l'ère des carnages commence." (p.79)

Il est aussi beaucoup question de philosophie, et là, je décroche un peu, ce n'est pas le sujet que je préfère, sûrement par manque de culture, je ne vais donc pas en faire plus dessus, sauf citer sa définition du nihiliste qu'on lui reproche parfois d'être : "Je ne dis pas que rien n'existe mais que rien (nihil) n'a d'être, c'est-à-dire de permanence ou de solidité ontologique parce que tout ce qui existe est voué au hasard, au temps, à la mort." (p.103).

J'évoque plus volontiers, la paresse, la flemme, le farniente -ça me parle plus- élevé à un art : "Ce que les embesognés appellent paresser n'est qu'une séance de repos bien mérité avant d'entreprendre la moindre tâche." (p.17) Ce philosophe balnéaire tel qu'il se nomme lui-même aime ne rien faire -et je partage sa passion- non pas par fainéantise mais par goût de la tranquillité, du calme, d'un rythme différent. Il aime aussi les repas entre amis, la littérature, les arts en général.

Le livre de Frédéric Schiffter est à la fois futile et profond, inutile et indispensable. Drôle aussi : "Dimanche, la Schiffterina reçoit un "SMS" de Khadidja, notre femme de ménage, qui lui fait part de sa décision de démissionner. Motif : "Votre mari est toujours dévêtu à la maison et cela m'empêche de travailler." Réponse de la Schiffterina : "Je vous comprends. Ça me fait le même effet." (p.66) Il est l'oeuvre d'un auteur que j'imagine dandy, snob, mais prenez ces termes dans un sens positif, décalé, intemporel, un petit côté désuet qui sied parfaitement à un intellectuel qui, même en prenant position sur des faits actuels se met toujours de côté et exprime une opinion à part, soutenue par ses connaissances et ses lectures des philosophes et des romanciers classiques.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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La flamme du flemmard.
Dans son avant-propos, le philosophe incertain Frédéric Schiffter manifeste sa tristesse ontologique, son spleen viscéral dans un journal intime qui demeure le lieu de réunion privilégié avec lui-même. Il pourra ainsi répondre immédiatement à la demande d'un éditeur lui suggérant d'écrire sur « l'art de s'ennuyer à Biarritz » en lui proposant ses carnets des années 2015 et 2016 où les jours « se sont succédés entre flâneries, lectures, griffonnages et siestes ». En exergue, l'Ecclésiaste ouvre le bal : « Et tout cela pour rien ! ». L'auteur résume son sentiment général et introduit à propos son journal avec les attentats de Charlie-Hebdo en janvier 2015. le lecteur sort du gnangnan, de la pensée molle et consensuelle et devine que les journalistes et dessinateurs de presse mécréants et blasphémateurs de Charlie, après avoir semé à tout vent, n'ont récolté qu'une tempête méritée aux yeux de l'orthodoxie religieuse. Frédéric Schiffter parle ensuite de massages, d'entrevues amicales et digresse sur ses lectures elles-mêmes nimbées de nostalgie à l'instar des dernières heures du peintre Kees van Dongen narrées par François Bott, de la vindicte des gendelettres à propos de Houellebecq, du Manifeste incertain de Frédéric Pajak, son « frère en mélancolie », etc., bien des pistes ouvrant sur de belles escapades littéraires car Frédéric Schiffter à l'art d'exciter l'envie de lire en jetant des passerelles, haubannant des connivences avec son lectorat composé d'happy few. le ton ne mollit pas jusqu'au point final. L'auteur a la gnaque comme disent les Gascons, un mordant étincelant, une pensée limpide, une expression stylée, de l'humour et de l'autodérision, plus globalement de la tenue et de l'élégance. On ne peut s'ennuyer avec l'esprit que l'auteur instille dans une oeuvre brève et percutante, jamais vaine nonobstant une finitude qui gangrène tout.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
En attendant, les romans, contes et nouvelles de Maupassant - dont le métier n'était pas d'être critique mais fonctionnaire et qui, par là, écrivait bien plus qu'il ne lisait - ont été propulsés plus loin dans la postérité que ceux de Léon Daudet.
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Rien n’égale en charme, à mes yeux, le train paisible de l’amour, de l’écriture, de la lecture et autres agréments auquel je me laisse aller sans réserve ni vergogne. […] Les chasseurs de nouveaux horizons me rasent. Les rebelles me lassent. La vraie vie est ailleurs ? Qu’ils y aillent. Mon utopie est ici, entre la plage, ma chambre, ma bibliothèque. Et c’est un territoire que je défendrai manu militari. (p. 48)
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Comme le dit l’ami Blaise Le Sire, « quand les médecins m’ont déclaré inapte au travail, j’ai eu l’impression d’atteindre enfin le sommet de ma carrière ». (p. 151)
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Le beauf, bien sûr, n’est qu’un imbécile bon à botter le cul. Plus philosophiquement mais sans qu’il fût plus indulgent, Pascal dirait qu’on a affaire à un esprit boiteux qui tord le sens des mots et, par là, bavasse à tort et à travers en toute bonne conscience. (p. 61)
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« Pour évoquer mon ennui, le mieux est de rendre compte de mes journées vouées à regarder passer le temps. L’homme affairé tient un agenda, l’homme sans horaire son journal intime. Le premier note ses rendez-vous avec les autres, le second consigne ses réunions avec lui-même. Mon livre est fait des carnets écrits du 1er janvier 2015 au 31 décembre 2016. Deux ans vécus à Biarritz, ville de tous mes excès casaniers. Des jours qui se sont succédés entre flâneries, lectures, griffonnages et siestes. Des nuits à faire les cent pas dans mon crâne en attente de l’aurore. Des heures qui ont tourné sans déformer la mollesse de leur cadran. En écrivant ces pages, j’ai trompé mon ennui sans lui être infidèle. »
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Videos de Frédéric Schiffter (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Frédéric Schiffter
« Les gens sérieux friands de spéculations philosophiques jugent les aphoristes navrants parce qu'ils y voient des flemmards. Ils n'ont pas tort. La flemme est le ressort de ces penseurs primesautiers qui, fatigués à l'avance de se lancer dans des démonstrations, privilégient un style lapidaire et se reposent sur l'esprit de finesse de leurs lecteurs. Qu'on ne compte pas sur eux pour faire le travail tout seuls. […] Je ne connais pas personnellement Blaise Lesire, alias le Marquis de l'Orée, mais je crois pouvoir affirmer sans grand risque de me tromper que c'est dans son lit qu'il couche sur le papier ses « inscriptions » pendant qu'une amazone somnole à ses côtés, ou bien étendu sur l'herbe pendant que ses amies les chèvres, mutines disciples de Montaigne, laissent leurs pensées aller à sauts et à gambades. Il n'y a qu'un fervent praticien de l'écriture en état d'attention flottante pour réveiller son lecteur en le régalant de remarques lucides. […] » (Frédéric Schiffter)
« Ce devrait être un livre d'où surgiraient des ruisseaux, de la fumée, des calvaires, des musiques de foire, des caravanes pliantes, toutes sortes de lumières et d'horreurs. Ce devrait être un livre plein de vertiges, de femmes nues, de fausses ingénues, de trucs foireux et de ravissantes jeunes tueuses. Ce devrait être un livre que l'on pourrait ouvrir à n'importe quelle page, pour le reprendre ensuite des années plus tard. Ce devrait être un livre paresseux comme un miroir, les odeurs en plus. Ce devrait être la fin de l'homme, espérant le commencement de l'humanité sans jamais y croire vraiment. » (157, Marquis de l'Orée)
« La vieillesse m'apporte un seul et unique avantage : les voix qui me harcelaient en parlant haut et fort se sont peu à peu éloignées. Quant à celle qui persiste, la plus entêtée, je garde espoir de l'anéantir en la couchant sur quelques pages. En refermant rapidement cet opuscule navrant, j'espère atteindre ce plaisir inexprimable d'enfin réussir à écraser l'ennemi. » (1304, Marquis de l'Orée)
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Référence bibliographique : Blaise Lesire, Opuscule Navrant, Édition numérisée par l'auteur.
Bande sonore originale : Mini Vandals - Vespers on the Shore Vespers on the Shore by Mini Vandals is licensed under a CC-BY attribution license.
Site : https://www.youtube.com/channel/UCTdSDPjB1kle7puRKAuHP_g/videos
#BlaiseLesire #OpusculeNavrant #Aphorismes
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